AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,36

sur 120 notes
5
9 avis
4
10 avis
3
14 avis
2
4 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Henning Mankell est un poète de l'âme.

C'est l'histoire d'un homme simple, Oskar Johansson, en paix avec lui-même, pensant d'abord, espérant ensuite, que le monde dans lequel il vit l'est aussi.

Oskar, né en Suède en 1888, est dynamiteur et le restera toute sa vie malgré l'accident qui l'amputera d'un oeil et d'une main. Aux côtés d'Elvira, sa femme, il traversera la première moitié du 20ème siècle. Ils ne se parlent pas beaucoup mais un lien invisible, indéfectible unit ces deux personnes jusqu'à la mort. L'amour peut-être ? Oui, un amour modeste, comme eux, sans vague ni conflit. Pourtant, des conflits, Oskar les connaîtra. A travers la radio, les conflits du monde... la première guerre mondiale, puis la seconde. Il se demandera souvent pourquoi les hommes sont devenus fous.

Issus d'un milieu social défavorisé, Oskar et sa femme se trouvent tout au bas de l'échelle sociale. Leur travail, bien que dur et pénible, ne leur apporte que le strict minimum pour ne pas mourir de faim. C'est alors qu'il prête une oreille aux discours socialistes, qui font miroiter une vie meilleure en Suède, en ce début de siècle. Mais les années passent, les discours sont les mêmes et rien ne change. Faut-il tant de temps pour que les choses bougent ? Alors Oskar se tourne vers le communisme, les meetings et les actions étant plus directes. Qui sait ? Oskar s'interroge, cherche des réponses et continue son petit bonhomme de chemin, sans plus attendre rien de personne.

Oskar et Elvira auront trois enfants qui ne manqueront ni d'amour ni du nécessaire pour réussir dans leur vie, comme on dit. Malgré le fait que, pour la nouvelle génération, le matériel ne fait pas défaut contrairement à leurs parents, Oskar s'interrogera toujours sur le contrepoids de cette amélioration. L'entr'aide entre les gens n'existe plus, le peu qu'ils avaient étaient encore partagé avec l'ami, le voisin. Désormais, les gens sont seuls et ont peur. Peur de perdre ce qu'ils ont acquis et le chacun pour soi pointe le bout de son nez.

C'est l'histoire d'un homme simple, Oskar Johansson, qui toute sa vie se sentira un homme sans importance, parfois un homme important, puis comprendra que tout est réglé pour qu'il reste sans importance.

"Mais je n'ai pas perdu espoir. Je crois que toi, tu seras là pour voir toute cette société partir en fumée comme d'un seul coup de dynamite. Et alors tu leur diras bien le bonjour de ma part."
Commenter  J’apprécie          369
Henning Mankell , décédé le 5 octobre 2015 est un des maîtres incontestés du roman policier scandinave, mais il s'est également imposé en littérature.

Créateur du commissaire Wallander, on savait le romancier bourré de talent, avec ses derniers romans « Les chaussures italiennes » et « Les bottes suédoises » on avait dit qu'il il atteint le niveau de la très grande littérature mais on s'aperçoit qu'il l'avait en fait atteint dès ses débuts.

En effet, quand, en 1973, il publie "Le dynamiteur, "l'écrivain suédois n'a que 25 ans. Son premier roman est un Germinal à la suédoise" .Un roman resté inédit en français avant 2018 qui n'a pas pris une ride. Bien que située dans la première moitié du XXe siècle, son histoire est atemporelle ;on perçoit déjà les premisses des grandes thématiques qu'il approfondira qu'il explorera dans la suite de son oeuvre.

