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sur 707 notes
Plus qu'un roman, il s'agit plutôt d'un essai court et original sur la question du jugement de l'histoire récente (réelle et atroce) où le voyage temporel n'était ici qu'un prétexte pour nous faire réfléchir sur cette question.
Imaginez si vous pouviez remonter le temps et être témoin d'un évènement soigneusement choisi par vous pour le dénoncer ensuite à vos contemporains. Qu'est ce qui prévaut ? L'émotion d'un témoignage susceptible d'être partial et/ou biaisé et non vérifiable ou la véracité des faits historiques appuyée sur des recherches et des études d'archives physiques … Tel est le sujet de ce court récit articulé comme un débat télévisé bien mené et bien écrit.
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Je suis tombé par hasard sur ce livre. En 100 pages, l'auteur aborde des thèmes complexes tels que l'identité et les conséquences morales de la technologie, la mémoire collective, tout en ouvrant une page de l'histoire sur des événements que je ne connaissais pas forcément (histoire de la Mandchourie et création de l'unité 731)."
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Akemi Kirino est une physicienne qui a mis au point avec son mari historien Evan Wei un moyen de voyager dans le passé, se focalisant sur les évènements survenus en Mandchourie occupée par les japonais dans les années 30 et 40, les meurtres et les expériences inhumaines menées par l'Unité 731. A défaut d'enregistrement cette immersion est destructrice, posant un dilemme méthodologique comme en archéologie classique, et ce contact à rebours avec la vérité embrase les susceptibilités nationalistes, la Chine se dédouanant, le Japon niant et les États-Unis ayant du mal à assumer l'immunité donnée à l'époque aux criminels en échange des résultats de leurs expérimentations.
Cette science fiction ne se préoccupe que d'éthique, posant des questions philosophiques sur l'Histoire, la relation des témoignages subjectifs avec la notion de vérité ne parvenant pas à éradiquer le négationnisme. le moment revu fait partie du passé, et le ramener dans le présent montre la linéarité de la construction du monde des hommes pour prendre conscience que le présent est construit sur le passé, par le principe de la flèche temporelle, à la mesure de la nature humaine et à l'échelle de l'espèce, le livre atteignant un propos universaliste sur un sujet très complexe.
Lien : https://lesbouquinsdyvescalv..
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Unité 731
Dans un futur proche un couple de scientifiques met au point un procédé qui permet de voyager dans le temps. Pas physiquement, mais par le cerveau (je vous passe les détails qui relèvent à la fois de la physique et de la science-fiction), et uniquement dans le passé, sachant qu'un « voyageur » ne peut « visiter » qu'une seule et unique fois la période ou l'évènement choisi qui, au retour, se sera effacé… le choix d'Evan Wei et de son épouse Akemi Kirino se porte sur la guerre entre la Chine et le Japon en Mandchourie dans les années 30-40 (un choix parfaitement assumé, lui, historien, étant sino-américain, et elle, physicienne, nippo-américaine) et plus particulièrement sur les « activités » de l'Unité 731, une unité militaire où les japonais se sont livrés à d'effroyables expérimentations médicales sur des prisonniers essentiellement chinois. Alors que de nombreuses voix s'élèvent pour s'y opposer, Pr Wei décide de faire « voyager » des descendants volontaires des victimes de l'Unité 731 (n'aurait-il pas mieux valu envoyer des historiens, dépourvus de toute charge émotionnelle ?), afin qu'ils puissent témoigner de la réalité des exactions commises et que le Japon reconnaisse enfin avoir commis des crimes contre l'humanité.
Quelle claque que cette novella ou court roman ! En une centaine de pages l'auteur réussit la prouesse d'aborder des thèmes extrêmement riches, tenant à l'Histoire et à la mémoire, par le biais du voyage temporel : reconnaissance des crimes de guerre, méthodologie des historiens, travail mémoriel, responsabilité personnelle ou collective, héritage historique…
J'ignorais tout de cette Unité 731, surnommée l' »Auschwitz d'Asie »… Je connaissais (un peu) la guerre sino-japonaise (notamment le massacre de Nankin) mais visiblement mes cours d'histoire sont très lointains. Je suis même allée voir sur internet s'il s'agissait de faits rééls ou inventés par l'auteur… Hélas, Ken Liu (chinois de naissance) a bel et bien extirpé cette Unité 731 de l'Histoire. D'ailleurs l'Histoire, parlons-en : comment tracer avec véracité les évènements, sinon par les témoignages ? Mais qui dit témoignages dit aussi subjectivité, interprétations…
Pour le Pr Wei, le Japon doit reconnaître ses crimes de guerre et présenter des excuses officielles : seuls les témoignages directs via son procédé (controversé) peuvent y parvenir en sensibilisant les populations (japonaises mais aussi chinoises et occidentales) et en reconnaissant aux descendants des martyrs un véritable statut de victimes de guerre. Mais le procédé mis au point par Wei et Kirino efface les évènements qu'ils s'efforçaient de préserver empêchant toute « vérification » (cependant, un même évènement vu ou vécu par des personnes différentes peut être relaté de manière diamétralement opposée)…
Généralement, les romans traitant du voyage temporel sont distrayants (j'en suis fan !) : ici évidemment, rien de tel. Indépendamment des atrocités relatées (plusieurs paragraphes très difficiles), l'auteur donne à son lecteur de quoi réfléchir, à travers de multiples questions d'ordre juridique, scientifiques, éthiques voire philosophique. Et que dire de la fin, totalement inattendue qui m'a fait l'effet d'un coup au coeur ?
Intelligent mais éprouvant.
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Et si l'on disposait, dorénavant, d'un moyen simple et incontestable de vérifier les faits historiques ?
Telle est l'idée de base de cette novella singulière signée Ken Liu.

