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L'Afrique. Des noirs aux cous gras se goinfrant de petits fours lors de colloques pseudo-littéraires, pseudo-politiques, pseudo-spirituels. Des blanches grassouillettes baisant des éphèbes noirs. Des hôtels grands luxes accueillant ces grosses blanches, ces cous gras et ces éphèbes noirs. Tel est le portrait réaliste de cette Afrique contemporaine. Et lors d'un de ces colloques où le champagne coule à flot pendant que le peuple n'a même pas accès à l'eau potable, l'auteur se revoit 25 ans en arrière dans une geôle africaine en compagnie d'un étrange prisonnier, Elias. Cette nuit-là, massacres et viols se succédaient pendant que les rafales de tirs faisaient rage. Révolution, indépendance, pouvoir, tout était prétexte à cette barbarie humaine, à ces tueries successives et sauvages. Et au milieu de ces morts, Elias, jeune noir charismatique, aura un destin extraordinaire…

De l'Angola au Congo, de Cuba en Sibérie, Elias se forgera une vision politique hors-norme. Il parle révolution. Il espère entre-aide. Il pense soutien au peuple. Elias, le jeune révolutionnaire. Il partira se former à Cuba. Il rencontrera un certain Ernesto Guevara que certains appellent El Che. Il sera déçu. Il s'enfuira en Ex Union Soviétique pour continuer sa formation, découvrira le racisme. Il s'aventurera dans le froid et la Sibérie, y rencontrera l'Amour, le pur, avec la belle Anna…

Cela faisait plusieurs années que ce livre (pourtant assez court) m'attendait patiemment. L'auteur, Andreï Makine, un russe francophone qui écrit sur l'Afrique, la révolution, les rêves idéologiques et les massacres faussement idéologiques. Voilà de quoi dessiner une trame forte et cruelle. Les images sont fortes, les odeurs tenaces, les destins tragiques. Les morts, les viols, les violences, les massacres se succèdent au fil des pages. C'est ça la vie en Afrique, la vie dans une révolution. Pourtant au milieu des cadavres humains, l'auteur distille de l'espoir et de l'amour…
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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« On peut tuer un être humain sans lui enlever la vie. »

Depuis la nuit des temps, les êtres humains « s'affrontent pour la possession des femmes, de l'argent, du pouvoir… ». Ils violent et tuent, sans trop de remords, voire aucun, guidés par cet élan collectif qui pousse les hommes à s'unir pour s'élever au sommet d'une folie meurtrière n'ayant de limite que la soif insatiable de violence. L'amour humain cherche à donner un sens, s'il en est un, à ces batailles qui ont rendu les hommes méconnaissables. En posant un regard cynique sur la vie et les individus qui peuplent le monde, et ayant comme toile de fond la guerre coloniale portugaise tel un prétexte à son exposé, l'auteur nous raconte avec sensibilité les peurs qui nous hantent, incontrôlables. La conscience de la mort, l'indifférence qui en résulte et l'amour maternel vers lequel l'âme cherche sans cesse à revenir, bulle de réconfort dans un monde dont les valeurs essentielles semblent s'être effondrées. Mais aussi l'amour des sens et des souvenirs doux qui apaisent les maux.

Deux russes et un jeune révolutionnaire angolais, Elias – alias notre héros - sont retenus prisonniers au fond d'une case, ce dernier gisant à moitié mort. La guerre coloniale portugaise de 1961 vient d'éclater. Vingt-cinq ans plus tard, il se souviendra de cette nuit de terreur à Lunda Norte, où il assistera au viol d'une femme Noire par des soldats de l'armée angolaise. Au milieu de l'horreur, le visage d'Anna...

« Sans l'amour qu'il lui portait, la vie n'aurait été qu'une interminable nuit. »

Il se souviendra de ses mains noires sur sa peau laiteuse. de ce train filant à toute allure à travers la taïga sibérienne, sa terre natale. Des nuits d'amour et de cette femme qui portera sur sa robe les senteurs de la nuit. C'était le hasard d'une rencontre lors d'une conférence sur le développement durable en Afrique. Dans cette foutue jungle, peu leur importait le regard des autres. Parce que l'amour humain est incolore...

Il découvrira la tendresse, la confiance et la peur, celle inhérente à la perte. Sentiment inaltérable, inévitable. J'ai été transportée par ce roman de Makine. Avec douceur, il a su allier la révolution à l'amour - ce qui en fait, à mes yeux, toute sa beauté. L'amour des sens, l'amour maternel et celui des souvenirs. L'amour des mots, l'amour des gestes et l'amour qui panse, qui occulte la haine. L'amour d'Anna et les odeurs de la nuit. L'amour universel...

