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sur 1156 notes
Pour un petit garçon russe né en Sibérie orientale guère après la mort de Staline, avoir une grand-mère française qui lui a appris la France et le français à travers ses souvenirs corroborés par de vieilles photos et des coupures de journaux jaunies, lui avait ouvert une fenêtre vers un pays de rêve dont il connaissait les personnages éminents et les faits marquants du début du siècle. Pour lui c'était la France, la seule qu'il connaissait et qui lui semblait enviable.

Irréfragablement russe, né au plus profond de ce pays aux frontières fermées, ce façonnement involontaire à une double culture a fait de lui un bilingue à l'identité ambigüe, si bien que les divers groupes que le déroulement de sa vie l'a amené à fréquenter l'ont immanquablement appelé « le Français ». Il faisait peut-être involontairement un peu trop allusion à la France et à son histoire.

Andreï Makine raconte, comme un long conte russe mais dans un français à faire pâlir de honte nos étudiants actuels, le repliement progressif de celui qui est « différent », pas qu'il soit rejeté, mais dont les intérêts discordent.

Ce langage est une friandise dont on ne saurait se passer quand on y a goûté.
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Un des meilleurs livres que j'ai pu lire en ce début 2024. le style est doux et me fait penser aux livres Ava Audur Olafsdottir, nous suivons le personnage principal dans sa quête d'identité avec un coeur partagé entre sa Russie natale et la France de sa grand-mère, entre la découverte du présent et les souvenirs du passé, entre la confrontation entre la réalité et l'imaginaire décrit.

Nous grandissons aux côtés du personnage en nous replongeant dans nos propres souvenirs, notre imaginaire de jeunesse pour les confronter aux réalités parfois crues que nous avons découvert en avançant vers l'âge adulte.
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Un roman autobiographique très émouvant où se mêle deux cultures pour notre auteur. A travers sa grand-mère maternelle, qui représente pour lui la grande racine française et qui ne souhaite pas que d'en rester là, se limiter à être une simple racine, mais en elle , c'est la France elle-même qui s'invite dans la vie de Andreï Makine, donc à travers sa grand-mère, c'est la France avec les moments forts de son histoire du début XXe s qui l'envoute et le fascine au point d'influencer intégralement sa culture de naissance, la culture russe. Entre un pays où la soif de la liberté est une quête quotidienne dans tous les domaines et un pays où l'espoir de la lutte de classes se transforme vite en un champs de tragédie, notre narrateur se retrouve dans une spirale où son moi semble piégé, coincé, c'est la guerre de l'identité
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Remarquable roman à la langue pointilleuse, "Le testament français" était pourtant inconnu à mon bataillon, avant que je tombe dessus, un peu par hasard. Somptueuse ode à la France, à la double-culture, aux grands-mères, mais surtout au pouvoir des mots, à la puissance des histoires et de l'imagination, ce Goncourt 1995 est assez impressionnant. À plus forte raison lorsqu'on sait que la langue maternelle de Makine n'est pas le français...

J'y ai retrouvé un Proust russe et moderne, pas tant dans le style, que finalement dans la forme, et les thèmes, dans son traitement du Beau, de l'enfance, de l'adolescence, et enfin dans ses infinies références au Temps. Makine nous offre une définition brute et sans compromis de la Russie et des Russes qu'il a décidé de fuir, mais non dénuée d'amour et de tendresse, que lui-même trouve paradoxale et ambiguë.

Un roman prenant et fort, à la langue admirable.
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cette ode à la langue française et à la littérature a valu à son auteur de multiples prix dont le goncourt , mérités tant les pages se dessinent tels des tableaux et la lecture s'absorbe comme une douce boisson. Pour mieux l'apprécier Il faut cependant intégrer en toile de fond les allers-retours que ce soit dans le temps ou dans l'espace
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Ce roman a remporté plusieurs prix littéraires d'envergure, dont le Goncourt général et le Goncourt lycéens en 1995, puis le Médicis général la même année. Autant vous dire qu'il a été largement plébiscité, ce qui a grandement attiré mon attention. Je me suis donc procuré cet ouvrage, dont je n'avais personnellement jamais entendu parler jusqu'à présent.

L'histoire se déroule entre la France et la Russie, entre les guerres et les troubles politiques. C'est dans ces deux pays différents que grandit Charlotte, la grand-mère de notre protagoniste, qui s'est forgée une identité toute personnelle. Andreï Makine a été élevé entre les souvenirs d'enfance de sa grand-mère d'une France idéale, majestueuse, où tout événement lui semble extraordinaire ; et une Russie appauvrie, en guerre, où il n'arrive pas à s'intégrer.

