Mankell Henning – ""
La lionne blanche"" – Seuil-Points, 2005 (ISBN 978-2-02-078992-9) (éd. originale en suédois cop. 1993)
Par le biais d'un meurtre survenant fortuitement, Mankell mêle son héros Wallander à un complot d'extrémistes blancs Boers aspirant à assassiner
Nelson Mandela pour déclencher une vague d'anarchie dans l'Afrique du Sud alors dirigée par de Klerk, évènement qui provoquerait un chaos propice à une sorte de coup d'Etat. Pour ce faire, les grands méchants en question n'auraient rien trouver de mieux que de demander à un ex-officier du KGB soviétique d'entraîner un tueur à gages noir dans une ferme située dans la campagne suédoise la plus reculée.
Autant dire que l'intrigue est vraiment tirée par les cheveux et devient rapidement complètement invraisemblable, Mankell en rajoutant lourdement vers la fin en insérant des erreurs dues à de supposées négligences humaines encore plus invraisemblables. Là n'est cependant pas le pire défaut de ce roman policier.
En effet, Mankell se propose rien moins que de faire parler de l'intérieur, à la forme "je", ce tueur sud-africain d'origine zoulou, qu'il présente comme entretenant un contact permanent avec "les esprits" et les ancêtres morts, dans la pire tradition d'une certaine représentation du Noir dans la littérature occidentale. L'auteur se justifie dans la postface en évoquant les récits de
Thomas Mofolo (1876-1948), ce qui fait sans doute allusion plus particulièrement au récit intitulé "Chaka Zulu" (1926).
Notre brave Mankell tombe ainsi dans le piège consistant à s'emparer de la voix de l'Autre (ici : le Noir) pour en donner une image de sorcellerie, l'un des pires lieux communs de la représentation occidentale du "Sauvage", fût-il "Bon"... Il le fait avec la touchante naïveté de ce qu'on appelle "le racisme à l'envers" : une telle sottise est étonnante de la part d'un auteur qui partage sa vie entre la Suède et le Mozambique.
Qui souhaite vraiment prendre connaissance des réalités concrètes des pays africains fera mieux de lire par exemple
Maryse Condé...