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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'avais été impressionnée par " L'homme de Kiev", ce roman, le deuxième publié par l'auteur en 1957 m'a plu encore davantage. Et effectivement, comme d'autres l'ont remarqué avant moi, ne lisez pas la préface avant la lecture, plutôt après, elle en dit trop!

Le personnage central de cette histoire est fascinant, imprévisible, tourmenté par le Mal qu'il commet et son désir intense pourtant de s'amender. Il s'agit de Franck Alpine, américain pauvre d'origine italienne, au parcours cahotique, qui tente de survivre grâce à des petits boulots, des larcins aussi.

Et voilà qu'il participe avec un voyou , mouchoir sur le visage, au braquage d'une petite épicerie juive de Broocklyn , tenue par Morris . Ce dernier est blessé. Franck désire ensuite se réhabiliter en devenant le commis du vieux juif, dont il essaie de faire remonter le chiffre d'affaires bien bas. Et il tombe amoureux de la fille de Morris, Helen.

Je n'en dirai pas plus mais ce livre est passionnant à la fois parce que ses personnages, surtout Franck, sont complexes, tout en intériorité, et que des thèmes universels sont soumis à notre réflexion: les souffrances qu'on s'inflige, l'idée de rédemption, les méandres de l'âme humaine, le racisme primaire, qui ne sait pas vraiment se définir, ici concernant les Juifs, l'identité religieuse, les difficultés sociales des immigrés.

On suit avec grand intérêt le chemin semé d'embûches de Franck et sa recherche d'idéal, d'absolu, lui qui est obsédé par l'image de Saint François d'Assise... Un roman que je conseille vivement!
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Commis d'office
51kWroNE0YL

Bernard Malamud est ce qu'il est convenu d'appeler de l'école littéraire juive newyorkaise ( Saul Bellow, Philip Roth). Je n'avais lu que le meilleur où en bon lecteur européen je m'étais un peu perdu dans les méandres du base-ball. le commis est nettement plus concret et réussit à nous passionner pour le cadre très très modeste d'une petite épicerie besogneuse et sans avenir, tenue par Morris, la soixantaine bien fatiguée, pas un veinard, oublié par la fortune, mari d'Ida et père d'Helen dont il ne peut financer les études et qui lui reverse une bonne partie de son maigre salaire.

Victime d'un braquage Morris finit par accepter l'aide de Frank, immigré italien famélique. Et l'auteur orchestre de belle façon les rapports entre le patron et son employé en une passionnante chorégraphie dans le cadre de cette boutique cafardeuse où les clients se font rares. Les commerçants voisins, juifs eux aussi pour la plupart, sont plus rivaux que solidaires, calculateurs plus qu'amicaux et l'antisémitisme est quotidien, un quotidien de la rue, ordinaire. Brooklyn n'est pas Manhattan et cette Amérique là, Bernard Malamud l'a bien connue. Son propre père, qui avait fui la Russie, a tenu une épicerie à Brooklyn où il est né en 1914.

Il est souvent question d'argent dans le commis. D'argent liquide, de petites sommes, quelques dollars, quelques pièces. Frank est un commis sérieux et ne détourne que quelques billets qu'il se promet de remettre discrètement dans la caisse. Mais la rédemption est l'un des thèmes de ce livre. le lecteur se trouve bien dans ce local exigu et insalubre, au coeur de cette classe laborieuse, où qualités et défauts se combattent et se complètent. Malamud, juif de l'Est né à New York, n'est pas tendre avec certains aspects du judaïsme, ce qui n'est pas pour surprendre, tant la dramaturgie qui met en scène Morris, Helen, et Frank, qui n'aime pas les Juifs mais ne sait pas pourquoi, se révèle universelle.

N'hésitez pas devant le commis, oeuvre très riche, essentielle. Une bonne part de vérité s'échappe de cette échope au bord de la faillite.
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Un roman qui m'a fait passer un agréable moment dans une épicerie en déclin de Brooklyn. On ne quitte pas ce quartier de la première à la dernière page.On s'attache aux personnages, à leur désir de s'en sortir.
J'ai suivi avec beaucoup de plaisir Helen, Franck, Morris et Ida. L'écriture est belle et permet de lire l'humanité au coeur de ces pages.
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Brooklyn est un village, un grand village dans lequel tout le monde se connaît, se fréquente, au moins dans ces années-là.
Quelle est la magie qui opère dès que l'on franchit le seuil de cette épicerie misérable, pourquoi le sort de ces gens de peu nous interpelle-t-il à ce point ? L'imagerie véhiculée par le cinéma est-elle à ce point prégnante que nous puissions nous projeter dans les pages de ce drame social, franchissant allégrement les frontières de la réalité pour faire corps avec cette fiction imprégnée d'humanité, pour le pire et le meilleur ? Pourquoi ?
J'ai partagé la vie de Frank et d'Helen, d'Ida et de Morris pendant quelques heures, de l'affreux Karp et de son fils décérébré.
C'est un village, mais nous sommes en Amérique et la vie ne fait pas de cadeau, votre voisin non plus, tout est suspect, le moindre geste amical peut être considéré comme suspect, intéressé, chacun survit à sa manière, même le sentiment amoureux est teinté de duplicité.
Pauvre Frank, incompris malchanceux, désespérant de ténacité, d'obstination dans l'erreur, un "gentil" chez de pauvres juifs, un goy forcément louche, la culpabilité incarnée, s'emploie à laver la tache originelle, pour son malheur, tombe amoureux de la fille de la maison.
C'est un théâtre, les personnages se succèdent, tous pathétiques à des degrés divers, tous victimes, prisonniers d'un destin qui les dépasse, l'italien errant chez des juifs étriqués, cohabitant parce qu'il faut, pour survivre, s'entr'aider, par delà les différences, dans ce monde impitoyable.
Ils ne sont pas nés du bon côté, accablés par le quotidien, gardant leur dignité dans l'adversité et c'est déjà pas mal d'être de rester digne quand on est pauvre, ça ne coûte rien.
Magnifique.
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Mon troisième Bernard Malamud après "l'homme de Kiev" et "le meilleur". J'aime beaucoup la deuxième vie offerte par les éditions Rivages à l'oeuvre de Bernard Malamud, avec en "guest star" des préfaces signées par Jonathan Safran Foer ou pour celui-ci l'attachant Adam Thirlwell, l'un de mes écrivains anglais préférés.
Je suis ravie d'avoir cette année découvert cet auteur "classique" que j'avais noté car Philip Roth, l'un de mes écrivains préférés, l'a célébré toute sa vie. le commis est mon préféré des trois que j'ai lus pour le moment. Paradoxalement, la modestie du propos, qui explore le destin de l'épicier, Morris, et du commis, Frank et le cadre qui se cantonne à l'épicerie dans laquelle Morris passe (et perd) sa vie sont pour moi les meilleurs atouts de ce roman. Cette histoire dans cette toute petite épicerie à chaque instant menacée de liquidation, au gré des caprices des clients et de la conjoncture, devient universelle et incroyablement humaine. Et Morris, Ida, Helen les épiciers ainsi que Frank, le commis sans oublier les voisins s'installent durablement dans notre esprit. Je vais poursuivre ma découverte de cet auteur.
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