Je n'ai pas aimé cette histoire. Pour tout vous dire, je me suis beaucoup ennuyée et je ne saurais vous expliquer pourquoi. Les critiques sont pourtant unanimes et les prix littéraires remportés par le testament français en font une oeuvre d'excellence… pourtant, je n'ai pas réussi à pénétrer dans l'histoire. J'étais tantôt ennuyée et tantôt troublée d'incompréhension face à des paragraphes sans âme, qui me semblaient incohérents.

Un ouvrage triplement primé, que je n'ai malheureusement pas réussi à apprécier à sa juste valeur : je me suis ennuyée, je n'ai pas compris toute l'histoire, j'ai trouvé que l'écriture manquait d'âme et de corps. Trop dommage !
Lien : https://analire.wordpress.co..
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De longues années, le Testament Français trainait dans ma bibliothèque comme un objet mort et n'avait jamais été ouvert. Il me paraissait comme une vision nostalgique et barbante de la France racontée par une vieille femme perdue en Sibérie. On frisait le livre pour troisième âge, oscillant entre vision bourgeoise et une nostalgie mièvre. Quel dommage d'en être resté à la quatrième de couverture de l'éditeur et à sa présentation restreinte, donc erronée.

Car ce roman est bien différent. le temps en est le principal protagoniste - le bonheur aussi, quand il est là avec de petites choses et aussi quand il est supplanté par la douleur. le livre construit comme une spirale dont sa dernière page avec son coup de théâtre final pousse le lecteur fébrile à reprendre la première du roman.

Roman initiatique d'un homme en quête de ses racines, lui qui sait en prenant la plume que les illusions ont autant de poids que la vérité. Récit mis en abime, il est partiellement la transcription des propos d'une femme énigmatique, au milieu des souvenirs personnels de l'auteur. Les mystères de cette femme sont délicatement amenés par l'auteur, écrivain publié à Paris après avoir fui le bloc de l'Est. Ce testament qui est une quête devient aussi enquête. Peut-on vraiment dire qu'on sait tout d'une personne ? Comme la vie, pleine de de nuances et de surprises, il faut se méfier des jugements définitifs. Passant de correspondance à une autre, comme il le fait de son premier amour à celui du président Félix Faure et à celui de Charlotte, l'auteur qui s'exprime à la première personne permet à la vérité de faire surface.

Voilà un texte qui prend son temps, celui qui permet de s'émouvoir de moments simples comme d'un orage mouillant les pages d'une poésie, et se laisse traverser par des fulgurances. Ainsi, alors que ce texte est publié en 1995, Makine décrit à travers le discours d'un oligarque business man converti à la mondialisation l'actualité brûlante de nos tensions contemporaines : "la dégénérescence de l'Occident et la fin toute proche de l'Europe blanche, l'invasion des nouveaux barbares ("nous les Slaves, y compris", avait-il ajouté pour être juste), un nouveau Mahomet "qui brûlera tous leurs Beaubourgs" et un nouveau Gengis Khan "qui mettra fin à leur salamalecs démocratiques"." La force d'un roman est de parler à plusieurs générations et de rester vivant à travers le temps. le temps, nous y voilà encore.

La vie chez Makine est différente de la nôtre. Elle est pleine de détails merveilleux et se révèle riche d'odeurs, de sentiments, de couleurs. Avec lui, les mots prennent une densité nouvelle et s'assemblent de façon inattendue et merveilleuse ("je me laissais faire sans quitter cet instant de lumière qui se dilatait en moi."). Là où il croise la méchanceté de la foule, il répond par la beauté et la compassion pour ceux qui ne peuvent pas voir "ce jour plein de senteurs fraîches des algues, des cris de mouettes, du soleil voilé...". Voilà qui est curieux. C'est en gardant cette curiosité que l'on peut trouver la beauté de ce livre écrit en français par un auteur dont ce n'est pas la langue maternelle et qui aujourd'hui a rejoint L Académie Française.

Alors, par pitié, ne vous laissez pas influencer par la quatrième de couverture de l'éditeur. Ce qui se trouve dans ce livre vaut bien mieux.

