Personnellement, j'ai été un tantinet déçu par ce polar : on me l'avait tellement vanté. Ce n'est pas vraiment le côté engagé du roman qui m'a dérangé. Après tout, d'illustres prédécesseurs comme Hammett ou Manchette ont donné une teinte très politique au polar. Au demeurant,
Manotti montre bien comment un simple fait-divers participe d'un mécanisme plus large. le va-et-vient entre la petite affaire d'un commissariat de banlieue et la stratégie politique nationale est plutôt bien construit. Non, en fait, ce qui m'a gêné, ce sont certaines facilités aussi bien dans les sujets explorés (l'anti-sarkozysme primaire se lit parfois en filigrane) que dans certains personnages : l'ancien petit voyou devenu policier après la mort de son ami, la flic qui s'est engagée pour ne plus se laisser faire par les hommes, le raciste du quotidien, le chef de la BAC ripou, etc. C'en est parfois caricatural.
Mais, surtout, ce qui m'a déçu, c'est le style aseptisé de l'écriture. Un copain romancier m'avait vanté le truc en me disant que c'était distancié, sec, froid et tranchant. Mouais. Pour ma part, ce que j'aime dans un polar, c'est la voix narrative gouailleuse, qui bouleverse les hiérarchies romanesques. Là, j'ai juste eu l'impression d'une prof d'université qui écrivait un roman comme un devoir. Bien construit, mais trop sage.