Dans
des jours et des nuits à Chartres, l'auteur suédois
Henning Mankell imagine en grande partie, comme il le précise lui-même dans la préface, l'histoire de la fameuse "tondue de Chartres", inspiré par la célèbre photographie de
Robert Capa.
Sous forme d'une pièce de théâtre en deux actes, il met en scène
Robert Capa lui-même, instaurant ainsi une réflexion sur l'acte de photographier et le statut du photographe - témoin, voyeur, influenceur comme on dit aujourd'hui ? - ainsi que Simone, la femme tondue pour avoir eu un bébé avec un Allemand, sa meilleure amie, son père, deux résistants la surveillant, une connaissance revancharde.
On navigue entre 1941, 1943 et 1945 dans chaque acte, alternant les scènes d'insouciante jeunesse des jeunes filles avec l'attente du jugement en prison, l'évolution des relations avec les uns ou les autres selon que les Allemands gagnent ou perdent en pouvoir, selon que les sentiments se font plus forts etc.
Le tableau est complexe et pousse à réfléchir aux contradictions et dilemmes que posent ce genre de situation. Cependant, il s'agit bien là d'une construction littéraire puisque le portrait dressé de Simone est quelque peu éloigné de la vérité historique, comme le dossier pédagogique nous invite à le découvrir, ce qui donne un tout autre sens à la photographie de Capa et au destin de cette femme en particulier mais qui n'enlève rien aux problématiques posées, qui sont au final peut-être plus d'ordre philosophique qu'historique.