Artiste inclassable que personnellement je classe dans mes préférés,
Albert Marcoeur est un auteur compositeur interprète qui n'est pas suffisamment reconnu à mon goût. C'est un peu le
Georges Perec de la chanson française car il sait jongler avec les mots de notre quotidien. Celui qui a reçu le premier prix de clarinette jeune espoir au conservatoire de Dijon en 1957 est aussi barré que
Brigitte Fontaine. Je recommande.
Mais quand le musicien se frotte à la bureaucratie, ça fait des couacs. C'est ce qu'il raconte dans ce livre qui est l'occasion pour nous, simple lecteur, de rentrer dans les bureaux de la Sacem. Il faut dire que ses déboires l'ont inspiré.
Albert Marcoeur s'est inscrit à la Sacem en 1973 et à chaque visite, il a écrit ce qui s'était passé rassemblant tous les éléments dans une chemise spéciale appeler "Petites histoires d'importance différente". Mais un ami lui proposa de remplacer ce titre par "
Mais Monsieur Marcoeur, comment se fait-il que vous ne soyez pas venu nous voir plus tôt ?!". Phrase répétée par les employés des
lieux où il n'a pas réussi à se faire entendre (ce qui est le comble pour un musicien). A force d'embrouilles et loin des circuits commerciaux, il a préféré rompre et prendre son indépendance en 2002 parce que le grand manitou de la musique a parfois un fonctionnement kafkaïen.
Il a créé la Sdam (société des droits d'
Albert Marcoeur) pour gérer ses droits d'auteurs et d'ailleurs il ne craint pas le plagiat. Il a toute une théorie comme quoi on est tous influencé par les uns et par les autres et c'est tant mieux.
Il raconte tous cela avec des arguments ciselés accompagnés de très beaux photomontages signés Plonk & Replonk.
En plus c'est drôle, la pagination est en % comme sur une liseuse.
Au final j'ai bien envie de faire un peu de pub car ses disques se retrouvent presque exclusivement distribués sur son propre site : http://www.labelfreres.com/