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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avec le paradoxe d'Anderson, nous voici face à un roman social contemporain qui vient incarner dans des personnages attachants la réalité de la classe ouvrière dans des territoires qui se désindustrialisent. La plume de Pascal Manoukian est précise, humaine, riche en détails qui renforcent notre capacité d'identification. Les personnages sont dignes et aimables, on veut qu'ils s'en sortent, on y croit avec eux. J'ai beaucoup apprécié la première partie du roman, un peu moins la seconde qui comprenait quelques incohérences!
Un livre qui se dévore et qui marque au fer rouge! Vous n'entendrez plus les mots "délocalisation", "restructuration" et "plan social" de la même façon.
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L'énergie et l'imagination de Christophe pour détourner la mauvaise humeur, le moral au plus bas, distraire et enchanter ses enfants et sa femme, tout cela au quotidien et avec ses moyens est plus que louable.
Mais l'émotion, la colère, l'empathie même envers le protagoniste retombent lorsque, - héroïsme ou égoïsme? -, le père opte pour un choix discutable.
Il est vrai que l'artiste n'est pas là pour apporter des réponses mais pour poser des questions. Ici, il s'agit de la remise en cause du capitalisme.
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Fils d'un couple d'ouvriers, c'est avec beaucoup d'émotion que j'ai lu ce roman. Même si mes parents ont cessé le travail avant que la mondialisation et la désindustrialisation atteignent des proportions complètement folles et qu'ils n'ont jamais connu le chômage, j'ai retrouvé de nombreux éléments de mon enfance dans ce livre. La peur du lendemain, les fins de mois parfois difficiles, l'espoir suscité par les enfants et la peur qui s'en mêle, les diatribes à l'encontre du patronat.
Je n'avais qu'une crainte avant d'entamer ma lecture, à savoir une accumulation de clichés sur le monde ouvrier. Eh bien que nenni! Pascal Manoukian maîtrise très bien son sujet et ne bascule pas dans le misérabilisme. Christophe et Aline ne sont pas des gens tristes et insignifiants. Ils ont une vie sociale et amoureuse et, si ce ne sont pas des intellectuels, ce sont loin d'être des imbéciles.
J'ai beaucoup apprécié ce roman qui montre de façon éloquente comment la classe ouvrière est sacrifiée sur l'autel des profits. Rédigé dans une langue simple et accessible, le paradoxe d'Anderson est une lecture qui ne laisse pas indifférent.
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La prose de Pascal Manoukian est de qualité, elle est fluide et propose même quelques belles envolées.
Elle sert un récit au point de vue tranché totalement assumé et soutenu tout le long avec un certain brio.
Le parti pris et le manichéenisme sont à la fois les qualités et les défauts de cette histoire bien menée, à la conclusion cependant un peu décevante.

