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EAN : 9782721002709
111 pages
Editions des Femmes (01/02/1985)
3.68/5   49 notes
Résumé :
Ici, c'est un homme qui est habité par une jeune fille, venue de la misère du Nord-Est brésilien, à Rio, où elle mourra.
" Je jure que ce livre est écrit sans mots. C'est une photographie muette. Ce livre est un silence. Ce livre est une question ", écrit-il. Et il est tout occupé d'elle : écrire sa vie, sa mort doit le délivrer, lui qui a échappé au sort sans futur qu'elle subit. Il l'aime, comme on aime ce qu'on a craint de devenir...

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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
"Dans ce court roman qui est le dernier écrit par Clarice Lispector, le narrateur est un écrivain dont le moins qu'on puisse dire est qu'il a un rapport conflictuel avec l'écriture, sa malédiction : « Je médite sur le néant. Ce qui me gâche la vie, c'est d'écrire. » On ne sait trop à quel chantier il s'attaque le jour où il décide de raconter la vie d'une jeune Nordestine croisée un jour dans la rue : « Comment puis-je savoir tout ce qui va suivre en l'ignorant encore, faute de l'avoir vécu ? Il se trouve que dans une rue de Rio j'ai entrevu, l'espace d'un instant, une jeune Nordestine à l'air perdu.» (...)
On suit ainsi, à travers le chaos des grimaces, des exclamations et des caprices du narrateur, la fluide et mystérieuse existence fictive de la jeune fille un jour croisée. Ce récit est plein d'éclairages dissonnants, de ruptures de rythme, d'introspections complaisantes et de brèves descriptions qui sont chacune comme des portes ouvertes sur des récits latents : « Dois-je dire qu'elle adorait les soldats ? C'est pourtant vrai. Quand elle en voyait un, elle tressaillait de plaisir, en se disant : et s'il allait me tuer ? » On est éblouie par l'intelligence, la virtuosité narrative qui évoque les improvisations déroutantes mais toujours parfaitement équilibrées du free jazz, une fantaisie qui parfois frôle la démence, une patiente exploration du travail d'écrivain dans cette oeuvre dont l'une des ligne narratives consiste à décrire l'élaboration tâtonnante et déterminée : « Je ne suis pas un intellectuel, j'écris avec mon corps. Ce que j'écris est brume humide. Et les mots, des sons transfusés d'ombres qui s'entrecroisent inégaux – stalactites, dentelle, musique d'orgue transfigurée. C'est à peine si j'ose appeler mots cet entrelacs vibrant et riche, morbide et obscur s'opposant à la sourde basse de la douleur. Allegro con brio. du charbon je tenterai d'extraire de l'or. J'ai parfaitement conscience de remettre à plus tard cette histoire, et de jouer au ballon, sans ballon. Tout fait est-il un acte ? Je jure que ce livre est écrit sans mots. C'est une photographie muette. Ce livre est silence. Ce livre est questionnement. »
Ce roman est un poudingue d'une forme déconcertante renfermant joyaux et quartz dans son mortier. Il se lit avec une grande facilité, et pourtant on n'a jamais fini de le lire, car chaque nouvelle lecture en déplie des significations enjambées à la lecture précédente. C'est l'étrange et exaltant chef-d'oeuvre d'un art qu'il inaugure et que Lispector a emporté avec elle."

Lonnie (Extrait) dans Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/coff..
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Deuxième incursion dans l'oeuvre de Lispector et deuxième belle surprise. Je ne sais pas si le Livre de Poche a choisi pour ses rééditions de l'autrice ses textes les plus digestes, mais L'heure de l'étoile, tout comme Bonheur clandestin, reste très accessible.

La narration de L'heure de l'étoile entremêle habilement le discours d'un écrivain qui s'adresse directement au lecteur et l'histoire qu'il nous rapporte, celle d'une pauvre jeune fille. Maccabée est originaire du Nordeste, une région miséreuse du Brésil, et elle se retrouve à Rio dans l'espoir de jours meilleurs. Mais, sans qualité particulière, elle reste invisible aux yeux du monde.

