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Quand on se rend à Lübeck, on a l'impression que rien n'a changé depuis l'époque des Buddenbrook. La célèbre maison dont il est question dans le roman, acquise par le grand-père de Thomas Mann en 1841, dresse toujours fièrement sa façade baroque dans la Mengstrasse. Les églises et la cathédrale dominent toujours de leur flèche élancée les maisons à pignons serrées les unes contre les autres entre l'anneau formé par les canaux de la Trave. Les vieilles rues pavées descendent parfois en pente assez raide vers les berges où sont amarrés encore quelques vieux gréements. Pourtant, tout cela n'est en grande partie qu'un décor factice. Car la ville a été sévèrement bombardée en 1942 et en grande partie reconstruite. Chose troublante, on peut écouter dans une annexe de la maison des Buddebrook actuellement en travaux, un enregistrement de la voix de Thomas Mann racontant le bombardement de la ville et la destruction de la maison dans laquelle il passa une partie de sa jeunesse.
Ce roman, assez traditionnel dans sa structure et son style, raconte l'apogée et le déclin d'une riche famille de négociants de Lübeck. C'est un miroir assez fidèle de ce que fut la famille de Thomas Mann : une famille de négociants en grain, qui fournit à la ville plusieurs consuls et un sénateur, nouant des alliances avec d'autres familles par des mariages. L'action se déroule presque exclusivement dans le périmètre étroit de la vieille ville, avec quelques excursions dans la petite station balnéaire de Travemünde, à l'embouchure de la rivière sur la mer Baltique. Mais les rêves d'un autre destin, les inclinations pour un mauvais parti meurent comme les vagues sur la plage.
Le roman de Thomas Mann montre le primat de la société et de la famille sur l'individu. La figure pathétique de Tony en est l'illustration. Thomas Mann prête astucieusement son prénom dans la sage au frère aîné de la 3ème génération qui assumera l'héritage de ses aïeux et en exécutera les devoirs ; quant à lui, comme son frère Heinrich, il déclinera le rôle de l'héritier pour adopter celui de l'écrivain, pour notre plus grand bonheur.
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Cela faisait longtemps que j'y pensais, paresseusement, à cause du nom déjà, depuis « la montagne magique », mon escalade passionnante quand je suis parvenue au sommet et enfin surtout depuis notre découverte de la maison qui a inspiré Thomas Mann à Lubeck qui malheureusement était fermée lors de notre passage.

Grandeur et décadence d'une famille bourgeoise de commerçants au 19ème siècle à Lubeck, Allemagne du Nord par Thomas Mann. Une fresque passionnante et qui nous a fait frissonner, tant nous pressentons la chute dès les premières pages. « Fierté, espérances et craintes se taisaient » par crainte qu'une lézarde apparaisse….

Thomas, le fils ainé compare par ailleurs tous les signes du bonheur éclatant à ce moment à ceux de étoiles « dont nous ne savons pas si elle est déjà sur le point de s'éteindre, si elle n'est pas déjà éteinte, alors qu'elle rayonne avec le plus de splendeur ».

Nous sommes entrainés dans da destinée d'une famille qui enferme tous ses membres qui s'y dédient et sacrifient les rares aspirations qu'ils pourraient être tentés d'avoir.
L'histoire familiale, ce carcan « nous sommes les anneaux d'une chaîne », est d'ailleurs retracée dans un grand cahier à couverture dorée, où sont consignés religieusement toutes les dates importantes, mariage, naissances, poèmes…« un nouvel anneau à la chaîne des défaites et des humiliations ».

On touche cette déchéance, décrépitude annoncée avec les différents personnages, de ceux qui tentent de faire perdurer l'histoire familiale à ceux qui veulent y échapper. Mais en chacun il y a la conscience de ce poids vécu différemment, avec révolte ou sacrifice.


Chacun porte le poids de l'histoire familiale, il faut « garder les dehors ». L'auteur arrive à nous faire frémir avec la lutte sociale avec l'ennemi tutélaire, les Hagenstrom aux moindres rencontres dans la rue ou faits d'armes dans les salons et dans le négoce.

