Citations sur Heimaey (64)
Te voilà dans un pays où les routes contournent certains rochers parce que les elfes du Peuple Caché y vivent peut-être et où on découvre encore de nouvelles cascades, et dans le même temps on y chasse la baleine avec des harpons explosifs dont la charge perce l’animal pour y enfoncer un tripode qui se déploie dans son corps et le ferre à mort. Comme quoi on peut aimer quelque chose d’odieux et de généreux à la fois.
Dans le halo de la lumière de cette journée magnifique, pendant que tout le monde pique-nique, nue devant la fenêtre de sa cuisine, elle prépare le café. Il se dit qu’elle a le corps des femmes heureuses, sans vraiment comprendre ce que cela veut dire.»
Ida est une femme à l’aise dans sa vie, et il est heureux d’en faire partie, d’une certaine façon
Ce goût des Islandais pour les refuges enterrés. Les maisons de tourbe. Les bains chauds dans les grottes. Le peuple invisible dans les rochers. Ce besoin d’appartenir au minéral quand les océans grondent tout autour. C’est aussi pour ça que Kornélius est bien chez Ida. Parce qu’elle est bien chez elle. Et bien dans son corps, dont il admire la nudité depuis le lit où ils viennent de faire l’amour.
La maison d’Ida a un étage, mais elle vit au rez-de-chaussée, dans un demi-sous-sol qui est là aménagé en studio. Ça lui suffit. Elle loue le reste.
Ces cloaques de boues puantes où des eaux épaisses et acides dissolvent pierres et roches en une soupe nauséabonde où viennent, du plus profond de la Terre, mourir de lourdes bulles de gaz. Ces vapeurs brûlantes, jaillissant de la moindre fissure pour dégorger contre le ciel ce que le magma pourrit dans le ventre de la Terre. Tout ça, c’est l’horreur de l’Enfer à n’en pas douter, et sa beauté mortelle à la fois.
Cette terre fumante, ocre et jaune, marbrée de coulées rouges, où dansent dans l’incendie du couchant des centaines de fumerolles blanches qu’un vent tire toutes en oblique dans le même sens, puis relâche soudain pour les laisser danser et virevolter, ivres et hystériques, comme des âmes damnées. Perdues. Abandonnées.
La vapeur fuse à plus de cent degrés et plusieurs centaines de kilomètres à l’heure. D’un simple trou dans le sol. Sans jamais reprendre son souffle. Depuis des siècles. Des millénaires peut-être. Et l’idée de cette force jaillie des entrailles de la Terre et que le temps ne parvient pas à épuiser réveille en Beckie l’image de sa propre colère. De son intarissable rage à elle aussi. Alors, tout le paysage autour d’elle prend un sens.
Te voilà dans un pays où les routes contournent certains rochers parce que les elfes du Peuple Caché y vivent peut-être et où on découvre encore de nouvelles cascades, et dans le même temps on y chasse la baleine avec des harpons explosifs dont la charge perce l’animal pour y enfoncer un tripode qui se déploie dans son corps et le ferre à mort. Comme quoi on peut aimer quelque chose d’odieux et de généreux à la fois. »
La mer est une maîtresse trompeuse qui prend les hommes et les bateaux par le ventre, même les plus solides, et les engloutit. Les autres marins du monde disent que le vent sème la tempête, mais les Islandais le savent: c’est du gouffre de la mer que surgit la tempête. De ses entrailles. Du fond vengeur que leurs chaluts raclent et pillent. Les tempêtes sont des vengeances. Des sursauts de bête qu’on assassine.