Un roman enthousiasmant. parfaitement traduit par Rémi Cassaigne
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          331
Quand il était chanteur et que je l'écoutais enchanté, j'avais une grande tendresse pour « Oscar » de Renaud Séchan, la vie de son grand-père prolo… Moins connu que « Mistral Gagnant » mais aussi émouvant et drôlement bien ficelé…
Le Dynamiteur se prénomme Oskar. Prolo aussi mais lui vient d'un pays où habite la neige. Mankell retrace le destin de cet ouvrier marqué par un terrible accident du travail indirectement imputable à un autre régional de l'étape, Alfred Nobel. Comme Ikea et son merveilleux sens du dialogue social, c'est fou comme les grands entrepreneurs suédois sont ambivalents !
Le livre débute très bien à la façon d'un Zola on Ice et son dénouement intimiste est magnifique… A ces instants, il est évident que le jeune Mankell possède déjà le savoir-faire d'un grand portraitiste. Hélas, entre ces deux moments de grâce, le parcours d'Oskar est plus âpre à suivre. La faute en partie au choix de cette narration indirecte qui reste absconce. Comme je n'ai pas l'intention immédiate de préparer un doctorat sur l'évolution politique et sociale dans les pays scandinaves au XX° siècle, les pages où s'accumulent des références nombreuses à des sommités de la gauche suédoise furent un supplice pour les paupières. Je ne sais pas si Per Edvin Sköld, Arthur Engberg ou Albin Hansson sont des stars outre-baltique comme le sont Jean Poperen, Jack Ralite ou Edwige Avice chez nous mais le moins que l'on puisse dire est que ces références amoindrissent cette prometteuse biographie d'un sans-grade.
A moins que vous ne rouliez en Saab, que vous possédiez l'intégrale d'Abba et que le surströmming représente pour vous le summun de la gastronomie, je ne vous conseillerais pas forcément cette lecture, même si elle reste intéressante à quelques égards (du Nord, bien sûr).
Commenter  J’apprécie          296
D'après le titre, et connaissant Mankell, je m'attendais à un policier.
Or pas du tout.
Il s'agit du premier roman de l'auteur, écrit en 1973 et récemment réédité.
Et c'est une très belle histoire, touchante et humaine.
Le dynamiteur, c'est Oskar Johansson dont la vie a été marquée par un accident lors d'une explosion qui le laisse mutilé.
Cette vie est retracée sans ordre chronologique
C'est un roman social sur les difficultés de la classe ouvrière en Suède.
Que de pudeur, de sobriété et de sensibilité dans ce très beau portrait d'un homme ordinaire.
Commenter  J’apprécie          250
C'est bien fait; tellement bien fait qu'on arrive à se mettre dans la peau du dynamiteur Johansson, à vivre sa petite vie, à se contenter avec lui du peu qui lui est offert, à se sentir triste pour lui quand il perd son épouse aimée, à être résilient, fatigué avec lui quand l'âge se fait sentir. On croit au narrateur à ses côtés qui donne au livre un ton documentaire. Les idées sont pertinentes aussi et elles nous interpellent en même temps que le protagoniste. Tout est là pour nous donner un ton d'authenticité qui est la marque d'un grand écrivain. J'en sors cependant avec une déception, celle de n'avoir pas été enthousiasmée par toutes ces bonnes choses. Je crois que la faute en est au pessimisme sous-jacent qui a plombé ma lecture jusqu'à la dernière page; quelque chose de l'ordre du destin auquel non seulement Johansson mais l'humanité toute entière ne pourrait échapper…
