C’est là que je l’ai vu. Le ASSASSINe, en gros, mais avec un petit « e », comme si la personne voulait bien désigner une femme, mais n’était pas bien sûre du féminin de « assassin » (c’est vrai que ça fait bizarre de dire « ma mère est une assassine ». On dit quoi, en fait ? Une assassin ? Une femme assassin ? Comme pour pompier ? Parce que pompière n’existe pas. Parce que les assassins, comme les pompiers, ce sont des hommes, en général. Ce qui fait au moins une bonne raison de plus pour qu’on arrête de penser que ma mère puisse l’être.
Est-ce qu’on connaît si bien l’autre, même au bout de tout ce temps ? Est-ce qu’il peut y avoir, derrière un regard, un monde inconnu ?
Anaïs me fustige parce que je n'ai pas tourné le dos à ma propre fille. Mais si elle était mère, elle saurait qu'il n'y a pas de choix autre. Elle me renvoie la haine qu'elle semble avoir développée pour sa mère, traite Catherine de fille indigne. Je comprends... Et je mentirais si je disais être fière de mon aînée. La fierté n'est plus. Il reste le soutien infaillible et l'amour inconditionnel. Et, bien sûr, au fond de moi, oui, la culpabilité que je porte malgré tout, un sentiment de honte qui m'a envahi et m'absorbe tout entière.
On dit souvent qu’on reconnaît ses amis, ses vrais amis, à leur présence dans les moments difficiles, au fait qu’ils soient là, qu’ils nous écoutent, nous épaulent et nous gardent dans leur vie.
Florian est encore petit. Je ne veux pas qu'il sache ce que des humains sont capables de faire à d'autres humains.
Est-ce qu'on connaît si bien l'autre, même au bout de tout ce temps ? Est-ce qu'il peut y avoir, derrière un regard, un monde inconnu ?
Parce que protéger son enfant, c'est retarder certaines échéances, essayer de repousser la fatalité. Les malheurs et les coups du sort arrivent toujours beaucoup trop tôt dans une vie.
Je me sens comme une funambule sur un fil : à tout moment je peux tomber.
Des milliers d'étoiles dans le ciel,
Des milliers d'oiseaux dans les arbres,
Des milliers de fleurs au jardin,
Des milliers d'abeilles sur les fleurs,
Des milliers de coquillages sur les plages,
Des milliers de poissons dans les mers,
Et seulement, seulement une maman.
Bonne fête maman !
Je t'aime.
Je suis heureux... et je sais que tu es heureuse pour moi. Je me rappelle ce que tu m'as dit un jour : on ne fait pas des enfants pour les garder avec soi... C'est vrai. Il n'empêche que je culpabilise un peu de mettre un océan entre toi et moi.