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Après L'arbre du pays Toraja, c'est l'actualité de plus en plus désespérée d'Alep vue à la télé en ce mois de juillet qui m'a poussée à ouvrir ce livre, qui a comme le premier cité des rapports constants avec la mort.

En cinquante-cinq textes courts, Niroz Malek raconte le quotidien d'une ville assiégée, livrée aux factions, aux caprices des snipers et des soldats aux barrages, une ville où on ne peut faire quelques pas sans tomber sur une rue barrée, où l'électricité est régulièrement coupée, où les bruits de bombes et les tirs de balles font partie du décor sonore.

Mais ce récit, qui a une valeur de témoignage et est un gage d'attachement à une cité que l'auteur ne peut quitter comme tant d'autres exilés, ces textes ne sont pas écrits de manière journalistique : le titre du recueil oriente le style. Il s'agit le plus souvent de promenades réelles ou rêvées où les souvenirs, les émotions, les regards et les rencontres prennent le pas sur l'horreur des ruines et des morts. Une dimension fantastique se glisse également dans ces pages : le stylo de l'écrivain devient un double animé qui exprime les doutes de l'homme sur les raisons de rester, les morts se relèvent et vivent une vie parallèle dans les rues démolies, les cauchemars conduisent dans les bureaux de la police pour une séance de torture surréaliste. C'est en lisant ces textes tantôt hallucinés, tantôt déchirants de nostalgie que l'on mesure la puissance de l'écriture, le lien viscéral qui unit un écrivain à son univers quotidien, on saisit le paradoxe, la confrontation entre l'acte de création et la barbarie (suggérée) de la réalité.
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Qui n'a pas entendu parler de la guerre en Syrie ? Personne ! Que ce soient les médias, les réseaux sociaux, tout le monde donne son avis sur les migrants, leur sort et j'en passe, mais l'image qui nous est servie est celle de ceux qui ont quitté le pays, Niroz Malek nous parle de ceux qui y sont restés !

Il nous peint différents tableaux sous forme de saynètes tragiques, chaque saynète est un chapitre, ça peut remplir une demi page, comme 6 pages ; mais chaque chapitre est une gifle, que dis-je une baffe qu'on se prend en pleine figure, on n'a pas fini de la digérer qu'on se prend la seconde.

Il ne fait que retracer son quotidien, lui qui a refusé de fuir cette épouvantable guerre qui oppose les différentes factions.
Par cet acte de résistance, il est le témoin par excellence d'une tragédie devenue folie meurtrière « le corps pourrait-il survivre sans âme ? C'est pour cela que je ne partirai pas de chez moi, car il n'y a pas de valise assez grande pour contenir mon âme. »

Le quotidien d'un septuagénaire, qui se promène dans Alep.
Il va boire un petit thé au café, comme le font tant d'autres de par le monde, mais lui, il faut qu'il évite les barrages.

Il assiste à l'abattage anarchique des arbres des jardins publics, car il faut bien se chauffer.

Il voit déambuler un enfant nu dans les rues de sa ville, mais qui est complètement ignoré, les rues d'une ville dont le « peuple est devenu aveugle ».

Il va jusqu'à pressentir le drame de Aylan « J'ai dégagé mon regard de l'horizon pour fixer mes pieds. J'ai vu alors des vêtements de petits garçons et de petites filles apportés par les vagues, venant de loin, parait-il d'un autre monde. […] Alors je me suis approché de la télévision que j'ai rallumée de nouveau. Les images qu'elle diffusait m'ont horrifié. Les flots jouaient avec des enfants et des femmes, tous noyés ».

Il nous parle de ses amours d'enfance, de son amour pour la littérature et les arts, Chagall, Van Gogh, Beethoven, Hemingway, Rachmaninov.

Bref, on est emporté par une magnifique plume, idéalement traduite (malgré quelques petites coquilles), on est emporté dans une poésie macabre à travers cette promenade dans Alep, cette ancienne cité fabuleuse sur la Route de la soie, une Soie devenue très rugueuse, rêche…
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Alors que la guerre dévaste la Syrie, Niroz Malek, écrivain, a choisi de rester dans son appartement à Alep. Il n'a pas eu la force de fuir, de quitter cette ville qu'il chérit tant.

Témoin du chaos, survivant, l'auteur côtoie la mort au quotidien. Elle rôde, inlassablement menaçante et les victimes innocentes s'accumulent.

Sur le papier, il confie sa cohabitation avec la peur, les coupures d'électricité, les bombardements et les tirs de snipers. À chaque pas qu'il effectue à l'extérieur, sa vie est en danger. Alep se noie sous les bombes et il assiste, impuissant, à ce terrible spectacle.

Un livre qui rassemble de courts textes, indépendants les uns des autres, sur un ton qui n'est jamais larmoyant. Des mots pour évoquer le présent mais également les souvenirs de Niroz. Il repense aux jours heureux pour échapper à l'insoutenable réalité. le lecteur se perd dans le dédale des pensées du syrien, entre rêves et cauchemars, aux côtés des vivants et des morts.

