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sur 125 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un ouragan ! Les infos l'ont annoncé, il est là. Et bien là. Dean tend la seringue à Bonnie, Bonnie sourit, elle redevient une jeune mère, sa fille Vale dans ses bras. Au même moment Vale est en train de servir dans un bar de la Nouvelle-Orléans. Elle reçoit un appel de sa tante Deb. Bonnie est partie se promener en pleine tempête. Elle a été aperçue marchant vers un pont qui s'est effondré. Elle n'est toujours pas rentrée. Vale va retourner dans le berceau de sa famille pour tenter de retrouver sa mère disparue et aussi ses racines.

Un récit fait de courts chapitres, où l'on suit trois générations de femmes sans père, de 1956 à 2011. Des femmes dévastées par la drogue, la solitude ou la passion et qui trouvent refuge dans cette montagne, vivant dans des cabanons déglingués au milieu des bois, des rivières, des marécages et des secrets enfouis.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui accorde une grande place à la nature et à l'héritage de ses ancêtres. Un récit accompagné tout au long par les chansons de Léonard Cohen, Billie Holiday, Nina Simone, Elvis Presley et les autres. Même si je me suis un peu égaré dans les aller-retour entre passé et présent, et dans l'arbre généalogique de Vale. L'écriture est belle, et l'auteur nous dresse le portrait émouvant de ces femmes fortes qui ont appris à vivre sans homme.

« Tu sais comment on trouve de l'amour ? Quand tu es dans le ventre de ta maman, tu entends son coeur. C'est ça qui fabrique ton coeur à toi. Et quand tu sors de son ventre, tu as cet amour à l'intérieur de toi. Une maman est une usine à fabriquer de l'amour. »
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Dans sa chronique enthousiaste, Leatouchbook nous a « confié ce livre », alors autant vous dire que je compte en prendre soin !

En 2011, les ouragans étaient encore exclusivement féminins, et Irène s'abattait sur la côte est des États-Unis, n'épargnant pas le Vermont et la région des Heart Spring Mountains, laissant derrière lui destructions et disparus. Dont Bonnie ; ce qui conduit Vale, sa fille, à débarquer de la Nouvelle Orléans pour la retrouver.

Dans Les femmes de Heart Spring Mountain de Robin MacArthur – traduit par France Camus-Pichon – on plonge dans le gynécée fondateur de cette incroyable saga familiale dont Vale va remonter un pan d'histoire.

Comment se construire quand on a des origines indiennes rejetées ? Des ascendants au passé hippie version communautaire ? Un penchant pour les vies marginales et solitaires ? Un entourage extra-familial bienveillant mais enfermant ? Des secrets cachés qui resurgissent au bon moment pour apporter des débuts d'explications ? Pour y arriver, il faut un jour partir, ce que Vale, Lena ou Bonnie ont un jour fait chacune à leur manière. Pour mieux se retrouver un jour…

En prenant son temps, en traversant les époques, en variant les narratrices, Robin MacArthur réussit à nous rendre incroyablement attachante ces femmes libres, fières et réunies par ce lien indescriptible qu'est la lignée. Un livre de femmes, mais pas que pour elles !