Les fictions « Et si... » suivent généralement le même modèle : l'auteur extrapole sur la base de cette hypothèse de départ et imagine toutes les conséquences logiques sur notre société.
Ici, c'est assez différent. L'hypothèse de départ sert moins à construire un univers décalé qu'à jeter un nouveau regard sur notre monde et notre Histoire.
Cela explique que la partie SF soit réduite au concept original lui-même, que d'ailleurs l'auteur expédie dans les dix premières pages. Si vous recherchez une bonne petite histoire de science-fiction, en particulier un bon divertissement, vous risquez d'être fortement déçu…


Nous avons en réalité affaire à un texte engagé avec un message précis, qui m'a tout de suite rappelé le film Reality sorti en août 2023. Reality dénonce le deux poids deux mesures qui s'est abattu sur la lanceuse d'alerte Reality Winner (voyez-vous comme moi l'ironie dans le nom et le prénom de la jeune fille ?). le film prend la forme d'une reconstitution glaçante des évènements clés de cette affaire très américaine. L'homme qui mit fin à L Histoire prend quant à elle la forme d'un reportage (fictionnel) relatant l'invention scientifique et son usage concret pour donner un coup de projecteur sur l'un des épisodes les plus sombres de l'humanité, à savoir les crimes perpétrés sur les Chinois par les membres de l'Unité 731 lors de l'occupation japonaise.

Ce qui me conduit à lancer un deuxième avertissement : le texte contient des passages particulièrement choquants, notamment des descriptions crues de pratiques criminelles, humiliantes, et d'actes de torture. L'impact émotionnel est amplifié d'abord par l'écriture froide et distante de l'auteur, faisant écho à l'attitude elle-même détachée des tortionnaires. Ensuite, par cette intuition lancinante que cette fiction n'en est pas tout à fait une. Que derrière la fiction, la réalité est là cachée, qu'on cache ou qu'on se cache. Que pour aborder un tel sujet, pour mettre les pieds dans le plat de cette façon, l'auteur s'est surement bien documenté – confirmation dans la postface, instructive.

Ce n'est peut-être pas tant l'horreur de ce massacre en particulier qu'a voulu pointer Ken Liu, mais le fait qu'il demeure pratiquement inconnu, et non reconnu, aujourd'hui encore. La conjonction des deux, certainement. Un paradoxe et une injustice.


J'expédie rapidement les qualités littéraires de ce texte qui réussit à être tout à la fois : court, dense pour ce qui est de la matière à réflexion, fluide et aéré grâce à sa structure particulière faite de courts témoignages (une à trois pages) apportant autant des points de vue successifs. Un zapping digne des meilleurs reportages américains modernes, on s'y croirait !
On pourrait penser que cette forme convient mal à l'écrit, qu'elle va nuire au propos. Il n'en est rien. Dans ce cas précis, Ken Liu ne déroule pas une démonstration. Il pose le sujet, avance des arguments, questionne notre jugement, malmène les puissances, se moque de l'homme du peuple et ses réflexions à l'emporte-pièce. Mais, à chacun, il donne la voix, car au final c'est bien de la diversité des points de vue, des cultures et des histoires que semblent découler les paradoxes et le statu quo concernant ce sujet brûlant et glacial, ce terrain miné.


