C'est le premier roman de
Ian Manook (de son vrai nom
Patrick Manoukian) que je lis. Il fait suite au livre
L'oiseau bleu d'Erzeroum que je n'ai pas lu et vais bientôt lire. Je pense que l'on peut procéder ainsi, car les deux histoires sont indépendantes, et l'on comprend ce qui est déjà arrivé à une partie des personnages du premier roman.
C'est, encore, pourrait-on dire, un épisode de la vie terrible de ce petit peuple qui a tant souffert, et ça continue, avec le sort réservé récemment aux arméniens du Haut Karabach, chassés par l'armée de l'Azerbaïdjan, sans que ça émeuve beaucoup en Europe ou ailleurs. Il faut dire que l'Azerbaïdjan est gros producteur de gaz, de ce fait on ménage ce pays.
Alors que
L'oiseau bleu d'Erzeroum se passe durant le genocide arménien de 1915, toujours nié par la Turquie, ici, c'est une histoire dont je n'avais pas connaissance, et qui débute en 1947.
Cette année-là, avec, on l'apprend au fil du roman, l'attitude ambiguë et manipulatrice (qui se révélera dans d'autres situations, je pense par exemple à son amitié pour l'infâme « collabo » Bousquet) d'un certain François Mitterand, alors Ministre des Anciens Combattants, l'Union Soviétique de Staline offre aux Arméniens en exil la possibilité de retrouver leur patrie pour y reconstruire le pays. Mais ceux qui choisiront le retour se trouveront pris au piège de ce terrible régime totalitaire.
L'auteur choisit de nous conter cet épisode historique en poursuivant la saga familiale de
l'Oiseau bleu d'Erzeroum.
Dans ce roman-ci, c'est Agop, le mari d'Araxie (l'une des héroïnes du premier roman) qui choisit de partir vers son Arménie natale, rêvant d'y faire venir ensuite son épouse et le reste de sa famille.
Son beau-frère Haïgaz,qui a compris que ce retour au pays est un mirage dangereux, cherche à le dissuader, sans succès.
Arrivé dans son Arménie natale, Agop réalise très vite toute l'horreur et l'absurdité du régime totalitaire soviétique.
Dans le même temps, nous suivons la vie de la soeur aveugle d'Araxie, Haïganouch, artiste complète, poétesse, pianiste exceptionnelle, et chanteuse. En Union soviétique elle a épousé Pliotchkine, un homme opposé à la dictature. Ce dernier est retrouvé par son ennemi, le cruel Anakine, qui l'abat froidement. Alors commence pour Haiganouch une errance qui va l'amener au fin fond de la Sibérie.
Le lecteur va suivre les histoires parallèles d'Agop, d'Haïganouch, et de leurs familles restées en France.
C'est enlevé, au souffle romanesque, un peu trop romancé, parfois excessif, à mon goût. Mais c'est un des écueils du genre, que l'on pardonne. Et je ne suis pas près d'oublier tous les personnages attachants de ce récit où l'émotion, l'humanité, surnagent au-dessus de l'horreur.