"Alors je dis comme ça à Edouard : Et c'est pareil pour toi tu sais. Il bronchait pas pendant qu'il m'écoutait lui dire. Il bougeait plus. Je dis pas ça contre toi que je lui fais, c'est pas pour être méchante que je te dis ça mais quand ils te disent à toi que ce que tu fais c'est intéressant ils mentent, ils mentent autant qu'à moi et ils mentent autant qu'à tous les autres, tous, il y a pas de différences dans ces choses-là, aucune, parce que toutes les vies elles se valent, et alors ta petite vie elle intéresse pas plus l'humanité qu'une autre vie, faut pas rêver, les gens ils croient sans arrêt que leur vie elle est plus passionnante que celle des autres, et ils savent que tout le monde le pense mais ils se disent que les autres s'trompent, mais non. J'y peux rien, c'est la réalité, et vivre à Paris ou faire de la philosophie ou j'en passe, ça n'y change rien.
Je crois que les gens sentaient que son silence avait quelque chose d'artificiel, que ne n'était pas qu'elle ne disait rien mais qu'elle faisait tout pour ne rien dire, ce qui change tout.
Peut-être qu'il pleuvait et qu'il souriait et qu'une esquisse de sourire inondée par la pluie roulant sur son visage rendait sa joie plus évidente, puisqu'on associe volontiers la pluie à la morosité et qu'un sourire sous la pluie ne peut que décupler le contraste et décupler la signification, le sens du sourire.
A cause de cette certitude de la mort ils avaient mis fin à ce qu'au fond ils avaient toujours subi, ce qu'ils pensaient avoir vécu mais que la proximité avec la mort leur faisait apparaître comme des choses qu'ils avzient subies, seulement subies.
Il désire et il déteste son désir. Maintenant il veut se justifier de ce qu'il a fait avec toi. Il veut te faire payer son désir.
C’est dans le roman de William Faulkner, Sanctuaire, que j’ai retrouvé pour la première fois un cas comparable d’incapacité à fuir.
Et qu'est ce que le pouvoir si ce n'est cette machine à engendrer du mensonges, à forcer au mensonge ?
Je sais aussi, depuis, que la naïveté est une condition de la fuite. Que sans naïveté on ne fuit pas.
J'étais devenu une bête, à la recherche de cette odeur qui semblait ne jamais disparaître en dépit de mes efforts, son odeur ne partait pas et j'en ai conclu qu’elle était sur moi, pas sur les draps ou sur les meubles.
Les études, l'idée des études avait émergé beaucoup plus tard, quand j'avais compris qu'elles seraient à peu près le seul chemin possible, ou au moins le seul chemin qui me permettrait de m'éloigner non seulement géographiquement, socialement, donc totalement de mon passé... Il n'y avait que les études qui me permettaient une fuite totale.