AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,35

sur 113 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Ce documentaire "engagé"... ou l'arbre qui cache la forêt.

Voilà une démarche admirable, courageuse : prendre un poste d'ouvrier quand on est journaliste, ceci pour pouvoir vilipender une grosse entreprise (Am@z*n en l'occurrence) en connaissance de cause, avec un argument de poids : "J'y étais ! J'ai connu l'enfer !". Une prise de risque énorme. Mais si, comparez à un reporter de guerre, ou aux démarches de Günter Wallraff (Tête de Turc) et de John Howard Griffin (Dans la peau d'un Noir).

L'intention est louable, certes. Mais ce genre d'ouvrage sur une entreprise en particulier éveille d'emblée ma méfiance : qui est derrière ? pour qui travaille l'auteur ? Car les critiques qu'il émet à l'égard du géant - qui n'en finit pas de grandir - sont applicables à bien d'autres entreprises et dans d'autres domaines. Exemples :

♦ La mort du petit commerce est amorcée depuis plusieurs décennies (alimentation, prêt-à-porter...). Voici venu le tour des librairies indépendantes, mais un autre géant (la F***) s'y emploie avec succès depuis une trentaine d'années. Il y a belle lurette que les disquaires ont disparu à cause de la grande distribution, par exemple...
♦ L'industrialisation pour produire et vendre en masse a débuté avec la Révolution industrielle, s'est particulièrement amplifiée depuis les Trente Glorieuses et ne cesse de se développer ; cela s'inscrit implacablement dans la logique d'une économie capitaliste.
♦ La pénibilité des postes, l'exploitation des employés, la précarité et la saisonnalité, le développement des CDD en France.
Ou, pire encore, en Asie, à la frontière mexicaine, etc. Ceci "grâce" aux délocalisations dans les pays où les conditions de travail sont moins (ou pas du tout) réglementées et les salaires plus bas (profit, profit !!).
Ceci est une réalité dans beaucoup d'usines, mais aussi dans la restauration, le transport routier, certaines entreprises de production agricole ou du bâtiment. Bien naïfs et privilégiés sont ceux qui l'apprennent en lisant ce livre.
♦ Ce management et ce fonctionnement à l'américaine seraient spécifiques à Am@z*n, à en croire l'ouvrage. Vilain Oncle Sam dont on suit quand même le modèle depuis plus d'un siècle, partout dans le monde. Subsiste-il encore de grandes différences "chez nous" ? Am@z*n est-il vraiment un cas à part ?
♦ le contournement des lois fiscales, la complicité du gouvernement...

Certaines indignations de l'auteur sont risibles tant elles sont ridicules :
• des vêtements sur un même site que des jouets, des appareils photos et... des livres, quelle honte !
--> quid des grandes surfaces depuis une quarantaine d'années ?
• les écrits aux opinions les plus extrêmes côte à côte dans les rayonnages et disponibles en ligne
--> quid des kiosques, points presse, bureaux de tabac où Charlie Hebdo jouxte Minute ?
• l'épuisement de l'employé après sa journée/nuit de travail, à tel point qu'il n'a plus l'énergie nécessaire pour lire les livres qu'il voit dans l'entrepôt et aimerait découvrir, ceux de Victor Hugo, par exemple - auteur dont il a appris l'existence en préparant des commandes (!!)
• la mauvaise ambiance (délation, rumeurs, cancaneries, mesquineries)
--> voici une caractéristique commune à tous les groupes humains, microcosmes professionnels ou autres.