PS : je suis toujours frappé à travers mes lectures d'auteurs américains de l'importance et du poids de leur culture littéraire ou cinématographique française dans leur oeuvre. À nouveau ici avec les références empruntées au si beau Sans toit ni loi d'Agnès Varda ou au Deuxième sexe de Simone de Beauvoir.
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On sait aujourd'hui, grâce à des études récentes (et moins récentes), que les traumatismes des générations précédentes peuvent être transmis aux générations suivantes. Ce postulat habite le roman de Robin MacArthur, Les Femmes de Heart Spring Montain. Les non-dits, les secrets inavoués pèseront lourdement sur plusieurs générations de femmes que nous présente cette belle histoire. Divisé en un prologue (Bonnie) et trois parties (La Rivière, Les Bois, Les Champs), le roman est composé de brefs chapitres, titrés par le nom d'un personnage et datés, ce qui s'avère plus que nécessaire à cause des sauts entre les personnages et les époques. On suivra alternativement, plus ou moins régulièrement, sept personnages : Bonnie (en focalisation dans le prologue seulement), puis Haezel, Deb, Stephen, Danny (quelques chapitres vers la fin), Vale, et Lena qui est la seule à s'exprimer à la première personne. Leurs liens de parenté sont importants, et j'ai dû faire un arbre généalogique au fur et à mesure de ma lecture parce que je m'y perdais…
***
En 1803, Ezekial Wood et sa femme Zipporah s'installent dans le Vermont et baptisent Heart Spring Montain l'endroit où ils ont choisi d'établir leur ferme. Leur fils Pierre et sa femme Louise auront un fils : Henry Wood. Il prendra pour épouse Marie, une femme brune, aux longs cheveux tressés, qui n'a pas vraiment le physique des femmes de colons… Ils auront une fille, Jessie (je ne me souviens pas du nom de son mari), qui meurt alors que ses filles, Haezel et Lena, sont encore très jeunes. Nous sommes maintenant parmi les personnages principaux du roman qui se déroule entre 1956 et 2011. Haezel épouse Lex et donne naissance à Stephen. Lena aura une enfant, Bonnie ; le nom de son père est un des non-dits de cette histoire. Bonnie aura une fille, Vale, avec… avec ? elle ne sait pas trop qui. Son cousin Stephen aura un fils, Danny, avec Deb, venue dans la région rejoindre une communauté hippie fin des années 60, début des années 70, et décidant de s'y installer. Le prologue présente Bonnie, paumée, droguée, errant sur un pont pendant l'ouragan Irène qui a causé d'énormes dégâts dans l'Est des États-Unis pendant l'été 2011, et qui a dévasté une bonne partie du Vermont et de la Nouvelle-Angleterre. Dans le premier chapitre, Vale, qui vit à la Nouvelle-Orléans depuis huit ans, est prévenue de la disparition de sa mère par un coup de téléphone de Deb. Elle décide alors de retourner dans le Vermont pour y retrouver Bonnie, morte ou vivante.
***
J'ai aimé ce livre pour les portraits de femmes qu'il donne à voir : tant de destins brisés, tant de courage pour s'en sortir, tant d'échecs et tant de résilience font d'elles des personnages attachants ou, à tout le moins, pour lesquels on ne peut qu'éprouver de l'empathie. L'originalité de Lena, sa solitude choisie, sa communion avec la nature en font une femme remarquablement moderne, comme Deb, d'ailleurs, qui a su conserver son idéal hippie sans le dévoyer malgré la vie rude qu'il lui impose. Le courage d'Haezel et sa générosité touchent au cœur les générations suivantes et lui confèrent longtemps le rôle du port d'attache. Bonnie, la plus désespérée, n'en finit pas de se perdre, de répéter ses erreurs, jusqu'à cette disparition pendant l'ouragan Irène. Malgré tous ses problèmes, elle donne à sa fille, Vale, tout l'amour qu'elle est capable de donner. C'est elle qui m'a touchée le plus, Vale, qui, en tentant de retrouver sa mère, va percer à jour des secrets de famille qui donnent les clés du présent. J'ai aimé aussi ces personnages pour leur attachement à leur morceau de pays, attachement qui n'empêche nullement la lucidité. J'ai beaucoup apprécié l'écriture, hachée parfois, parfois ample et lyrique, toujours précise. Probablement un grand roman !
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J'avais beaucoup aimé l'année dernière le coeur sauvage, recueil de nouvelles de Robin MacArthur, jeune auteure originaire du Vermont. Ces nouvelles dont l'écriture m'avait séduite étaient pleines de tendresse pour des personnages cabossés, un peu marginaux, un brin hippies et écolos.
Dans ce roman, on retrouve ce même coin du Nord-Est des États-Unis, et ses habitants égratignés par la vie. À commencer par Bonnie, qui, quelque peu shootée, lors du passage d'un ouragan, sort affronter la tempête et disparaît. Prévenue, sa fille Vale revient de la Nouvelle-Orléans dans une région qu'elle avait quittée huit ans auparavant. Elle retrouve sa famille, essentiellement les femmes qui restent présentes, malgré tout, quand les hommes ont disparu.
[...]

