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3,73

sur 125 notes
Comme son titre l'indique, c'est un roman de femmes, d'hier ou d'aujourd'hui. le récit nous introduit alternativement à leurs côtés, en oscillant entre trois dates clés de leurs existences.

Il y a Vale qui en 2011, revient dans le Vermont, qu'elle a quitté huit ans auparavant pour La Nouvelle Orléans où elle vivote d'un boulot de strip-teaseuse. Elle n'a pas revu Bonnie depuis ce départ : malgré la relation fusionnelle qui la liait à cette mère fantasque à l'amour enivrant, l'incurable toxicomanie de cette dernière a imposé une prise de distance. Mais Bonnie ayant disparu pendant la tempête Irene, sa fille est de retour, bien qu'à contrecoeur, à Heart Spring, berceau familial où s'installèrent en 1803 leurs ancêtres Ezekial et Zipporah Wood, à une époque où la forêt, encore sauvage, était peuplée d'indiens Abénakis, d'ours, de wapitis et de pumas. Vale s'installe dans la vieille caravane située sur le terrain de la maison où Hazel, maintenant octogénaire et commençant à perdre la tête, a passé sa vie et a élevé Bonnie. En cherchant sa mère des semaines durant, errant dans une région dévastée aux routes devenues impraticables, c'est finalement un pan secret de son histoire familiale qu'elle découvre...

Il y a Debbie, tante par alliance de Vale, qui vit elle aussi sur le domaine de Heart Spring, dans un chalet envahi du même bric-à-brac depuis trente-sept ans, au milieu de photos de Nina Simone, d'Angela Davis ou de Simone de Beauvoir et de ses poules, cumulant plusieurs jobs mal payés mais suffisants pour assurer son mode de vie solitaire et se procurer ses livres et son vin blanc. Nous la retrouvons au fil de bonds dans le passé en 1974. Alors dégoûtée par une société dont la propension à la violence et l'inique hypocrisie culminent avec l'affaire du Watergate et la guerre du Vietnam, elle quitte sa famille avec Thoreau en poche pour renouer avec une vie rurale qu'elle a entendu évoquer avec émerveillement par sa grand-mère biélorusse, et échoue dans une communauté hippie du Vermont.

Pour l'heure, les trois femmes, bien que sans animosité les unes envers les autres, se tiennent à distance, chacune entourée d'une solitude choisie ou subie (notamment par Hazel), séparées par leurs manières très différentes de considérer leur héritage familial et leur appartenance à cette terre, l'octogénaire comme garante d'un patrimoine terrien travaillé, modelé par l'homme, Debbie en communion avec la dimension sauvage du domaine, et Vale, qui s'en croit détachée mais qui peu à peu comprend l'attraction qu'exerçait sur Bonnie ce flanc de montagne où elle était née, et qu'elle détestait pourtant.

Il y a, enfin, Lena, à presque soixante ans de là, l'excentrique soeur d'Hazel qui vit dans une ancienne cabane de chasse au coeur de la forêt en compagnie d'un chouette borgne, passant le plus clair de son temps en contact avec une nature où elle se sent véritablement chez elle. Elle visite toutefois régulièrement sa soeur et son mari Lex, revenu distant de la guerre de Corée, qui vivent dans la grande maison familiale avec leur fils Stephen. Tous les samedis, ils se rendent tous trois au bal, Lex avec son violon, car Lena adore danser. Elle refuse en revanche de mettre les pieds à l'église, car à l'instar de son amie indienne Adele, elle trouve son dieu dans les racines des arbres, le chant de la rivière ou odeur des champignons, dans la musique et le mouvement des corps…

Récit à la structure morcelée, dont les différentes pièces s'assemblent peu à peu, "Les femmes de Heart Spring Mountain" se focalise ainsi à des décennies de distance sur des moments significatifs de ce qui se transmet d'une génération à l'autre, de manière parfois inconsciente, secrets et non-dits formant dans l'histoire familiale des vides générateurs de traumatismes, d'incomplétudes, comme si l'ADN gardait la mémoire des blessures-mais aussi des joies- des générations précédentes.

Si le roman peut au départ déstabiliser, en livrant avec parcimonie les éléments qui permettent de faire le lien entre les différents personnages, on s'attache assez vite à ses héroïnes, tout comme on se prend facilement d'intérêt pour les passionnantes thématiques qui le traversent.

Autour du sujet des origines, l'auteure s'interroge sur la légitimité à occuper une terre qui a été prise à d'autres, sur la culpabilité qui en découle, sur ce qui génère l'amour ou le rejet d'un territoire. Elle associe ce questionnement à une réflexion plus générale sur ce qui lie le passé au présent et à l'avenir, évoquant la nécessité d'assimiler et d'accepter notre héritage ancestral, celui d'une humanité respectueuse d'une biodiversité dont elle n'est qu'un élément, pour mieux vivre aujourd'hui mais surtout pour survivre aux catastrophes à venir, dont les prémisses se manifestent déjà, ainsi qu'elle le rappelle en évoquant régulièrement, comme un angoissant bruit de fond, une actualité nourrie de tremblements de terre ou de séisme, de sécheresse ou de glissements de terrains... Il s'agit d'en finir avec cette désinvolture avec laquelle les individus considèrent le monde, comme si la nature était un lieu qu'ils pouvaient posséder et acheter, comme s'ils ne lui étaient pas redevables.

