Léon l'Africain

Il faut persévérer, car le début qui se passe en Andalousie est vraiment lent et pas captivant, à mon avis. On est à la fin du 15ème siècle, l'Andalousie est arabe depuis longtemps et cela paraît évidemment tout naturel aux gens qui y vivent, dont le narrateur, Hassan. Toutefois, la reconquête espagnole menace et progresse. Hassan la quitte donc, à regret. C'est très touffu, détaillé à l'extrême… Heureusement peu à peu, avec le grand voyage du narrateur tout autour de la Méditerranée, c'est alors beaucoup plus distrayant. Hassan rencontre dans ce voyage de toute une vie toutes sortes de personnages intéressants très bien décrits.

Plus encore que l'aspect historique et descriptif du roman, qui reste bien long et bien minutieux pour mon goût, ce sont quelques réflexions de religion et de philosophie de la vie qui m'auront marqué : par ci par là, des pépites que j'ai même prises en photo pour les relire souvent. Par exemple, fait prisonnier avec un ami, Hassan se lamente et son ami, lui, reste serein, en pensant que dans tout malheur, il sortira quelque chose de bon. Eh bien, dit comme ça, c'est un peu niais mais Maalouf l'exprime si brillamment qu'on en reste scotché, à relire le passage encore et encore. Une autre page sur la mort sans laquelle la vie n'aurait pas tant de valeur m'a fait aussi un effet lumineux ! Peu importe la religion de celui qui le dit. Peu importe mon athéisme, le message passe, c'est magique. Merci Monsieur Maalouf !

Voilà un récit totalement imaginaire mais qui part d'une histoire vraie qui ne me laisse indifférent.
Léon l'Africain ou plutôt Hassan est un musulman de Grenade qui immigre à Fès pour fuir l'inquisition espagnole mise en place par Ferdinand de Castille. Poète, négociant, ambassadeur, il connait les honneurs et la déchéance. Enlevé lors de son retour d'un pèlerinage à La Mecque, il est offert en cadeau au Pape Léon X.
L'auteur nous conte avec beaucoup de poésie et parfois de réalisme le parcours de ce personnage d'exception. J'ai été sensible aux parfums et aux ambiances créées par les descriptions. le personnage est très attachant et dès que je le quittai en posant le livre, je n'avais qu'une hâte : le retrouver.
Je vous souhaite le même bonheur à lecture de cette belle histoire.

Hassan al-Wazzan est né au 16ème siècle à Grenade et a dû fuir à cause de l'inquisition. La vie d'Hassan ne sera dès lors faite que de voyages et d'exils. Une nouvelle femme l'attend dans chacun des pays et sa vie sera remplie d'amour. Il passe par contre de de richesse à la pauvreté. Sa famille s'installe d'abord à Fès, puis il se retrouve en Egype et vit la prise du pays par les Ottomans. Ensuiite, en Afrique noire, il sera présent au moment de la fin de l'Empire de Mohamed Touré et il se retrouve finalement à Rome, capturé par des pirates et offert au Pape. On vit donc avec lui tous ces grands épisodes de l'histoire.
Les relations internationales, le commerce, les guerres, les oppositions religieuses, rien ne manque au récit.
Parfois quelques longueurs (au début et à la fin), des passages un peu rébarbatifs, mais un roman globalement agréable à lire et inspiré d'une histoire vraie.

Amin Maalouf ne me déçoit encore nullement avec ce roman. Incroyable conteur, je ne peux qu'être émerveillé par le voyage qu'il propose cette fois-ci d'un "ordinaire" homme.

Cependant, puisqu'une "critique" m'est autorisée et pour laquelle je "justifie" l'absence d'une dernière étoile contrairement à Samarcande, la voici :

Léon l'Africain a une structure plus laborieuse pour ne pas dire "timide" contrairement à l'histoire d'Omar Khayyam. On peut avoir du mal à s'identifier clairement au personnage jusqu'à la moitié du livre. Cependant, ce "défaut" se révèle être qu'une toute petite "imperfection" lorsqu'on prend enfin notre vitesse dans le récit. Je dirais même que c'est à notre plaisir lorsque l'on constate le voyage parcouru à la fin de notre lecture.

