Manchette Jean-Patrick (1942-1995) - "
Nada" - Gallimard Fleuve noir, 1972 – réédition 1999 (ISBN 978-2070410545)
Effectivement, il y a dans ce roman beaucoup d'éléments qui rappellent furieusement les années 1970, comme par exemple en page 81 la "réaction" du PCF, les réactions en chaîne provoquées par l'enlèvement au chapitre 33, ou la brève et humoristique liste des réactions constituant le chapitre 35.
Quant à la thèse centrale, relevée dans la quatrième de couverture, énoncée à la fin du chapitre 36, elle explique en partie pourquoi l'extrême-gauche française n'est pas tombée dans le terrorisme à la
Brigade Rouge (Italie) ou Rote Armee Fraktion (Allemagne de l'Ouest), les agissements d'Action Directe n'ayant reçu aucun soutien de quelque milieu que ce soit.
Il paraît que Manchette a tenu un
Journal 1966-1974 : il faudrait que j'y jette un coup d'oeil.
Autre recension, plus récente :
Manchette Jean-Patrick (1942-1995) – "
Nada" – Gallimard / Folio-policier, 2020 (ISBN 978-2-07-041054-5) – réédition du roman publié en 1972
Un roman qui préfigure quelque peu "
La position du tireur couché" (cf recension du 18 février 2021) : un groupe d'anarchistes enlève l'ambassadeur des États-Unis pour tenter d'obtenir une rançon. Mais tout dérape, le récit se termine sur un massacre général.
Manchette – qui pourtant proclamait son adhésion aux thèses de l'extrême-gauche – met en scène ici un groupe de branquignols de la mouvance arnarcho-gauchiste de ces années-là : il ne devait pas y connaître grand-chose en réalité, car le groupe "Action directe" fut beaucoup plus nuisible (donc organisé et formé par des services spécialisés d'autres pays) que le groupe dérisoire ici mis en scène. A moins que Manchette, dont Wikipedia nous dit qu'il adhérait plutôt aux thèses des situationnistes (qui sait encore aujourd'hui ce que cela signifiait ?) – n'ait voulu ici ridiculiser ces petits groupes d'illuminés (genre "gauche prolétarienne" ou armée secrète montée par la ligne communiste de Krivine) qui pullulaient dans les années post-soixante-huitardes...
Ce roman ne supporte guère la re-lecture, tant les postures des personnages et l'enchaînement des évènements mis en scène, sont devenues des standards. La seule caractéristique qui demeure, c'est cet étalage de violence complaisamment décrite, avec moult détails. Bof.