Par le biais de textes forts, poétiques et poignants, Niroz Malek raconte de l'intérieur l'effroyable guerre qui a ravagé Alep. Des fragments de vie, peuplés de fantômes, pour tenter d'exprimer l'indicible. Témoin de la folie des hommes, ses mots nous ébranlent, nous bouleversent.
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Aujourd'hui en Syrie, aujourd'hui ailleurs, dans des villes autrefois comme les autres, il y a des hommes, des femmes, des enfants pour qui la guerre est le quotidien.
Certains, comme Niroz Malek, racontent. La guerre vue du dedans.
Ici, de courts chapitres (munis d'un titre) décrivent des situations parfois terribles, tendres ou même absurdes où la vie s'écoule. Beaucoup de choses s'ecroulent. La vie continue cependant. Il y a peu d'espoir et beaucoup de souvenirs. Niroz avance et témoigne sans pour autant faire un récit larmoyant. Il ne peut quitter Alep, car il ne peut simplement pas "quitter son âme". Alors ils nous parle de ses proches, de ses voisins, de ses amoureuses d'école, de sa ville... de tout ce qui disparaît mais aussi le peu qui reste. Comme un hommage discret.
La mort est omniprésente, (il la frôle après avoir été torturé), il la vit, il la rêve. Tant qu'il passera à côté, il témoignera par ses écrits.

Les lire et les faire lire, c'est bien là la moindre des choses que nous puissions faire...
Un grand merci à l'opération Masse Critique et à La Martinière.
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actualités. C'est à Wadi Rum que des touristes français, connectés, m'ont appris que des Syriens avaient été gazés...que Trump avait réagi...

Ce recueil de textes poétiques est le journal d'un écrivain qui n'a pas pu quitter Alep et qui témoigne de l'enfer quotidien de ses habitants.

"- le corps pourrait-il survivre sans âme? C'est pour cela que je ne partirai pas de chez moi, car il n'y a pas de valise assez grande pour contenir mon âme"

Texte très courts racontant le quotidien dans la ville, entre bombardements et barrages, parfois prosaïques, de celui qui malgré tout rencontre des amis, va au café, tente une promenade, retrouve ses souvenirs de jeunesse ou d'enfance dans un square où jouaient les enfants....

Textes hallucinés entre vie et mort. le narrateur est-il encore vivant, est-il échappé de la morgue comme celui qui grelotte de froid dans le chaud été syrien?

Des personnages interviennent, on ne sait pas si l'enfant nu est un fantôme...si la jeune fille amoureuse survivra à son fiancé... des histoires de vivants se trament quand même.

Un texte que je ne suis pas prête d'oublier.


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Dans ce témoignage d'environ 150 pages, Niroz Malek nous écrit son quotidien dans une Alep sans cesse bombardée et dont les habitants sont soumis à une violence et à des menaces inouïes. Organisé en petits chapitres courts, c'est un témoignage très particulier puisqu'il raconte plus l'état d'esprit de l'auteur qu'il ne décrit objectivement les faits. C'est donc un récit très focalisé sur les émotions intimes du narrateur, sur les effets que son environnement a sur son psychisme, ce qui donne très souvent lieu à des passages presque surréalistes où le narrateur fait abstraction de la réalité et la confond avec des rêves ou des illusion.

Le Promeneur d'Alep est en revanche loin d'être un récit onirique, au contraire les scènes décrites relèvent plus du cauchemar. Incapable de quitter cette fille qui est chaque jour un peu plus réduite en cendres, le narrateur reste, essaye de continuer à vivre, de reconnaître les endroits qu'il affectionnait avant la guerre, essaye de circuler dans cette ville qu'il connaît par coeur. le texte est franchement très triste et éprouvant, et je ne vous le conseille pas si vous êtes juste « curieux » : sachez au contraire à quoi vous attendre et soyez préparé.

Je n'ai pas appris beaucoup de choses avec le livre de Niroz Malek, dans le sens où le récit ne se concentre ni sur des faits historiques ni sur la recherche théorique d'une explication, du pourquoi ou du comment, mais au contraire sur l'intimité de l'auteur, ses émotions. le Promeneur d'Alep a en revanche une énorme capacité à émouvoir. J'ai découvert de nouvelles émotions, étendu ma capacité à m'émouvoir et à compatir, bref, j'ai en quelque sorte l'impression d'avoir gagné en « intelligence du coeur » (si ça veut dire quelque chose). le Promeneur d'Alep est un beau roman, une histoire unique et très enrichissante, et qui a une résonance toute particulière en ce moment.