Lispector dénonce le sort réservé aux plus démunis, mais son écriture ne présente aucune lourdeur. Au contraire, elle nous raconte une vie cruelle et un destin tragique avec des mots aériens et magnifiques.
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écouté; il m'a fallu un moment pour m'adapter à l'interprète; je ne suis parvenue à m'intéresser que quand est apparue la nordestine; jeune vierge à laquelle on prête tous les défauts: elle est sale, mal habillée; on la croit idiote, elle est juste naïve. Un garçon s'intéresse à elle mais il est odieux et la quittera pour Gloria la collègue de la petite dactylo. Ils s'appellent Jésus et Macchabée...
Je n'aime pas beaucoup les Editions des femmes, même si je reconnais leur côté précurseur, je n'aime pas beaucoup non plus l'autrice; mais je n'ai pas regretté d'avoir écouté jusqu'au bout. L'autrice se pose beaucoup de questions et interpelle le lecteur.
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« L'Heure de l'Etoile » est la dernière oeuvre de Clarice Lispector, une émigrée juive d'Ukraine arrivée enfant au Brésil après la première guerre mondiale. C'est le récit étrange et envoûtant de Macabéa, une immigrante du Nordeste, désorientée dans les favelas de Rio. Menant une vie simple et sans charme, elle rêve d'amour, même si son amant la néglige. Une diseuse de bonne aventure lui prédit un avenir merveilleux, mais en sortant de la consultation, elle meurt renversée par une voiture.
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Primera vez que leo a Clarice Lispector y me enamoré de su prosa.
Macabea es algo así como la esencia de lo que una sociedad (retrógrada, y no tanto) podría considerar a lo femenino… deformándolo a conceptos como debilidad, ineptitud, insignificancia e ignorancia. Concentra todos esos momentos en los que nos sentimos la última de la fila o alguien que sobra en el lugar. Parecido a cuando uno dice: “sipo, obvio que no me invitaron, eso habría sido un descriterio.” (O como se escriba)
Básicamente: siente que no tiene ningún derecho y ni siquiera se lo cuestiona xq ha sido “educada” de tal manera que su miseria la considera natural e incluso que “es demasiado buena para ella”.
Podría apostar que todas llevamos a una Macabea dentro.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ainsi va la vie : on appuie sur un bouton, et la vie s’allume. Malheureusement, elle ignorait sur quel bouton appuyer.
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DEDICACE DE L'AUTEUR
(En réalité Clarisse Lispector)

Je voue donc la chose que voici à l'antique Schumann et à sa douce Clara qui ne sont aujourd'hui que poussière, malheureux que nous sommes. Je me voue au rouge aussi vermeil que mon sang d'homme en pleine force de l'âge et je me voue donc à mon sang. Je me voue surtout aux gnomes, nains, sylphides et nymphes qui hantent la vie. Je me voue au regret de ma pauvreté passée, du temps où tout était plus sobre et plus digne et où je n'avais jamais mangé de langouste. Je me voue à la tempête de Beethoven. A la vibration des couleurs neutres de Bach. A Chopin qui m'amollit les os. A Strasvinsky qui m'a bouleversé et enflammé. A "Mort et transfiguration", où Richard Strauss me révèle un destin. Je me voue surtout aux veilles du jour présent et au jour présent, au voile transparent de Debussy, à Marlos Nobre, à Prokofiev, à Carl Orff, à Schoenberg, aux dodécaphoniques, aux cris discordants des compositeurs de musique électronique - à tous ceux qui ont su toucher en moi de façon alarmant des profondeurs inespérées, à tous ces prophètes du présent qui me prophétisent à un tel point qu'en cet instant je vais exploser en : moi. En ce moi, qui est vous, car je ne supporte pas de n'être que moi, car j'ai besoin d'autrui pour tenir debout, tant je suis fou, tant je divague. Que faire d'autre enfin, sinon méditer, pour choir en ce vide plein que seule peut atteindre la méditation. La méditation n'escompte point de profit : la méditation ne peut avoir d'autre fin qu'elle-même. Je médite sur le néant. Ce qui me gâche la vie, c'est d'écrire.
Or - ne pas oublier que la structure de l'atome est chose connue quoi qu'invisible. Comme me sont connues bien des choses que je n'ai jamais vues. Il en va de même pour nous. Il est impossible de démontrer l'existence des choses les plus vraies : il suffit d'y croire. D'y croire en pleurant.
Cette histoire survient en pleine urgence, en pleine calamité. C'est là un livre inachevé, faute de réplique. Cette réplique, j'espère que quelqu'un en ce monde me la donnera ? Vous ? C'est une histoire en technicolor, pour ménager un certain luxe , dont dieu sait que j'ai , moi aussi, grand besoin. Pour nous tous, amen.
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En ce monde tout a commencé par un oui. Une molécule dit oui à une autre, et la vie naquit. Mais avant la préhistoire , il y eut la préhistoire de la préhistoire et il y eut le néant et il y eut un oui. Toujours il y eut - quoi, je ne sais, mais je sais que jamais l'univers n'eut de commencement.
Que nul ne se méprenne : je n'atteins à la simplicité qu'au terme d'un long travail.

(...)

N'oublions pas qu'en ce moment c'est la saison des fraises.
Oui
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MIENNE EST LA FAUTE
OU
L'HEURE DE L'ETOILE
OU
QU'ELLE SE DEBROUILLE
OU
LE DROIT DE CRIER
OU
CLARICE LISPECTOR
OU
QUANT A L'AVENIR
OU
BLUES PLAINTIF
OU
ELLE DE SAIT CRIER
OU
L'IMPRESSION DE PERDRE QUELQUE CHOSE
OU
SIFFLEMENT DANS LE VENT OBSCUR
OU
JE N'Y PEUX RIEN
OU
RECUEIL DES FAITS ANTERIEURS
OU
HISTOIRE A FAIRE PLEURER MARGOT
OU
DISCRETE SORTIE PAR LA PORTE DE SERVICE
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Cette histoire survient en pleine urgence, en pleine calamité. C’est là un livre inachevé, faute de réplique. Cette réplique, j’espère que quelqu’un en ce monde me la donnera? Vous ?
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Videos de Clarice Lispector (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Clarice Lispector
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Il y a des gens qui doutent et, franchement, ça fait du bien. Savez-vous quelle héroïne de roman incarne à la perfection la femme qui doute ?
« Près du coeur sauvage », de Clarice Lispector, c'est à lire aux Editions des Femmes.
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