Je n'avais pas vraiment – du tout – prévu de me plonger dans ce roman. Ni l'intrigue ni l'univers ne m'attiraient (plus maintenant). Malgré tout, Prix Imaginales des Bibliothécaires oblige, je n'ai pas pu me défiler. D'ailleurs, j'ai bien du mal à comprendre pourquoi ce titre-là s'est retrouvé dans la sélection.
Oui c'est plus « grand public » qu'un
Christian Léourier (par exemple) mais, à mon avis, c'est comme si on y mettait le réalisme magique de
Gabriel Garcia Marquez ou celui de
Haruki Murakami. L'imaginaire est un large sujet oui, et je suis la première à adorer
Cent ans de solitude mais jamais je ne le choisirais pour une sélection pour un prix de l'Imaginaire. Bref.
La plume de
Mathias Malzieu ne m'est pas complètement inconnue puisque j'ai déjà lu deux de ses tout premiers écrits :
Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi et
La Mécanique du coeur. Si je n'avais pas eu de francs coups de coeur pour ces deux textes, j'en garde tout de même un souvenir plutôt satisfait et surtout ému. L'onirisme est à nouveau là avec
Une Sirène à Paris mais l'émotion pas vraiment, à mon avis. Rendez-vous dans quelques années, mais je ne crois pas en garder grand chose…
Le roman est court mais – et c'est une qualité inhérente à la plume de
Mathias Malzieu je pense – très immersif si tant est qu'on adhère à l'univers de l'auteur. Il faut se laisser porter par les événements et accepter les touches de magie lancées entre les pages. Si vous avez aimé un film comme Big Fish de
Tim Burton ou un livre comme L'Écume des jours de
Boris Vian, vous devriez être réceptif à la poésie et la loufoquerie de cette nouvelle histoire inventée par
Mathias Malzieu.
Je salue l'imaginaire et les jeux sur les mots. J'aime la magie, les paillettes et l'onirisme. Oui mais à petites doses. Avec équilibre et harmonie. Je dois donc avouer avoir ressenti un trop plein de tout dans cette histoire. Trop de figures de styles qui alourdissent certains passages (toutes ces métaphores et comparaisons…), trop de facilité dans l'intrigue, trop de mièvrerie et trop de rapidité dans l'évolution des personnages.
Alors si j'adhère complètement au coup de foudre qui fige le temps raconté par Edward Bloom dans Big Fish ou à la merveilleuse histoire d'amour tragique de Colin et Chloé (avec son nénuphar) chez
Boris Vian, j'ai en revanche beaucoup plus de mal à me sentir concernée et donc émue par l'aventure de Gaspard et de la sirène qu'il ramène dans sa baignoire.
Lui est un peu fade comme garçon, malgré son statut de « Surprisier ». Cela dit, un personnage lambda comme héros peut permettre une plus grande empathie.
Elle en revanche, c'est tout l'inverse. C'est une créature mythologique avec tout ce qu'on peut imaginer : elle est évidemment divinement belle avec sa queue de poisson et ses beaux seins (important les seins) mais elle est aussi froide et insupportable.
A se demander comment une histoire d'amour peut naître entre eux. D'ailleurs on y croit pas une seconde, c'est bien là le problème.
Tous les éléments du conte poétique sont pourtant réunis mais la magie n'a pas vraiment opéré chez moi. A vouloir insérer tous ces éléments dans son texte,
Mathias Malzieu offre finalement un récit un peu trop artificiel, forcé et poussif à mon goût. On en oublie la crédibilité (tout est relatif, on sait bien qu'aucun nénuphar ne se développe dans nos poumons et que les sirènes ne débarquent pas sur les quais de Seine) et surtout l'émotion ; à mon avis deux aspects indispensables à toutes lectures marquantes.
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