Dans la forêt (BD)

Les dessins sont assez beaux et c'est à peu près le seul compliment que je trouve à faire. BD post-apo, elle n'apporte rien d'original au genre même si je dois bien reconnaître qu'il n'est pas toujours facile de se renouveler quand le postulat de départ est toujours le même. Ceci dit certains y parviennent. Mais ce qui vaut à cette ouvrage une note si basse tiens en une réflexion (attention spoiler) : Il n'y a vraiment qu'un mec pour s'imaginer qu'on se remet d'un viol en… baisant sa soeur. Je passe bien sûr sur l'interdit de l'inceste qui visiblement n'est pas un sujet. La narratrice de cette histoire ne s'interrogeant pas deux secondes sur ce qu'elle envisage puis fait. Après des semaines de mélancolie, voilà donc notre seconde héroïne fraîche comme un gardon, prête à reprendre le cours de sa vie de ballerine au son d'une musique imaginaire au milieu de son jardin, parce que c'est bien connu (le remède est même prescrit par des médecins), « rien de tel qu'une bonne partie de jambe en l'air incestueuse pour se remettre d'un viol brutal surtout quand il s'agit à priori, de votre première expérience du sexe. Il n'est évidemment pas exclu qu'une personne violée puisse trouver du réconfort dans un acte sexuel consenti encore faut-il l'amener suffisamment bien dans son histoire. Ce n'est pas le cas ici. Et on en revient à la partie inceste de cette joyeuse BD. J'imagine qu'il n'est pas impossible, dans une ambiance de fin du monde, si personne ne vous regarde, d'éprouver du désir pour sa soeur ou de s'en servir pour assouvir un désir plus général s'il n'y a plus qu'elle. Mais là aussi, encore faut-il qu'en matière de narration, vous apportiez de la crédibilité à votre récit… Et à ce stade, je m'interroge pourquoi deux soeurs ? Pourquoi pas deux frères ? Un frère et une soeur ? Est-ce parce qu'entre deux filles c'est plus acceptable ? Plus bandant ? Ça fait plus vendre ? C'est pas vraiment du sexe ? A moins que ce ne soit parce qu'évidemment si un homme avait été là, il aurait été soit le violeur soit le sauveur ? Bref, aucune des justifications que je trouve n'est acceptable à mes yeux ni pour les hommes ni pour les femmes.

Il s'agit d'un roman graphique basé sur le livre de Jean Hegland. L'absence de couleur, puisque les dessins ont l'air d'être réalisés au brou de noix, souligne peut-être la période post apocalyptique dans laquelle se passe l'histoire. Deux soeurs, Nell, 17 ans, celle qui écrit et Eva, 18 ans, la passionnée de danse, se retrouvent absolument seules dans leur chalet perdu dans la forêt. Leurs parents sont décédés laissant un grand vide et elles doivent apprendre à survivre. Il s'est passé quelque chose d'effroyable. le lecteur ne saura pas quoi. Il n'y a plus de gaz, d'électricité, de carburant, et le seul magasin à des kilomètres de là n'a quasi plus de marchandise. Il n'y a plus d'espoir. Elles doivent vivre avec ce qui leur reste de réserves et ce qu'elles trouvent dans la forêt. Un jour un vagabond de passage viole Eva qui se mure dans sa douleur.
Les dessins sont très beaux mais je me serais bien passée des trois pages décrivant en long et en large le plaisir pornographique de l'amour physique incestueux entre les deux soeurs. Cela m'a profondément heurtée et mise mal à l'aise. Je m'attendais à un roman écologique permettant de surmonter des drames, mais je n'y ai pas trouvé cela. J'ai détesté.