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sur 364 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
ULTRA-MODERNE SOLITUDE.

Ouvrage lu dans le cadre du Prix du Meilleur Roman Points 2018.

"Je" - on ne connaîtra jamais le nom ni le prénom du narrateur omniscient - est comptable. "Je" avoue d'ailleurs : «Je compte donc je suis», un monde que "Je" «peux contrôler». "Je" porte sans cesse une écharpe qui lui barre le bas du visage et le cou. "Je" aime les Beatles, il en connait le moindre titre, bien mieux que la plupart des fans. "Je" a la quarantaine finissante dans ce Paris aux couleurs bistres et légèrement blafardes des films d'auteur du début des années 80 bien que la trame se déroule en 1988 (les "kodakettes" et les lumières crues, bariolées et agressives de l'époque auraient pu être de mise mais le narrateur le précise, même s'il ne s'agit alors que de musique : «je ne suis pas fan des années 80». Le parti pris d'ambiance de l'auteur est, reconnaissons-le, judicieux). "Je" a une vie parfaitement bien réglée, essentiellement solitaire, pas bien éloignée d'une certaine forme atténuée de misanthropie (malgré ses dénégations), n'était que tout, de ce qui l'environne, le laisse dans une espèce d'état d'indifférence amusée et qu'il aime réellement sa solitude sans pour autant détester franchement ses semblables. "Je" a, malgré tout, trois amis - à sa manière -, qu'il retrouve chaque soir dans le même bistrot, à l'exception des dimanches qui est le jour de fermeture de l'établissement : Lisa (la serveuse), Sam et Thomas. "Je" est secrètement amoureux de Lisa, mais il ne lui viendrait jamais à l'esprit de lui en rien avouer. D'ailleurs, "Je" et ses trois comparses forment une manière de couple à quatre (c'est toujours le narrateur qui l'affirme). Un couple sans sexualité ni réel désir, sans tendresse démonstrative et sans plaisir autre que celui de se retrouver soir après soir pour taper la belote, parler de choses et d'autres, distantes, rarement intimes et sans affects apparent. Une amitié au rabais mais qui semble parfaitement convenir à notre homme à l'écharpe. Sam est le plus jeune, il parle peu et fume beaucoup. Thomas a dépassé la soixantaine, il écrit un roman dont personne ne saura rien de concret, depuis un stupide accident, il est convaincu d'avoir eu deux enfants qui n'ont pourtant jamais existé et il reçoit depuis peu de bizarres lettres de sa mère pourtant décédée depuis plusieurs années. Dans les premières pages de cet étonnant roman de Gilles Marchand, Une bouche sans personne, le lecteur se fait l'effet de nager en plein cette "ultra-moderne solitude" chantée en cette même année 88 par Alain Souchon...

Un soir cependant... Un geste maladroit, le mouvement pourtant mille fois répété du morceau de tissu protecteur que l'on abaisse d'un rien pour avaler la boisson qui ne s'est pas déroulé comme à l'accoutumée, un peu de café qui s'écoule de la tasse commandée à Lisa, l'obligation urgente de se nettoyer, d'éponger cette fameuse écharpe protectrice, et tout bascule de ce connu, de ce monde permanent de l'esquive - c'est encore "Je" qui emploi le terme - vers un autre, de plus en plus instable, de plus en plus inconnu, mystérieux, fantasque, impossible et insoupçonné. Si, ce soir-là, il s'en faut de peu que ce que "Je" cache ne soit vu de tous, cela va toutefois lui permettre d'entamer une confession de type quasi psychanalytique avec ses amis d'abord, puis devant un parterre de plus en plus nombreux et invraisemblable de curieux. On va suivre, dans un déroulé dénué de toute chronologie, l'histoire intime dans laquelle il est fortement question de son grand-père Pierre-Jean, de tournées de commerce originales, de moult cigarettes (une répétition interminable de "premières cigarettes") et de ce moment vers lequel tout semble devoir tendre, mais qui semble impossible à dire... Pour s'achever cependant dans son petit appartement, entouré de ses trois seuls amis à l'issue d'un simulacre d'ordalie onirique et surréaliste ou d'un rituel fantasmagoriquement initiatique qui emmène les quatre compagnons du rez-de-chaussé de l'immeuble où vit "Je", débordant de poubelles s'accumulant depuis le début du récit jusqu'à l'antre des souvenirs enfouis.

