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Henning Mankell est un poète de l'âme.

C'est l'histoire d'un homme simple, Oskar Johansson, en paix avec lui-même, pensant d'abord, espérant ensuite, que le monde dans lequel il vit l'est aussi.

Oskar, né en Suède en 1888, est dynamiteur et le restera toute sa vie malgré l'accident qui l'amputera d'un oeil et d'une main. Aux côtés d'Elvira, sa femme, il traversera la première moitié du 20ème siècle. Ils ne se parlent pas beaucoup mais un lien invisible, indéfectible unit ces deux personnes jusqu'à la mort. L'amour peut-être ? Oui, un amour modeste, comme eux, sans vague ni conflit. Pourtant, des conflits, Oskar les connaîtra. A travers la radio, les conflits du monde... la première guerre mondiale, puis la seconde. Il se demandera souvent pourquoi les hommes sont devenus fous.

Issus d'un milieu social défavorisé, Oskar et sa femme se trouvent tout au bas de l'échelle sociale. Leur travail, bien que dur et pénible, ne leur apporte que le strict minimum pour ne pas mourir de faim. C'est alors qu'il prête une oreille aux discours socialistes, qui font miroiter une vie meilleure en Suède, en ce début de siècle. Mais les années passent, les discours sont les mêmes et rien ne change. Faut-il tant de temps pour que les choses bougent ? Alors Oskar se tourne vers le communisme, les meetings et les actions étant plus directes. Qui sait ? Oskar s'interroge, cherche des réponses et continue son petit bonhomme de chemin, sans plus attendre rien de personne.

Oskar et Elvira auront trois enfants qui ne manqueront ni d'amour ni du nécessaire pour réussir dans leur vie, comme on dit. Malgré le fait que, pour la nouvelle génération, le matériel ne fait pas défaut contrairement à leurs parents, Oskar s'interrogera toujours sur le contrepoids de cette amélioration. L'entr'aide entre les gens n'existe plus, le peu qu'ils avaient étaient encore partagé avec l'ami, le voisin. Désormais, les gens sont seuls et ont peur. Peur de perdre ce qu'ils ont acquis et le chacun pour soi pointe le bout de son nez.

C'est l'histoire d'un homme simple, Oskar Johansson, qui toute sa vie se sentira un homme sans importance, parfois un homme important, puis comprendra que tout est réglé pour qu'il reste sans importance.

"Mais je n'ai pas perdu espoir. Je crois que toi, tu seras là pour voir toute cette société partir en fumée comme d'un seul coup de dynamite. Et alors tu leur diras bien le bonjour de ma part."
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Henning Mankell , décédé le 5 octobre 2015 est un des maîtres incontestés du roman policier scandinave, mais il s'est également imposé en littérature.

Créateur du commissaire Wallander, on savait le romancier bourré de talent, avec ses derniers romans « Les chaussures italiennes » et « Les bottes suédoises » on avait dit qu'il il atteint le niveau de la très grande littérature mais on s'aperçoit qu'il l'avait en fait atteint dès ses débuts.

En effet, quand, en 1973, il publie "Le dynamiteur, "l'écrivain suédois n'a que 25 ans. Son premier roman est un Germinal à la suédoise" .Un roman resté inédit en français avant 2018 qui n'a pas pris une ride. Bien que située dans la première moitié du XXe siècle, son histoire est atemporelle ;on perçoit déjà les premisses des grandes thématiques qu'il approfondira qu'il explorera dans la suite de son oeuvre.

