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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Et voilà comment je suis tombée du côté lumineux et gnangnan de la Force, alors que je me plaisais tant du côté obscur...

L'Oiseau bleu doit être la pièce de théâtre la plus connue de Maeterlinck avec Pelléas et Mélisande ; seulement, elle date de 1906 (pour être publiée en 1909 seulement), et marque un tournant déjà amorcé chez l'auteur, mais version mièvre. N'auraient été quelques répliques de la fin et le concept de symbiose universelle, je pense que j'aurais été encore plus impitoyable avec cette pièce d'un auteur dont j'aime tant le premier théâtre. Celui qui est sombre.


Ici, une pièce de Noël avec tous les ingrédients des Märchen des frères Grimm, plus un soupçon de Miyazaki en prime. de quoi faire envie, mais en fait non. Déjà, je ne trouve pas cette pièce bien construite. le début voit les deux enfants de la pièce, Tyltyl et sa soeur Mytyl, être abordés par une vieille inconnue la veille de Noël (bon, oui, c'est une fée) qui leur demande tout de go d'aller chercher un oiseau bleu qu'ils ne savent absolument pas où trouver (sauf qu'on devine très vite où ils finiront par le trouver, premier hic), tout ça pour soi-disant soigner la petite-fille de la vieille en question. Pourquoi eux ? Mieux, les objets (comme le sucre, le pain, etc.) et les animaux de leur entourage vont se révéler à eux avec leur âme et leur vie propres grâce à la magie, il se décideront à accompagner les enfants (la fée a d'autres trucs à faire, apparemment)... mais on leur annonce qu'ils sont condamnés à mourir à la fin du voyage. Sans que ça ne dérange ni ladite fée, ni Tyltyl et Mytyl. Question empathie, ils sont un peu en manque, les deux marmots. Donc, ils ne partent pas parce que, comme d'habitude chez Les Grimm et consorts, ils doivent surmonter une épreuve qui leur est imposée. En gros, ils partent en voyage pour rien, vu qu'ils ne savent même pas si la petite-fille de la fée existe réellement ou si c'est une ruse. Oui, bon, il s'agit bien d'une épreuve, en fait, mais ils ont pas du tout saisi le truc, ils se contentent d'obéir bêtement à une inconnue (c'est mal et très dangereux, pauvres fous !)


Tyltyl et Mytyl incarnant l'humanité, ils vont passer par une série de lieux énigmatiques pendant leur voyage bien évidemment initiatique : et que je rencontre mes grands-parents morts auxquels je ne pense jamais d'habitude, et que je rencontre la Nuit et les peurs ancestrales (visiblement pour la plupart vaincues par les hommes, ce que nous apprenons grâce à Maeterlinck, alors que nous étions bizarrement plutôt persuadés du contraire), tout en en profitant pour faire crever des oiseaux qui n'avaient rien demandé parce que j'ai cru qu'ils étaient tous le fameux oiseau bleu et qu'un seul ne me suffisait pas ; et que je me retrouve assailli par de méchants arbres et de vilains animaux qui m'en veulent carrément alors que je n'ai fait que les abattre et les bouffer pendant des millénaires (franchement, quel petit esprit revanchard possèdent les non-humains !) ; et que j'aille dans un lieu étrange appelé le Cimetière avec des tas de fleurs qui poussent partout ; et que je découvre que les vrais bonheurs, c'est pas d'être riche ou de bouffer à s'en faire péter la panse ; et que j'aille rencontrer les enfants qui viendront à naître ; et que je ne trouve pas l'oiseau bleu (quoique sur ce point, ce soit tout sauf clairement expliqué), et que je rentre chez moi pour Noël, et que... devinez quoi !!! (Rappelez-vous, ça s'appelle L'Oiseau bleu, je dis ça, je dis rien.)


Ca déborde de clichés comme le chien fidèle et la chatte sournoise, avec le nadir des clichés sous la forme de l'Amour maternel parce que les mamans sont évidemment tellement et toujours super gentilles. Certains tableaux sont totalement inutiles, comme celui du Jardin des bonheurs, parce que dès le premier tableau on avait très bien saisi que la morale de l'histoire, c'était que le bonheur se trouve devant son nez et pas chez les voisins pleins aux as (enfin, dites-ça à tous les êtres vivants qui crèvent de faim, ils verront peut-être les choses légèrement différemment). Et donc là, je me dis que Maeterlinck s'est terriblement embourgeoisé, littérairement parlant.