Débutant comme une critique acide de cette modernité en marche des années 80, de la solitude des êtres dans la foule des villes, de la grisaille quotidienne, des gens que l'on croise tous les jours sans réellement les voir, qui évitent votre regard à l'instar de la petite dame au chien sans cesse désobéissant, s'amusant d'une ironie douce de ce monde des répétitions rituelles et insensées - cette brave boulangère qui parle au futur immédiat et qui se fait météorologue de l'instant ; la fameuse machine à café ou les pots de départ au bureau -, des amitiés plus ou moins factices, qui manquent en tout cas de la plus évidente profondeur intime mais qui se perpétuent par la force de l'habitude et du plaisir sans investissement, du travail de bureau asservissant et sans enjeu ou intérêt autre que purement factices, etc, après avoir abordé toutes ces thématiques, avec finesse mais sans prendre vraiment le temps de l'approfondissement, le texte sombre rapidement dans une manière d'étrange rêve éveillé, se révélant au lecteur par l'évitement perpétuel de la morne réalité via un imaginaire décalé, chimérique, flirtant sans cesse entre songe et réalité, cela, dès lors qu'arrive l'épisode de l'écharpe (c'est à dire très, très tôt dans le roman).

Ainsi rédigé, admettons qu'il y avait place à un livre peut-être dérangeant ou encore d'une poésie originale et envoûtante, d'autant que Gilles Marchand se place très vite - à la manière d'un jeu de clés qu'il confie ou d'un jeu de piste auquel il nous convie, c'est selon, et qu'il concède élégamment à son lecteur. À moins que cela ne l'étouffe ? Ou qu'il ne lui fasse pas assez confiance ? - sous les auspices de L'arrache-cœur de Boris Vian, dont on retrouve un ersatz de l'imaginaire débridé, des images surréalistes mais un rien éculées, ainsi que sous ceux d'Italo Calvino - dont le narrateur ne cite aucun titre précis mais l'on songe inévitablement à sa trilogie (impossible d'y voir un hasard) intitulée habituellement "Les Ancêtres" (le grand-père ? les parents ?) et qui compte, pour mémoire, les trois titres suivant : le Baron perché, le Vicomte pourfendu et le chevalier inexistant. En détaillant, on pourrait assez aisément en retrouver des références, des résonances, des mises en abîmes précises dans l'ouvrage.
Bien entendu, le livre est sans cesse traversé, tant comme point de référence que comme prolongement, par le grand roman italien du triestin Italo Svevo, La Conscience de Zeno, lequel était l'ouvrage préféré, pour ne pas dire le seul bouquin possédé et lu par son grand-père, que le narrateur se décide à découvrir, enfin, en notre compagnie. Les points communs sont sans doute encore plus innombrables qu'avec les quatre titres précédemment mentionnés : la cigarette, la mort du père, la psychanalyse, l'amante (ici, seulement rêvée, en la personne de Lisa), cette étrange association entre un grand père et son petit fils (contrairement au roman de Svevo, elle n'est que superficiellement commerciale, mais ne reprochons pas à Gilles Marchand de ne pas faire un parfait copier-coller), il y a même ce préambule de Zéno dans lequel il tente de retrouver les souvenirs de son enfance, ce qui est rien moins que l'essentiel de l'objet de Une bouche sans Personne. N'oublions pas non plus le rappel incessant à ce film étonnant, monument de la SF américaine des années 50, dans lequel un homme étrangement, presqu'insupportablement, courtois, prévenant, bon est poursuivit par son double maléfique et meurtrier, tout cela se déroulant sur "La Planète interdite" en compagnie d'une bande de sauveteurs terriens (certes, rien de moins "vintage" que cette oeuvre mais les thématiques qui y sont développées sont particulièrement intéressantes et intelligemment menées, malgré ce parfum d'ambiance particulièrement désuet fait de soucoupes volantes, de costumes haute couture et de robots impraticables). Ne comptons pas les innombrables références à tel ou tel titre des Beatles qui émaillent le texte. Il y a, pour terminer, la référence au poème de Jean Tardieu, qui, si on la connait, ôte toute forme de surprise à la conclusion vers laquelle on se dirige inexorablement, quoi qu'en empruntant des chemins bien tortueux et artificiels sous sa défroque d'une poésie habile mais guère originale et finalement poussive avec son accumulation de maraboutdeficelle narratifs ou d'accroissements excentriques répétitifs.

