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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans la nuit s'en vont Solal, Paul, Khalia, et Olympe. Tous vont prendre un chemin qui leur appartient et qui surprend quand on ne les connait pas, ils sont si indociles.

L'un ira dans sa grotte, son refuge qu'est devenu son garage, lui Solal « l'anachorète bourrin » le « vagabond immobile », dont Olympe a su « réveiller la flamme endormie » du peintre pour « l'inciter à créer encore » ;
Paul ira sonder le tréfonds de l'espace au Chili, l'homme « rare, bon intègre, qui tente d'avancer dans ce monde généreusement. Loyalement. Fidèle » mettra le feu à sa vie ;
Une autre quittera sa famille et les règles de vie de son milieu social, pour continuer à regarder des tableaux sans entendre les préjugés des siens. Khalia... « plus indocile que les Gitans eux-mêmes, puisqu'elle brave même les Gitans. »
Et la dernière cherchera encore à voir le Dos de Berdasco parce qu'Olympe la « Don Juane (...) n'appartient à personne, et si l'on y pense elle n'a pas d'addiction si ce n'est celle qui fait sa gloire : l'art. ».

Ce sont des indociles. Est-ce qu'ils le savent ? Non, ce serait contraire à leur nature. « Des marcheurs de côté. Des êtres qui échappent à la définition. » «  Ils dansent sur les fils de leurs émotions, et de leur intelligence, passant de l'un à l'autre quand on les attend ailleurs. » « Leurs succès ou leurs échecs ne sont que les rebondissements d'une vie qui s'écrit chaque jour. Les tiroirs dans lesquels on voudrait les ranger ne ferment pas. Les indociles débordent. Calmement réfractaires. Rarement militants. Souvent discrets. Ils font dans l'ombre ou la lumière un chemin qui échappe à ceux qui ont besoin de repères. »

J'ai apprécié ce roman qui se déroule dans le domaine de l'art. Olympe, galeriste veut exposer Solal, un peintre âgé, retiré depuis fort longtemps du microcosme parisien, de cette « putasserie qui va avec l'art, soi-disant l'art. L'art (...) devenu le grand ami des banquiers, des investisseurs, et des intermédiaires comme elle, qui cherchent la bonne recette. Rien n'est plus calfeutré et ouaté et insonore que le monde de l'art aujourd'hui. » A cette occasion, elle va rencontrer Paul, un homme marié et père de famille, dont elle s'amourache violemment, « elle suit toujours son instinct. Et elle ne s'interdit rien. » Résistera-t-il à ses charmes ?

Ce roman est intéressant en ce qu'il ne juge pas l'attitude des personnages mais suggère des explications au jaillissement de leur indocilité.

La plume de l'auteur est dynamique, syncopée par moment ce qui donne une impulsion très agréable car c'est fait fort à propos et on ressent encore plus violemment les troubles de l'esprit de certains protagonistes avec ces retours à la ligne.

Un roman très séduisant.
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Pour résumer Olympe Delbort, il n'est besoin que de trois extraits du roman.

« Olympe a trente-sept ans et elle n'a jamais vraiment écouté une phrase jusqu'au bout. On n'est pas l'une des galeristes les plus en vue de paris, à trente-sept ans, sans avoir un fond d'impolitesse, un mépris de la lenteur, une persistante hâte. » (p. 12)

« Rien n'est jamais plus simple que la sexualité d'Olympe, désirer et être désirée, le dire, le faire. Elle s'étonne que cela puisse chez certains engager tant de choses, alors que c'est pour elle un pétillement, une récréation. » (p. 28)

« Elle ne croit pas l'homme capable d'amour même si elle le croit capable d'avoir inventé l'amour. » (p. 29)

Loin d'être réducteurs, ces extraits conjugués dressent le portrait complexe d'une femme moderne et libre, éprise de séduction et d'art pictural. Son prénom fait clairement référence à la révolutionnaire féministe et indépendante qui perdit la tête sous la guillotine. Olympe, c'est aussi un traumatisme sexuel niché dans l'enfance et de nombreux articles de presse qui tentent de percer le mystère de son succès et de son originalité. Quand Olympe veut, elle obtient : un tableau, un artiste, un homme. Elle assouvit ses désirs avec la même impatience goulue que le marcheur qui avale un verre d'eau fraîche après une journée dans le désert. « Prendre le plaisir puisqu'on peut le prendre. » (p. 46) Et l'amour dans tout ça ? Justement, l'amour, Olympe n'y croit pas. Elle croit au rapprochement et à la friction des corps, pas à celles des coeurs.

