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J'ai retrouvé Ian Manook avec grand plaisir dans la suite de L'oiseau bleu d'Erzeroum : le chant d'Haïganouch, un hymne familial au peuple arménien ainsi qu'une mise en lumière des immenses souffrances qui lui ont été imposées au cours du XXe siècle.
L'ensemble de ce deuxième opus s'étale de 1947 à 1960.
Rue du Hêtre-Pourpre, à Meudon, Agop et Haïgaz ne sont pas d'accord. le premier est prêt à partir pour l'URSS car il croit aux promesses de Staline assurant que les Arméniens qui rentreront à Erevan seront bien reçus et pourront poursuivre leur vie au pays. le second tente de décourager son ami mais n'y parvient pas.
Malgré toutes les réticences de sa famille, Agop, personnage fougueux et déterminé, embarque, à 46 ans, sur le paquebot Rossia, un bateau prévu pour trois cent cinquante passagers et sur lequel on entasse trois mille cinq cents personnes qui vont donc vite déchanter malgré les assurances du Parti Communiste Français.
Reviennent alors les principaux protagonistes de L'oiseau bleu d'Erzeroum, plus d'autres, bien sûr, ce qui fait que j'ai un peu de mal à m'y retrouver. 1947 : pendant qu'Agop et tous les Arméniens de France voient leurs bagages pillés, rencontrent d'autres Arméniens venus d'Égypte ou du Liban, tous logés à la même enseigne, c'est en Sibérie que Ian Manook m'entraîne, à Koultouk.
C'est là que continue de sévir l'âme damnée du roman, le camarade Anikine, tortionnaire d'Haïganouch qui est aveugle et prouve sa virtuosité au piano. Pliouchkine, son mari, est exécuté par l'homme de Beria et Haïganouch se retrouve seule avec Assadour, son fils.
Les atrocités ne font que commencer ou plutôt se poursuivent avant de monter de plusieurs crans avec les déportations, le goulag, les sévices, le froid, le gel, les exécutions sommaires dont ne survivent que les plus forts ou les plus chanceux.
Ian Manook met bien en valeur toute la solidarité entre les Arméniens, même si subsiste un malentendu entre ceux qui vivaient déjà sur place et ceux qui se sont laissés berner pour rentrer au pays.
Si les souffrances, les vengeances, les viols, les crimes reviennent souvent, Ian Manook réussit tout de même à ménager quelques moments de douceur, d'amour, d'érotisme même dans quelque isba bien cachée au fond des bois.
Se révèle enfin le chant d'Haïganouch, ce poème mettant en avant le fameux oiseau bleu, texte mis en musique par Zazou. Il l'avait appris à Erevan et avoue qu'il a été écrit par Haïganouch Tertchounian : « ce texte raconte très exactement l'histoire d'Araxie, de sa petite soeur Haïganouch et d'Assina, qui aujourd'hui s'appelle Haïganouch aussi. »
Heureusement, Staline meurt le 5 mars 1953. Si le peuple défile trois jours durant devant son catafalque, mille cinq cents personnes sont étouffées ou piétinées au cours de cet hommage posthume. Cette disparition ne signifie pas la fin du calvaire de millions de prisonniers, de travailleurs forcés du goulag car d'autres contraintes seront vite imaginées pour s'acharner encore sur eux.
Si je ne cite que quelques éléments révélateurs de cette saga, il faut vraiment lire le chant d'Haïganouch pour s'imprégner de cette époque pas si lointaine et ne pas oublier ces montagnes de douleurs, ces millions de vies abrégées sans vergogne sur ordre de politiques bien au chaud dans leur datcha.
J'ajoute qu'il faut aussi apprendre le rôle plus qu'ambigu de Mitterrand, alors ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerre en 1947. Son marchandage avec le pouvoir soviétique pour récupérer les Français prisonniers des Allemands et laisser rentrer les nombreux Russes aussi prisonniers des Allemands, s'est fait au détriment des Arméniens. Résultat : « en 1949, Staline a fait déporter vers la Sibérie quarante mille Arméniens dont une très grande partie des rapatriés de 1947. »
Au travers de l'histoire romancée de sa famille, Ian Manook (Patrick Manoukian) m'a permis de prendre conscience d'un terrible drame trop vite passé sous silence et oublié, noyé dans les suites de la Seconde guerre mondiale. Pour toutes les victimes de cet odieux marchandage, L'oiseau bleu d'Erzeroum et le chant d'Haïganouch, sont une belle performance littéraire défiant l'oubli et rendant hommage à une communauté au formidable sens de la solidarité et de la fête comme le prouve l'auteur à plusieurs reprises.

