AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,19

sur 89 notes
5
7 avis
4
7 avis
3
4 avis
2
3 avis
1
3 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mise en abyme, éléments gigognes, les résonances narratives sont fréquentes dans les écrits d'Andreï Makine. Dans son précédent roman deux histoires de poursuites s'enchâssaient et se faisaient écho dans la taïga, ici ce sont les écrits qui se superposent. Celui notamment de Vivien de Lynden le nazillon, un manuscrit apocalyptique que le lecteur découvre en même temps que le narrateur écrivain auquel il a été confié pour un coup de pouce à la publication. Celui aussi de l'alter-égo Gabriel Osmonde véritable pseudo d'Andreï Makine (merci Renod pour l'info), et tiens encore une histoire de dédoublement au passage, auteur d' « Alternaissance ». Autour de ces personnages écrivains, gravite aussi la maman de Vivien de Lynden, en personnage au cheminement libérateur.
Autre point commun avec le précédent roman, les héros entrevoient la lumière de la félicité terrestre, si elle était sous forme de lieu dans « l'archipel d'une autre vie », ici le cheminement s'intellectualisera pour atterrir « au delà des frontières ». Fondé sur les recherches autour de la métapraxie de la confrérie des diggers d'Osmonde, les héros se révèlent à l'alternaissance, sorte de 3ème naissance après la biologique et la sociale, qui dépasse les absurdités de tout système humain pour revenir à l'essentiel, le présent.

J'ai un peu moins été emballé par celui-ci, peut-être moins surpris (à moins que ma lecture ait été trop décousue), même si j'y ai retrouvé avec grand plaisir cette écriture toujours riche et belle, cultivée sans être pédante.

« Le chaos du monde se décante, la mascarade de l'Histoire révèle son absurdité. Et la masse humaine – magma d'ethnies, de races, de classes, de clans, d'alliances et de mille autres « catégories » - se réduit à son essence : ceux qui acceptent les limites de l'existence et ceux qui les défient. Au-delà de toute appartenance raciale, sociale ou religieuse, nous sommes définis par ce choix – s'endormir dans la masse ou bien refuser le sommeil. »
Commenter  J’apprécie          686
Atteussion, mise en abyme à double révolution, suivez-moi bien…
Voici d'abord le narrateur, Andreï Makine lui-même, ou son avatar, allez savoir.
Et puis Gaia, mère éplorée venue plaider pour le manuscrit de son fils, Vivien, jeune écrivain tendance exalté. Un manuscrit pour le moins subversif, dont nous découvrirons de longs extraits inspirés d'un auteur que côtoya Vivien : Gabriel Osmonde, pseudo dont usa Makine pour publier certaines de ses oeuvres…

Ça suit toujours là-bas dans le fond ?
Bon.
Tout ça pour dire que l'auteur (le vrai) s'appuie sur l'ambiguïté de ces écrits polyphoniques pour faire dans le dérangeant. Façon Houellebecq dans "Soumission" il évoque un futur né de notre «monde en phase terminale» et assaisonne en vrac nombre de dérives et d'indécents paradoxes de notre peu glorieuse humanité.

Où se situe précisément la pensée de Makine face à celle de ses personnages, on ne le sait plus vraiment mais peu importe, il n'en soulève pas moins une réflexion marquante sur notre monde contemporain, et croyez-moi, ça dépote.

Je n'ai pas tout lu de Makine, loin s'en faut, mais ce que je connais de son oeuvre semble toujours osciller entre pessimisme et sérénité, quand l'épilogue de "L'archipel d'une autre vie" pointait déjà l'idée d'une «troisième naissance», un retour à l'essentiel face à l'absurdité du monde.

J'adhère, et suivrais volontiers Makine-Osmonde sur cette piste au-delà des frontières, que je me fais fort d'approfondir encore.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
Commenter  J’apprécie          669
Au-delà des frontières de l'académicien Andreï Makine est un roman qui m'a fait découvrir cet auteur et donné envie d'aller plus loin dans la connaissance de son oeuvre. Dans ce livre, il fait converger une partie de son travail, notamment celui publié sous le pseudonyme de Gabriel Osmonde, et entremêle son chemin de pensée, cette troisième naissance, stade ultime de l'évolution humaine, qui libère en apportant la pérennité après la première biologique et la deuxième sociale, avec l'éveil d'une mère que le chagrin conduit à vouloir faire éditer le premier livre de son fils suicidé. Ce manuscrit sulfureux sert de fil d'Ariane, il porte en lui une perspective renversée : le Grand Déplacement ou la solution aux tenants de la théorie du Grand Remplacement : l'épuration ethnique, politique, sociale d'une France à feu et à sang au bord du chaos total. Cette déportation de masse conduit à la création d'un nouvel État en Libye, nation que certains rejoindront volontairement… Derrière cette plongée dans la mouvance identitaire, la figure de la mère face au bilan de sa vie, qui nait de sa découverte de l'Alternaissance et la conduit vers le renoncement à ce monde qui s'écroule.
Commenter  J’apprécie          523
Ceux qui lisent habituellement mes bafouilles doivent se demander comment ce roman a atterri dans ma main car il est aux antipodes de ce que je lis habituellement.

