Ceci est l'histoire
apocryphe de David de Nazareth, fils caché de son illustre père, conté par la plume inspirée de René de Mont-de-Marsan.
Certains se demanderont que vient faire
René Manzor dans cette galère romaine, si loin des ambiances de ses livres précédents. Ils vont vite être pris dans l'ambiance.
Apocryphe est un roman de divertissement doublé d'un questionnement. Dans sa note de fin, l'auteur dit que « c'est la perquisition littéraire d'un baptisé qui cherche désespérément à retrouver l'odeur du Jourdain ».
L'histoire est qualifiée de thriller biblique. Elle a, en effet, toutes les caractéristiques d'un thriller, et se plonge même davantage dans l'Histoire que dans les croyances.
Voilà bien un roman exceptionnel, dans les deux sens du terme. Il sort de l'ordinaire et ses qualités sont éminentes. Il faut oser sortir ainsi de sa zone de confort, mais c'est ce qu'a fait
René Manzor pour chacun de ses quatre romans.
Apocryphe est clairement le plus singulier des quatre, une sorte de point culminant (avant le prochain) dans cette envie d'aller là où on ne l'attend pas, en suivant ses envies.
Ce récit est un jeu ambitieux, un divertissement méticuleusement prenant. Une intrigue soigneusement ludique, instructive et profonde. Il est courageux de s'embarquer dans un tel voyage vers le passé, de le déformer à travers son imagination, tout en construisant une fresque épique. Étonnante sensation que de voir se côtoyer des personnages réels et connus et d'autres totalement fictionnels.
Mais n'imaginez pas une seconde que l'écrivain se soit lâché dans quelques délires. le roman est le fruit d'un travail de recherches acharné, sans jamais chercher à se substituer à l'oeuvre d'un historien. Il est le pain et le vin d'un auteur qui y a mis ce qui le constitue au plus profond : son imagination, ses doutes, sa vision des gens, sa profonde empathie pour eux.
Je dois avouer que j'ai moi-même douté au début. Je me suis demandé où allait me mener cette lecture et le pourquoi de sa destinée. Au final, me voilà à nouveau converti au talent de Manzor, à sa capacité à donner vie aux mots, à son écriture à la fois précise et très cinématographique (déformation professionnelle liée à son autre casquette de cinéaste).
A coups de chapitres courts qui vont à l'essentiel tout en ne sacrifiant rien au réalisme, l'écrivain raconte une histoire extraordinaire, en nous plongeant plus de 2000 ans en arrière. Et on s'y croirait. Ses mots ont une âme, une force émotionnelle, une puissante d'évocation. Un retour vers le passé dessiné avec soin.
Et le rythme est là, qui ne faillit pas. Un vrai thriller, oui, avec sa chasse à l'homme et ses impressionnantes scènes d'action et de batailles. Paradoxe de lecture que d'avoir régulièrement le souffle coupé tout en développant des réflexions profondes sur le monde d'alors et les croyances depuis.
Apocryphe était un pari, par un apôtre du roman de divertissement. Il est relevé haut la main, la main tendue vers un passé méconnu et vers ses lecteurs.
Par le passé, j'avais déjà foi dans les écrits de René Manzor. Il a pourtant su me surprendre avec ce récit où il s'est plongé corps et âme. Loin de s'en laver les mains, il prouve qu'on peut compter sur ses talents de conteurs pour exposer le miracle de l'imagination par la grâce d'histoires fortes. Rabbi Manzor nourri à la sauce Spielberg.
Lien :
https://gruznamur.wordpress...