Citations sur La Voie Royale (76)
"Je pense que c'était un homme avide de jouer sa biographie, comme un acteur joue un rôle. Vous, Français, vous aimez ces hommes qui attachent plus d'importance à...voyons, oui...à bien jouer le rôle qu'à vaincre."
(p.32)
"Tout aventurier est né d'un mythomane" disait-il à Claude.
(p.36)
Songez que je commence à comprendre leurs cultes érotiques, cette assimilation de l'homme qui arrive à se confondre, jusqu'aux sensations, avec la femme qu'il prend, à s'imaginer elle sans cesser d'être lui-même. Rien ne compte à côté de la volupté d'un être qui commence à ne plus pouvoir la supporter.
Cette fois, l'obsession de Claude entrait en lutte : il regardait opiniâtrement le visage de cet homme, tentait de distinguer enfin quelque expression dans la pénombre où le laissait l'ampoule allumée derrière lui.
J'ai lu sous ta plume : cette traversée du désert littéraire français qui équivaut à une génération et demie en négatif à laquelle a mis fin de la plus insigne des façons Michel Houellebecq depuis Sartre et Camus, mais tu as injustement oublié de faire référence à Malraux.
Oui fort juste, depuis Malraux, Sartre, Camus ..
Celui qui se tue court après une image qu'il s'est formée de lui-même : on se tue pour exister.
Pour la seconde fois, il rencontrait sa mort dans le regard d'un homme; il éprouva furieusement le désir de tirer sur lui, comme si le meurtre seul eût pu lui permettre d'affirmer son existence, de lutter contre sa propre fin.
Vieillir, voilà vieillir. Surtout lorsqu'on est séparé des autres. La déchéance. Ce qui pèse sur moi c'est, - comment dire ? ma condition d'homme : que je vieillisse, que cette chose atroce : le temps, se développe en moi comme un cancer, irrévocablement... Le temps, voilà.
Celui qui se tue court après une image qu'il s'est formé de lui-même . On ne se tue jamais que pour exister. Je n'aime pas qu'on soit dupe de Dieu.
De tous les côtés de la clairière, autour du trou de lumière frémissante et des constructions humaines, la forêt s'étendait, immobile et mouvante à la fois. À sa surface, la lumière parcourue de lents frissons se décomposait en moire; elle le [Claude] pénétrait jusqu'à la stupeur, chacune de ses ondes venait mourir, tiède et souple, sur sa peau en sueur; il sombra dans une rêverie voilée de grandes taches de sommeil.
Claude frappait presque sans conscience, comme marche un homme perdu dans le désert. Sa pensée en miettes, effondrée comme le temple, ne tressaillait plus que de l'exaltation de compter les coups : un de plus, toujours un de plus... [p. 87]