Puis elle rencontre Paul Anger et Claude Solal. le premier est marié, heureux dans une existence calme et un rien bourgeoise. L'autre est artiste, écorché par la vie et encore riche d'une créativité qui ne demande qu'à s'exprimer. Au premier, elle va demander ce qu'elle n'a jamais attendu d'aucun autre partenaire. Au second, elle va promettre la gloire et la reconnaissance. D'abord réticents, inquiets de quitter leur tranquillité, les deux hommes rendent les armes face au désir d'Olympe.

Évidemment, il y a quelque chose des Liaisons dangereuses dans les échanges entre Olympe et Paul, mais la galeriste est plus Valmont que Merteuil puisqu'elle ne se grise jamais de la souffrance qu'elle peut infliger à l'autre et qu'elle ne cherche en aucun cas à la susciter. Sans aucun doute, Olympe préfère conquérir plutôt que posséder. Don Juan en jupons et au corps androgyne, elle découvre brutalement les élans du coeur. « Elle est jalouse et on n'est pas jaloux ainsi d'un ami. Elle est jalouse donc. Elle est jalouse donc elle aime Paul ? » (p. 152)

La fin, la suite, elles importent finalement assez peu quand on a compris que Paul et Claude sont les deux faces d'un même homme et qu'en perdant l'un, Olympe ne sait pas garder le second. Il n'y a pas de miracle, personne ne change : au mieux, on se réinvente avec les briques de son ancien moi. Ce n'est qu'un réaménagement. Olympe reste fidèle à ce qu'elle est. Elle connaissait le pouvoir de création de l'art, elle a découvert celui de l'amour, mais aussi leur folle puissance destructrice.

Cette lecture m'a intriguée. J'ai observé Olympe comme je l'aurais fait d'un animal exotique. Sans m'être antipathique, Olympe ne m'a pas touchée, au contraire de Paul que j'ai largement plaint. Olympe est la part violente de mon être dont j'ai depuis longtemps compris qu'elle ne m'intéressait pas. Les indociles est un roman étonnant sur le désir, l'amour et l'art qui sont trois forces dynamiques dont il faut se méfier autant qu'il faut les admirer.
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Les indociles, c'est un roman très original. Murielle Magellan ose créer et affronte sans vergogne les codes sociétaux implicites du XXIème siècle.

Olympe est une jeune galeriste parisienne, très connue dans le milieu artistique, tant par son professionnalisme, que par sa personnalité détonnante. Olympe aime l'art et l'argent, mais elle aime aussi les Hommes, le fait de désirer et d'être désirer, de découvrir et de parcourir. Cette jeune femme, très insolente, trait tout le monde avec dédain, comme s'ils n'étaient que jouets et objets malléables selon ses envies. Seulement voilà, en un très cours laps de temps, elle va rencontrer Paul Anger et Claude Solal. le premier, un professeur issus d'un milieu bourgeois, va lui apprendre ce que sont les sentiments amoureux. le second, Claude Solal, un vieux peintre du sud de la France, va attirer l'entière attention d'Olympe. Ces hommes, vont-ils réussir à dompter le caractère si indocile d'Olympe ?

Qui lira ce livre remarquera les nombreuses similitudes avec le roman épistolaire de Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses. Beaucoup de relations libertines, de jeux de séductions et de désirs agrippe Olympe et Paul, au point qu'ils n'ont cessés de me faire penser à Valmont et à Merteuil, dans le roman sus-mentionné. L'amour est réduit à un jeu, avec comme gain potentiel, les sentiments tant recherchés.

Pour ce qui est d'Olympe, c'est un bout de femme sûre d'elle-même, déterminée et ambitieuse. Mais elle est aussi très solitaire. Derrière son visage de façade de femme arrogante, se cache beaucoup de souffrances dûes à son enfance. Olympe a perdue confiance en l'être humain et se délecte de ne plus dépendre de quiconque - l'argent et la reconnaissance professionnelle ayant remplacé le vrai contact humain.

Ce livre donne une image contraires aux codes moraux de la société d'aujourd'hui. Olympe fait preuve d'une liberté d'esprit révolutionnaire et toute personnelle, elle sort de la sphère commune et se présente comme une jeune femme ayant sa propre vision des choses. Un roman qui m'a énormément fait penser au mouvement surréaliste du XXème siècle, qui luttaient contre toutes les formes de valeurs reçues.

