Citations sur La passion selon G.H. (56)
Je sais cela, et je tremble - vivre m'impressionne tellement, vivre m'enlève le sommeil.
car "je" n'est qu'un des spasmes momentané du monde
Je sais, nous deux nous avons toujours eu peur de ma solennité et de ta solennité. Nous pensions que c'était une solennité formelle. Et nous nous sommes toujours dissimulé ce que nous savions : que vivre est toujours une question de vie ou de mort, d'où la solennité. Nous savions aussi, bien que sans la grâce de le savoir, que nous sommes la vie qui est en nous, et que nous l'accomplissons. La seule destinée pour laquelle nous sommes né est celle de servir le rituel. Je traitais le "masque" de mensonge et j'avais tort : c'était le masque essentiel de solennité. Nous aurions dû mettre des masques de rituel pour nous aimer. Les scarabées ont déjà en naissant le masque avec lequel ils s'accompliront. Par le pêché originel nous avons perdu notre masque.
J'ai regardé : le cafard était un scarabée. Tout entier, il n'était que son propre masque. Derrière la profonde absence de rire du cafard, je percevais sa férocité de guerrier.
Aujourd'hui seulement, je sais que j'avais tout, bien que sur le mode contraire : je me consacrais à chaque détail du non.
Et dans cette grande dilatation de moi, j'étais dans le désert. Comment t'expliquer ? J'étais dans le désert comme je ne l'avais jamais été. C'était un désert qui m'appelait comme un cantique monotone, un appel lointain. J'étais sous le charme. Et j'avançais vers cette folie pleine de promesses. Mais ma peur n'était pas de celle de celui qui se dirigeait vers la folie ; mais bien vers une vérité - ma peur était celle de trouver une vérité que j'en viendrais à refuser, une vérité infamante qui me ferait ramper et être au niveau du cafard. Mes premiers contacts avec les vérités m'avaient toujours discréditée.
Cette femme, G.H dans le cuir des valises, c'était moi. Suis-je encore moi ? Non. Dès maintenant je prévois que ce que ma vanité va devoir affronter de plus coriace, ce sera mon propre jugement : j'aurai toute l'apparence de quelqu'un qui s'est fêlé, et je serai la seule à savoir si la fêlure était nécessaire.
La vérité n'a pas de sens, la grandeur du monde me rétrécit.
Le chemin de croix n'est pas un égarement, mais le passage unique, on n'arrive que par lui et avec lui. L'instance est notre effort et le renoncement le prix. A cette récompense on ne parvient que lorsequ'on a déjà éprouvé le pouvoir de construire, et que, malgré du pouvoir, on préfère le renoncement.
Il va me falloir du courage pour faire ce que je vais faire: dire. Du courage pour m'exposer à la grande surprise que j'éprouverai devant la pauvreté de la chose dite.
Que minha solidão me sirva de companhia.
que eu tenha a coragem de me enfrentar.
que eu saiba ficar com o nada
e mesmo assim me sentir
como se estivesse plena de tudo.