Mention spéciale à la place des femmes, retranscrites avec précision par Thomas Mann, il retrace au scalpel leur infantilisation de la femme, traitée comme une mineure et vendue selon les intérêts de la famille, Tony s »'y dédie entièrement et se sent vielle femme alors qu'elle n'a que 30 ans (coucou Balzac)
« nous sommes des femmes, nous ne pouvons pas tenir tête ». « Je suis une oie, une sotte »

Ce que signifiait le mot liberté, Tony l'effleurera un court moment mais vite se dédiera/sacrifiera à sa famille, comme toutes les femmes.
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Une fresque familiale et sociale formidable, dont la lecture ne peut non seulement être interrompue tant l'histoire est prenante, mais dont on regrette qu'elle ne dure pas encore quelques centaines de pages supplémentaires. Les milieux marchands de Lübeck sont décrits à la perfection mais loin d'être un roman à vocation historique ou étroitement sociologique, Les Buddenbrook évoquent le passage du temps, la perte irrémédiable de ce qui n'est plus, la maladie, la dégénérescence personnelle et familiale… La discrète ironie qui accompagne le portrait de certains personnages n'étouffe nullement l'émotion qui accompagne le lecteur une fois le volume refermé.
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Encore une fois je suis tombée sous le charme de la plume et des histoires de Thomas Mann.
Ce roman est complètement différent du Docteur Faustus et de la montagne magique. Ici par de réflexions philosophiques ou de longs monologues. Pour cela, je l'ai trouvé plus facile à lire. L'écriture, les sujets, l'atmosphère aussi me sont apparus différents.
Il s'agit d'une saga familiale se déroulant dans la deuxième moitié du 19e siècle. C'est un état des lieux, une description de la vie aristocratique à cette époque. Une critique ou une chronique de l'époque.
J'ai trouvé une ressemblance avec Emile Zola dans la description méticuleuse et précise de cette société. C'est une véritable fresque où est exposée la déchéance du niveau de vie, du pouvoir et de la richesse. Mais aussi en ce qui concerne la filiation, la généalogie et la dégénérescence, l'apparition de maladie (sujet cher à Zola qui est présent tout au long des Rougon Maquart tout comme la description de la société).
Une lecture fascinante et envoutante pour laquelle il est difficile d'en sortir.
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Ainsi débute ma découverte de la littérature allemande et quel meilleur auteur que Thomas Mann pour la découvrir. Ce roman est époustouflant ! Ce n'est guère étonnant qu'à lui seul il ait fait remporter le prix Nobel de littérature à Thomas Mann.

Dans ce roman, nous suivons sur trois (voir quatre) générations la famille Buddenbrook, une riche famille marchande respectée par les habitants de la ville dans laquelle se trouve leur demeure. Mais la génération que nous côtoyons le plus est la troisième génération. Elle est composée de Thomas (Tom), Christian et Antonie (Tony) Buddenbrook. Cette génération connaîtra le déclin de leur fortune.

Evidemment le thème de la décadence est très présent. A partir de ce sujet, les trois enfants Buddenbrook partagerons des vues opposées de cette décadence. Tom qui a repris les affaires familiales voit cela comme une fatalité. Il en va jusqu'à divaguer sur la mort (passage magnifique du roman). Tony de part son haute estime d'elle-même et du prestigieux nom de sa famille ne peut l'accepter. Pour elle un Buddenbrook ne peut pas chuter car ils sont le sel de la terre. Quant à Christian il prend cela avec nonchalance étant plus préoccupé par ses maladies fictives. de ces personnages, Thomas Mann tire une fine analyse psychologique de l'être humain face à la déchéance.

Dans ce roman un personnage m'aura particulièrement touché : Johann (Hanno) Buddenbrook. Fils de Thomas Buddenbrook, il est un parfait paria. Ne s'intéressant aucunement au commerce, il préfère les arts et notamment la musique. La musique est sa seule compagne dans ses moments de parfaite mélancolie. Esprit rêveur n'est-il pas celui ayant le mieux trouver un sens à sa vie ? Il me fait quelque peu penser à Louis II de Bavière.