J'ai particulièrement apprécié comme l'auteur a réussi à faire ressortir, en quelques phrases et avec clarté, les lignes de raisonnements, les rapports de force, les fronts d'oppositions, mais aussi les biais cognitifs et culturels, l'irrationalité humaine. Un exemple parmi cinquante : la Chine a mauvaise presse dans le monde occidental. Ce pourrait-il être un biais rendant inaudible chez nous une injustice dont elle serait la victime ? Et jusqu'où peut-on alors déplacer le curseur de l'injustice avant de l'entendre finalement ? Telle est la nature des biais, et si vous vous intéressez un tant soit peu à ces questions, Ken Liu en a plein dans la valise !
Pour ne rien gâcher, j'ai trouvé que le propos était assez mesuré pour un sujet aussi asymétrique. L'auteur souligne d'ailleurs l'étrange et tragique «mimétisme » qui affecte les puissances chinoise et japonaise depuis la fin de la guerre, contribuant au statu quo. La politique américaine n'est pas davantage épargnée (pour info Ken Liu vit aux États-Unis). Quant aux tortionnaires, ils sont décrits comme ordinaires (« Il n'y a pas de monstre. le monstre, c'est nous. »), ce qui évite habilement l'anathème racial tout en laissant un goût amer.


Maintenant, un petit avis aux férus de SF :
Vous adorez le concept de base, mais la mise en oeuvre centrée sur les crimes de guerre ne vous attire pas spécialement ?
Vous aimeriez lire un vrai roman exploitant le concept de base ?
Vous aimeriez un roman de divertissement plutôt que politique ?
Vous aimeriez un roman SF, allez, osons : hard SF, à la mesure du concept de base ?

Eh bien j'ai le plaisir de vous annoncer que ce roman existe !
Le miroir du temps, de Jean-Michel Calvez, est cette perle rare, par ailleurs publiée trois ans avant la nouvelle de Ken Liu. Une lecture parfaitement complémentaire…
Le concept original est vraiment très proche dans les deux fictions. D'ailleurs, le télescope dans l'espace pour faire comprendre l'idée existe bel et bien dans le Miroir du temps, même s'il n'a pas la même fonction. Aussi, la condition nécessaire de dépasser la vitesse du temps est traitée différemment par les deux auteurs : Ken Liu botte en touche avec son arnaque des particules quantiques, tandis que Calvez convoque un domaine qu'il connaît bien : la physique des ondes.
J'ajouterais que chez Calvez, l'exploitation du concept est autrement vertigineuse.
Je n'en dirais pas plus car l'une des marques de fabrique de l'auteur français est de ménager le suspense. Mais vous pouvez toujours jeter un oeil à la critique que j'en ai fait il y a… 2 mois : le hasard des lectures !
D'après mes recherches, Calvez a d'ailleurs traduit plusieurs nouvelles de l'auteur chinois par la suite. Les affinités...


Et dans le genre dystopique, l'excellent Golden State est un lecture également intéressante, car dans la société décrite, la vérité vraie est connue et stockée par d'autres moyens, ce qui implique aussi la connaissance du passé...
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Recommandé par un ami je me suis plongé dans ce court bouquin de 100 pages. Ce procédé, de documentaire écrit m'était nouveau et il m'a fallu une dizaine de pages pour l'appréhender.

Par la suite, le lecteur est pris par cette histoire tragique, le récit des actions de l'Unité 371 qui m'étaient jusqu'alors inconnues.