Un roman qui s'inspire d'une histoire vraie, il relate la vie de cet homme « Léon L'Africain » sous la forme d'une autobiographie imaginaire.
Hassan al-Wazzan, dit Léon l'Africain de son nom complet Hasan ibn Muhammad al-Wazzan al-Fasi, fils de Mohamed le peseur, de Fez (né probablement près de Grenade vers 1494 et mort à une date inconnue (selon les sources de 1527 à 1555), est un diplomate et explorateur d'Afrique du Nord,des XVe et XVIe siècles. Hassan nait dans le royaume de Grenade dont la chute en 1492 provoque la fuite de sa famille à Fès où il grandit et s'éduque. Il réalise son premier grand voyage à Tombouctou puis plus tard dans l'empire de l'Askia Mohamed Touré jusqu'en Égypte. Il est commerçant, puis diplomate et participe à une ambassade auprès du sultan Ottoman Sélim 1er, le père de Soliman le magnifique. de retour de la Mecque, il sera capturé pour être « donné » au pape Léon X envers qui le « rapteur » avait une dette (d'honneur sans doute). le destin le fixe donc un temps en Italie où il est converti au catholicisme par le pape Léon X (vu les circonstances, il n'a guère le choix), au moment où l'hérésie luthérienne prend corps.
Durant ses pérégrinations, il sera confronté aux turbulences militaires et au pouvoir de ces hommes : Sélim 1er, François 1er, Charles Quint, les papes Léon X et Clément VII et les Médicis. Mais Hassan semble poursuivi par une sorte de malédiction partout où il passe. Enfant à Grenade il tombe aux mains des Castillans, et c'est l'exil. A Tombouctou la ville brûle. Dans l'empire Mamelouk d'Égypte il est brisé par les Ottomans, et enfin à Rome, l'Italie est ravagée par l'empereur Charles Quint. Cependant, il trouvera une épouse dans chacun de ces lieux et à chaque fois engendrera un enfant, dont seul un fils en Italie.
Pour confirmer que la violence et la cruauté transcendent la religion, ce sont des musulmans qui réalisent des horreurs au Caire, et des chrétiens font des horreurs similaires à Rome.
Un roman historique écrit il y a 35 ans qui a une vraie résonance dans notre société actuelle où la question des religions est si explosive.
Excellent ouvrage où philosophie, humanisme, croyances, pouvoir, culture et tradition se côtoient, et où malgré les massacres qui s'ajoutent aux massacres, l'humain (au moins un) sort grandi. Mais peut-être est ce le souhait de l'auteur ?

J'ai trouvé fort intéressante l'idée de faire revivre ce personnage de la renaissance dont j'ignorais tout. Son parcours hors de l'ordinaire dans cette époque faite de révolutions tant artistiques que politiques nous permet de réviser nos connaissances historiques et le point de vue d'un musulman leur donne un éclairage renouvelé. le roman paraît bien documenté mais ill est difficile de faire la part de l'imaginaire que je soupçonne être assez large. le style d'écriture est agréable mais, bien que j'aie aimé la division en chapitres selon les temps de la vie de Léon l'Africain, j'ai trouvé la construction un peu lourde et les ficelles de narration un peu trop apparentes, en particulier dans la partie qui relate l'enfance du personnage. La suite est plus intéressante mais j'ai fini par me lasser de ses aventures et j'avais hâte de terminer le roman… En somme, j'émets un avis assez mitigé.

Si les cours d'histoire et de géographie pouvaient être ainsi contés ! Quel régal de suivre Hassan (personnage réel) de part et d'autre de la méditerranée : on découvre Grenade, Fès, Tombouctou, le Caire, Istanbul, Rome.. On revisite les guerres entre musulmans, chrétiens, ottomans, luthériens. Une leçon de vie aussi : comment survivre aux drames, comment garder une certaine distance avec la religion, avec le pouvoir. Merveilleusement bien écrit !