Commenter  J’apprécie          150
Dans ce roman, qui est le premier que Mankell ait publié, on trouve déjà cet univers que l'auteur peint si bien, celui des petites gens, pauvres, laborieuses, qui essaient de vivre tant bien que mal avec le peu qu'elle possèdent, qui font preuve de beaucoup d'abnégation. On va dans les recoins cachés de l'âme humaine où tout n'est pas toujours beau, encore qu'ici, c'est moins le cas.
Oskar, jeune dynamiteur se retrouve lourdement handicapé après un accident de travail où il a perdu une main, et un oeil et a gagné des difficultés à se déplacer. Mais, faisant preuve de beaucoup de résilience, il parvient à surmonter tout cela et à mener une vie qu'il jugera plutôt réussie. '
Ce roman est aussi celui de l'histoire du socialisme en Suède, qui a suscité beaucoup d'espoir et a engendré autant de déception. Mais Oskar, lui, malgré sa situation difficile (dont il ne se plaint pas) y croit jusqu'à la fin de sa vie.
C'est donc encore un roman de Mankell que j'ai apprécié pour sa dimension humaine, sans concession, mais avec beaucoup de tolérance.
Commenter  J’apprécie          110
Ce roman est sorti en 1973 en Suède, et aux dires de l'auteur, c'est son premier ouvrage publié. Il vient d'être édité en français quatre ans après le décès de Henning Mankell
Alors qu'Henning Mankell est connu pour ses thrillers à la suédoise, il commence et termine sa carrière avec des oeuvres de littérature générale : le dynamiteur, puis les livres majeurs que sont Les chaussures italiennes et Les bottes suédoises. Henning Mankell n'est pas un écrivain futile. Il est obsédé par l'absurdité de la vie et sa peur de la mort.
Ses personnages sont des gens simples, la plupart du temps solitaires. Ils mènent une vie dérisoire en-dehors du temps, en-dehors des contingences sociales. Ils posent des actes ordinaires, on les suit dans leur morne existence transcendée par cette extrême solitude, ou au mieux par les réminiscences d'une liaison amoureuse brève souvent conclue par le décès de l'être aimé.
Le dynamiteur est de ceux-là. Victime d'une explosion accidentelle, sa vie en sera bouleversée. Il trouvera l'amour un certain temps. Il sera militant communiste tout en faisant preuve d'une naïveté confondante à l'égard du Parti. Amateur d'images d'Epinal sur ce sujet, il construira une conscience politique bien peu réaliste dont il s'écartera à la mort de sa femme, militante acharnée.
Le roman file de petits évènements en petits évènements. La vie du dynamiteur file paisiblement comme l'eau d'un fleuve assagi. Seul son accident fait de lui un personnage d'une importance relative. Il vit dans la simplicité et avec modestie, sans grands projets.
On retrouve le même type de héros dans les deux derniers romans de Henning Mankell. L'auteur semble désabusé et ses personnages principaux ne sont que la projection de sa propre personne avec ses propres angoisses, sa même peur de la mort et de l'isolement.
L'écriture est simple, mais chargée d'affects. Les phrases accrochent le lecteur et génèrent de l'émotion. Henning Mankell est un grand écrivain parti trop tôt. Il est pour moi un modèle d'intelligence et de sensibilité. Un regard sans indulgence mais tendre sur l'Humanité et ses travers. Un désespoir inconsolable face à notre propre finitude.

