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sur 4042 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
En finir avec Eddy Bellegueule, Est-ce roman ? Une autobiographie ?
J'aurais sans doute préféré que l'auteur de ce premier roman, par ailleurs particulièrement réussi, se décide entre l'un et l'autre. Mais peut-être cela aurait-il ajouté à la difficulté d'avoir été cet Eddy qu'il ne veut plus être ?
Car Eddy est un garçon pas comme les autres, et surtout pas comme en rêvait son père, dont c'est le premier enfant, sa mère ayant déjà deux autres enfants d'un précédent mariage. Eddy a des attitudes de fille et surtout des aspirations qu'il ne comprend pas, que son entourage ne comprend pas, dans cette région où les différences sont incompréhensibles et inadmissibles. Car cela ne peut pas se faire, d'avoir un fils homosexuel, dans ces villes où tout le monde se connait et s'épie.
Malgré tout j'ai lu ce livre très rapidement, car c'est sûr, on n'a pas du tout envie de le poser quand on l'a commencé ! C'est bien écrit. Les récits et les dialogues alternent et rendent le personnage encore plus présent. le langage, les expressions, les situations, l'enfer et la misère sociale des cités de Picardie sont décrits à la manière d'un Zola !! Toutes ces scènes qui font la vie : l'arrêt de bus, les jeux entre garçons, les premiers émois, les cours de récréation et les couloirs de l'école, les conflits entre les parents, le père à l'usine, la mère qui ne doit pas gagner plus d'argent que son mari, l'alcool toujours présent, et qui fait par exemple que le grand père battait sa femme, le chômage, le manque d'éducation. Tout y est ! On se croirait presque un autre siècle, et pourtant c'est si proche de nous !
Au milieu de cette misère et de cette violence, j'ai bien senti l'amour diffus et certainement malhabile de parents qui ne savent pas trop quel genre de fils ils ont enfanté. Mais des parents qui sont sans doute également trop pris par une vie à laquelle personne n'aspire pour comprendre et évoluer. Et le peu de compréhension qu'ils peuvent lui montrer, le peu de démonstrations d'amour qu'ils ont à donner
Je me suis demandé jusqu'où iraient ces deux garçons, qui lui font du mal dans les couloirs de l'école à chaque récré, mais aussi à quel moment Eddy allait réagir, et pourquoi les enseignants et surveillants ne voyaient rien !
Je trouve par moment Eddy bien dur avec cette famille qui l'a élevé à sa façon, fort mal et fort peu sans doute, mais certainement pas dans la haine. Même si j'imagine que ces différences ont dû être particulièrement difficiles à vivre. Mais elles sont aussi une part de ce qu'il est devenu. Cette incroyable plongée dans la misère humaine est parfois dérangeante et un peu difficile, mais c'est un roman intéressant malgré tout.

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Récit choc, dénonçant les souffrances subies durant son enfance du fait de sa différence, en finir avec Eddy Bellegueule est un récit d'adieu. Une façon pour l'auteur de régler ses comptes avec l'enfance et les préjugés dont il a fait l'objet des années durant.
Critiqué pour la force de ses propos, notamment à l'égard de son milieu social, Edouard Louis, prouve son talent d'écriture à travers une colère sèche, tournée vers son entourage, qui n'est pas sans questionner. Car Edouard Louis dit tout détester de son enfance : la télévision constamment allumée, la vulgarité joyeuse et le virilisme de ses proches poussé à l'extrême à rebours de ses attitudes délicates et de sa voix efféminée.
L'écriture est claire, concise, parfois sèche et toujours cinglante, elle incarne à elle seule l'extrême violence du propos de l'auteur. Un livre sans concessions, qui s'impose au lecteur, le tient par le col et l'entraine dans l'univers âpre et rêche d'Edouard Louis. Un livre brut mais qui marque par un propos sincère et l'important travail de recul que semble avoir fait l'auteur, pour regarder en face son double. Ce petit garçon qu'il était.
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Avant de publier En finir avec Eddy Bellegueule, Edouard Louis avait déjà dirigé un ouvrage sur Pierre Bourdieu. On ne s'en étonne guère tant son premier roman sonne comme une analyse sociologique du déterminisme social. Règlerait-il ses comptes ? Son roman dérange, on ne peut s'empêcher de vouloir laisser la parole à la partie adverse. Certes, c'est un incompris. Il parle ici de l'homophobie ancrée dans les moeurs, de l'homosexualité qui dérange parce que c'est dégueulasse, contre nature. Ce sont les filles qui aiment les garçons ! On ne cherchera pas plus loin parce qu'encore une fois c'est comme ça et puis c'est tout. Dans le milieu duquel vient Edouard Louis, il n'y a pas de place pour le changement. On vit comme on a toujours vécu, on pense ce qu'on a toujours pensé. Mais on rêve aussi parfois ! Comme sa mère qui rêvait de le voir faire des études, lui qui travaillait si bien à l'école, qui rêvait à une vie meilleure pour lui.