Une tension dramatique parcourt le texte, en ce qui concerne la recherche de la mère disparue, peut-être emportée par les eaux. le thème du deuil parcourt d'ailleurs les pages, jusqu'au dénouement. La force des Femmes de Heart Spring Mountain vient aussi de la redécouverte par Vale de ses origines, et de son attachement viscéral à la terre et à l'eau du Vermont, montré par plusieurs scènes, peut-être un peu appuyées, où elle s'agenouille ou plonge ses mains dans les éléments naturels avec une grande émotion. Il y est question aussi des leçons qui devraient être tirées du passé, et avec lesquelles un avenir possible pourrait être construit.
Ce roman, qui m'a parfois évoqué ceux de Louise Erdrich, fort de nombreux thèmes qui ne peuvent laisser indifférent, monte en puissance au fur et à mesure de la lecture, et pose des questions essentielles. Je m'attendais peut-être, par rapport au recueil de nouvelles, à être plus surprise ou secouée, mais c'est tout de même un bon roman.

billet complet sur
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Roman choral – Chaque chapitre indique le personnage mis en avant et l'année.
Tour à tour, on suit donc Léna en 1956, Vale et Bonnie en 2011, Hazel en 1956 et en 1974 et de nos jours, et aussi Debbie, Stevens, Andy …tout ça dans le désordre. C'est à la fois assez difficile à suivre mais cela met également du piquant dans la découverte….
J'ai eu un peu de mal au début à savoir qui était la fille, la mère, la soeur, la tante la grand-mère, le cousin ou le frère (mais il me manque aussi quelques neurones, manque dû à la canicule ?)

Le point de départ : en 2011, Vale, jeune femme d'environ 25 ans, apprend que Bonnie, sa mère a été portée disparue lors d'une tempête, Irene, comparable à celle plus célèbre nommée Katrina.
Vale repart donc dans le Vermont pour rechercher sa mère dans un paysage dévasté.
En parallèle, elle découvre que son arrière grand mère était vraisemblablement une indienne : pourquoi cette origine indienne a-t-elle été masquée ? reniée ?
Pourquoi Bonnie n'a jamais connu son père ? Pourquoi Vale non plus ?

Tour à tour, l'auteur nous fait ressentir les émotions de ses différentes personnages (avec une nature qui veut reprendre ses droits …et qui se venge …)

En conclusion : Une écriture convaincante pour ce premier roman (une fois repérés les liens familiaux entre tous les personnages)
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Le petit bout de montagne du Vermont dans lequel Robin MacArthur situe son récit est un coin à part où les femmes règnent sans partage. L'environnement est magnifique, l'eau omniprésente, mais la vie y est dure, le froid intense, les habitations spartiates, les hommes peu présents. Elles doivent se débrouiller seules pour survivre. Pour compenser il y a souvent l'alcool. Fortes et fragiles tout à la fois, écolos, un peu hippies, un peu beaucoup déglinguées par la vie, elles essayent de vivre libres.
Chapitre après chapitre la narratrice développe en alternance l'histoire des femmes d'une même famille sur plusieurs générations. C'est à l'occasion du terrible ouragan Irene de 2011 que la plus jeune, Vale, revient sur les terres de ses ancêtres à la recherche de sa mère mais aussi de ses origines et des secrets tus depuis des générations. Dans cette nature sauvage elle va mieux comprendre sa mère au travers de l'histoire des femmes qui l'ont précédée. Elle va aussi mieux s'accepter.
Robin MacArthur, dans ce premier roman féministe, parle d'écologie, de beauté et de rudesse de la nature, de discriminations subies par les Amérindiens encore récemment, de l'importance des l'origines, de liberté... On y ressent son grand attachement pour le Vermont.
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Une écriture à laquelle je ne suis pas habituée mais qui fonctionne. Les chapitres sont très courts (2-3 pages) et chacun évoque à tour de rôle des fragments de vie de ces femmes de plusieurs générations, liées par le même sang et le même désir de liberté et d'épanouissement. On ne peut arrêter de tourner les pages pour découvrir un peu plus ce puzzle qui se met en place.
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🗻 Les femmes de Heart Spring Mountain - Robin MacArthur 🗻
Traduction : France Camus-Pichon
Albin Michel Terres d'Amérique

Août 2011. L'ouragan Irene s'abat sur le Vermont, laissant derrière lui le chaos et la désolation. Loin de là, à La Nouvelle-Orléans, Vale apprend que sa mère a disparu lors du passage de la tempête. Cela fait longtemps que la jeune femme a tourné le dos à sa famille, mais cette nouvelle ne lui laisse d'autre choix que de rentrer chez elle, à Heart Spring Mountain.
Elle y retrouve celles qui ont bercé son enfance : la vieille Hazel qui, seule dans sa ferme, perd la mémoire, et Deb, restée fidèle à ses idéaux hippies. Mais si elle est venue là dans le seul but de retrouver sa mère, c'est aux secrets des générations de femmes qui l'ont précédée que Vale va se confronter, réveillant son attachement féroce à cette terre qu'elle a tant voulu fuir.

