Malgré les nombreuses critiques négatives, je n'ai pas hésité à ouvrir ce livre tant le thème de ce roman a suscité ma curiosité : une "biographie" romancée du jeune
Adolf Hitler ou comment un enfant né d'une lignée d'incestes porte en lui les ferments d'une personnalité monstrueuse.
Le tableau : une enfance contrariée entre un père cruel et une mère excessive, une famille névrosée sur laquelle plane l'ombre de la mort et de l'interdit, sans oublier la malveillance du Démon qui n'a pas manqué d'exploiter les failles psychologiques de cette famille pour guider le jeune Hitler vers de funestes projets.
Norman Mailer a le mérite d'avoir abordé un thème subversif : d'abord parce qu'il a choisi comme personnage central (je n'utiliserais pas le terme de héros) un personnage historique doté d'une personnalité hors normes et mystérieuse, ensuite parce qu'il tente de dresser le portrait d'un Hitler tributaire de son destin.
Et ce portrait pourrait être convaincant tant la biographie réelle d'Hitler est silencieuse (ou tout au plus contradictoire) sur son enfance.
Seulement le récit est noyé dans de trop nombreuses digressions pour asseoir cette thèse : l'auteur s'attarde beaucoup sur les introspections du Démon qui se fait le narrateur dans ce récit, déplaçant quelques peu le centre de gravité du roman sur la personnalité même du Démon. de même, le récit se trouve ankylosé par les trop nombreuses réflexions sur les abîmes psychologiques de cette famille, rendant la lecture pas toujours agréable.
Une trame diluée, des longueurs parfois étouffantes.
Et enfin lier le cynisme, l'égo démesuré et la soif de pouvoir du jeune Hitler à l'observation des abeilles...c'est plutôt déroutant.
Le roman perd très vite de son efficacité. A défaut de lire une biographie romancée ou un pseudo-roman historique crédible, le roman n'en demeure pas moins une fiction originale.