Le thème de l'influence du christianisme sur les individus et la famille était intéressant. Ainsi que celui de l'importance de la famille, des liens familiaux.

Le style de Thomas Mann est sublime ! Cela me donne envie d'apprendre l'Allemand. D'ailleurs si un professeur d'Allemand passe par cette critique, par pitié faites lire plutôt Thomas Mann que Kafka.

En conclusion ce roman est magistral et je vous encourage à vous le procurer. Un livre "Deutschqualität" !
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Perché dans ma bibliothèque depuis pas mal de temps, « les Buddenbrook » attendaient que je me saisisse de leur histoire, écrite à l'aube du 20ème siècle par Thomas Mann qui en sera récompensé du Nobel de Littérature à la fin des années 20. Livre majeur, il met en scène cinquante années de la vie d'une famille de l'aristocratie marchande de Lübeck. le récit se présente comme une oeuvre symphonique où tout se mêle: le quotidien cossu de la maison familiale de la Mengstrasse, le luxe de ses tables, la lourdeur feutrée du salon des paysages qui voit défiler les 3 générations de consuls jusqu'au terme de leur puissance que la vente de la maison à la mort du dernier, viendra solder. En comparaison de la maison, décrite en majesté, la ville est évoquée par des allusions rapides: le fleuve , le port, les bateaux, la grand rue, les toits…La grande histoire résonne au loin, révolution de 48, guerres…Le paysage urbain prend forme dans une atmosphère aux couleurs du temps, à travers une écriture à la fois précise et attentive à brosser chaque chose dans un panorama d'ensemble, vibrant des impressions, des sentiments, des états d'âme 'de tous les personnages. C'est un théâtre où les rôles, principaux et secondaires sont distribués avec une attention égale à tous, les physionomies, les caractères, les tics de langage, les petites manies, tout y prend place avec humour, dans une écriture photographique où les situations et les personnalités prennent tout leur relief. La saga familiale est pourtant une inexorable descente aux enfers , pour Thomas Mann, le commerce ne rend pas heureux, la fragilité des hommes de la famille s'accentue avec le temps. le malaise de Thomas devant les incertitudes des affaires devient existentiel, son fils Hanno, tourne le dos au commerce et choisit la musique. Les femmes sont apparemment plus fortes, elles traversent le temps, étrangères aux logiques financières, plus centrées sur les apparences, on est encore loin de l'émancipation même si le personnage de Tony réussit à tirer son épingle du jeu…
La force du roman est bien dans l'écriture et son inépuisable talent à faire vivre les personnages dans leur individualité profonde, le cheminement de leur pensée. Certaines scènes mêlent avec une précision inouïe, situations et états d'âme, notamment à la fin du roman dans le chapitre consacrée à l'école où Hanno dans une souffrance infinie est confronté à la médiocrité infinie des maîtres.
Un livre virtuose.
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Allemagne du Nord, Lübeck, entre 1835 et 1877.
Les Buddenbrook relatent le déclin d'une famille de la grande bourgeoisie sur quatre générations. Ou comment une mécanique bien huilée se grippe peu à peu à cause de grains de sable répétés. Il y aurait tant et tant de choses à dire de cette oeuvre ample et puissante, au style parfait, parue en 1901 et couronnée du prix Nobel en 1929.

Le roman se déroule dans la cité hanséatique de Lübeck. Il s'ouvre au premier étage de l'hôtel particulier -le salon des paysages- du vieux Johann Buddenbrook, un riche négociant qui a fait fortune dans le commerce des céréales. L'acquisition étant récente, une soirée de "pendaison de crémaillère" y est organisée. Même si le roman met en scène de nombreux autres personnages, ce chapitre permet à Thomas Mann de présenter au lecteur les principaux représentants de la famille Buddenbrook : Johann Buddenbrook, premier du nom, marié à Antoinette, née Duchamps ; son fils Johann, dit "Jean", marié à Élisabeth, née Kroeger ; leurs quatre enfants, Thomas, Christian, Antonie, dite "Tony", Clara, sur lesquels la majeure partie du récit se concentre. Plus tard, à la quatrième génération, apparaîtra Johann, dit "Hanno", fils de Thomas et Gerda.