Un roman enthousiasmant. parfaitement traduit par Rémi Cassaigne
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans ce premier roman, édité en France 45 ans après sa parution (1973), Henning Mankell nous surprend.
Si son personnage est l'esquisse de ceux, Wallander et autres, qui suivront tout au long de sa prolifique production d'écrivain, discret, solitaire et si on y perçoit les prémices de l'oeuvre à suivre, il est bien différent.
Entrons dans la maison d'Oskar.
À la manière d'un inventaire, l'auteur va nous raconter sa vie, ses luttes, ses rencontres, des bouts de vie.
Imaginez.
1969. Oskar vient de mourir. Vous entrez dans sa maison.
Au mur une affiche. Dans les tiroirs, des souvenirs.
En 1911, Oskar à 23 ans, il creuse des tunnels. Pas à la pioche pour s'évader, non, à la dynamite, pour faire passer le train sous la montagne.
Un truc qui cloche, c'est l'accident.
Il se réveille à l'hôpital et constate les dégâts.
Pourtant, malgré ses morceaux de lui qui manquent, il retournera au travail et aura une vie presque normale.
Roman kaléidoscope dans lequel les narrateurs se succèdent, Oskar ou ceux qui le côtoient, mais aussi une mystérieuse voix off.
Mankell nous invite à fouiller la vie de son personnage, et quand on fouille, tout est mélangé, une vie en puzzle qu'on tente de reconstituer. On passe d'une année à l'autre dans le désordre, comme quand on retrouve une boîte de photos ou un paquet de lettres dans le grenier, on essaie d'identifier chacun, de les relier, de les replacer dans le contexte, de deviner leur rôle.
On retrouve même de vieilles publicités qu'on prend plaisir à feuilleter.
On prend garde à laisser la maison silencieuse par respect pour cet homme qui vient de la quitter et que nous avons découvert au fil des pages.
Un Henning Mankell inattendu qui demande une bonne concentration si on veut arriver à suivre...
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Quand il était chanteur et que je l'écoutais enchanté, j'avais une grande tendresse pour « Oscar » de Renaud Séchan, la vie de son grand-père prolo… Moins connu que « Mistral Gagnant » mais aussi émouvant et drôlement bien ficelé…
Le Dynamiteur se prénomme Oskar. Prolo aussi mais lui vient d'un pays où habite la neige. Mankell retrace le destin de cet ouvrier marqué par un terrible accident du travail indirectement imputable à un autre régional de l'étape, Alfred Nobel. Comme Ikea et son merveilleux sens du dialogue social, c'est fou comme les grands entrepreneurs suédois sont ambivalents !
Le livre débute très bien à la façon d'un Zola on Ice et son dénouement intimiste est magnifique… A ces instants, il est évident que le jeune Mankell possède déjà le savoir-faire d'un grand portraitiste. Hélas, entre ces deux moments de grâce, le parcours d'Oskar est plus âpre à suivre. La faute en partie au choix de cette narration indirecte qui reste absconce. Comme je n'ai pas l'intention immédiate de préparer un doctorat sur l'évolution politique et sociale dans les pays scandinaves au XX° siècle, les pages où s'accumulent des références nombreuses à des sommités de la gauche suédoise furent un supplice pour les paupières. Je ne sais pas si Per Edvin Sköld, Arthur Engberg ou Albin Hansson sont des stars outre-baltique comme le sont Jean Poperen, Jack Ralite ou Edwige Avice chez nous mais le moins que l'on puisse dire est que ces références amoindrissent cette prometteuse biographie d'un sans-grade.
A moins que vous ne rouliez en Saab, que vous possédiez l'intégrale d'Abba et que le surströmming représente pour vous le summun de la gastronomie, je ne vous conseillerais pas forcément cette lecture, même si elle reste intéressante à quelques égards (du Nord, bien sûr).
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D'après le titre, et connaissant Mankell, je m'attendais à un policier.
Or pas du tout.
Il s'agit du premier roman de l'auteur, écrit en 1973 et récemment réédité.
Et c'est une très belle histoire, touchante et humaine.
Le dynamiteur, c'est Oskar Johansson dont la vie a été marquée par un accident lors d'une explosion qui le laisse mutilé.
Cette vie est retracée sans ordre chronologique
C'est un roman social sur les difficultés de la classe ouvrière en Suède.
Que de pudeur, de sobriété et de sensibilité dans ce très beau portrait d'un homme ordinaire.
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Encore une très belle découverte grâce aux challenges Babelio !
J'ai beaucoup aimé "Le dynamiteur" premier roman de Henning Mankell. Il s'agit d'un roman social et non d'un polar comme je l'imaginais, et c'est tant mieux car j'adore ce genre.
On est immergé dans le monde ouvrier suédois ce qui est peu banal grâce à l'histoire d'Oskar Johansson dynamiteur de métier qui consiste à percer les voies de passage du nouveau chemin de fer au début du 20ème siècle. Son histoire est racontée par un mystérieux narrateur dont l'identité n'est pas révélée mais qui a travaillé avec Oskar après son accident et qui est devenu son ami sur le tard.
C'est à vingt-trois ans que le jeune homme a survécu de justesse à une explosion qui l'a laissé handicapé, borgne et amputé d'une main. Il poursuivra cependant sa vie de dynamiteur épousant Elvira, une femme avec qui il est en harmonie et avec qui il aura trois enfants. Ils partagent les mêmes idées et militent tous les deux au parti socialiste. Ils seront pourtant déçus quand le parti arrivera au pouvoir et Oskar s'écartera de la vie politique à la retraite. Veuf il préférera séjourner dans un ancien sauna militaire sur une île où son ami le narrateur le rejoindra régulièrement pour aller pêcher.
Mais si ce portrait d'ouvrier engagé est central, Henning Mankell raconte les luttes sociales et ceux qui rêvent de la révolution avec un style hors du commun et une construction originale du texte que j'aime beaucoup.