Michelangelo 31/12/2019

Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
Commenter  J’apprécie          60
Le premier roman de Mankell : impressionnant par son style épuré, la justesse des descriptions et des émotions, l'humanisme qui s'en dégage. C'est la vie de l'ouvrier dynamiteur Oskar Johannson entre son accident du travail en 1911 et sa mort en 1969. Et l'histoire de la Suède vue à travers cette vie d'ouvrier : la crise économique des années 1930, l'installation au pouvoir des social-démocrates grâce au vote d'ouvriers comme Oskar Johansson. Les choses se sont un peu améliorées pour les ouvriers, mais rien n'a changé fondamentalement. Les dirigeants socialistes ont trahi l'idéal d'Oskar Johansson, et celui-ci est passé du parti socialiste au parti communiste. Il n'a jamais perdu cet idéal socialiste et révolutionnaire, il a continué à croire en la force des ouvriers pour changer les choses, même si lui ne se considérait que comme un petit grain de poussière dans tout ça. A la fin de sa vie, il était évidemment conscient qu'il ne vivrait pas le grand changement, mais convaincu aussi que celui-ci ne pourrait qu'advenir un jour... Mankell donne vie avec beaucoup de tendresse et d'admiration à cet ouvrier simple, droit et digne. Sa femme est aussi une très belle personne, et leur histoire d'amour, au premier abord toute simple, est bien plus profonde qu'il n'y paraît. Bref, j'ai dévoré ce beau roman en quelques heures et je regrette déjà de l'avoir fini !
Commenter  J’apprécie          40
Ce roman est le récit d'une vie, l'assemblage de souvenirs, d'envies, de flashs vécus. En commençant par l'accident, l'auteur donne l'impression de placer le protagoniste, Oskar Johansson, comme un être marqué, blessé. Mais cet accident est l'événement de la vie d'Oskar le plus connu. C'est celui que les journaux et les contemporains ont connu et retranscrit. le reste de la vie d'Oskar est plus dispersé. Henning Mankell se lance alors vers la recherche de l'essence de la vie de son personnage. Via ce narrateur, étrange personnage, sorte d'esprit sans réelle assise, l'auteur recoupe des paroles, des faits, des sentiments d'Oskar. Ce narrateur semble un confident, un allié d'Oskar. Il prend parfois même les habits de l'auteur, en faisant oeuvre de fiction, reliant les morceaux de vie pour en constituer un puzzle, reflet d'une certaine réalité. En filigrane, il y a les valeurs de cet homme, celles défendues, celles outragées par le comportement de son gouvernement. D'une manière très discrète, Marnkell inscrit Oskar dans son temps, celui de la Révolution industrielle, des extrémismes, des rêves du peuple. Mais Oskar n'est pas noyée dans la Grande Histoire car ce qui intéresse Mankell, c'est de trouver la voix de son personnage. L'expression d'un être véritable qui observe le monde tourner, parfois doit l'oublier, souvent ne peut que regretter ce mouvement irraisonné. Ce livre est est le premier roman de Mankell et on perçoit déjà les sujets qu'il explorera dans la suite de son oeuvre. Ainsi, la description de la maladie, ici d'un proche d'Oskar, donne lieu à des scènes très émouvantes et une véritable prise de conscience du détachement d'un homme de son monde. Et c'est peut-être là que se trouve l'endroit littéraire d'Henning Mankell percevoir le lien entre un être et son monde, ce lien très fragile et sensible entre un corps et une société.
Lien : https://tourneurdepages.word..
Commenter  J’apprécie          30
Le Dynamiteur, Henning Mankell, traduit par Rémi Cassaigne, éditions du Seuil, Sept. 2018, 215p.
« le dynamiteur » est le premier roman d'Henning Mankell, plus connu pour ses romans policiers avec le commissaire Wallender. Henning Mankell a alors 25 ans, et il nous raconte la vie d'Oskar Johansson (1888-1969) qu'il rencontre lorsqu'Oskar est retraité, chaque été sur une île suédoise. Oskar Johansson est dynamiteur, et travaille au creusement de tunnels au début du XXième siècle. Il manipule la dynamite, et les conditions de travail étant ce qu'elles sont alors, un accident survient. Malgré ses blessures, Oskar survit. Au fil de cet ouvrage et des rencontres entre le narrateur et Oskar, nous découvrons la vie du dynamiteur : le travail, les amours, les rencontres, son engagement, la politique nationale et internationale, les guerres mondiales en cette 1ère moitié du XXième siècle. le narrateur nous fait partager l'évolution d'Oskar au cours de sa vie, ses réflexions sur sa place/ sa non-place dans la société suédoise, que ce soit celle que la société lui accorde ou celle qu'il s'octroie lui-même.
L'écriture de cet ouvrage est sans fioriture, elle est à mi-chemin entre celle d'un roman et celle d'un témoignage. J'ai apprécié cette écriture et j'ai senti en germe, le fin regard d'Henning Mankell sur la société suédoise, qu'il mettra ensuite en oeuvre dans ses romans policiers.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (263) Voir plus



Quiz Voir plus

Henning Mankell et Kurt Wallander

Deux hommes sont retrouvés morts sur un canot, exécutés d'une balle dans le cœur. Les corps sont identifiés : des criminels lettons d'origine russe liés à la mafia.

Meurtriers sans visage (1994)
Les Chiens de Riga (2003)
La Lionne blanche (2004)
L'Homme qui souriait (2005)
Le Guerrier solitaire (1999)
La Cinquième Femme (2000)
Les Morts de la Saint-Jean (2001)
La Muraille invisible (2002)
Avant le gel (2005)
L'Homme inquiet (2010)

10 questions
227 lecteurs ont répondu
Thème : Henning MankellCréer un quiz sur ce livre

{* *}