Il s'achève avec huit femmes au petit salon de la maison de la Fischergrube, chez Gerda, pleurant la mort de son fils, le plus jeune des Buddenbrook. Hormis Christian, en maison de santé à Hambourg, aucun homme ne porte plus le nom Buddenbrook : le déclin est alors achevé.

Entre les deux, sur quatre décennies, outre des décès, une succession de faits illustrant le déclin de la famille et mettant en lumière les codes de la bourgeoisie, le tout parfois raconté avec une pointe d'humour.

Les déboires conjugaux d'Antonie y occupent une place centrale. C'est en effet à contrecoeur qu'elle se marie avec M. Grundlich, pour faire plaisir à ses parents qui voient en lui un bon parti. Puis, la faillite du gendre entraîne son divorce, qu'un second suivra. le désaccord entre les deux frères, -Thomas le gestionnaire, Christian l'artiste- constitue l'autre fait majeur. Christian mène une vie au-dessus de ses moyens et abuse d'un nom sonnant bien, le sien.

En toile de fond, Thomas Mann illustre l'importance de la famille. En premier lieu, la réputation du nom Buddenbrook : Christian, le noceur saltimbanque, qui tourne en dérision la maison Buddenbrook, -sa maison- et jette le discrédit sur elle, en est mis à la porte, "parce qu'il compromettait la maison de commerce et la famille". Et Antonie fait de même "par sa seule présence de femme divorcée" ; elle souhaite donc se remarier pour "réparer son premier mariage", "car c'est un devoir vis-à-vis de notre nom" (Sixième partie - chapitre V - page 301). le prénom compte aussi beaucoup. C'est ainsi que trois des représentants des quatre générations s'appellent Johann. Côté femmes, Erika donne naissance en 1868 à une petite Élisabeth, qui porte le même prénom que sa grand-mère. Tout comme Antonie, sa mère, porte un dérivé du prénom de sa propre mère, Antoinette.

Ainsi, la filiation est importante. Les femmes mariées sont d'ailleurs toutes désignées par la précision de leur nom de jeune fille : Madame Johann Buddenbrook, née Antoinette Duchamps ; Mme Gotthold Buddenbrook, née Stüwing ; Mme Johann Buddenbrook, née Elisabeth Kroeger. Même s'il n'en porte pas le nom, le gendre de Tony, Hugo Weinschenk, mari d'Erika, fait également partie de la famille, qu'il salit par son séjour en prison.

La place de l'argent est tout aussi primordiale, avec l'immobilier comme premier signe extérieur de richesse : l'hôtel particulier de la Mengstrasse, où se tient le traditionnel repas de famille du jeudi soir, une fois par quinzaine. Maintes fois décrit, le "salon des paysages", au premier étage, n'a plus de secret pour le lecteur. En 1863, la maison que Thomas fait construire en bas de la Fischergrube est le symptôme de sa prospérité. La richesse ne se limite pas à l'immobilier : le nombre de domestiques, le montant de la dot, le mobilier, la décoration intérieure, la tenue vestimentaire sont autant de sujets de préoccupation, qui justifient des descriptions détaillées. A titre d'exemple, le chapitre V de la quatrième partie décrit avec mult détails l'intérieur et la tenue d'Antonie, au point qu'une lecture peu attentive risque d'indisposer le lecteur. Et pourtant, ces lignes préparent la chute. M. Grundlich lâche en effet le reproche fatal, par ces mots sans appel : "Et toi, tu me ruines..." La scène est digne de figurer dans une anthologie.