L'amour humain selon Makine. Plus fort que toutes les guerres. Merci Bison :-*

« le soleil de l'Afrique, un billet pour Cuba, de la neige à pelleter et une histoire d'amour ». T'avais raison, j'étais dans mon élément... :P

« Croyez-vous qu'après la victoire de la révolution les gens vont s'aimer autrement? »

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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4e de couverture : du fond de la case où ils sont retenus prisonniers, deux instructeurs russes assistent au viol d'une femme qui cache une poignée de diamants dans sa bouche. Derrière eux, à demi-mort, gît un révolutionnaire angolais. Il scande le nom d'un village sibérien. Et dans cette forêt, à la lisière du Zaïre et de l'Angola, au milieu d'une Afrique exsangue, surgit le souvenir tant aimé d'Anna...

Mon avis : le narrateur assiste à un colloque où le Champagne est servi à profusion alors que le peuple n'a pas usage de l'eau potable ; il se revoit 25 ans en arrière dans cette geôle africaine, en compagnie d'Elias, dont on va suivre le destin extraordinaire. Quelque soit le côté où on se trouve, pour la révolution ou l'indépendance, c'est toujours la même boucherie, la même barbarie humaine. Parfois, il y a aussi l'amour.
Andréï Makine dépeint formidablement la violence des actions, et au milieu de tout ce cahot, il y a l'amour. Mais c'est un roman assez dur.
Comme toujours, le style est impeccable, direct et percutant.

À lire avec une coupe de Champagne, des petits fours sur un fond sonore de musique russe.

Mon compte instagram : @la_cath_a_strophes


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C'est un livre déroutant; dur et dérangeant certainement pour nos bonnes consciences d'occidentaux qui aiment — quel que soit le camp choisi — que les choses soient claires et les valeurs essentielles soient respectées ou, du moins, en aient l'apparence. C'est un roman qui nous donne à voir toute la réalité de la barbarie des bouleversements qui ont ont eu lieu en Afrique suite à la décolonisation, au temps de la guerre froide; un roman aux accents très réalistes qui montre la bassesse des hommes, le dessous des révolutions faites au nom d'un idéal auquel les têtes pensantes ne croient même pas. On sent l'auteur désabusé et son pessimisme a quelque chose de contagieux. Mais dans ce contexte extrêmement sombre, Makine y va aussi de son propre idéal: l'amour humain — un thème récurrent chez lui— qui s'oppose à sa bestialité et amènerait en quelque sorte sa rédemption. Cependant, cet amour nous est présenté comme un fantasme, un bonheur impossible à vivre au quotidien. Ces deux aspects du roman— celui du documentaire sans concessions à L Histoire et celui de la romance à certains égards proche de celle de Roméo et Juliette — se côtoient dans ce roman improbable qui laisse, en fin de lecture, un arrière-goût doux-amer. On retient aussi beaucoup de pages, comme toujours chez Makine, d'un lyrisme époustouflant et qui mériteraient toutes des citations.
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Le narrateur, d'origine russe comme l'auteur, évoque dans ce roman la vie et les combats d'un ami angolais, un militant convaincu aux motivations personnelles très fortes, qui mettra toute son énergie au service de la révolution, et sera évidemment formé et entraîné dans les écoles de l'ex-URSS et de Cuba. Ayant vécu un amour d'une grande intensité sentimentale avec une étudiante moscovite qui lui fera connaître son village sibérien, son froid glacial et sa chaleur humaine sans phrases, il sera manipulé et connaîtra tous les aléas de la politique impérialiste du bloc soviétique dans l'Afrique de la guerre froide, avant de trouver, au terme d'un parcours aussi désabusé qu'héroïque, une fin admirable et dérisoire dans la panique et le brasier de Mogadiscio évacué par les Russes.
Dans ce roman inégal, de très belles pages sur la pureté et la force de l'amour voisinent avec des sarcasmes qui frôlent racisme et même sexisme, car l'auteur semble distinguer l'amour idéal de la bestialité d'une sexualité repoussante et caricaturale… On reste déconcerté par cette satire violente des compromissions et des bassesses de bien des dirigeants africains, même si la peinture, pour cruelle qu'elle soit, n'est pas entièrement inexacte… L'évocation de la politique soviétique en Afrique et de son cynisme, présente une assez grande originalité, ce thème étant peu connu et peu abordé. le lyrisme de certaines pages et la dénonciation impitoyable des menées politiques en Afrique, de quelque bord qu'elles soient, restent les deux atouts de ce roman assez hétérogène.
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L'amour humain. Andreï Makine