Le retour de Vale est l'occasion de retracer la vie des femmes de cette famille sur plusieurs générations. En donnant la voix à Lena, Hazel, Deb, Stephen et Bonnie à différentes époques ce sont des secrets de famille qui vont ressortir, des espoirs, des frustrations, des modes de vie. Et c'est ce qui permettra à Vale de mieux comprendre sa famille et surtout sa mère.
Cette terre, ces champs, ces bois, cette montagne, ces sources, leur ancrage, leur héritage qui prend parfois des airs de cadeau empoisonné, mais qui exerce une forte attraction sur eux. Un roman qui met les femmes et la nature à l'honneur, qui alerte sur le dérèglement climatique, la violence des éléments qui se déchaînent à cause des hommes.
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Comme son titre l'indique, c'est un roman de femmes, d'hier ou d'aujourd'hui. le récit nous introduit alternativement à leurs côtés, en oscillant entre trois dates clés de leurs existences.

Il y a Vale qui en 2011, revient dans le Vermont, qu'elle a quitté huit ans auparavant pour La Nouvelle Orléans où elle vivote d'un boulot de strip-teaseuse. Elle n'a pas revu Bonnie depuis ce départ : malgré la relation fusionnelle qui la liait à cette mère fantasque à l'amour enivrant, l'incurable toxicomanie de cette dernière a imposé une prise de distance. Mais Bonnie ayant disparu pendant la tempête Irene, sa fille est de retour, bien qu'à contrecoeur, à Heart Spring, berceau familial où s'installèrent en 1803 leurs ancêtres Ezekial et Zipporah Wood, à une époque où la forêt, encore sauvage, était peuplée d'indiens Abénakis, d'ours, de wapitis et de pumas. Vale s'installe dans la vieille caravane située sur le terrain de la maison où Hazel, maintenant octogénaire et commençant à perdre la tête, a passé sa vie et a élevé Bonnie. En cherchant sa mère des semaines durant, errant dans une région dévastée aux routes devenues impraticables, c'est finalement un pan secret de son histoire familiale qu'elle découvre...

Il y a Debbie, tante par alliance de Vale, qui vit elle aussi sur le domaine de Heart Spring, dans un chalet envahi du même bric-à-brac depuis trente-sept ans, au milieu de photos de Nina Simone, d'Angela Davis ou de Simone de Beauvoir et de ses poules, cumulant plusieurs jobs mal payés mais suffisants pour assurer son mode de vie solitaire et se procurer ses livres et son vin blanc. Nous la retrouvons au fil de bonds dans le passé en 1974. Alors dégoûtée par une société dont la propension à la violence et l'inique hypocrisie culminent avec l'affaire du Watergate et la guerre du Vietnam, elle quitte sa famille avec Thoreau en poche pour renouer avec une vie rurale qu'elle a entendu évoquer avec émerveillement par sa grand-mère biélorusse, et échoue dans une communauté hippie du Vermont.

Pour l'heure, les trois femmes, bien que sans animosité les unes envers les autres, se tiennent à distance, chacune entourée d'une solitude choisie ou subie (notamment par Hazel), séparées par leurs manières très différentes de considérer leur héritage familial et leur appartenance à cette terre, l'octogénaire comme garante d'un patrimoine terrien travaillé, modelé par l'homme, Debbie en communion avec la dimension sauvage du domaine, et Vale, qui s'en croit détachée mais qui peu à peu comprend l'attraction qu'exerçait sur Bonnie ce flanc de montagne où elle était née, et qu'elle détestait pourtant.

