Mon deuxième
Loevenbruck, après "
Nous rêvions juste de liberté"...on change d'ambiance: plus de motards en quête d'échappée belle, mais un malheureux schizophrène en quête de vérité, sur fond d'attentat terroriste à La Défense..
On suit d'autant plus près l'action, haletante, que le héros -qui est aussi le narrateur - nous invite, entre deux chapitres, à pénétrer son moi divisé et hanté, en lisant par-dessus son épaule ses petits carnets de moleskine...
Ah, ces petits carnets! Un vrai régal d'introspection, de spéculations hasardeuses, géniales ou totalement déjantées, de considérations philosophiques ou scientifiques, qui donnent plus d'épaisseur au personnage principal, Vigo Ravel, dit Il Lupo, et plus de crédibilité à l'action.
Tantôt on est dans un roman "psy" qui explore avec brio la fragilité du psychisme humain -et sa force-, la solitude existentielle de l'homo sapiens et modernus, et la quête d'autrui qui est son pendant positif, la recherche du père et le meurtre d'icelui, merci
Freud! ..
Tantôt on se croit dans un polar politique - services secrets, attentats, conspirationnisme ambiant, recherche militaro-médicale - mais un polar humaniste, avec un héros "moral" et attachant, aidé par une bande de hackers sympathiques,entre les pieds-nickelés et Média-part.
Tantôt le récit flirte carrément avec la SF par le biais d'une incursion estomaquante dans le cerveau humain, avec ses 8 lobes, ses champs magnétiques, et ses TSM (je vous laisse découvrir cette horreur-là..on y croit presque, et je suis sûre que Dr Mabuse frétillerait d'aise dans sa tombe s'il en prenait connaissance...);
Bref on en a pour ses 500 pages, et elles filent à toute allure! Un vrai bon polar, qui a le mérite de se passer entièrement à Paris: un plaisir de plus..
Vous ne prendrez plus le métro à Denfert-Rochereau ni le bus sur les quais de la même façon, vous frémirez d'horreur en descendant dans les parkings de la Défense et la brasserie Wepler sera pour vous un havre de paix sans pareil...
Et si vous ne me croyez pas, prenez garde que je n'aille à mon tour souffrir du syndrome de Copernic...