Cet ouvrage est vraiment une chose étrange. Il y a tellement de choses à dire dessus que les mots m'échappent. Je pourrais parler des heures du caractère indéfinissable d'Olympe, de la place que Murielle Magellan donne aux sentiments modernes, de la vision contemporaine de l'oeuvre d'art... Tant de sujets abordés qui détiennent de multiples interprétations possibles. En conclusion, je dirais que Les indociles, c'est un livre qu'il faut lire et tenter d'apprivoiser.
Lien : http://addictbooks.skyrock.c..
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Attiré tant par le titre attirant, que par la couverture attirante (la mienne est la photo d'une femme attirante, dans une posture particulière, attirante, un air sombre, attirant, j'allais dire sobre, mais sans doute pas. Attirant.)
De ce genre de livres qui ne sont pas spécialement bien écrits, avec des phrases sèches (c'est un mérite), avec de temps à autres des descriptions fouillées (la persona principale est une galeriste d'art quand même, il faut le montrer). de ce genre de livres dont l'histoire n'est pas passionnante, mais qui traite de passion.s. Ce s inclusif est quasi une question.

Ce putain de livre il m'a pris parce qu'il résonne avec des moments de ma vie. Qui ne sont pas les mêmes, qui sont uniques, mais qui résonnent. Foutre.

Ce livre n'est pas un chef-d'oeuvre et sera oublié par la multitude et restera inconnu de la multitude. (Malgré son titre qui claque comme Les désaxés-the misfits d'Arthur Miller (auquel il ressemble un peu) (vaguement))
Murielle Magellan ne ferait pas le tour du monde avec son livre. (Je n'ai pas pu m'en empêcher...) Pas assez universel ? ... Trop occident bling bling ? ... Trop "féministe" ? Je ne sais pas.

M'a touché. Point.
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Une voix singulière, portée par un beau personnage de femme. Les indociles, ce sont ces gens qui décident de faire un pas de côté, non pas en rébellion face à la société, juste désireux de suivre leur bout de chemin, à leur façon, en liberté, et sans être jugés. Olympe est de ceux-là : galeriste parisienne réputée, belle, libre, indépendante, à l'écoute de ses désirs, habituée à les voir se réaliser, s'en donnant les moyens, impérieuse, pressée, elle croque la vie, les hommes, les femmes. Et pourtant, ne voir en elle qu'un portrait de Dom Juan au féminin serait tristement réducteur.
Avant tout, elle aime la beauté, la débusquer, dans les toiles, les gens, la générer, aussi, en poussant les artistes dans leurs retranchements : l'occasion de jolis pages, qui évoquent son début de relation avec un vieil artiste, qu'elle va bousculer, et remettre en selle, ou encore, lorsqu'elle conseille à une de ses amantes de faire de sa bisexualité une singularité, au milieu des autres, et non pas une cause, contre les autres. Un très très joli roman, vraiment, et bizarrement un portrait de femme attachant -même si cela n'est pas du tout l'effet recherché à la base, je pense, ni par Olympe, ni par son auteur ;-) : à la fois forte et fragile, complexe, tout simplement, comme nous tous.
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Riche galeriste et femme en quête perpétuelle d'un instant d'éternité dans la passion que l'on peut éprouver pour un autre, Olympe passe sans s'arrêter ou à peine. Un jour elle rencontre Paul... mais cette histoire est plus compliquée que cela! Un roman d'amour hors des sentiers battus! Vibrez, souffrez, réjouissez-vous!
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J'avais découvert Murielle Magellan avec son précédent roman N'oublie pas les oiseaux. Il m'avait beaucoup plu, c'est donc tout naturellement que j'ai voulu retenter l'expérience avec ce nouvel ouvrage. Nous découvrons une jeune femme, Olympe, qui ne vit que pour son travail de galeriste en plein essor. L'auteur nous dépeint le portrait grinçant du milieu de l'art et du fonctionnement des galeries où il faut absolument miser sur le bon cheval qui rapportera gros. On voyage entre Paris et Montpellier où on découvre en même temps que les protagonistes un peintre âgé aux abords bougons qui, sans y paraitre, va finalement donner un vrai sens à la vie d'Olympe. le contexte général m'a donc plu.

Olympe est un personnage intéressant qui se perd parfois dans ses multiples parties de jambes en l'air ainsi que dans son travail. On a l'impression qu'elle essaye de remplir une faille qu'elle a depuis toute jeune. C'est surement sa manière de panser un traumatisme important. C'est d'ailleurs ce qui permet de s'attacher à elle car par moment elle peut être assez exaspérante dans sa manière d'interagir avec autrui. Mais lorsqu'elle tombe réellement amoureuse, que se passe-t-il ? Comment réagit-elle ? C'est toute la question que pose ce roman. Certains ne sont peut-être juste pas faits pour les relations classiques et longues et se sentent à l'étroit dans un engagement trop important.

Murielle Magellan signe ici un roman plein de sens. Elle traite de thèmes pas forcément très courants en littérature. J'ai parfois eu quelques difficultés à comprendre Olympe. Elle a des réactions assez troublantes que l'on finit par apprivoiser. L'auteur confirme donc son talent auprès de moi.
Lien : https://danslemanoirauxlivre..
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