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1947. Agop, réfugié arménien installé en banlieue parisienne, cède aux appels de Staline et d'une partie des organisations arméniennes : il quitte, provisoirement pense t'il, femme, enfants et amis pour rentrer en Arménie.
Hélas, l'accueil dans la nouvelle république soviétique n'est pas celui attendu et le jeune homme se retrouve prisonnier de l'URSS, avec deux idées en tête : retrouver Haïganouch, la jeune soeur d'Araxie l'épouse de son ami Haïgaz, et fuir ce pays qui n'est plus le sien.

Après "L'oiseau bleu d'Erzeroum" où il nous présentait, de façon assez crue mais terriblement réaliste, la terreur du génocide arménien et le début de la construction d'une diaspora en France, l'auteur poursuit sa saga familiale avec un épisode moins connu de l'histoire des arméniens : la tentation d'un retour au pays, dans une république socialiste soviétique d'Arménie. Il y a encore beaucoup de douleur et de larmes, peut-être un peu plus d'espoir et de sourires, mais moins de crédibilité...
Tel que raconté, cet épisode paraît en effet plus romanesque que la première partie. Agop, ses proches et ceux d'Araxie semblent avoir un peu trop de chance. Là où beaucoup d'autres meurent, eux passent trop facilement au travers des mailles du filet. Et que vient faire le jeune Boris Eltsine dans cette histoire ?
Reconnaissons cependant, une fois encore, le talent de Ian Manook pour créer des personnages. Ce sont eux, et leur présence presque physique, qui donnent du corps à une intrigue que l'on vit avec eux, à travers eux.
Cette saga est écrite, et se lit, comme un épisode d'une série policière : rythmée par des chapitres plutôt courts, par le croisement des histoires des deux personnages centraux, par quelques rebondissements inattendus. le roman est rédigé simplement, sans effet de style ou abus de mots savants susceptibles d'égarer le lecteur. Il se lit donc très facilement, sans laisser indifférent.
Une belle saga historique, au tome 2 peut-être un peu trop romancé ?


Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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Patrick Manoukian m'avait bouleversée avec L'oiseau bleu d'Erzeroum, et il a continué avec la suite de l'histoire de sa grand-mère et de toute sa famille dans le chant d'Haïganouch.

Il rend à L'Histoire, ce que celle-ci a voulu nous faire oublier, le destin des arméniens au siècle dernier.

Et ce qu'on fait les russes après la 2ème guerre mondiale est tout aussi effrayant, se trouver de la main d'oeuvre à bon marché, avec la complicité des autorités françaises. Régner par la terreur...Assassiner des millions de gens...

Rien que pour cela, on doit lire ces deux livres, mais surtout ? Il rend un hommage vibrant à la force de vie de ces survivants, qui tirent leur force de l'amour au sein leur famille, et de leur joie d'être tout simplement vivants.

Ce deuxième tome est plus universel aussi, puisqu'il nous fait réfléchir sur le statut des migrants, qui fuient leur pays pour juste rester en vie.

Mais au delà de tout ça, j'ai adoré partager le destin de cette famille incroyable, j'ai ri, j'ai pleuré, je me suis indignée, j'ai tremblé pour eux, parce que quand même ! Ian Manook, quel raconteur !