Thomas Sandorf
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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On m'avait recommandé ce livre et du coup je l'ai acheté ! le début m'a beaucoup plu mais j'ai eu vers le milieu un manque d'intérêt... Il y a un passage de quelques chapitres qui m'ont paru longs mais il faut les passer...Pas de problèmes avec le livraison. le livre je n'ai pas apprécié. Adapté au public française, que des clichés. Ayant de la famille russe, et connaissant le sujet ça me dégoûté et énervé plus qu' autre chose, d'ailleurs j'ai regardé les critiques sur les sites russes, toutes mauvaises. Ça ne m'étonne pas. Mais la public européen trouve ce livre intéressant.
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Le testament français / Andréi Makine /Prix Médicis 1995 et Prix Goncourt des lycéens 1995
Ce récit, prix Goncourt et prix Médicis 1995 est un chef d'oeuvre au plus haut sens du terme. D'emblée, l'on est charmé par la qualité du style, le choix des mots, la cadence et le rythmé de la phrase qui s'étire comme un paysage sublime et la lecture à haute voix de cette prose magnifique est un charme pour l'oreille et l'esprit. Makine, russe de naissance réussit cet exploit de vous faire découvrir votre langue maternelle sous un jour que vous ne soupçonniez pas. Qu'elle est belle cette langue française couchée sous la plume de cet écrivain qui par certains côtés me fait penser à Romain Gary !!Le coeur et l'esprit de Makine se disputent la prééminence, car l'un est russe et l'autre est français, avec des interférences inévitables. Quelle poésie dans ces lignes admirables ! La page 56 (édition folio) nous livre une réflexion sur la langue française qui donne des frissons :
« La langue, cette mystérieuse matière, invisible et omniprésente, qui atteignait par son essence sonore chaque recoin de l'univers que nous étions entrain d'explorer. Cette langue qui modelait les hommes, sculptait les objets, ruisselait en vers, rugissait dans les rues envahies par les foules, faisait sourire une jeune tsarine venue du bout du monde…Mais surtout elle palpitait en nous, telle une greffe fabuleuse dans nos coeur, couverte déjà de feuilles et de fleurs, portant en elle le fruit de toute une civilisation. Oui, cette greffe, le français. » » Sublime !
Réflexion aussi sur la liberté de l'homme (page 105) : «…l'homme et son imprévisible liberté… !.
Makine nous dépeint aussi avec beaucoup de talent son amour des femmes, fin observateur de leur féminité. (P.181) « Je me rendais à l'évidence qu'être un homme signifiait penser constamment aux femmes… ». Fin observateur aussi d'un groupe de danseurs qu'il décrit d'une manière quasi psychanalytique (P.231-232). Et puis cette phrase pertinente : « le traducteur de la prose est l'esclave de l'auteur, et le traducteur de la poésie est son rival. » Magnifique. A lire absolument par tous les amoureux de la belle langue, du beau style, de la poésie en prose.
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Vive les boîtes à livres ! C'est là que j'avais trouvé le testament français d'Andreï Makine, il y a bien des années. Il y a une semaine, après deux livres de Lydie Salvayre lus coup sur coup qui m'avaient fait douter de la littérature, en désespoir de cause, j'ai finalement tiré ce Testament de la planche où il dormait auprès de deux de ses congénères du même Makine, non lus. Une carte postale s'en est échappée, dont je donne une photo, datant manifestement du Minitel et portant au dos un long mot d'amour à une certaine Emmanuelle : « Tu es mon rayon de soleil... Tu es inimaginable même dans le monde de Walt Disney... » Je la tiens à disposition de l'ingrate Emmanuelle, ou de Didier, le signataire, s'ils se font connaître, de même que la feuille manuscrite qui l'accompagnait, où est listée la signification de certaines images récurrentes qui paraissent dans les rêves.

C'est sous ces auspices équivoques que j'ai commencé le testament français. Et j'ai été aussitôt intéressé, touché, séduit, étonné, ému par ce roman, qui semble si vrai que j'ai cru jusqu'au bout qu'il s'agissait d'un récit autobiographique, et que je l'ai lu très vite – bien qu'il soit d'une belle écriture, ce qui m'incite d'ordinaire à une lecture au pas de montagnard. Presque toute l'histoire se déroule en Union Soviétique. Elle débute au milieu des années 60, alors que le narrateur est enfant (Makine est né en 1957). Au cours d'un été, alors qu'il passe ses vacances auprès d'une grand-mère d'origine française volontairement exilée au bord de la steppe, il est bouleversé par la découverte de la langue et de la civilisation de notre pays. le voilà subjugué, et bientôt déchiré entre une appartenance rêvée à la France – celle déjà lointaine de la jeunesse de sa grand-mère –, et son appartenance réelle au monde russe et à son siècle, marqué par les séquelles de la Grande guerre et du stalinisme. Tout le récit est scandé par les étés que l'enfant, puis l'adolescent, puis le jeune homme passe avec la vieille dame, qui est la véritable héroïne du roman. Les horreurs de la guerre (ces anciens combattants réduits à un tronc que les russes appelaient des « samovars »...) et les exactions du stalinisme effleurent par moments et forment un fond de scène d'une extrême puissance. le roman se termine par un renversement de perspective étonnant, doublé d'un coup de théâtre, lié au fameux testament : mais je n'en dis pas plus.

"Le testament français", publié en 1995, a obtenu le Goncourt (ce qui n'est pas un gage de qualité : Lydie Salvayre l'a obtenu), le Medicis (ce qui l'est beaucoup plus) et le Goncourt des lycéens, unanimité exceptionnelle et parfaitement justifiée.



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