Bref, la mauvaise foi de l'auteur et les exemples fallacieux ne manquent pas.
Am@z*n est certes condamnable à bien des égards, son opacité vis à vis de la presse en est l'une des multiples preuves, mais soyons lucides, ceci est loin d'être un cas unique.
Ce leader de la VPC, du e-commerce me semble faire figure ici de bouc émissaire, ce qui décrédibilise l'ouvrage, même si j'adhère au propos dans un contexte plus général.
Commenter  J’apprécie          272
Jeune journaliste de 26 ans, Jean-Baptiste Malet s'est fait embaucher comme intérimaire lors de fêtes de fin d'année 2012 dans l'entrepôt Amazon de Montélimar. Désireux de percer la chape de plomb qu'Amazon met sur ses activités, il « s'infiltre » donc dans « le meilleur des mondes » et nous livre ici son témoignage.
C'est peu de dire que cet essai n'est pas de grande qualité. Dès les premières lignes, on s'étonne des tentatives pseudo poétiques de description de ce qui est avant tout un essai : « du ciel de tôle pendent des fils électriques, comme des lianes, pour que brûlent dans l'entrepôt de parfaites rangées de puissants soleils artificiels ».
Mais le coeur du livre, relatant l'expérience de l'auteur, se révèle être une succession de truismes, d'une naïveté parfois confondantes, ou parfois si peu fouillés qu'ils nous semblent plus tenir du café du commerce que du travail journalistique sérieux. Nous aurons droit ainsi successivement à :
. les entreprises recrutent des saisonniers
. les entreprises prennent des intérimaires plutôt que des CDIs
. le travail de nuit, c'est fatigant
. employé logistique, c'est pas passionnant
. Amazon amadoue ses employés en leur offrant des activités gratuites
. Amazon vend des livres d'opinion différentes ( ! – sans doute la page la plus hallucinante).
. les employeurs n'aiment pas les syndicats
. les managers surveillent les activités des employés
. si tu n'est pas performant, tu risques d'être viré
. les employés sont fouillés à la sortie
. il y a une crise en France et les gens sont prêts à accepter des conditions de travail difficiles pour pouvoir travailler.
On se demande dans quel monde vivait Jean-Baptiste Malet jusqu'à présent pour livrer de telles « découvertes » dans son livre. Il ne fait que nous décrire ce que sont les conditions de travail de millions de français aujourd'hui, et ce sans aucun secret.
Plus gênant encore, certains raisonnements du livre sont soit hautement contestables, soit font preuve d'un manque évident de recherches sur le sujet. Ainsi, les chiffres du syndicat des libraires qui, étonnamment, montre qu'Amazon détruit des emplois. Amazon ou le syndicat des e- commerçants n'avaient ils pas des chiffres à mettre en perspective ? La recherche forcenée de productivité toujours croissante, qui apparaît absurde, trouve sa réponse quelques chapitres plus loin, où l'on apprend qu'un bon « picker » doit atteindre un rythme de 120 à 130 articles par heure. En gros, Amazon cherche des employés efficaces et productifs, no big deal…
Que penser enfin d'un livre qui conclut un chapitre sur cette sentence définitive : « Ce boulot chez Amazon, c'est vraiment de la merde ». Piètre considération de ses collègues de quelques semaines. Et sans doute manque d'appréhension fine des qualités intrinsèques d'un travail sûrement pas si simpliste que ça. On aurait aimé en savoir plus sur les stratégies d'amélioration de la productivité, sur les trucs techniques que trouvent les employés pour rendre leur travail plus aisé, bref une lecture un peu plus complexe que la simple retranscription de propos de salle de pause.
En revanche, la question économique (faut-il subventionner ces emplois ? autoriser ces implantations ? sinon on fait quoi ?) est à peine abordée, alors qu'elle méritait sans doute des développements beaucoup plus fournis.
Au global, à part quelques anecdotes savoureuses et la divulgation des anglicismes utilisés, on a l'impression que Malet est complètement passé à côté de son sujet. La simple retranscription de cahier est trop juste, on attendait vraiment plus d'un livre dédié à cette expérience. Grosse déception.