Le déclin d'une famille passe aussi, a fortiori sur quatre générations, par plusieurs décès. Les Buddenbrook nous offrent plusieurs images fortes. Outre le rappel que "les décès tournent, en général, l'esprit vers les choses du ciel" (Cinquième partie - chapitre V - page 248), on retiendra le récit de la mort de la deuxième Madame Buddenbrook, née Élisabeth Kroeger (Neuvième partie - chapitre I - page 491), d'un réalisme saisissant. Dans son agonie, elle appelle les siens qui l'ont précédée dans la mort, son mari Johann, sa fille Clara, et finit par expirer en prononçant les mots "Me voici", ceux que la Bible fait dire notamment à Abraham, Samuel et Isaïe.
Tout aussi grandiose est la dispute entre les frères et la soeur, au sujet de l'héritage et de la vente de l'immeuble, dans la pièce voisine de la chambre mortuaire de leur mère (Neuvième partie - chapitre II - pages 492-505).

L'humour n'est pas en reste. Quand Antonie, deux fois divorcée, s'affaire à marier sa fille Erika, Thomas Mann écrit en effet : "Alors commença le troisième mariage de Tony Buddenbrook" (Huitième partie - chapitre I - page 392). Quand Christian décrit le travail qu'il effectue sous la conduite de Thomas, c'en est risible de ridicule (Cinquième partie - chapitre III - page 241). La description de la fièvre typhoïde dont Hanno va mourir prête aussi à sourire (avant-dernier chapitre). Enfin, faut-il voir dans le personnage (Dixième partie - chapitre V) du lieutenant de Trotha, relation de Gerda, un clin d'oeil de Thomas Mann au héros homonyme de la marche de Radetzky, de Joseph Roth, qui relate une histoire similaire ?

Épais, écrit en petits caractères, l'ouvrage peut rebuter un lecteur peu motivé. A tort. Il découvrirait des chapitres courts, qui rendent la lecture fluide et aisée, même s'ils s'allongent dans le dernier tiers de l'ouvrage. Des phrases souvent longues, jamais pesantes : de belles phrases, dont on se dit qu'elles expriment à la perfection un sentiment ou une personnalité, et qu'on n'aurait pas fait mieux. Un roman comme on en lit peu dans une vie. Une montée en puissance, au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture de l'ouvrage, qui vous fait atteindre un sommet. N'est-ce pas, là, la marque des grands auteurs, ceux qui vous font gravir sans peine la montagne magique que sont les chefs d'oeuvre de la littérature ?
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LES BUDDENBROOK de THOMAS MANN
Lübeck, une grande famille de la Hanse, de riches négociants en grains, Johan le père, consul et Antoinette la mère. de cette union naîtra Johan( Jean) qui va épouser Élisabeth, ils auront 4 enfants, Antonie(Tony), Thomas(Tom) Christian et Clara. Ils vivent dans cette maison depuis 1682, on est au début du 19 ème siècle. La famille est toujours prospère bien que certains biens aient été morcelés. Tom va se retrouver plus rapidement que prévu à la tête des affaires suite au décès de son père assez jeune. Christian son frère est un être très sensible peu enclin au travail, jouisseur aimant le jeu et les femmes, Antonie va se marier puis divorcer plusieurs fois et toute les responsabilités retombent sur Tom. le monde des affaires change, les pratiques évoluent Tom se lance dans des spéculations, la famille est toujours riche mais les divorces coûtent cher et les frasques de Christian également. Tom travailleur acharné va se marier avec Gerda et ils auront un fils, Hanno, artiste né sans aucun intérêt pour le commerce et les affaires.
C'est une grande fresque familiale chez les nantis du 19 ème siècle en Allemagne, la vie d'une famille qui tel un énorme paquebot va lentement dériver faute de passion pour les affaires chez les descendants ( à l'exception de Tom)plus attirés par les arts et le laissez aller. Pas de faillite frauduleuse ou d'escroquerie retentissante, c'est la lente agonie d'une dynastie qui s'éteint faute de combattants. Thomas Mann connaît très bien ce milieu dont il est issu, c'est une lecture passionnante qui a largement contribué à son prix Nobel. Avec La Mort à Venise et La Montagne magique, Les Buddenbrook sont les oeuvres majeures de Thomas Mann. 800 pages qui s'avalent goulûment!
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Je referme Les Buddenbrook de Tomas Mann et je suis déjà triste d'abandonner cette famille de Lübeck. Ce chef d'oeuvre, véritable livre culte de la littérature allemande est une saga familiale, celle des Buddenbrook, une famille de riches marchands de la ville hanséatique de Lübeck au nord de l'Allemagne. le roman retrace l'effondrement progressif de cette famille. Après avoir fêté les 100 ans de cette maison et après des malheurs et de mauvais choix, la lignée et cette maison commerciale disparaitra.
Au-delà de l'histoire familiale, Thomas Mann entraîne le lecteur au coeur de la vie de la Bourgeoisie de cette ville avec ses codes, ses devoirs et ses tourments. Les femmes tiennent une place importante et peu enviable. le paraître et le qu'en dira-t-on, les dotes et les mariages arrangés dictent la vie des jeunes filles et des jeunes hommes.
C'était un véritable plaisir de découvrir cette famille attachante et de me transporter dans l'Allemagne du 19ème siècle sous la plume de Thomas Mann. Ses descriptions sont très belles.
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Tout comme la Montagne magique que j'ai découvert, il y a quelques mois, les Buddenbrook lu aujourd'hui, ces deux romans sont exceptionnels et leur longueur n'en sont pas effrayantes. Bien au contraire, on aimerait tant que cela n'en finisse pas.

