« Mais j'étais un terrain miné, quiconque posait sa patte sur les murs faisaient exploser toutes mes ruines, et mes ruines retombaient, intactes, elles se redéposaient et le vent du bonheur tournait autour. Que peut le vent contre la pierre ? Elle est inviolable, gravée de mort et de passages. » (p. 78) Marquée par l'absence d'amour, par la religion et le péché, par la peur et les violences physiques et sexuelles qu'inflige le père – il y a une scène insoutenable où il force son frère et sa soeur à des gestes sexuels à grands coups de crucifix -, Elizabeth n'arrive pas à aimer. Ni la petite fille qu'elle aura, ni le père de son enfant. Elle a des amants, avec lesquels la sexualité est empreinte d'autodestruction, de douleur, de possession. Je reconnais tout le talent de l'auteure, qui nous emmène ainsi dans les profondeurs inexplorées de ce personnage tourmenté, mais ai-je aimé faire ce voyage avec elles… ? J'en sors quelque peu lessivée et nauséeuse…
Commenter  J’apprécie         150
Depuis ma naissance, des silences, j'en vivais de toutes les couleurs.
Des verts quand je me réfugiais dans mes forêts et mes rivières,
des rouges quand la colère me remplissait le ventre parce que le père m'avait giflée, des blancs quand, pour un tout petit instant, j'arrivais à saisir une parcelle de bonheur.
Sur le coup, j’eus le sentiment d’être délivrée d’un poids. Enfin je pouvais tout partager et être comprise. Qu’y a-t-il de mieux que deux écorchés vifs qui se comprennent, qui aspirent à une nouvelle naissance, qui croient qu’en se disant tout ils trouveront la lumière parfaite, celle qui noie toutes les horreurs ? Mais plus tard je me suis rendu compte que c’était comme lire un livre que j’aurais eu en dedans de moi, dans la tête, dans le cœur et dans l’âme. Et lire ne m’enlevait pas, ne pouvait pas m’enlever le poids des mots ni toute cette mémoire accrochée à mes parois. Tout cela gisait à l’intérieur de moi et pas un feu, pas un torrent n’en venait à bout. Comme si les souvenirs et les blessures étaient gravés immuablement dans la pierre. (p. 78)
Dans cette vie d’asphalte et de misère, le soleil venait parfois se glisser en un rayon très faible dans une cour minuscule, entre le hangar et le mur des voisins. (p. 13)
J’aimais beaucoup les oiseaux. Ils pouvaient partir quand ils voulaient. Quitter la ville ou leurs parents. (p. 22)