Lien : http://lespicilege.wordpress..
Commenter  J’apprécie          199
Dès le départ, j'ai eu l'impression d'être face à un témoignage à charge, avec des mises en scène exagérées et un manque d'objectivité pour ce qui est présenté comme une enquête journalistique. Certes, Jean-Baptiste Malet étaye ses propos par toute une série de chiffres mais, à aucun moment il ne compare le fonctionnement d'Amazon à celui d'autres multinationales implantées sur le territoire français. Pourtant, de ce qu'en présente l'auteur, les conditions de travail ne sont pas foncièrement différentes de ce qui avait été mis en place dès les années 1880 dans le cadre du taylorisme et beaucoup d'entreprises modernes travaillent encore sur ce modèle. Dans ce contexte, pourquoi cibler Amazon en particulier?

L'aspect intéressant de ce livre est qu'il met en évidence les conditions de travail désastreuses d'une partie de la population, qui n'a d'autre choix que d'accepter ce type d'emploi. Et qui doit supporter un rythme de travail infernal, des objectifs de production en augmentation constante, une forte concurrence entre travailleurs, des contrats précaires, avec peu de perspectives d'avenir. L'auteur pointe également du doigt la responsabilité des hommes politiques français qui ont soutenu le développement de ce type d'entreprises, bradant par la même occasion la valeur du travail.

Lorsqu'il commande des produits culturels en ligne, le client participe-t-il activement à cet appauvrissement des conditions de travail? Doit-il se sentir responsable?
Lien : http://carnetdelecture.skyne..
Commenter  J’apprécie          90
Simple et redoutable : il ne s'agit pas d'une analyse complexe - sociologique - économique ou politique du géant du e-commerce, seulement l'expérience de quelques semaines d'un journaliste qui raconte de l'intérieur la vie de ceux qui réceptionnent, rangent, récoltent en emballent nos produits. Si je ne dois retenir qu'un chiffre, c'est celui-là : un emploi crée chez Amazon, c'est 18 emplois qui disparaissent dans nos librairies. Si je ne dois retenir qu'un commentaire, c'est celui-ci : derrière l'écran, cet emploi, c'est pour beaucoup la souffrance au travail. "Le sourire imprimé sur les colis Amazon n'est décidément pas celui des travailleurs".
Commenter  J’apprécie          30
Déception. Je m'attendais à une enquête plus fouillée. Certes le travail chez Amazon est difficile mais comme dans une usine. le travail de nuit est épuisant, mais pas que chez Amazon. Par contre, j'ai appris ce qu'est la liberté d'expression des salariés et la peur des syndicalistes. Je n'achète pas chez Amazon et ce livre me conforte dans mon choix d'être fidèle à ma librairie.
Commenter  J’apprécie          20
Rien de vraiment nouveau mais ce livre a eu le mérite d'apporter un peu de lumière sur les conditions de travail au sein d'Amazon. C'est suite à sa parution et aux articles qui ont ensuite été relayé dans le Monde et dans Le Monde Diplomatique que j'ai pris la décision de boycotter Amazon.
Mais je n'ai finalement rien appris avec la lecture de cet ouvrage.

Mais certains propos tenus dans ce livre m'ont gênés car je trouve que ce sont de mauvais arguments contre Amazon. Et des arguments contre Amazon, on en manque pas!!!

Par ailleurs, ce livre qui m'a fait l'effet de la découverte par un jeune homme du monde du travail manuel! Et oui jeune homme, la vie dans les entrepôts est difficile! Mais sachez que ce n'est pas seulement vrai chez Amazon!!!

Tout d'abord, afin qu'il n'y ait pas de malentendu, je boycotte Amazon depuis près d'un an à présent, pour des raisons fiscales principalement.
Je suis donc fondamentalement d'accord avec Monsieur Mallet.
Je vous livre ci-après mes pensées sur Amazon, ponctuées d'extraits de l'ouvrage, qui dans certains cas étayent mon point de vue et dans d'autres cas malheureusement décrédibilisent de mon point de vue l'argumentaire de l'ouvrage.