Et c'est cela qui m'a dérangé dans ma lecture. On reçoit mille preuves que l'environnement dans lequel Eddy a grandi n'était pas idéal mais les preuves qu'il était aimé sont là aussi. J'aurais voulu le tirer par la manche pour lui faire prendre un peu de recul sur cette situation sur laquelle il crache. Il est impossible de donner un avis tranché sur ce roman poignant qui se lit d'une traite mais laisse un goût amer, un je-ne-sais-quoi qui met mal à l'aise, qui nous donne l'impression qu'on est resté trop longtemps sur le pas de la porte de la famille Bellegueule, qu'on aurait mieux fait de rentrer chez nous.
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On ne choisi pas sa famille.Plaidoyer d'un enfant qui se sent différent et étranger à sa famille, sa région.Jeunesse difficile, violente qui marque à jamais un être en devenir.L'enfance n'est pas toujours joyeuse et innocente, elle peut être un cauchemar silencieux car les victimes sont souvent honteuses et terrifiées.
Ce livre est déroutant car l'action est contemporaine et révoltant, ce que subit ce jeune garçon est tout bonnement impensable.Nous plongeons dans une France profonde et arriérée mais qui a le droit de vote.En même temps qui sommes nous pour juger, n'est-ce pas de l'arrogance que de se sentir supérieur à certains de nos concitoyens?
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Ça y est, je le lis enfin le roman qui a fait polémique à sa sortie en janvier de cette année.

Pour moi qui travaille dans un tel milieu, rien de bien nouveau sous le soleil. Juste une peinture juste d'un certain milieu social.

Ce qui m'a en revanche intéressé, c'est ce besoin des hommes de paraître des hommes selon un certain stéréotype. On "casse du pédé" pour mieux oublier que parfois, le corps masculin attire, aussi.

J'ai trouvé en revanche l'auteur un peu léger, sur la fin, à propos des différences de comportement dans les différentes classes sociales. Il ne fait qu'esquisser le sujet. Dommage.

La dernière phrase m'a également laissée dans le doute. le narrateur arrive-t-il vraiment à rire de sa différence ?

L'image que je retiendrai :

Celle de la maison au carreau de la chambre casse, chambre sans Moquette ni tapisserie.

La question que je me pose :