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2 ans que j'attendais la suite de « l'oiseau bleu d'Ezreroum »avec impatience et une certaine crainte!! Les suites sont rarement à la hauteur du 1er tome. le début était un peu poussif car il était nécessaire de rappeler qui était qui, ainsi que la situation en France dans l'immédiate après guerre. La séparation du monde en 2, les jeux et enjeux politiques, l'Arménie fait partie de l'union soviétique qui veut bien, dans sa grande générosité, accueillir au sein de son union les arméniens exilés partout en Europe.
Agop, le mari d'Haiganouch décide de tenter sa chance et de partir en éclaireur, tâter le terrain et faciliter le retour des autres si le futur paraît possible la bas.
Bien sûr, chacun découvrira ce que lui même vivra, la réalité derrière les promesses, la vraie vie dans une Arménie qui n'est pas la leur, les promesses non tenues ou pire, les trahisons et les délateurs! L'union soviétique à son pire moment.
Passionnant absolument, d'autant plus que nous nous approchons des années 60 et que certains personnages politiques bien connus de tous font leur apparition.
Le tout émaillé de détails précieux sur la vie des arméniens en France, leur culture, leur cuisine, leur exubérance bon enfant et leur façon de s'adapter.
Un vrai régal à la hauteur des attentes!
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Cet auteur est un écrivain que j'affectionne particulièrement. Après l'oiseau bleu d'Erzeroum, j'ai retrouvé avec passion l'histoire de sa famille. le courage, l'entraide et la générosité sont les valeurs de ses grands-parents. Ils ont à coeur de les transmettre à leurs enfants.
Ce roman est sombre et poétique. Il se lit avec effroi et délectation. Il informe sur les horreurs staliniennes et les bassesses de Mitterand tout en nous plongeant dans la gastronomie arménienne et la résilience lumineuse des populations soviétiques malmenées par les décisions de leurs leaders. Une lecture essentielle car elle apporte connaissances et bonheur.

L'histoire :
Comme des milliers d'Arméniens, Agop, répondant à l'appel de Staline, du Parti Communiste français et des principales organisations arméniennes de France, quittent sa famille et embarquent en 1947 à bord du Rossia dans le port de Marseille. Mais au bout du voyage, c'est l'enfer soviétique qu'il découvre et non la terre promise.

Sur les bords du lac Baïkal, Haïganouch, une poétesse aveugle, séparée de sa soeur lors du génocide de 1915, aujourd'hui traquée par la police politique, affronte elle aussi les tourments de l'Histoire.