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Mon troisième Manoukian, je l'ai connu en meilleure forme.
Le magistral Les échoués, l'original le cercle des hommes sont, pour moi, largement plus intéressants que le paradoxe d'Anderson. Trop manichéen. D'autres auteurs ont livré des romans plus aboutis sur le sujet, Les vivants et les morts de Gérard Mordillat par exemple. Cette histoire se laisse lire, surtout si on possède un sens social développé et que l'on s'intéresse à l'avenir de notre économie. Ceci dit, si les principaux protagonistes, Aline et Christophe, s'imaginent faire partie de la classe moyenne parce qu'ils ont un salaire légèrement supérieur au smic, qu'ils s'imaginent avoir les moyens de prendre des vacances à l'étranger, de posséder deux voitures, d'acheter un écran plat, parce que les crédits suivent tant que tout va bien, j'ai l'impression que les pleurs et les plaintes ne finiront jamais.
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Pascal Manoukian, ex-reporter, sort sa loupe et son crayon, et nous décrit ce qui se passe derrière les "plans sociaux" (puisqu'on ne dit plus "licenciements") annoncés par la presse.
Sur 10 mois et autant de chapitres, il raconte le déclassement d'une gentille famille de la classe moyenne. Les parents occupent des postes de contremaitres à l'usine, leur fille va passer le bac, leur fils se prend pour Tarzan, et tous mènent une vie modeste mais heureuse dans une jolie maison d'un tranquille village de l'Oise. Rien d'extraordinaire, mais c'est déjà trop prétentieux et ringard pour une start-up nation comme la nôtre : les usines qui emploient les parents ferment l'une après l'autre, et à charge pour eux de rebondir, à 40 ans passés, sans diplômes et avec tous leurs crédits en cours, dans une région désindustrialisée ; bah, comme dirait l'autre, il suffit de "traverser la rue" pour retrouver du travail.
De façon un peu plus réaliste, Manoukian raconte comment on gère une situation aussi pourrie -ou plutôt, comment on ne peut pas la gérer, et comment on s'enfonce dans le mensonge pour épargner ses enfants, comment on sacrifie tout ce qu'on a aimé pour se chauffer et manger, comment on apprend à arnaquer des plus pauvres que soi pour gagner quelques euros, comment on jette ses rêves par-dessus bord pour rester à flot. Comment on se révolte, aussi. Mais surtout, Manoukian raconte la France de ce début du XXIe siècle, ravagée par le néolibéralisme et rongée par le RN, résignée sous le joug de l'obsolescence des compétences (sur les 25 dernières années, la durée de vie d'une compétence professionnelle est passée de 30 à 2 ans, et cette durée se réduit encore).
C'est donc un roman social qui fait mal à lire, qui frappe en plein plexus et qui pourtant raconte une histoire devenue tellement banale que je m'étonne de m'en émouvoir encore (au moins, cela me rassure sur mon humanité). Je pense que chacun peut s'y retrouver, ou y retrouver une personne de sa connaissance, et en cela ce livre apporte une espèce de réconfort en forme d'hommage à la classe ouvrière. Mais la teneur est désespérément sombre et lucide, on n'en sort pas indemne.
A lire, pour mieux comprendre ce qui arrive à notre pays. Prévoir ensuite une p'tite vodka pour s'en remettre.
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Le paradoxe d'Anderson est un paradoxe empirique selon lequel l'acquisition par un étudiant d'un diplôme supérieur à celui de son père ne lui assure pas, nécessairement, une position sociale plus élevée.
Manoukian crée ici un monde dont la noirceur est effrayante, mais cet univers imaginé par l'auteur est le notre et c'est bien là que l'affaire devient inquiétante.
Il nous est décrit une vue bien dégagée sur les usines vides, comme ça quand celui qui va pointer au chômage passe devant ce paysage décharné, il se jure que que la prochaine fois qu'il trouvera de l'embauche il fermera sa gueule !
Connaissez vous l'histoire de l'écureuil roux ? Il pèse à peine trois cents grammes et n'a pratiquement aucune réserve de graisse. Il doit constamment calculer combien il perd d'énergie à chercher de la nourriture et combien il en gagnera à la trouver. Il n'a aucune marge d'erreur. Tour ce qu'il mange il le dépense. C'est comme l'ouvrier, on le prive un jour et on le met en danger.
Et puis un jour sont venus les écureuils gris d'Asie. Plus dociles, résistants, durs au mal et mangeant un peu n'importe quoi... la suite se devine aisément ! Ils ont tellement proliféré que les roux maintenant ont du mal à se nourrir.
Alors Aline, Christophe, Léa et son petit frère qui a déjà tant de mal à respirer vont traverser cette mer agitée. Les marins le savent, il existe une vague à laquelle rien de résiste. On la nomme la scélérate.
Bonne chance, hissez haut !

On retrouve le style particulier de Pascal Manoukian. Les mots au service d'un thème. Un roman difficile. J'ai pensé que Thomas B. Reverdy avait abordé le sujet dans IL ETAIT UNE VILLE avec plus de sensibilisé.
A lire un jour de grand vent quand on se sent parfaitement en équilibre.
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A la fac, on vous apprend que le but de l'entreprise est la maximisation du profit. Christophe est ouvrier et n'a pas de telles pensées. Que sa fille obtienne son bac ES et aille à la fac est son objectif à lui. Quand sa fille lui parle du Paradoxe d'Anderson, le principe passe au-dessus de lui.