S'il y a un message que je voudrais faire passer, c'est celui de lire des auteurs arabes, de découvrir leurs mots et pas ce que d'autres disent d'eux, les faire vivre par la culture et les connaître par la littérature plutôt que par les chaînes d'informations. J'espère en tout cas que cet article ne vous aura pas mis mal à l'aise et qu'il vous a donné envie de découvrir Niroz Malek !
Lien : http://ulostcontrol.com/le-p..
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Ce roman, je l'ai repéré chez Tu lis quoi, qui l'avait elle-même repéré chez Natalia. Les mots qu'elles utilisaient m'ont donné l'impression d'une oeuvre sensible et poétique donnant à voir l'horreur d'une ville en guerre, sans user pour autant de facilité. Et c'est exactement ça.

Au fil des anecdotes, le narrateur expose son quotidien, depuis cinq ans que des factions s'opposent dans Alep. Sa ville et toute sa vie se transforme. Il croise régulièrement des scènes ahurissantes qui deviennent banales et n'étonnent plus personne d'autre que le lecteur. Au détour d'un récit, ce sont les fantômes qui se révèlent, ceux d'une vie d'avant. A vouloir faire comme si, l'esprit est trompé et trompe le lecteur, qui se prend la violence de la réalité d'autant plus fortement.

Un monde absurde se dessine, derrière cette vie qui n'en est plus une : barrages partout, immeubles en ruines, des corps, des morts qui s'ignorent et se croient encore vivants. Au milieu de ce monde dévasté pourtant, l'amour parfois surgit et éclaire d'une lumière d'autant plus aveuglante que le narrateur vit souvent dans les ombres de la peur. La plume onirique de l'auteur apporte ce qu'il faut de douceur pour espérer encore et toujours, pour se souvenir de temps plus heureux qu'on espère à nouveau possibles.
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J'aime flâner dans les allées de la médiathèque et j'aime aussi gratter dans les bacs de livres, vous voyez ceux qui ne sont pas très bien rangés. J'y fais parfois des trouvailles (bon, quelque fois je tombe sur des bons gros flops aussi). Lors de ma dernière visite, j'ai été interpellée par la couverture du "Promeneur d'Alep", je la trouve très jolie, et après l'avoir feuilleté rapidement, je l'ai embarqué avec moi ...

Le promeneur d'Alep est le témoignage poétique et étourdissant d'un écrivain plongé dans la guerre. La voix de Niroz Malek nous parvient à travers les déflagrations et les rafales d'armes automatiques. Pourtant elle nous parle de choses simples, d'amis qui se retrouvent dans un café, de coeurs gravés dans les arbres, de promenades dans cette ancienne cité fabuleuse sur la Route de la Soie. Et du chaos qui guette derrière chaque bruit venu du ciel, devant chaque barrage hérissé de sentinelles.

C'est un bien joli témoignage que celui de Niroz Malek. Je ne me sens pas plus concernée que ça par ce qui se passe au Moyen-Orient et à Alep (oui, je l'avoue, balancez moi des fruits pourris si le coeur vous en dit ...) et pourtant, j'ai eu très envie de découvrir le quotidien d'un de ses habitants.

Je ne suis absolument pas déçue car j'ai découvert une plume de toute beauté (le traducteur a dû faire un super boulot). J'ai aimé lire les mots de l'auteur, ils sont très bien choisis et ils résonnent aux yeux et aux oreilles du lecteur. Je ne sais pas comment expliquer mais j'ai été très touchée par ces chapitres courts et parfois très percutants. C'est quelque fois lyrique, souvent poétique mais ça a fait mouche sur moi à chaque fois.

Car le livre est une succession de tranches de vie à Alep alors qu'il semble très difficile de circuler, de faire ses courses ou même simplement de rester en vie dans cette ville dévastée. La mort est tapie à chaque page, prête à bondir sur n'importe qui et pourtant, la vie est la plus forte et elle continue coûte que coûte ...

Au final, c'est un beau message d'espoir qui est contenu dans ce livre. Et pourtant, la plupart des anecdotes que l'auteur nous livre ici sont d'une grande tristesse mais il ne se laisse pas aller à la mélancolie. Je suis très contente de ma découverte, je ne m'attendais pas à apprécier autant. Surtout que je ne lis quasiment jamais d'auteur arabophones, du coup j'ai été dépaysée.

Une belle découverte, des histoires et des êtres qui resteront dans un coin de ma tête ...
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Un très beau texte à découvrir : le quotidien d'un écrivain, Niroz Malek, qui témoigne de sa vie à ALEP plongée dans la guerre.
de courts chapitres poétiques et bouleversants au travers des choses simples de la vie courante, des sensations vécues avant le désastre.
Des tranches de vie, des souvenirs d'avant la guerre, des vies fauchées par une explosion, un tir au hasard, toute l'absurdité de la guerre , implacable.
Une ville en ruine dans laquelle il faut survivre, pourtant jadis une perle sur la Route de la soie.
L'homme, l'écrivain n'envisage pas de partir "comment pourrais-je quitter ma maison... le corps pourrait-il survivre sans âme ?"
Poétique et douloureux, ce livre résonnera longtemps en moi.
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Sublime, à lire
La guerre racontée de l'intérieur
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