Livre offert pour "2 achetés". Je découvre donc.
Mais je me demande si ce genre d'offres ne permet pas à l'éditeur, non pas de faire découvrir des nouveautés, mais plutôt de faire du rebut à meilleur compte.
Il parait que l'auteur est connu et use de plusieurs pseudonymes.
Je commencerai par ce qui a motivé les deux étoiles. le cadre géographique, politique et un peu social de l'oeuvre. Pourquoi pas ? Découvrir cette terre de Mongolie d'aujourd'hui, en proie entre traditions, croyances et développement effréné, exode rural (steppique), et toutes les abominations sociales et politiques (corruptions, habitats précaires, mendicités, prostitutions, etc...). Pourquoi pas ? sauf que cela s'applique à bon nombre de pays.
Les pages sur les traditions aussi bien religieuses, que culinaires ou comportementales sont assez sympathiques, sauf que au milieu des plus de 600 pages de roman, elles finissent par paraître plaquées de manière artificielles, et surtout elles sont répétitives.
J'ai ressenti cette même répétition quant à la description des paysages. Steppes, rivières, désert de Gobi, à finir par me demander si l'auteur lui-même n'était pas en panne d'imagination et surtout d'émotions.
Là nous étions sur les deux étoiles accordées. Facilement.
J'avais prévu découvrir un "polar" qui a obtenu un prix du polar.
Certes, j'ai lu une histoire avec un commissaire
Yeruldelgger, associé à Oyun, une jeune inspectrice plutôt sympathique, et un médecin légiste, bien sous tout rapport aussi.
Et un chef antipathique.
Bref, à l'est mongol, rien de nouveau dans la police.
Non seulement rien de nouveau, mais du éculé, carrément. Ce commissaire à la force herculéenne, a des problèmes personnels, qui se retrouvent liés aux affaires qu''il doit résoudre.. Mais, quelle surprise, j'en suis tombée de mon futon.
Tous les personnages, ou mieux, chaque personnage est le résultat d'un mixte de ce qui existe déjà , construits sur des clichés et des stéréotypes, soit à mourir de rire soit à rire d'ennui.
Bien sûr les intrigues sont multiples, croisées, soi-disant et leur résolution sont d'une banalité affligeante (les bras m'en sont tombés, alors que j'étais déjà tombée de mon futon).
Et enfin, le style, la tonalité de ce livre. Ecrit comme on parle, aucune poésie, aucune magie, aucune émotion, tant tout est convenu. Et la violence. Viols, sadismes, tout y passe. Sans voile. Ou, plus malsain, parfois l'auteur use d'une espèce de pudeur, pour asséner davantage de crudité et de cruauté. Très malsain. Un exemple, page 18 (en guise d'amuse-gueule, nous n'en sommes qu'au début) :
"Yeruldegger se tourna alors face à lui, front contre front, les yeux dans les yeux, et lui effaça son sourire idiot d'un seul regard furieux.
- Tu lui manques de respect encore une fois et je t'attache par la queue à son cheval au galop, tu as bien compris ?
- Oui, commissaire, s'excusa le policier, penaud.
- Et la tienne, pas celle du cheval !
- de quoi, commissaire ?
- de queue !
- Compris, commissaire."
Ce petit extrait dès la page 18 est un condensé représentatif de l'ensemble du livre.
Sexe, violence, vulgarité de la forme et du fond, gratuité du tout, dialogue insipide, répétitif (au cas où le lecteur aurait un QI de bulot inférieur à celui du policier qui lui a un QI d'huître).
Ce livre est un abus. Abus de confiance de l'auteur qui se persuade qu'il peut leurrer les lecteurs, en plaquant de l'exotisme, du sexe et du sang (incluant la corruption entre politiques et affairistes). Monsieur l'auteur, cette recette est éculée depuis un bon trois-quarts de siècle.