– En Islande, si tu n’aimes pas le temps qu’il fait, dit le proverbe, attends cinq minutes.
- Chaque Islandais écrit, dit-on. On a même créé un prix pour récompenser le seul Islandais qui n'écrit pas.
De petits icebergs translucides dérivent depuis le front bleuté du glacier à quelques kilomètres plus au nord jusqu’à la mer.Ils glissent sous un haut pont métallique et même les enfants, accroupis sur la grève de cailloux gris, admirent sans un mot ces vaisseaux de glace qui passent en silence.
Ils y voient des licornes et des elfes, des trolls, des dragons. Les adultes y voient leur temps qui passe et la futilité de toute beauté qui est de flétrir, de fondre et de disparaître.
Quoi, vous croyez vraiment que ce pays est un pays de certitudes ? Une île à cheval sur deux plaques tectoniques.Cent trente volcans dont au moins trente systèmes actifs.Certains sous le plus grand glacier d’Europe. Vingt cinq mille tremblements de terre par an . À quelle certitude voulez-vous vous raccrocher ?
Parce que c’est l’Islande. Une île où on découvre encore des cascades nouvelles, et où en même temps on massacre des monstres inoffensifs.Une allégorie de la vie où on enchaîne les bonheurs et les conneries.
Les tempêtes sont des vengeances
Quand ils quittent le silence minéral de Thingvellir,c'est pour Beckie avec un dernier regard ému sur le tumulte immobile de ce chaos tectonique.Pour Soulniz,c'est avec la rage de se sentir paranoïaque à force de se croire épié.
Tu es flic. Si tu as quelque chose à dire, tu prends la parole, et je te dispense du monsieur.
– Je voulais juste souligner qu’il ne faudrait peut-être pas parler de victime ou de proie ici. Dans la tradition du Nábrók, il faut un accord entre celui qui cède son nécropant et celui qui le prend.
– Comment tu peux savoir ça, toi ? s’étonne un des policiers.
– J’ai visité le musée de la Sorcellerie à Hólmavík l’été dernier. Ils ont un nécropant exposé dans un cadre avec toutes les explications.
– Que Dieu vous entende !
– Laissons Dieu en dehors de tout ça, si vous voulez bien.
– De la part de quelqu’un qui croit en l’existence d’un peuple invisible !
– Et alors, vous croyez bien en Dieu, n’est-ce pas ?
– Qu’est-ce que ça a à voir ?
– Vous l’avez déjà vu ?
– Bien sûr que non.
– Alors, où est la différence !
Après tout ce pays n’est-il il pas que colère et vengeance des éléments entre eux ? Et regardez la beauté que ça donne.
Il a vu les corbeaux et la lueur de l’incendie qui monte de la crique. Il a sauté de son pick-up arrêté n’importe comment devant la maison, moteur en marche et grands phares allumés, et court jusqu’au bord de la falaise constater la catastrophe. C’est à ce moment qu’elle prend sa décision. Elle ouvre la porte sans bruit, sort dans la nuit derrière lui, les mains crispées sur la gaffe, et avance en silence parmi les oiseaux de malheur qui croassent à voix basse. Mais elle oublie les phares. Quand elle passe dans la lumière, son ombre danse sur le dos de l’homme qui se retourne.