L'auteur n'est pas d'un milieu aisé, et parvient pourtant à intégrer une Grande École grâce au lycée dans lequel il entre, et qui lui permettra d'avoir accès à la culture classique. Au collège, il souffre de harcèlement. Ma question : à quoi sert le collège ?
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C'est déchirant, très réaliste et effectivement j'ai ressenti souvent ce malaise... Est-on voyeur quand on lit une tel témoignage? si ce roman a pu aider Edouard Louis à mieux comprendre, donc à mieux vivre ces tiraillements, eh bien tant mieux!
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Ce roman retrace l'enfance et l'adolescence d'Eddy Bellegueule, un jeune picard qui vit dans un petit village de campagne dans lequel il ne se sent pas du tout à sa place. En effet Eddy n'a absolument pas la même mentalité que les habitants du village ce que ces derniers ne comprennent pas et à cause de cela, lui mènent la vie très dure. Eddy est confronté à une perte totale de repères, ne se sent pas bien dans sa peau, se fait catégoriser d'homosexuel et ne comprend pas s'il s'agit d'une vérité ou non. Pour amoindrir le rejet des autres villageois, il se force à paraître comme ceux-ci mais ne tarde pas à comprendre que ce n'est pas dans sa nature. Bref il est totalement pommé bien qu'il soit très brillant dans ses études. Il rêve de partir de ce village dans lequel il se sent enfermé et rêve d'un avenir meilleur que ce qui l'attend comme tous les autres villageois. Ce qui est choquant dans ce roman c'est que l'histoire d'Eddy est d'actualité alors que les mentalités paraissent celles d'un autre temps. Il est très effrayant de se dire qu'il existe encore des gens qui pensent comme cela de nos jours. Eddy se fait lyncher, humilier, renier presque, par ses parents et par son entourage tout cela car ils manquent d'ouverture d'esprit. Edouard Louis est un auteur très prometteur, sa plume est sans fioritures. Parfois il utilise un langage très cru pour décrire comme si il s'agissait d'un témoignage, tout ce qu'il y a de malsain et de cruel dans la façon de penser des personnages. Il n'y a qu'une seule chose que je pourrais reprocher à ce roman, c'est qu'il tend parfois trop vers l'exagération dans les clichés ce qui n'est pas pour desservir les préjugés déjà véhiculés sur la Picardie. Etant moi même Picarde, ça a eu tendance à m'agacer à certains moments, mais bon comme pour toute chose, il faut prendre le recul nécessaire !
Cela reste un roman très marquant que je vous conseille à tous !
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On a beaucoup parlé de ce livre, écrit par un jeune homme de 21 ans que l'on peut qualifier de "miraculé". Issu d'un milieu défavorisé, il est parvenu à sortir de l'engrenage infernal de la reproduction sociale. Il poursuit aujourd'hui de brillantes études à l'Ecole Normale Supérieure. Edouard Louis, (c'est le nom qu'il s'est attribué, abandonnant celui de sa naissance "Eddy Bellegueule"), ne cache pas que son roman est autobiographique et que le récit qu'il nous offre est celui de son enfance et adolescence.
Eddy est un enfant différent des autres, sensible et efféminé, dans un monde où un garçon se doit d'être "un dur" sous peine de passer pour "une tapette". Il se rend compte très vite, dans le regard des autres, de sa singularité. Il doit faire face à leurs moqueries, subir des persécutions (certaines scènes sont insoutenables). Eddy tente de ressembler aux autres, de nier son penchant pour les garçons, sans succès. le fossé avec les autres ne cesse de se creuser.
La famille d'Eddy est pauvre, financièrement et culturellement. Les seuls dérivatifs à leur vie de labeur sont la télévision et les soirées alcoolisées avec les voisins. Un logement plus que vétuste, des conditions de vie précaires, on peut parler de "sous-prolétariat". Edouard nous dresse un portrait de ses parents peu glorieux, mettant en avant leur inculture et leurs moyens intellectuels limités. C'est grâce à l'école qu'Eddy parvient à s'échapper de ce milieu, mais uniquement à l'adolescence.
Je dois dire que je sors mal à l'aise de cette écoute. Je comprends qu'Eddy ait voulu témoigner de sa souffrance. Son livre est percutant, il émeut, révolte et donne un coup de projecteur sur un milieu social dont on parle assez peu. Je ne conteste pas ses qualités littéraires. Au vu de son jeune âge, on ne peut qu'être admiratif de son travail d'écriture. Je pense par ailleurs que ce récit peut permettre à tout un chacun de mieux comprendre les difficultés rencontrées par ce type d'enfant. Je pense notamment aux enseignants.
Mais je ne peux pas m'empêcher de me mettre à la place des parents d'Eddy dont l'histoire et la vie intime sont dévoilés, décortiquées et analysées sans complaisance par leur propre fils. Eddy aurait peut-être dû attendre quelques années avant d'écrire cette autobiographie. Avec un peu de recul, il aurait peut-être dépassé le rejet de son milieu d'origine et présenté un récit plus apaisé, moins traumatisant pour sa famille, moins violent. Comment gèrera-t'il dans le temps, le séisme familial qu'il a créé et que les médias ont relayé plus que largement ?
Un autre point m'a dérangée. Les difficultés rencontrées par Eddy sont en grande partie liées à son orientation sexuelle. Or, l'homophobie n'est pas l'apanage des milieux défavorisés, ce que son récit pourrait laisser supposer. L'herbe n'est pas toujours plus verte ailleurs.
Quelques mots sur la version audio : le lecteur a su trouver le juste ton et adapter sa voix aux deux registres de langues utilisées par l'auteur (celle de son milieu d'origine et celle qu'il utilise aujourd'hui). Une interview de l'auteur constitue un bonus très appréciable.
Un texte qui ne peut laisser indifférent, qui soulève beaucoup de questions et se lit sous plusieurs angles différents.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Voilà voilà, ça faisait longtemps que je voulait le lire et je n'ai pas été déçue !!!!
Amis de la poésie, de la tendresse et de l'amour, passez votre chemin...
Ce "roman", largement autobiographique, raconte l'enfance et la jeunesse Ô combien terrible de l'auteur, dans la misère sociale, intellectuelle et affective de sa famille, de son village.... Jusqu'à la découverte que peut-être ça n'est pas partout pareil....