C'est en allant, il y a quelques années à Lübeck, où j'ai visité la maison Buddenbrook, transformé en musée que j'ai eu envie de lire l'histoire de cette famille hors pair que constitue les Buddenbrook.

L'histoire se déroule sur quatre générations mais elle est surtout centrée sur la troisième avec quatre enfants. Les deux frères : Thomas et Cristian, deux soeurs dont l'éclatante Antonie.
Cette famille s'inscrit dans la bourgeoisie, de très riches négociants en grains exerçant dans la ville de Lübeck que Thomas Mann parvient à nous décrire de façon si parfaite, décrivant les moeurs, les codes sociaux de cet type de société bourgeoise.
Les premières, à qui cette bourgeoisie de commerçantsfait offense, ce sont les femmes.
Qu'ont-elles à faire de leur vie sinon à se marier et engendrer des descendants mâles poursuivant la lignée de leurs pères ?
D'où mon attachement sans doute à Antonie, surnommée Tony, jeune, ravissante, elle aspire à une vie pleine de douceurs, peut-être même visant l'aristocratie, malheureusement, son destin est dicté par l'intérêt bourgeois et mercantile de la famille.
Elle se voit " contrainte" d'épouser un commerçant cupide qui fera faillite, ne sauvant son honneur qu'en divorcant et retournant chez les siens. Une deuxième tentative de mariage avec un Munichois échouera lamentablement, c'en est fini d'être " une oie" et toutes ses illusions s'enfoncent dans la morne vie d'une ville qui la rejette.
Que dire des deux frères ? Thomas, l'aîné reprend le flambeau du commerce familial, gagne les honneurs de cette société en devenant consul puis sénateur.
Son frère Cristian lui est tout de suite le vilain petit canard, celui qui ne "fait qu'écouter ses états d'âme".
Thomas Mann reste un grand maître dans l'art de disséquer les coeurs et sonder le tréfonds des âmes. On est fasciné par cette écriture qui cisaille les coeurs de nos héros. Personne ne peut échapper à ce qui vous tiraille, vous pénetre. Même Thomas qui jette l'opprobre sur son frère cadet, est lui aussi atteint du même mal qui les rongent.Celui de ne pas être à sa place, vivre dans les faux-semblants, de ne pas se comprendre.
Thomas Mann nous conduit par le biais de ses personnages à une introspection qui donne à réfléchir sur des thèmes qui lui sont chers.
Une place particulière dans le roman est faite à la musique, par la femme de Thomas qu'elle transmet à son fils Hanno. Thomas Mann nous guide dans cet univers musical qui transforme les coeurs et peut porter au sublime.

Lire l'oeuvre de Thomas Mann, c'est une joie sans faille, une sensibilité exacerbée, un pur moment de bonheur.
Et, j'ai bien de la chance car d'autres titres m'attendent encore.
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