Quel imbécile cet Anderson : « malgré un niveau de diplôme supérieur à celui de leurs parents, les enfants ne parviennent pas à atteindre un statut social plus élevé que le leur. Par exemple, imagine que moi, après trois ans de fac ou cinq ans d'école de commerce, je finisse caissière chez Simply… »

Puis la mondialisation arrive, et aussi les cadres aux dents longues qui veulent faire leurs preuves : une délocalisation réussie est le passage obligé vers les hautes sphères.

Aline la maman perd son boulot, Christophe perd ses revenus suite à une grève, Léa est amoureuse du fils du riche voisin et Mathis a parfois la tête à côté de ses épaules. C'est fou comme la descente aux enfers est rapide, les montagnes russes, c'est de la gnognotte à côté ! Et on a son honneur : on n'en parle pas à ses enfants.

Le scénario est peut-être classique, mais l'histoire vous prend aux tripes tant elle est réaliste. Et partout plane l'esprit de Léon, dit Staline, le grand-père communiste qui les avait pourtant alertés : « Les usines ne poussent qu'une fois et n'engraissent que ceux qui les possèdent. »

Un livre à la Gérard Mordillat où tout est non seulement plausible mais véridique. Toute ressemblance à des faits réels est voulue et assumée.

Quelques phrases incisives :

« Quand on tutoie la misère, on peut bien tutoyer Dieu », pense Aline. »
« Dieu, Karl Marx, Mark Zuckerberg se moquent bien d'eux. Les pauvres n'ont pas plus de chances de s'en sortir qu'un taureau dans l'arène. »
« Vivre sans usines, c'est vivre sans poumons. C'est par là qu'un pays respire, les gars. Sans elles il s'essouffle, contraint d'être en permanence sous assistance. La désindustrialisation, c'est le cancer. »
« Les années ont épaissi sa silhouette. le chômage et les acides gras sont saturés. (…) Désormais, plus on se serre la ceinture et plus on grossit. »
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Amis un peu déprimés en ce dèbut de mois de novembre pluvieux et devant supporter l'heure d'hiver, passez votre chemin si vous voulez vous remonter le moral avec "La paradoxe d'Anderson".
Les parents ouvriers vont perdre leur emploi, la fille passe son bac et il faut lui cacher pour ne pas lui ôter ses rêves, le petit dernier est malade.
Le grand-père surnommé "Staline" les avait pourtant prévenu de ne pas se laisser endormir.
Ils avaient fait tout ce qu'il fallait, n'avaient pas compté leurs heures, avaient pu acquérir leur pavillon et les voila embarqués, emportés, dévastés dans un engrenage que rien n'arrête.
C'est un livre brillant, poignant, bouleversant qui empêche de respirer.
Certes ce n'est pas gai mais ce roman fait partie de ces livres émouvant, bien écrit qui nous rappelle à la réalité.
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En nous racontant l'histoire de Christophe, Aline et Léa, en décrivant leur vie, leurs espoirs et leur désenchantement, Pascal Manoukian fait une formidable démonstration de ce qu'est la société dans laquelle nous vivons. Fermeture des usines et délocalisations, inégalité des chances malgré l'école de la République, paupérisation de la classe ouvrière.
Et pour cela, il sait trouver les mots, les images et les comparaisons, les situations et les formules qui frappent et qui font mouche.
Tant et si bien que cela a été trop pour moi, trop appuyé, trop souligné.

Si j'ai apprécié le plaidoyer, j'ai fini par garder une certaine distance et perdre l'empathie tout d'abord ressentie pour les personnages.

Cela n'enlève en rien à la qualité de l'écriture et à la force du propos qui aurait gagné à être parfois un peu plus implicite.
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