Il y a, enfin, Lena, à presque soixante ans de là, l'excentrique soeur d'Hazel qui vit dans une ancienne cabane de chasse au coeur de la forêt en compagnie d'un chouette borgne, passant le plus clair de son temps en contact avec une nature où elle se sent véritablement chez elle. Elle visite toutefois régulièrement sa soeur et son mari Lex, revenu distant de la guerre de Corée, qui vivent dans la grande maison familiale avec leur fils Stephen. Tous les samedis, ils se rendent tous trois au bal, Lex avec son violon, car Lena adore danser. Elle refuse en revanche de mettre les pieds à l'église, car à l'instar de son amie indienne Adele, elle trouve son dieu dans les racines des arbres, le chant de la rivière ou odeur des champignons, dans la musique et le mouvement des corps…

Récit à la structure morcelée, dont les différentes pièces s'assemblent peu à peu, "Les femmes de Heart Spring Mountain" se focalise ainsi à des décennies de distance sur des moments significatifs de ce qui se transmet d'une génération à l'autre, de manière parfois inconsciente, secrets et non-dits formant dans l'histoire familiale des vides générateurs de traumatismes, d'incomplétudes, comme si l'ADN gardait la mémoire des blessures-mais aussi des joies- des générations précédentes.

Si le roman peut au départ déstabiliser, en livrant avec parcimonie les éléments qui permettent de faire le lien entre les différents personnages, on s'attache assez vite à ses héroïnes, tout comme on se prend facilement d'intérêt pour les passionnantes thématiques qui le traversent.

Autour du sujet des origines, l'auteure s'interroge sur la légitimité à occuper une terre qui a été prise à d'autres, sur la culpabilité qui en découle, sur ce qui génère l'amour ou le rejet d'un territoire. Elle associe ce questionnement à une réflexion plus générale sur ce qui lie le passé au présent et à l'avenir, évoquant la nécessité d'assimiler et d'accepter notre héritage ancestral, celui d'une humanité respectueuse d'une biodiversité dont elle n'est qu'un élément, pour mieux vivre aujourd'hui mais surtout pour survivre aux catastrophes à venir, dont les prémisses se manifestent déjà, ainsi qu'elle le rappelle en évoquant régulièrement, comme un angoissant bruit de fond, une actualité nourrie de tremblements de terre ou de séisme, de sécheresse ou de glissements de terrains... Il s'agit d'en finir avec cette désinvolture avec laquelle les individus considèrent le monde, comme si la nature était un lieu qu'ils pouvaient posséder et acheter, comme s'ils ne lui étaient pas redevables.

Un roman qui mêle ainsi, de manière parfaitement homogène, la dimension intime des destinées individuelles aux préoccupations plus vastes que suscite une société qui semble avoir une fâcheuse tendance à oublier d'où elle vient...

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"Et au milieu coule une rivière."
Source de Vie, source des sens, source du coeur.
Eau bénite, s'écoule en orbite, cercles concentriques d'un Enfer perdu.
Répand une odeur de "terre, de fougères", senteur entêtante, réminiscence des origines, quand chaque goutte de pluie est une apparition du passé. Une odeur de sucre.

Les eaux scintillantes jouent avec la lumière, éclaircie dans les ténèbres, pour conjurer la part d'ombre de l'humanité.

La rivière , paysage liquide, fait son lit.
Ses eaux calment les brûlures.
Fertilisent la terre quand l'humain la blesse.
Quand la rivière s'emporte , quand le vent se lève, plaçant les personnages au bord de l'abîme, métaphore d'une lutte contre un mal. le mal.
Quand le dérèglement des éléments reflète le désordre intérieur des personnages.
Quand abîmer la terre c'est abîmer l'homme.
Quand trouver la source c'est se trouver soi-même.

Dans "Les femmes de Heart Spring Mountain", les mots coulent prudemment, presque imperceptiblement.
Une poésie en un doux mouvement, à l'échelle d'une planète à évolution lente et permanente, dont la destruction s'accélère brutalement, torrent aux flots impétueux qui emportera une des héroïnes.
Robin MacArthur construit une poétique de la contemplation.
La lecture de chaque portrait de ces femmes fortes s'apparente à l'observation de la beauté silencieuse d'une image. La beauté d'un corps, la beauté d'une terre, la beauté d'une âme, la beauté de la nature.

La succession des chapitres à la temporalité déstructurée donne le sentiment au lecteur de découvrir une boîte à photos oubliée , chacune portant en elle une histoire, un combat, des souffrances.
Mais dont les liens sont difficiles à établir.
Des instantanés figés d'un monde qui ne serait plus pareil, comme autant de rappels que notre planète se meurt.
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