Citations sur Cinq coeurs en sursis (43)
Les gens doivent se demander comment je peux encore me trouver là, du côté de la défense, à soutenir cette femme qui m'a trahi de multiples façons, qui a brisé mon mariage, mes enfants, qui a pulvérisé ce que nous avions construit, notre existence. Je ne le sais pas moi-même. Il y a encore quelques semaines, je l'aimais, c'était l'essentiel.
Je ne saurais reconnaître ma femme dans ces agissements. Et je ne saurais pas non plus, c'est certain, lui pardonner ses infidélités. Infidélités que j'ai découvertes aujourd'hui, devant tout le monde. Je ne suis pas que le mari de l'accusée, je suis un mari cocu, et dans les grandes largeurs.
"L'écriture, chez toi, c'est vraiment un exutoire", m'a dit la prof quand elle m'a lue. Je crois qu'elle a raison. Le slam, pour mon esprit, c'est comme la boxe ou la batterie pour mon corps.
C'est étrange, l'amour. Ou plutôt: c'est étrange comme on peut aimer un jour, puis désaimer. Désaimer petit à petit ou d'un seul coup.
C’est vrai qu’on ne peut pas divorcer d’avec ses parents. C’est un truc qui existe, pourtant, mais qui n’a pas de nom. Il faudrait l’inventer. On pourrait dire « se désenfantiser ».
. Moi je me suis désenfantisée de ma mère. Et, vu sa nullité et sa monstruosité, je ne m’en porte pas plus mal.
Faudra bien que mamie Jo s’y fasse (et tant pis. Si elle elle ne se déparentise pas ).
Je ne sais pas si c'est un manque d'envie ou une peur immense qui crée un manque d'envie. Si j'étais nulle, insuffisante, toxique ? Moi qui ai eu une mère plutôt normale jusqu'à treize ans, je sais qu'on peut verser dans tout autre chose... Ma mère a fait voler en éclats mes repères et mes certitudes... et ma vie, accessoirement.
Je sais que si rien n'est fait, en bas de la pente il y a un mur et que je vais me le prendre. Il est peut-être temps de redresser la barre, et je n'y arriverai pas toute seule.
Elle a poussé un cri, elle s'est mise à pleurer. Oui, j'ai fait pleurer ma mère. Et alors ? C'est si peu par rapport à toutes les larmes qu'on verse, à tout ce qu'on endure tous, à cause d'elle.
Ça fait un drôle d'effet d'engueuler sa mère, de la réduire en miettes. Mais j'avais accumulé une telle rage depuis deux semaines, depuis deux ans. Je crois que je l'ai pulvérisée.
À la place de Marc, j'aurais fait pareil. On peut avoir le sens de la famille sans avoir le sens du sacrifice. Surtout si, en face, la personne ne le mérite pas.
Et je me demande, en fait, si ma mère a éprouvé cette rage-là. Ce truc qui monte en soi et qui peut déborder. Sauf que, normalement, I'éducation et la conscience des lois doivent nous arrêter. Ma mère ne s'est pas arrêtée (pire, elle avait préparé le fait de ne pas s'arrêter et d'aller jusqu'au bout). Elle a fait preuve d'une violence inouie. Et je me demande, du coup, si je serais capable de ça, de cette violence qui dépasse. Est-ce que c'est dans les gènes ? Est-ce que c'est transmissible ?
Est-ce que moi aussi je pourrais tuer un jour ? Est-ce que n'importe qui peut tuer un jour ?