Tout cela est très intelligent et très cultivé, sans l'ombre d'un doute. Pour autant, très vite - c'est à dire dès que l'on a pigé les procédés narratifs de l'auteur, surprenant la première fois, amusant la seconde, déjà lassant la troisième, mais qui ne cesseront de se répéter tout au long d'Une bouche sans personne, amenant juste ce qu'il faut d'un absurde de bazar pour que cela ne soit pas exactement une succession de duplicatas parfaits, ad libitum mais aussi, malheureusement, ad nauseam - très vite, donc, la lecture devient poussive, pénible, sans grande aventure poétique réellement novatrice - le style n'est pas sans intérêt, et surtout, il est d'une lecture facile, charmante, mais il souffre seulement d'avoir été vu et revu, de ne laisser place à aucune véritable aspérité, de ne pas choquer, se contenant de surprendre agréablement avant de rapidement se rejouer d'une page, l'autre -, on songe qu'on est passé pas loin d'une véritable entourloupe - fort bien construite, assurément et non sans intelligence - trop bien calculée, trop bien calibrée pour être foncièrement honnête. L'auteur aurait-il eut lui-même l'ombre d'un doute quant à son ouvrage qui fait dire à son narrateur, au début du chapitre 17 :

«Le moment approche. Celui où je dois affronter mes démons. J'ai eu beau tourner autour du pot, je sens désormais leur souffle sur ma cicatrice et j'ai atteint un point de non-retour.» (Nous en sommes alors page 205, l'ouvrage en fait 257, il faudra attendre encore une trentaine de pages pour que l'ultime dénouement se décide à bien vouloir montrer le bout de son nez... Vous avez dit "tourner autour du pot" ?)

On s'en rend encore mieux compte en observant l'utilisation de ces lettres adressée au personnage de Thomas censées amener leur part de fantasmagorie, de fantastique pour ainsi dire, mais dont on se demande franchement le rôle ou l'intérêt véritable, sinon que de donner un peu de volume à cet ensemble hautement décevant, surfait, surjoué, prétentieux, derrière son semblant de modestie industrieuse.
Quant à la simple possibilité pour un enfant de trois ans d'avoir des souvenirs aussi précis quarante ans plus tard (avec ce côté "point Godwin" pas des plus heureux), furent-ils singulièrement atroces, après les avoir entretenus dans leur gangue de cauchemars des années durant, ce qui est plus réaliste, permettons-nous de douter. Achevons sur des personnages sans grand relief - sympathiques, mais dont nous n'apprendrons finalement pas grand chose et dont la psychologie est des plus floue. D'ailleurs, on comprend assez rapidement qu'ils sont surtout des faire-valoir plus que des acteurs du récit. Au bout du bout, un volume relativement court, à défaut d'avoir été passionnant, enrichissant, éclairant, que seule cette entame réjouissante, pleine de dérision et d'ironie nostalgique parfaitement bien vue sur le quotidien de nos époques modernes récentes sauve de l'ennui définitif et de la sensation d'avoir perdu son temps...

Désolé d'être à contre courant d'un grand nombre d'avis mais on n'est pas près de nous reprendre à lire cet auteur-là...
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Je ne peux pas dire, les premières pages ne m'ont pas déplu. J'ai aimé l'atmosphère assez tristounette de ce début de roman qui met en scène un narrateur avouant dès la première ligne : « J'ai un poème et une cicatrice. »
Cet homme, un comptable solitaire, se rend chaque soir dans un café pour discuter avec les rares clients qui sont devenus, au fil du temps, des amis : Lisa, la serveuse, Sam et Thomas. Se dessine alors le portrait d'un homme meurtri qui n'attend plus grand-chose de la vie et cache une mystérieuse cicatrice et certainement un passé bien lourd.
Un jour, empêtré dans son écharpe, il renverse du café sur ses vêtements. Thomas se lance : « Pourquoi n'enlèves-tu pas cette foutue écharpe ? »
L'autre accuse le coup. Parler de son passé n'est pas son fort, parler tout court d'ailleurs n'est pas dans ses habitudes. Mais, le lendemain, il revient au café avec la photo de son grand-père, Pierre-Jean, et commence à raconter. Une délivrance commence pour lui…
Est-ce parce que je connaissais le poème dont est tiré le titre du roman et du coup, très vite, j'ai deviné la fin ? Non, je crois surtout que, si j'ai trouvé assez amusant le glissement progressif dans un univers étrange et absurde, au début en tout cas, hélas, je pense que trop, c'est trop. Cela m'a semblé souvent forcé et, il faut bien le dire, artificiel, comme relevant du procédé. On perd de vue l'intrigue principale pour prendre un chemin de traverse qui nous mène à une digression, puis à une autre sans que tout cela soit vraiment justifié, fondamental ou porteur de sens, comme si ces longs passages se voulant très farfelus ne servaient finalement qu'à retarder la révélation finale, sans apporter grand-chose à l'histoire.
Non, vraiment, j'ai eu du mal à traverser ce livre malgré des pages amusantes sur l'univers de l'entreprise notamment.
Un avis donc mitigé pour cette oeuvre qui aurait certainement gagné en force en s'allégeant de quelques pages et en limitant, je pense, cette tendance actuelle à placer dans un même lieu des gens ou des choses disparates ou « improbables » comme disent les quatrièmes de couverture pour faire « coup de folie », « original à tout prix ». Si l'auteur s'amuse à jongler avec les mots et les situations, le lecteur, lui, s'épuise, s'enlise et finit par se lasser. Enfin, quand je dis le lecteur, je parle pour moi car c'est un livre qui a trouvé son public et c'est bien là l'essentiel…