Un roman qui mêle ainsi, de manière parfaitement homogène, la dimension intime des destinées individuelles aux préoccupations plus vastes que suscite une société qui semble avoir une fâcheuse tendance à oublier d'où elle vient...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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J'ai beaucoup aimé ce roman.
Parce que ces femmes, habitantes d'une forêt dans le Vermont m'ont touché.
Parce que les liens qui les unissent sont complexes et forts.
Parce qu'elles sont loin d'être parfaites.
Parce qu'elles aiment des hommes très imparfaits et très touchants eux aussi.
Et enfin parce qu'elles aiment les arbres, les oiseaux, la pluie, les plantes et qu'elles ont bien conscience, après le passage de l'ouragan Irène, que tout cela est en danger.
Ce n'est pas un manifeste ecolo, juste une belle histoire dans laquelle j'ai aimé plonger.
Un beau premier roman, une construction qui m'a donné envie de ne plus le lâcher une fois entamé !
Traduction France Camus-Pichon
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"Et au milieu coule une rivière."
Source de Vie, source des sens, source du coeur.
Eau bénite, s'écoule en orbite, cercles concentriques d'un Enfer perdu.
Répand une odeur de "terre, de fougères", senteur entêtante, réminiscence des origines, quand chaque goutte de pluie est une apparition du passé. Une odeur de sucre.

Les eaux scintillantes jouent avec la lumière, éclaircie dans les ténèbres, pour conjurer la part d'ombre de l'humanité.

La rivière , paysage liquide, fait son lit.
Ses eaux calment les brûlures.
Fertilisent la terre quand l'humain la blesse.
Quand la rivière s'emporte , quand le vent se lève, plaçant les personnages au bord de l'abîme, métaphore d'une lutte contre un mal. le mal.
Quand le dérèglement des éléments reflète le désordre intérieur des personnages.
Quand abîmer la terre c'est abîmer l'homme.
Quand trouver la source c'est se trouver soi-même.

Dans "Les femmes de Heart Spring Mountain", les mots coulent prudemment, presque imperceptiblement.
Une poésie en un doux mouvement, à l'échelle d'une planète à évolution lente et permanente, dont la destruction s'accélère brutalement, torrent aux flots impétueux qui emportera une des héroïnes.
Robin MacArthur construit une poétique de la contemplation.
La lecture de chaque portrait de ces femmes fortes s'apparente à l'observation de la beauté silencieuse d'une image. La beauté d'un corps, la beauté d'une terre, la beauté d'une âme, la beauté de la nature.

La succession des chapitres à la temporalité déstructurée donne le sentiment au lecteur de découvrir une boîte à photos oubliée , chacune portant en elle une histoire, un combat, des souffrances.
Mais dont les liens sont difficiles à établir.
Des instantanés figés d'un monde qui ne serait plus pareil, comme autant de rappels que notre planète se meurt.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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L'ouragan Irène frappe le Vermont en août 2011. Vale apprend que sa mère est portée disparue et elle décide de revenir à Heart Spring Mountain après plusieurs années d'absence.
Très beau roman avec de jolis portraits de femmes. Chaque chapitre concerne une des héroïnes à un moment différend dans le temps. Au fur et à mesure, le lecteur comprend les liens entre les personnages et leur histoire. On retrouve comme thèmes le lien à la terre natale, la difficulté d'aimer et une réflexion sur l'avenir de notre planète.
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Le choeur/coeur des femmes
Pourquoi j'ai lu ce roman d'une traite :
Une entame "in medias res" : le personnage de Bonnie en plein cyclone ; c'est l'annonce un arrière-plan actuel et préoccupant, les changements climatiques.
Un sujet habituel, mais toujours efficace : la découverte de secrets de famille.
Une narration très maîtrisée : on passe d'un point de vue à un autre, d'une époque à une autre, ce qui rend le lecteur très actif dans sa lecture. Une véritable coopération s'installe entre celui-ci et le narrateur, et cela procure un vrai plaisir de lecture.
Des personnages de femmes courageuses, qui portent des valeurs d'entraide et de résilience.
Un beau roman !
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Partie du Vermont depuis huit années, installée à la Nouvelle Orléans qu'elle adore, Val s'était pourtant promis de ne surtout jamais y retourner. Oui mais voilà, comment peut-on rester de marbre après un appel téléphonique aussi angoissant : l'ouragan Irène vient de faire de gros dégâts à Heart Spring Mountain et Bonnie, sa mère, a disparu en plein milieu de la tempête …
Tout d'abord, bien faire attention de ne pas trop en raconter pour ne pas “spoiler” les secrets de famille … Juste vous mettre l'eau à la bouche pour vous donner une grosse envie de lire ce joli roman. L'auteure nous promène au gré des générations, chapitre après chapitre, et nous présente les différentes protagonistes, entre 1956 et 2011. Robin MacArthur nous dépeint une nature sauvage, parfois hostile, de même qu'elle ébauche - au fil des pages - une brillante palette de portraits féminins, appartenant pour la plupart à la famille de Val, notre jeune héroïne. Lena la grand mère et sa chouette Otie, Bonnie la mère junkie, Hazel la grand tante atteinte semble-t-il d'Alzheimer, Deb la tante, qui s'inquiète pour son fils Danny … Peu d'hommes ont vraiment leur place dans cette histoire de femmes (qui souvent ignorent qui étaient leur père …) Ainsi, Val ne part pas seulement à la recherche de sa mère, mais également à celle de leurs racines profondes, qui pourraient bien être à moitié Abénakis …
Une belle écriture, puissante, vibrante, qui va à l'essentiel, en abordant des sujets écologiques (tout à fait d'actualité …) aussi bien que spirituels. Des questionnements pertinents à la recherche d'une vérité existentielle. Un premier roman très réussi, c'est indéniable !
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Un roman difficile à lâcher du fait des personnages. On suit Vale à la recherche de Bonnie, sa mère disparue dans la tempête. On plaint Hazel qui souffre tant dans son corps que dans sa solitude. On a de la tendresse pour Lena et Deb...
Magnifique roman sur la quête des origines et bien sûr de belles histoires de femmes.
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Les femmes de Heart Spring Mountain, comme l'indique son titre, est un roman à plusieurs voix, celles des femmes qui sont l'âme de cette terre à l'écart du monde. Il y a Deb, l'ex-hippie qui cultivait son idéalisme dans une petite communauté autonome un chouïa crève-la-dalle à l'époque. Il y a Hazel, demeurée seule dans sa ferme, et qui, à un âge très avancé, ne sait plus bien faire la différence entre ce qui est et ce qui n'est plus. Il y avait Lena, cette femme mythique, éternellement accompagnée de sa chouette borgne dans les années 50, qui semble encore habiter la cabane là-haut dans les montagnes. Et puis il y a Vale qui croit haïr ce trou qu'elle a fui, Vale qui porte un peu de toutes ces femmes en elle et qui va les réunir (réellement et métaphoriquement) une toute dernière fois, alors qu'elle cherche désespérément à retrouver Bonnie, cette mère toxicomane insaisissable.