Bien sûr, comme il s'agit là d'un voyage initiatique, les enfants vont apprendre : à écouter l'eau, à voir la forêt, à voir la lumière de l'aube et de la lune. Ils auront réussi à déchirer le voile que protégeait la Nuit, et nous retrouvons là l'intérêt de Maeterlinck pour l'ésotérisme, le mysticisme, le mystère d'un monde invisible, qui prend l'apparence d'une aptitude de certains humains - car comme le disent la chatte, la Nuit, les arbres et d'autres, la plupart des humains ne voient rien du tout et pourraient tout souiller s'ils accédaient à cette forme de connaissance supérieure - à opérer une symbiose avec le reste de l'univers. Vous êtes passés du côté lumineux de la Force.


L'idée est attrayante, mais mise en scène dans une féérie qui la transforme en une sorte de divertissement pour enfants : décors, costumes, effets spéciaux, Maeterlinck n'a lésiné sur rien. Ce qui gâche le propos, d'autant que Mytyl est pleurnicharde et Tyltyl très agaçant, et nous conduit à nous demander pourquoi on a bien pu les choisir pour cette mission délicate et cet accès à une connaissance pour lesquels ils ne souffriront quand même pas beaucoup (de longues années de yoga, c'est bien plus fatigant). Bon, il y a une histoire d'amour là-dessous (qui ne tient pas très bien la route, qui plus est), mais franchement, brader le dévoilement d'un des plus grands mystères à cause d'une amourette, c'est faire pénétrer les personnages dans les dédales obscurs (enfin non, lumineux pour le coup) de l'ésotérisme pour pas grand-chose, hein.


Et vingt dieux, qu'est-ce que c'est gnangnan ! Maeterlinck ne m'avait pas habituée à ça (c'est-à-dire à un théâtre aussi simpliste), c'est le moins qu'on puisse dire. Mais je comprends mieux pourquoi il a été nobelisé en 1911... Ca n'est certainement pas pour L'Intruse, Les Aveugles, ou Intérieur !

Lien : https://musardises-en-depit-..
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Même si je n'avais pas tout apprécié, Pelléas et Mélisande de Maeterlink m'avait plutôt séduite par la poésie de son écriture toute en retenue et en symbole, où rien n'était vraiment montré ni dit sur scène, mais où tout était suggéré, notamment avec l'opposition entre l'obscurité et l'odeur de mort, et entre la quête de la lumière.
Au contraire, ici, tout est explicite - bien que tout soit paradoxalement symbole, trop explicite. En effet, le message de la pièce, voire sa morale, est trop appuyé : il faut chercher le bonheur dans les plaisirs simples de l'existence et la douceur du foyer, il faut aimer ses parents, ne pas envier ce qu'on ne peut posséder... Si quelques idées sont belles - penser aux morts les fait se réveiller, c'est bien trop mièvre pour moi.
Et quant à la magie du diamant qui permet de révéler l'âme des choses, des animaux et des plantes, il permet également quelques belles idées comme la fourberie de la chatte ou la fidélité du chien, mais donne lieu aussi à une accumulation de passages qui sont loin d'être subtils : les bonheurs sont obèses, les enfants sont roses et joufflus... J'ai retrouvé l'importance de la lumière que j'avais relevé dans Pelléas et Mélisande, qui apparaît comme une figure angélique et même mariale.
Je ne sais pas comment tout ceci peut être représenté sur scène sans tomber dans quelque chose de kitch si le metteur en scène suit toutes ces didascalies de drapés, rayons dorés, voiles de soie...
Les défauts tiennent donc pour moi à une accumulation de personnages qui empêchent que ceux-ci soient approfondis, et avec des enfants qui ne sont là que pour s'émerveiller - alors que l'opposition entre le Chien et la Chatte aurait pu être approfondie. Et surtout, je n'y crois pas, je n'ai pas adhéré à ce merveilleux du conte, trop excessif à mon goût. Si le début suscite l'imaginaire des contes germaniques de façon classique, le manque de subtilité à partir du moment où les enfants partent en voyage, en quête plutôt, m'a sortie de la pièce qui sombre, pour moi, dans le ridicule plus que dans le merveilleux.
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Je n'aime pas beaucoup. Ça fait penser à un conte, mais qui ne supporterait pas bien d'être mis par écrit. j'ai un problème avec le style "naïf" en littérature, ce doit aussi être très symbolique.
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