Que dire d'une telle épopée ? Qu'elle est la résultante d'une conjonction entre la grande Histoire et la petite histoire. Celle de Léon (né Hassan) et de sa famille à Grenade alors sous occupation musulmane jusqu'à leur exil à Fès. L'occasion de découvrir les moeurs sociales et les soubresauts politiques des terres traversées.

Puis vient le temps du périple individuel vers d'autres contrées de ce grand voyageur dont les observations, les rencontres et les sensations emportent aisément le lecteur.
Un récit enchanteur.

Comme dans les Croisades vues par les Arabes, Amin Maalouf retourne et décentre notre regard d'Occidentaux. Il nous montre les débuts de la Renaissance artistique, des querelles théologiques avec les débuts de la Réforme - qui deviennent des guerres de religion, l'essor des Grandes Découvertes qui amènent les Européens à l'exploration du monde et à sa conquête, mais avec le point de vue d'un "Oriental". Mais son personnage a des identités multiples comme le montrent les premières lignes où il se présente : surnommé l'Africain alors qu'il est né en Espagne, musulman qui se convertit au catholicisme en étant sensible aux idées de Luther - tout en restant véritablement musulman ? sa foi n'est pas très claire, proche du pape et du sultan, un des derniers sujets du sultan en Espagne puis proche des Ottomans...
Cela semble romanesque et incroyable qu'un seul homme puisse traverser tant d'événements et rencontrer tant de personnalités de son époque, mais la fiction n'est que de la réalité, ce qui rend le texte encore plus fort.
Et ce que j'ai apprécié particulièrement, c'est que l'auteur ne s'attarde pas trop sur les années "occidentales" de son personnage, ce que l'on connaît le mieux finalement, mais il préfère développer sur la chute de Grenade - en 1492, un autre événement a pris la place dans la mémoire collective, mais il n'en n'est pas moins considérable, et sur la formation de l'empire ottoman. Oui, contrairement à ce que pensent certains, y compris des politiques, l'Afrique a une histoire vaste, complexe, avec des civilisations capables de prouesses architecturales, techniques, culturelles... Il y a ainsi de belles pages sur Tombouctou.
Le Sahara est un espace de circulations et d'échanges - en tant que professeure d'histoire-géographie, je n'ai pu qu'apprécier cette oeuvre, en tant que lectrice également.

Né à Grenade à la fin du 15e siècle dans une famille musulmane bientôt contrainte à l'exil, Hassan, fils de Mohamed le peseur, passe le reste de son enfance et sa jeunesse à Fès, au Maroc. Devenu diplomate, grand voyageur, homme cultivé, sa destinée va l'emmener à travers le Maghreb, à Tunis, en Egypte, à Constantinople, puis enfin à Rome, capturé et offert au pape Léon X qui le convertit. Il prend alors le nom de Jean Léon, dit Léon l'Africain.

Il apprend l'italien et le latin et enseigne l'arabe. Ses femmes sont à l'image de sa vie, nombreuses et de toutes les cultures. Hilba, une belle esclave Africaine qu'il affranchira et ramènera à son peuple ; sa cousine, Fatima, morte en couches comme beaucoup de femmes à l'époque ; Nour, la blonde Circassienne dont le fils encore enfant a pour destinée d'abattre le Grand Turc, maitre de l'Empire ottoman. Cet empire dont il a tant rêvé...Chacune lui donnera une fille. Enfin il épouse Magdalena qui met au monde son unique fils, Giuseppe.

Dans ce contexte de lutte pour le pouvoir entre l'Orient et l'Occident, entre Chrétiens et Musulmans, alors que l'Empire ottoman veut étendre sa domination, que Luther s'oppose au pape, Léon l'Africain apparait comme un personnage détaché de tous ces conflits, armé de sagesse et d'une volonté de paix, de la certitude que les religions servent le pouvoir des hommes plutôt que l'amour de Dieu. le roman de Amin Maalouf, découpé en années, se lit comme des contes de mille et une nuits, nous plongeant dans les charmes et les cruautés d'une époque pas si lointaine…