Alors voilà… Comment vous dire que Robin MacArthur maitrise le skill « Personnages » comme personne ? Oscillant entre les époques, ce roman tisse lentement et subtilement les fils qui lient toutes ces femmes. Elles ont toutes leur voix propre, leurs espoirs, leurs doutes, leurs désirs, leurs regrets et leurs secrets déchirants et j'avoue que ça a été un véritable crève-coeur de les quitter. Il y a des hommes aussi dans cette histoire, des amants, des fils, des absents, mais c'est un peu comme s'ils appartenaient naturellement au doux décor de ces femmes flamboyantes.

A travers elles on découvre l'histoire de cette nature sauvage et magnifique. Avis aux amatrices et amateurs de nature writing, Heart Spring Mountain est un diamant brut. Quand Lena (mon personnages préféré, crush immédiat) se lève le matin et contemple la beauté de son paysage avec sa chouette sur l'épaule, on s'imagine juste à ses côtés. Et c'est la sensation délicieuse que je garde de cette lecture. Il y a les révélations, les secrets, la puissance de l'intrigue et l'écriture juste impeccable, sans fioriture, c'est clair. Mais cette langueur, ce temps qui ralentit, cette nature enveloppante et ce huis-clos féminin apaisant… C'est un moment tout particulier qui me restera je crois.
Lien : https://prettyrosemary.wordp..
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D'abord déstabilisée par... je ne sais trop quoi d'ailleurs, une espèce d'inertie, remplie d'odeur de moisi, de misère et de désespoir. Rien dans la vie de ces femmes contemporaines ne semble respirer au moins une minute de bonheur. Tout est triste dévasté et gris, au delà de l'ouragan qui a balayé leur environnement séculaire.

Puis le point de vue de leurs aïeules, pas plus réjouissant ceci dit, apporte quelques étincelles d'amour voire de joie, vite étouffées mais une appréhension de leur vie plus naturelle et sereine quoi que résignée.

Lu en 3 jours, imprégnée de cette sensation de force féminine transmise d'une génération à l'autre en respectant la personnalité de chacune pour autant, avec une réflexion omniprésente sur le bouleversement climatique qui semble inéluctable et accepté, en plus d'une recherche identitaire avec l'espoir de ne pas être orpheline de mère.
Déstabilisant et terriblement profond au final.

Je l'ai aussi annoté de toutes les références musicales, ce qui doit donner une bonne playlist !
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J'ai enfin terminé "Les femmes de Heart Spring Mountain" de Robin McArthur, un roman qui m'a déçu.
Ce récit est très contemplatif. Les personnages se noient dans le souvenir de leurs ancêtres et dans la quête du soi. L'intrigue initiale autour de la mère de l'héroïne qui a disparu lors de l'ouragan Irène se perd au fil des pages.
Je n'ai pas aimé ce livre... c'est une déception 😔 Je suis poutant une fan de littérature américaine !
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