Deux instructeurs russes dont le narrateur sont retenus prisonniers au fond d'une case en Angola. Nous sommes au début des années 60 qui précédent l'indépendance à laquelle le pays accède en 1975 après des années de guerre coloniale et de guerre civile. Par une ouverture, ils assistent au viol d'une zaïroise qui cache des diamants dans sa bouche. Au fond de la case, un révolutionnaire angolais gît à demi-mort : c'est Elias le héros de ce récit sans concession évoquant en toile de fond la politique africaine cynique des puissances mondiales. Elias, comateux, murmure le prénom d'Anna et de la ville de Sarma située au fin fond de la Sibérie, la ville de son amour inoubliable… Anna qu'il rencontra au hasard d'une conférence sur le développement durable en Afrique et qu'il aima…
En toile de fond également le visage de cette Afrique qui dans les dernières années du XX e siècle est la proie des dictateurs sanguinaires et jouisseurs, avides de compromissions et de bassesses, de petits fours , de champagne et de femmes blanches : « Ce délirant écheveau des affaires du monde, l'énergie de milliers d'hommes qui affrontent, complotent, vendent des richesses incalculables, entassent des milliards sur des comptes secrets, courtisent leurs adversaires et s'entredévorent avec leurs alliés, entrainent leurs pays dans de longues années de guerre, affament des régions entières, payent des légions de plumitifs qui acclament leur politique, toute cette démente mécanique planétaire se concentre, ce soir, dans le corps charnu d'une femme blonde qu'un homme noir en sueur voudrait posséder. »
Et le racisme sous tous ses aspects rythme le récit en un monde où il est préférable de se réclamer métis, un monde où l'on vit dans l'angoisse permanente de ne pas perdre son rang, de ne pas s'abaisser jusqu'au nègre, d'être plus blanc que blanc !
Et plus tard le narrateur pensant à Elias songe qu'en fait quelques années suffisent pour transformer un être vivant en un fantôme qui hante de moins en moins les mémoires : un jeune nègre qui a naïvement lutté pour un monde meilleur, a aimé sans succès, disparu sans bruit. Sans illusion : « le sens de l'Histoire, les causes des guerres et des paix, la morale universelle, tout cela n'a jamais aidé l'humanité à éviter qu'une botte fracasse la clavicule d'une femme et que les enfants apprennent à tuer…Au lieu de l'Histoire, j'ai vu alors des soldats qui empoignaient une femme postée à quatre pattes qu'ils venaient de violer et de tuer. »
le sens de l'Histoire est une folie meurtrière : « Par delà le délire bouffon des coïncidences, des millions d'hommes jetés les uns contre les autres au nom d'une haine qui paraitra stupide le lendemain, quand ces hommes seront vidés de leur sang. Il faudra alors inventer une autre haine et la vêtir d'oripeaux humanistes ou messianiques, la conforter par le bruit des chenilles sur le macadam des villes en ruine, par le feu des canons tirant sur les désarmés… »
Au terme de cette longue méditation, le narrateur constate avec perplexité qu'à aucun moment n'apparaît l'amour, un amour tout simple avec sa folle générosité, son esprit de sacrifice… »
Un roman où l'amour a bien du mal à se frayer un chemin ; et pourtant c'est bien l'amour qui devrait rendre au monde sa gravité sans laquelle nous ne serions que des insectes pressés de jouir, de mordre, de mourir… Et Elias de se demander si après la victoire de la révolution les gens vont s'aimer autrement !
Avec des mots simples et un style somptueux, chaque mot à sa juste place, Andreï Makine nous offre là un roman déroutant, sombre et pessimiste qui montre ce qui conduit le monde dans toute son horreur à l'affrontement, la possession des femmes, de l'argent, du pouvoir. L'amour dans tout cela reste un fantasme, un empyrée, un monde imaginaire, un électuaire possible. Anna, la rencontre de toute une vie.
Un très beau roman.
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Probablement pas mon préféré de Makine, mais toujours cette écriture d'exception pour décrire les sentiments humains et particulièrement l'amour. Pourtant, ce livre est une tragédie car il est rempli de déchirements divers au milieu de l'idéologie révolutionnaire. La dureté de la vie est omniprésente, précisément, et ce n'est pas coutume chez Makine, en Afrique où il situe une partie de ce roman qui devient très noir dans l'horreur décrite. Mais l'amour humain surpasse tout et Makine en est un chantre merveilleux.
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Le narrateur est un instructeur soviétique qui, entre les années 1970 et la chute de l'URSS, a parcouru l'Afrique pour en former les peuples à la révolution. Révolution contre le colonisateur encore en place, révolution contre les régimes à la solde des Etats-Unis. Un jour, prisonnier d'une faction adverse, il rencontre Elias Almeida, un Angolais, prisonnier avec lui, acquis à la cause communiste. Les deux hommes deviennent amis. Leur existence aventureuse va les amener à se croiser régulièrement sur leurs terrains de combat.

