Une plongée dans le contexte égyptien des années 1950-1960. Un contexte politique mouvementé avec la fin du protectorat anglais mais une présence anglaise prolongée, le rejet de la royauté et une révolution dans laquelle s'oppose deux extrêmes (communistes et frères musulmans) et où s'ismisce la corruption.
C'est sur cette toile de fond que prennent vie les protagonistes d'un roman choral : un ancien journaliste de 80 ans désabusé qui a adhéré à différents mouvements modernistes, un vieux monsieur frustré de l'ancienne caste dirigeante dont les biens ont été mis sous séquestre, un jeune notable opportuniste qui cherche le moyen de faire de l'argent car l'oisiveté de classe n'est plus permise, un jeune homme ambivalent qui s'est élevé socialement avec révolution, et un autre jeune homme travaillant à la radio aux prises avec sa conscience.
L'histoire se déroule au coeur de la pension
Miramar à Alexandrie, tenue par une européenne de l'ancienne génération. Un lieu qui procure une sensation intimiste, propice aux échanges, aux confrontations de points de vue mais aussi aux secrets, aux moments introspectifs qui font un retour sur le passé.
J'ai adoré la construction du personnage de Zohra. Si elle ne fait pas partie des voix du roman, elle en est le point central : toute l'histoire tourne autour de cette femme forte et déterminée au milieu d'une société patriarcale.
La lecture est par ailleurs extrêmement happante. J'ai lu l'ouvrage en un week-end et il a été difficile de le poser. le rythme imposé par la narration polyphone donne envie d'en savoir plus sur le déroulé des événements, les nuances apportées par chacun.