J'ai été choquée, bouleversée, émue, dégoûtée par ce récit qui prend aux tripes.
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Je n'aime pas trop les jeunes gens trop médiatiques et les livres trop médiatiques. J'y allais donc vraiment à reculons. J'ai de ces a-prioris, parfois. 
J'avais tort. C'est les médias qu'il faut ne pas aimer, et laisser les jeunes gens qui ont des choses à dire écrire leurs livres. Celui-ci ressemble à un conte populaire : les fées d'Édouard Louis c'est  l'école de la République qui pour une fois a joué son rôle et l'a aidé à sortir de sa misère psychique, et à devenir le garçon brillant qu'il est devenu, quoique définitivement marqué. 

D'abord il y a sa famille : Zola en l'an 2000, on l'a dit. Des êtres frustres, rustres. La pauvreté, l'alcool, l'absence d'horizon. On a parlé de règlement de compte, je ne l'ai pas vu. Peut-être en rajoute-t'il, peut-être pas. C'est sans importance (il y a écrit « roman »). Ce sont des faits et des comportements, insoutenables pour nos yeux éduqués et privilégiés. Mais cependant, si on veut mettre un peu de bienveillance dans sa lecture, j'ai cru déceler en eux tous, des failles, une humanité. Et si je l'ai lue, c'est qu'Edouard Louis l'y a glissée. 

Toute cette bassesse,  cette arrogance vulgaire, cette sauvagerie, ce n'est jamais que de la peur, la peur de l'autre chez des gens qui n'ont jamais eu droit à la parole, mais aussi à ce qu'on leur parle, à ce qu'on leur explique. Malgré tout le rejet qu'ils inspirent, ils souffrent et aiment, mais ils n'ont pas eu la chance qu'on leur apprenne à l' exprimer dignement. Mais quand même, le père a décidé de ne jamais frapper ses enfants, et s'y tient ; croyant mourir, il donne cérémonieusement  une chevalière à son fils, qu'il a pourtant l'air de tant rejeter ; il y a plusieurs tels petits gestes rapportés, sous le flot de grossièretés, qui montrent l'homme en lui. L'homme souffrant. Malgré tous ces dénigrements , malgré l'horreur que leur inspire l'homosexualité de leur fils, pour eux totalement inacceptable, ils n'en sont pas moins fiers.
(Edouard Louis écrit un chapitre qu'il appelle L'autre père où il rapporte des faits "honorables" en rapport avec son père. Si son père pouvait écrire, il écrirait sûrement lui aussi un chapitre intitulé  L'autre fils pour éclairer son ambiguïté à son sujet)

Finalement je me disais : ce qu'il y a de plus curieux, ce n'est pas tant que de tels gens existent, c'est surtout qu'il soit besoin d' expliquer qu'ils existent, car dans la vie, nous en côtoyons, j'en vois dans mon bureau, j'en vois dans ma rue. Il suffit de choisir de les voir.
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Et puis, cette homophobie, cette horreur de voir leur fils être (et devenir) autre, je ne pense pas que cela soit lié uniquement à leur inculture, c'est trop facile, ce n'est vraiment pas une question de classe sociale (le dernier paragraphe du livre le prouve bien et nous-même comment aurions-nous réagi avec toutes nos belles idées et notre belle conscience donneuse de leçons ?). 

Et c'est le 2e grand thème du livre, ce garçon, qui, dès la petite l'enfance s'est senti différent, et a été ressenti différent par les autres. Qui a discerné peu à peu en quoi cela consistait, en a eu peur, en a même été dégoûté (comme dans Le secret de Brookeback mountain), a subi, dans la famille,  au village, au collège, les humiliations et les insultes qui y étaient liées, a tenté selon les moments de l'apprivoiser, de le nier, de le dépasser, a souffert dans son corps et dans son âme. Ce garçon, qui, quand il est enfin arrivé à sortir avec une fille, jubile en se répétant dans sa tête : « guéri, guéri ». Et qui, peu à peu, construit sa défense : la fuite. Une fuite comme une construction.

Sans pathos, sans fiel, En finir avec Eddy Bellegueule est un roman d'éducation absolument terrible.
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