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Bof bof bof, encore une fois je vais à contre-courant des autres critiques. Un livre qui ne me laissera pas un grand souvenir. Je vous fais un résumé : Tous les soirs quelques habitués d'un café se retrouvent pour discuter, boire un verre…Parmi eux un homme qui cache une cicatrice au niveau du visage par une écharpe, peu à peu il se dévoilera et racontera son accident…Je suis trop terre à terre, un des habitués vient chaque jour avec une lettre arrivée le jour même de sa mère décédée depuis de nombreuses années…La concierge est elle aussi décédée, personne ne vide les poubelles et peu à peu il faut construire un tunnel pour rejoindre son appartement…Pour moi un livre m'aide à rêver, m'instruire, m'évader, à prendre la place du héros, à faire des rencontres, connaître d'autres cultures, ici rien de tout cela mais attention ceci est mon avis personnel, l'écriture est simple, limpide, agréable…Et puis la majorité des lecteurs ont adoré alors….
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Ce roman est « perché », atypique et très original ! Trop fantasque pour que je l'apprécie. Malgré les passages réalistes lorsqu'il parle de son grand-père, de sa propre vie et de sa différence due à sa cicatrice, je n'ai pas réussi à aimer ce livre.
Tout simplement, parce que ce n'est pas le genre de lecture que j'aime, qui me fait « kiffer » ou qui me touche. Cela dit, je peux tout à fait comprendre qu'on adhère, c'est juste une question de gout ! Cela ne m'a pas bouleversée, ni émue même si la fin est dramatique car on apprend ENFIN ce qu'il s'est passé pour ce comptable à l'écharpe, cela ne rattrape en rien mon ennui et ma perplexité en fermant ce roman.
Je ne suis pas étonnée de mon manque d'enthousiasme à cette histoire et à l'écriture presque poétique, car je suis très très terre à terre comme on dit ! Je ne lis jamais de romans dans les catégories fantastiques ni science-fiction…J'ai besoin de réalité, de concrets pour comprendre les choses !
Bref, une lecture qui m'a énormément déçue car je me faisais un plaisir de le découvrir ! J'avais même trouvé d'occasion ce roman grand format y a quelques mois que je gardais précieusement. Tant pis, ma prochaine lecture sera surement plus adaptée à ma personnalité.
J'ai recopié quelques passages du livre, qui vous donne un aperçu du style et le ton du roman. Toutefois, certains textes sont drôles ou beaux mais le fait que tout le long de l'ouvrage il y en a sans cesse, avec des situations de plus en plus loufoques, que cela a m'ont rapidement ennuyée ou agacée.
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« Je rentre chez moi une feuille de salade collée sous la chaussure. Je repasse la porte, me frotte le pied sur la première marche. Celle qui monte vers l'étage supérieur et que je ne risque pas de recroiser en sortant. J'aurais pu la garder chez moi mais elle aurait été mal assortie au tapis de l'entrée. Et si elle peut faire plaisir à un voisin, on ne va pas se gêne, c'est peut être ça la générosité moderne. »

« La mouche se décolle du mur, sans le moindre atermoiement semble-t-il, fait quelques boucles dans les airs avant de se poser quelques centimètres plus loin. Je me tourne légèrement et lui demande pourquoi. Pas de réponse. de ce point de vue-là, l'animal est sans surprise. A quoi bon s'être extirpée de sa place initiale, avoir effectué des centaines de battements d'ailes pour se poser à moins d'un mètre de sa position de départ et reprendre exactement la même activité : se frotter les pattes antérieures. J'aimerais connaître l'idée qu'elle a derrière la tête, savoir ce qu'elle mijote, si elle attend que mon attention se relâche pour se livrer à quelques occupation extraordinaire, danser le cha-cha-cha ou faire un série de cinquante pompes sur une seule patte. »

« Aujourd'hui c'est le drame. Personne ne comprend pourquoi le distributeur d'eau ne fonctionne plus. On cherche des coupables, on ne laissera pas faire."