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Challenge Multi-défis 2022
Challenge XXème siècle 2022
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C'est bien fait; tellement bien fait qu'on arrive à se mettre dans la peau du dynamiteur Johansson, à vivre sa petite vie, à se contenter avec lui du peu qui lui est offert, à se sentir triste pour lui quand il perd son épouse aimée, à être résilient, fatigué avec lui quand l'âge se fait sentir. On croit au narrateur à ses côtés qui donne au livre un ton documentaire. Les idées sont pertinentes aussi et elles nous interpellent en même temps que le protagoniste. Tout est là pour nous donner un ton d'authenticité qui est la marque d'un grand écrivain. J'en sors cependant avec une déception, celle de n'avoir pas été enthousiasmée par toutes ces bonnes choses. Je crois que la faute en est au pessimisme sous-jacent qui a plombé ma lecture jusqu'à la dernière page; quelque chose de l'ordre du destin auquel non seulement Johansson mais l'humanité toute entière ne pourrait échapper…
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Bon , Henning, on va pas se mentir, c'est pas ton meilleur. En même temps, c'était ton premier, t'avais pas d'expérience, t'as persévéré et t'as bien fait! L'histoire serait pas mal mais le style: sujet verbe complément, pas de fioriture, pas de digression, les faits et rien que les faits, c'est un style mais c'est pas, fun, fun. Mais ça se lit quand même hein.
Oskar a 23 ans, il est dynamiteur et un jour de pas de chance, il va voir pourquoi la charge n'a pas explosé et là; le drame qui aurait pu lui couter la vie, tout saute... Il ne meurt pas mais reste mutilé à vie. Pourtant, il continue d'exercer son métier...
A lire si l'on est vraiment un amateur de l'auteur ou si l'on aime les rapports de police froids et sans affects, si l'on a quatre heures de car et rien à faire d'autre.
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Découvert grâce aux chroniques de Babelio, j'ai retrouvé dans ce premier roman de Henning Mankell l'atmosphère toujours un peu mélancolique des thrillers qu'il écrira plus tard et j'ai trouvé un grand écrivain de lecture générale. Cette plongée dans l'univers ouvrier de la première moitié du XXème siècle – l'action débute en 1911 – rappelle parfois Zola.
Mankell marche sur les pas d'Oskar, le dynamiteur qui a sauté avec sa charge et dont le faire-part de décès dans le journal ne sera jamais démenti par la suite. On voit à cette précision donnée sans insistance par le narrateur, quelle valeur la société attribue à la vie d'un simple ouvrier.
Mankell est un homme intègre et silencieux, ses personnages le sont aussi. Son livre est un hommage aux vies humbles et laborieuses. Par petites touches on découvre l'univers de l'ouvrier, sa vie après l'accident, ses joies et ses peines, ses valeurs, parfois portées par la société, parfois mises à mal.
Le Dynamiteur, une belle lecture.
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Le pauvre est avare de paroles.
Le lecteur a des chances de franchir ce qu'il pense être un écrit laborieux pour arriver, à travers des flashs lents, à une proximité avec Oskar Johansson qui, mis plus que nu, saura émouvoir et passer un message, en représentant tant de personnes qu'il est plus simple de catégoriser ou chiffrer. Henning MANKELL présente ici un premier roman qui n'a rien des imperfections sous-entendues pour un débutant. Une relecture confirme son caractère magistral et dévoile qu'il est comme un palimpseste des non-dits de ses romans ultérieurs.
A déconseiller pour une lecture pressée. A conseiller si vous acceptez de risquer une mise à mal de votre optimisme.
Mais si tous ceux qui ont été ébranlés ne s'étaient pas mis en branle certains empires continueraient d'empirer sans aucune crainte.

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