C'est la quête d'Elias que nous raconte L'amour humain. Marqué par la mort de sa mère (victime de la répression portugaise en Angola) Elias se bat pour un monde plus juste. Ce qui l'anime aussi c'est le souvenir de son amour pour Anna -une femme qu'il a rencontrée lors d'un stage de formation à Moscou- et du voyage qu'il fit avec elle vers son village natal de Sibérie. L'histoire d'Elias s'entrecroise avec celle du narrateur sur fond d'interventions soviétiques, de guerres civiles et de grande violence.

"Sans l'amour qu'il portait à cette femme, la vie n'aurait été qu'une interminable nuit, dans les forêts du Lunda Norte, à la frontière entre l'Angola et le Zaïre." Il est ici question du sens de la vie qui va avec la connaissance de l'amour vrai. Un amour dans lequel il n'y a pas de place pour les mensonges ou les faux-semblant, où l'on se présente sans masque, tel qu'on est devant l'autre. Et tout le reste n'est qu'accouplements. Il y a quelque chose de très romantique dans cette conception des choses. D'un côté une humanité qui geint, qui souffre, qui baise, qui n'est que morceaux de viande ; de l'autre côté Elias et son amour sublime mais qui ne peut pas vivre avec la femme qu'il aime.

Je n'adhère pas à une telle division et je termine ce livre avec un sentiment très mitigé.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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L'Angola la révolution !!
Le premier chapitre nous plonge aussitôt dans l'ambiance dure et sans pitié … des troupes révolutionnaires !!
Trois prisonniers au milieu de l'enfer …au milieu de la jungle Angolaise !! Puis ce jeune garçon avec son air menaçant coiffé d'un masque à gaz (p 34) …et cette femme Zaïroise violée devant leurs yeux pour une histoire de diamants !! (p 220)
et malgré tout … une rencontre marquante !!
Deux hommes Élias et cet instructeur Russe, le narrateur … unis durant quelques heures dans cette geôle … deux vies liées dans un même but … se battre pour la « renaissance » d'un pays !!
Ces « professionnels de la révolution » … qui se « promènent » de pays en pays … avec des idéaux … « en quête » de dictateur et de gouvernement à renverser …
On y découvre les premiers pas d'Ernesto Guevara au milieu de la brousse africaine !! Ce grand révolutionnaire cubain !!
Une vie mouvementée … en plein conflit !!
Des références à Marx … Lénine … l'idéologie communiste dans toute sa « grandeur » … sa « splendeur »
Un regard critique … sarcastique sur les conflits … sur l'homme et ses aspirations !! Des révolutions peut être nécessaire pour une renaissance !!? Un questionnement humain … peut être philosophique … un brin pessimiste et fait de désillusions !!
Un livre avant tout … sur l'homme … l'être humain … insatiable et toujours prêt à se battre !!
Et puis il y a Moscou et cette belle rencontre avec Anna … une rencontre de toute une vie … Une force dans cet enfer …
Puis ce beau souvenir apaisant qui va bercer Élias tout au long de sa vie … enfant où il aimait poser sa tête dans le creux chaud et tendre du coude de sa maman …
Un voyage à travers l'Angola … le Congo … Moscou … la Sibérie
Un livre sans doute « juste » … mais surtout dérangeant, fort et implacable… teintée de beaux moments d'amour …
Un beau roman … à découvrir !! Poignant !!
Une belle écriture … souvent incisive !!
J'avais aussi beaucoup aimé un autre des romans d'Andreï Makine « le livre des brèves amours éternelles » ...
Lien : https://lespatchoulivresdeve..
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