Des camps de travail d'Erevan aux goulags d'Iakoutsk, leurs routes se croiseront plus d'une fois, au fil d'une odyssée où la peur rencontre l'espoir, le courage et l'entraide. Agop et Haïganouch par viendront-ils à vaincre, une fois de plus, les ennemis de la liberté, pour s'enfuir et retrouver ceux qu'ils aiment ?
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Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'union soviétique de Staline fait miroiter aux exilés Arméniens un retour aux sources sur leur terre natale pour bâtir une nouvelle Arménie. le Chant d'Haïganouch mêle judicieusement la petite et la grande histoire et nous dévoile un nouveau chapitre de l'histoire tragique de la nation arménienne. Dans le sillage d'Agop, de Paris à Erevan puis en Sibérie, l'auteur nous détaille les déportations massives, les camps de travail, la peur et les souffrances constantes. En insistant sur l'absurdité totale du système soviétique basé sur la coercition, la terreur et la délation, Ian Manook dépeint une effarante inhumanité appliquée à grand échelle et qui dépasse de beaucoup le seul sort dramatique réservé au peuple arménien. Il alterne les chapitres consacrés aux errances d'Agop avec ceux s'attachant aux joies mais aussi aux désillusions de sa famille et de ses proches restés en France. D'anciens protagonistes réapparaissent, le récit introduit aussi de nouveaux personnages, dont certains s'illustreront dans l'Histoire, et s'intéresse en parallèle au destin mouvementé d'Haïganouch et son fils. Ian Manook en profite également pour appuyer avec causticité sur la responsabilité de la France dans sa surprenante complaisance à l'égard des Turcs puis par la suite des Soviétiques, égratignant au passage certains hommes politiques de premier plan. Une page historique terriblement douloureuse et singulièrement négligée dans les livres d'Histoire. Les destins des uns et des autres se croisent, se mêlent, apportant une dimension passionnante au récit mais, il est dommage que l'auteur abuse outre mesure des heureux hasards et des coïncidences inespérées qui nuisent pour le moins à la plausibilité effective de l'ensemble. Quoi qu'il en soit, c'est bien écrit, la construction est parfaite, pleine de poésie en dépit des horreurs évoquées et on suit avec intérêt les aventures aussi bouleversantes qu'instructives et captivantes de ces personnages passionnés, attachants et remarquables.
Une nouvelle réussite pour cet écrivain créatif, atypique et profondément inspiré.
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Voici la suite de "L'oiseau bleu d'Herzeroum". Ian Manook poursuit ici l'histoire familiale.
Staline fait appel aux Arméniens pour bâtir, en Union Soviétique, leur nouveau pays : l'Arménie. En 1947, plusieurs milliers d'entre eux partent construire un avenir radieux.
Las ! Ce qui les attend n'est pas du tout ce qu'ils espéraient et les voilà prisonniers d'un régime dictatorial et, surtout, de Staline, un bourreau servi par d'autres bourreaux. La peur règne sur toute la population, prête à tout pour survivre.
Le calvaire des Arméniens est loin d'être terminé.
Encore une histoire dans L Histoire, bouleversante.
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Quel bonheur de retrouver tous les personnages attachants de l'oiseau bleu d'Erzeroum.
J'ai découvert tout un pan de l'histoire du 20ème siècle qui m'était totalement inconnu.
Un seul regret, ce livre mériterait d'être trois ou quatre fois plus épais,ou découpé en plusieurs tomes, pour éviter les sauts dans le temps, et quelques raccourcis.
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C'est avec plaisir que j'ai retrouvé les personnages de L'oiseau bleu d'Erzeroum, Agop, Haïgaz, Araxie, Haïganouch, comme on retrouve de vieux amis.
Contrairement au premier opus qui démarrait incroyablement fort pour s'essouffler ensuite, c'est ici un démarrage poussif, puis un tempo qui s'accélère en deuxième partie avec un sprint final des plus inattendu.
J'ai retrouvé dans ce récit les mêmes ingrédients de réussite et de déception que dans le premier tome.
La réussite, c'est Ian Mook qui nous en apprend encore davantage sur l'histoire des Arméniens, largement inconnue des Français il me semble (enfin de moi en tout cas). Dans les années 50, l'URSS fait miroiter des lendemains qui chantent aux exilés Arméniens en leur promettant un retour aux sources sur leur terre natale pour un nouveau départ. Agop si attaché à son Arménie, décide de quitter sa famille et la France. Il se laisse appâter par les belles promesses, et se rassure, ainsi que ses proches, en cas de désillusion, il sera vite de retour. Cependant, avant même d'avoir posé le pied sur le sol arménien, il a compris sa terrible erreur, il est piégé, sans retour possible, transformé en main d'oeuvre bon marché pour les grands chantiers russes qui manquent de bras au sortir de la guerre. Gare à ceux qui sortent du rang, les délateurs veillent, et au premier mot de travers, c'est le camp de travail qui les attend. Mais ce n'est là que le début des déconvenues, le pire est à venir, Agop va devenir un zek.
Les travers du récit, ce sont d'énormes invraisemblances avec des personnages qui n'arrêtent pas de se croiser. Ian Manook use et abuse des heureux hasards et coïncidences à en donner le tournis au lecteur, et cela m'a agacée encore plus que dans le premier tome tant les invraisemblances sont légion, ce qui a gâché mon plaisir de lecture et fait perdre en crédibilité au récit.
Cependant, une fois de plus, Ian Manook réussit son pari de nous faire découvrir un nouveau pan de l'histoire du peuple arménien en nous emmenant dans les pas d'Agop. D'Erevan à la Sibérie, il nous raconte la peur, les camps, et les destins des uns et des autres se mêlent entre la France, l'Arménie, la Sibérie.
L'auteur donne un brusque coup d'accélérateur à la fin du roman, les évènements se bousculent et certains dénouements tant attendus sont pour finir très vite expédiés, j'en ai été déçue après l'interminable démarrage du début. La fin appelle clairement un troisième tome, je ne suis pas certaine de suivre cette fois…
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Après avoir dévoré l'oiseau bleu… on est pas déçus par cette suite qui raconte essentiellement cet épisode assez méconnu (que je ne connaissais quasi pas pour ma part) des réfugiés arméniens qui se sont retrouvés « prisonniers » en URSS. On suit aussi la vie des personnages auxquels on s'était attachés dans le premier volet… et comme dirait Agop « celui qui est pas d'accord, je le tue »
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