Suite sur mon blog, la critique étant longue puisque largement ponctuée d'extraits.
Lien : http://piccolanay.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          20
Il me reste souvent une sorte de frustration après la lecture de ce type de témoignage "vécu sur le terrain" ; flotte toujours l'impression de quelque chose d'incomplet et très subjectif. Ici, ça sera effectivement le cas, puisque qu'Amazon est loin de jouer cartes sur table, et que ce manque de transparence attise toutes les théories orwelliennes. Ce n'est pas un secret, je travaille dans le monde du livre, et j'avais envie de me renseigner un peu sur cette société qui cristallise bon nombre de fantasmes, à tort ou à raison (mais surtout à raison, quand même !). Commençons par le positif du reportage : il faut reconnaître à ce livre le mérite d'ouvrir le débat et de donner un coup de pied dans la fourmilière, car même si on entend régulièrement parler des conditions de travail chez Amazon, on en lit assez peu de témoignages directs. La construction de la narration est assez scolaire mais pas désagréable : Jean-Baptiste Malet nous distille des informations clés petit à petit, avec un historique de l'entreprise, quelques chiffres et des extrait de presse sur les implantations d'Amazon au niveau mondial. Jusqu'ici tout va bien. Sauf qu'au final... Vous n'en aurez pas plus. En effet, les collègues du journaliste ont refusé de parler par peur des représailles ; du coup, l'infiltration tombe à l'eau, et ne vous reste entre les mains qu'une centaine de pages délayées, pleines de considérations naïves ou populistes, qui dénoncent sans grande matière. Non, trois pages sur le lapin posé par Simon le syndicaliste et la crêpe mangée pour se réconforter, ce n'est pas de l'information. C'est du vide. En réalité, si on regroupe sur une page de présentation des chiffres les plus pertinents pour présenter Amazon, on peut condenser le livre en un dossier complet de six pages, qui aurait sa place dans une revue, sûrement pas chez un éditeur.
Lien : http://chezradicale.canalblo..
Commenter  J’apprécie          20
Le livre n'est pas vraiment convaincant. En grande partie en raison d'un style qui ne colle pas à l'investigation, un peu trop littéraire, ampoulé.
Commenter  J’apprécie          10
J'étais très curieuse de lire ce cours essai. Tout d'abord parce que le sujet est d'actualité, qu'il concerne le monde entier et changera peut-être notre futur. Je parle bien sûr d'Amazon. Pourtant dès les premières lignes l'effet romancé qu'a voulu prendre l'auteur m'a fortement dérangée. Je m'attendais à une analyse plus qu'à un récit. Tout au fil de l'oeuvre l'auteur nous dépeint toujours les mêmes choses, à croire que tout le monde a le teint blafard, des valises sous les yeux et est désespéré de travailler dans cette entreprise. Je veux bien croire que le travail soit difficile, que certaines méthodes soient appelées purement et simplement de l'exploitation mais l'auteur globalise et englobe dans un même sac tous les travailleurs et dresse un portrait général qui moi, m'a dérangée. J'ai trouvé le travail bâclé, l'analyse tellement rapide : quelques détails, beaucoup de critiques subjectives. Des informations que l'on peut trouver partout, il n'est pas nécessaire de passer des mois dans l'entreprise (comme tous les passages sur Arnaud Montebourg et le regard des politiques sur cette énorme entreprise) pour apprendre des informations telles que nous les délivre l'auteur. Bref, très déçue du manque d'audace de l'auteur qui n'est resté que spectateur d'une activité florissante, qui a subi la pression d'Amazon mais qui n'a pas essayé de pousser le bouchon plus loin. Dommage.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (208) Voir plus



Quiz Voir plus

Histoire et généralités sur la Normandie

TOUS CONNAISSENT LA TAPISSERIE DE BAYEUX, QUI EN EST LE HÉROS ?

RICHARD COEUR DE LION
ROLLON
MATHILDE
GUILLAUME LE CONQUERANT
GUILLAUME LE ROUX

20 questions
70 lecteurs ont répondu
Thèmes : histoire , célébrité , économieCréer un quiz sur ce livre

{* *}