Comment affronter la rude réalité de l'histoire ? Comment vivre au présent avec un lourd passé ? Autant de questions qui mériteraient d'être davantage creusées. C'est passionnant mais j'ai l'impression de n'avoir lu qu'un seul chapitre. Un documentaire à prolonger.
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"L'homme qui mit fin à L Histoire" constitue une expérience de lecture rare, je ne suis pas sûr d'avoir déjà lu un livre proposant, en à peine cent pages un tel concentré de réflexions sur autant de thématiques distinctes.
L'auteur va commencer par nous instruire d'un fait historique aujourd'hui avéré, à savoir que le Japon a largement rivalisé avec le régime nazi dans l'horreur pendant la seconde guerre mondiale. Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part je ne connaissais pas l'unité 731, soit l'équivalent d'Auschwitz au pays du soleil levant.
Maintenant, imaginez qu'une machine à remonter le temps vous donne la possibilité d'être le témoin oculaire d'événements tels qu'ils se sont réellement déroulés dans le passé, de voir de vos yeux ce qu'on vous a caché. Imaginez le fait d'assister à l'agonie de vos grands parents sur une table de dissection dans un laboratoire secret.
L'utilisation de la science fiction va permettre à l'auteur non seulement de nous instruire, mais de nous démontrer l'imposture des états concernant le devoir de mémoire, il nous parlera de négationnisme et des manipulations rhétoriques pour étouffer ou minorer la vérité, une vérité que deux scientifiques idéalistes voudraient faire éclater à la face du monde en donnant la preuve irréfutable de ce qui s'est réellement passé.
Qui pourrait être contre la vérité ? Personne à n'en point douter, c'est d'ailleurs la première impression générale qui va prévaloir et je dois dire que jusque là je n'étais pas plus impressionné que cela par ma lecture.
Ce qui m'a fasciné dans cette lecture tient dans la démonstration que toute vérité n'est pas bonne à dire, que le temps qui passe estompe les souvenirs et la volonté de les raviver. Ce qui m'a troublé aussi, c'est que les arguments pour le droit à l'oubli, surtout 60 ans après sont recevables d'un certain point de vue, autant que l'exigence du devoir de mémoire auquel je crois résolument, les deux points de vues étant bien sûr incompatibles et irréconciliables.
L'ambiance de ce roman passe de l'exaltation à la plus noire des mélancolies, car à la noblesse d'un idéal peut s'opposer la plus farouche hostilité usant de procédés le plus souvent déloyaux, et suivre les états d'âmes contrariés de nos scientifiques (à la façon d'un documentaire je le rappelle) va se révéler une lecture finalement très triste.
Je sors de cette lecture émerveillé par la subtilité de ce scénario qui, en plus de nous instruire, nous propose une vaste réflexion sur la complexité de nos convictions les plus profondes, cette façon d'opposer l'émotion à la raison nous donne à ressentir la finalité de ce que nous sommes, j'aime les textes qui favorisent l'introspection, ils nous aident à nous connaître mieux.
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Surprenant (et épouvantable) roman du chinois Ken Liu qui vit aux US.
L'homme qui mit fin à L Histoire débute comme un roman de SF ou d'anticipation.
La vue que l'on a des étoiles le soir est une photo partie il y a des milliers d'années, le temps qu'il faut à la lumière pour arriver jusqu'à nous. Ce que l'on voit est donc une très ancienne étoile, qui a beaucoup changé ou même disparu depuis.
Ken Liu imagine un procédé scientifique permettant d'avoir ce même recul spatio-temporel et donc d'aller "voir" notre Histoire, notre passé.
Mais oublions bien vite ce côté "SF", à mi-chemin entre physique et poésie, car si Ken Liu a entrepris de nous faire voyager dans le temps c'est pour nous emmener dans les années 30 en Mandchourie, lorsque les japonais avaient envahi la Chine.
Près de Harbin, les nippons avaient installé la sinistre Unité 731, surnommée l'Auschwitz d'Asie, où se déroulaient toutes sortes d'expérimentations sur des cobayes chinois : vivisections, amputations, armes bactériologiques et chimiques, tests de l'endurance humaine, tortures diverses et variées pour faire avancer la recherche et médecine, la science et le progrès.
Heureusement le bouquin ne fait qu'une centaine de pages et les descriptions horrifiques sont courtes et peu nombreuses : Ken Liu a l'intelligence de ne pas trop en rajouter, c'est au-delà des mots.
Au-delà du nécessaire rappel de ces terribles faits historiques, l'auteur s'essaye également à philosopher sur notre approche de l'Histoire (c'est d'ailleurs le titre du bouquin) et c'est plutôt bien vu, parfois un peu too much, mais en tout cas cela soulève des questions passionnantes.
En effet, le regard que l'on obtient grâce à son procédé est instantané et unique : une fois réalisé, le "voyage dans le temps" ne peut plus être renouvelé. L'image a été consommée.
À noter : la maison d'édition le Bélial propose ce petit bouquin pour un prix modique en numérique et sans DRM pour pouvoir le prêter à ses amis. Il existe donc des éditeurs intelligents.
Pour celles et ceux qui aiment savoir.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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En soi, c'est sûrement très bien.
D'ailleurs, la présentation, la narration, cette façon de raconter comme si c'était un reportage est intéressante.
Mais j'ai eu beaucoup de mal à accrocher à cette narration, trop pleine de didactique historique qui me dépassait et ne m'intéressait pas.
J'aime suivre une histoire, qu'elle m'emmène et là, j'ai eu l'impression de suivre un cours d'Histoire et, comme en cours d'Histoire, j'ai décroché régulièrement et la lecture a été fastidieuse malgré la qualité des idées…
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J'ai plus aimé le fond que la forme. L'écriture type documentaire m'a d'abord énervée puis je me suis prise au jeu vers la moitié du livre. Les réflexions sont intéressantes mais je trouve que ce sont surtout des hypothèses qui n'ont soit pas été suffisamment développées, soit qu'il manque de quelque chose dans l'histoire pour que j'apprécie réellement ce livre.
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