« La boulangère m'accueille avec un sourire complice voire triomphant : Comme d'habitude monsieur ? Oui. Comment a-t-elle fait pour deviner que je voulais une baguette ? Cela restera un mystère.»

« Lorsqu'il m'a aperçu, il a essayé de sourire mais je voyais bien que c'était un drôle de sourire rien qu'avec la bouche et que ses yeux étaient tout rouges. J'ai pris mon courage à deux mains et lui ai demandé s'il pleurait. Il a eu l'air étonné avant de m'expliquer que non, d'ailleurs, il n'avait aucune raison de pleurer. C'était juste que son visage n'était pas étanche. Il n'y pouvait rien et que ce n'était pas grave. C'est le genre de chose qui arrive de temps en temps, avec toute cette eau qu'on a dans le corps. »

« le réverbère en bas de chez moi ne fonctionne plus. Suicide, à n'en pas douter. »

Lien : http://leslecturesdeclaudia...
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Ce roman met en scène un comptable qui a une petite vie pépère entouré de ses amis avec qui il aime partager un verre chez Lisa, la propriétaire du bar. Mais cet homme a une particularité : une partie de son visage est cachée par une écharpe. Ses amis s'en accommode jusqu'au jour où l'homme leur raconte l'événement qui a fait qu'il ne peut se déplacer sans son écharpe. Maintenant je n'en dirais pas plus pour ne pas révéler le pourquoi de l'histoire. C'est un livre qui se laisse lire facilement et qui retrace une partie de l'Histoire assez effroyable.
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Nous rencontrons le personnage de ce roman au moment où il s'apprête à se dévoiler, au sens propre comme au figuré, à ses amis, Sam, Thomas et Lisa, qu'il ne connaît que pour les retrouver le soir dans le bar de Lisa. Emmitouflé dans ses écharpes, il se cache autant qu'il tait son histoire et son passé. Invité par ses amis à se livrer, il se laissera convaincre et s'aventurera, petit à petit à raconter son histoire. Celle de son grand-père d'abord qui partage, on le sent bien, une grand part de cette souffrance enfouie. L'histoire de ce grand-père qui aura la force de construire un monde de fantaisie pour aider son petit-fils à affronter la difficulté de la vie et sa différence.

Plus le narrateur s'engage sur la voie de son passé, plus il construit autour de lui un monde extravagant qui a de grandes similitudes avec celui de Boris Vian. Les poissons nagent dans les éviers, le tas d'ordures dans le hall de l'immeuble ne fait que croître, à tel point qu'il devient nécessaire d'y construire un tunnel, un trapéziste s'élance de sa fenêtre jusqu'à s'écraser contre la paroi de l'immeuble, les précieuses écharpes du narrateur finissent par s'échapper des cages où elles sont enfermées...

Plus le récit progresse, plus l'auditoire s'élargit au café de Lisa. C'est cependant dans l'intimité de son appartement que le narrateur partagera avec ses amis ce que fut le drame de sa vie, qui est aussi l'un des drames de l'Histoire, de l'humanité. C'est là que l'on découvrira ce que cache sa cicatrice et quel est ce poème à travers lequel il se reconnaît.

Le dénouement permet au lecteur de comprendre beaucoup des choses qui sont écrites dans ce livre. Pour ma part, il m'a également rendue plus indulgente sur le reste du roman. Si je ne suis pas réfractaire à ces univers décalés (je garde un très bon souvenir de L'écume des jours), je me suis ici un peu ennuyée. le récit du narrateur traîne en longueur, on le comprend, il peine à se livrer, mais le contexte, malgré son originalité, manque également de vitalité. Quant à la construction, répétitive, elle lasse sur la durée : les ordures de l'immeuble, la dame au chien sur le trottoir, la vie du narrateur au bureau, son arrivée au café, sa petite intervention devant un auditoire toujours grand... Une construction répétitive pour une vie fade mais rassurante, voilà de quoi s'ennuyer.

Néanmoins, à la lecture de ce secret que le narrateur cherche à tenir bien cacher sous son écharpe, on comprend mieux ce besoin de se rassurer dans une routine bien rôdée, ce besoin d'embellir la vie de ces univers farfelus pour mieux survivre à son passé. Une compréhension et une indulgence a posteriori qui n'effacent pas ce sentiment de longueur à la lecture.

Lien : http://itzamna-librairie.blo..
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Je n'ai pas accroché, je trouve l'histoire longue et sans substance. C'est tiré en longueur pour un final qui finalement retombe un peu.
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