Si je m'encanaille de temps en temps avec de la SF ou de la fantasy, ce genre de roman ne fait pas partie de mon univers littéraire habituel (polars & romans noirs).

Non, on ne m'a pas payé pour le lire et on ne m'a pas offert le bouquin non plus… La faute à un zapping télé du mercredi 6 février (2019) et j'ai demandé à Chouchou de s'arrêter sur La Grande Librairie qui venait de commencer, juste par curiosité.

Ce soir là, j'étais fatiguée, mais en écoutant les différents invités, dont Joseph Ponthus et Andreï Makine, pour ne citer que ces deux-là, mon cerveau s'est réveillé et s'est gavé de leurs paroles qui volaient bien plus haut que ce que j'entends habituellement à la télé ou à la machine à café.

Nom de dieu, je voulais lire leurs livres ! Ce qui est fait.

Pour faire court et simple, le roman commence sur un récit mélange de post-apocalypse et de dystopie avec un grand déplacement de ceux qui ont provoqué le cataclysme débouchant sur des attentats (les journalistes, les intellos), dont deux ex-président (Sarko et celui qui allait en pédalo), vers la Libye.

Fait amusant, si je puis dire, c'est que les exilés forcés se construisent très bien en Libye alors que ceux resté en France ont plutôt l'air de se faire chier alors qu'on pensait arriver enfin à une société idéalisée. du rêve en poudre…

Ensuite, nous rencontrons le narrateur, éditeur de son état, qui vient de lire ce manuscrit assez court envoyé par la mère de l'auteur. Gaia, l'expéditrice, est la mère de l'auteur, Vivien de Lynden qui a tout du nazillon extrémiste, qui en a après tout le monde, que ce soit les Juifs, les Noirs, les Arabes, bref, tout ce qui n'est pas blanc et français comme lui.

Niveau personnages, les portraits sont réussis et la plume de l'auteur envoie du lourd, sans pour autant devenir pédante ou illisible. En fait, la plume de Makine est comme son ramage à la télé : clair, riche et hautement compréhensible.

Là où le roman prend une autre dimension, c'est lorsque l'éditeur apprend que Vivien a fréquenté Gabriel Osmonde, que lui-même connait et qui n'est autre qu'un pseudo d'Andreï Makine sous lequel il publia des ouvrages. Vous me suivez toujours ?

Osmonde est un "digger", un qui creuse (pas comme Tuco dans "The Good, the Bad and the Ugly"), c'est à dire une personne qui cherche au delà des mensonges de la société. Sans compter qu'Osmonde pense aussi qu'on a trois naissances et que la 3ème est l'Alternaissance, la plus difficile à obtenir.

Ne me demandez pas dans quelle proportion l'auteur est en raccord avec les pensées ou les dires de son double, Gabriel Osmonde ou des autres personnages, mais en tout cas, il soulève des points qui font mal, met en avant toutes les dérives et les conneries de nos sociétés, le tout en vrac, puisque les récits de ses personnages vont et viennent, chacun s'imbriquant dans l'autre, à la manière des Matriochkas ou alors, se contredisent puisque nous sommes face des extrémistes et d'autres plus modérés.

Au final, je pense que l'auteur nous met face à un choix : dormir ou rester éveillé. Hurler avec la masse ou au contraire aller avec la minorité, celle qui analyse plus finement la société qui nous entoure, que ce soit au niveau "racial" ou religieux et qui refuse les préjugés ou les idées préconçues.

Voici un roman qui se déguste avec sagesse, car brassé avec savoir et dont il me faudra plusieurs jours, si pas semaines, pour arriver à le digérer. Pas qu'il était trop lourd, juste copieux, très copieux !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          250
Merci tout d'abord à NetGalley et aux éditions Grasset pour l'envoi de cet ebook.
Andreï Makine brouille les pistes dans ce livre d'auto-fiction où les ouvrages s'insèrent les uns dans les autres. Le début est prodigieusement intelligent, l'auteur nous cueille où on ne l'attendait pas. Il joue avec tous les tabous, les sujets chauds de son époque et réussit à nous perdre pour qu'on ne sache pas réellement ce qu'il en pense. Il convie même son pseudonyme dans l'aventure, qui devient un personnage à part entière du roman, distinct du narrateur.

J'ai été plus circonspect sur la suite du roman, où les développements philosophico-spirituels m'ont un peu plus laissé de marbre. Heureusement, la plume de l'auteur est belle et riche, elle ne renonce ni à la simplicité, ni à la recherche. Et son exploration des rapport mère-fils, de l'évolution d'une femme dans cette époque où tout lui semble permis et où elle ne cesse malgré tout d'être jugé et blessée par les hommes, ses hommes, est plutôt une réussite.

On finit tout de même le roman en se disant que Makine s'est un peu joué de nous. Son narrateur auquel le je et le statut nous poussent à l'identifier est plutôt lisse et prudent. Mais ses rapprochements avec les autres écrivains de l'ouvrage, éminemment moins consensuels, ne peuvent que questionner sur ce qui se passe réellement derrière ces yeux si bleus et ce visage si paisible.
Commenter  J’apprécie          230
Une dystopie un peu dérangeante
C'est la première fois que je lis Andréï Makine. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Ce que je peux vous dire, c'est que ce livre est déroutant.
Nous suivons les aventures d'un écrivain (on ne sait pas son nom), qui reçoit de la part d'une maman, un manuscrit écrit par son fils. Et quel manuscrit! Il est juste impubliable. Mais comment dire cela à une maman? Surtout quand on apprend que le jeune Vivien est mort…
Gaia, la maman de Vivien, à du mal à faire le deuil de son fils. Notre protagoniste va tout faire pour l'aider à aller mieux…
Ce livre (en fait le manuscrit de Vivien), parle d'un monde futur dans lequel la défense des hommes « blancs » est l'essentiel. le manuscrit s'appelle le Grand déplacement et en gros, il nous parle d'un exil exigé par le Gouvernement de toutes les personnes non blanche. C'est pour cela que je vous dit que ce livre est dérangeant et, l'auteur ose parler de sujet tabou. Il arrive à faire tourner ça non pas comme du racisme mais comme une lutte contre ce monde en phase terminale. Les idées du jeune Vivien sont juste hallucinantes.
L'auteur traite aussi du deuil. Comment une mère peut-elle faire le deuil de son fils? C'est le pire scénario que des parents peuvent vivre. Comment surmonter cette épreuve sans devenir folle? Gaia trouvera la réponse grâce à notre écrivain anonyme…
Si vous aimez Andreï Makine, ou si vous l'avez lu, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et si ce livre ressemble à ces autres écrits.
Lien : https://leslecturesdemy.word..
Commenter  J’apprécie          45
Vivien de Lynden était un jeune homme fasciné par les problématiques de déclin de l'Occident, qui écrivait un brûlot apocalyptique "Le Grand Déplacement". Mais voilà qu'il s'est donné la mort, et que Gaïa, sa mère, se rapproche d'un écrivain pour le faire publier. C'est alors une rencontre avec l'ami d'Osmonde, l'univers des diggers, de la théorie des 3 naissances de l'homme, d'une recherche de salut devant la déchéance culturelle de la civilisation française, mais aussi les derniers jours de la vie de Vivien, sa relation compliquée avec Johanna, une journaliste et militante pro-migrants.


Au-delà des frontières est un roman énigmatique, qui joue avec la mise en abyme de la littérature, du roman dans le roman, jusqu'à jeter le doute sur qui tient les propos. C'est aussi un roman très contemporain, très inspiré de son époque, de ses actualités, de ses courants de pensée alternatifs, post-anarchistes, autour de l'effondrement écologique et social, où s'affrontent des courants humanistes et conservatistes.

L'écriture d'Andreï Makine est très belle, et on se plaît à lire tant de sensibilité entre ces deux êtres qui se rapprochent, un écrivain assez anonyme, et cette femme Gaïa dont le corps est peu accepté socialement et qui vit son deuil en même temps qu'elle redécouvre qui était son fils.

(….)

Lien : https://chezlorraine.blogspo..
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (212) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}