AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782234079953
128 pages
Stock (29/04/2015)
3.72/5   16 notes
Résumé :
« Madame rêve, c’était quelqu’un. Fantasque, drôle, kleptomane, dépensière, égoïste, toxicomane, infidèle, belle et gracieuse. Elle passait partout et on lui passait tout. Madame rêve, c’était quelqu’un avant d’être une chanson. Je parle d’elle pour la première fois. »

À l’origine de la chanson la plus mythique d’Alain Bashung, il y a un homme. Et un amour impossible. Pierre Grillet raconte cette femme qui lui a inspiré des paroles qu’on connaît malgr... >Voir plus
Que lire après Madame rêveVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,72

sur 16 notes
5
2 avis
4
4 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
« Une chanson c'est un être vivant, une rencontre. »

Mes morts sont si vivants.

« On est loin des amours de loin. »

Il est des coïncidences troublantes. Hier je cherchais un « petit livre ». Hier un ami m'est revenu. Dans une goutte cristalline, il est apparu. Je ne l'attendais plus. Depuis dix ans. C'est long. Et puis il a repris vie. Dans de l'eau salée. N'est-ce pas l'origine de la vie ? Une eau qui vous rend vague, floue, torrentielle. « J'ai tout fait à retardement dans ma vie, même pleurer. » Tellement de mots qui surgissent quand on est embarquée dans un bouillon d'émotions. Celles qui vous surprennent au détour d'un mot, d'un nom. Et qui redonne vie, qui redonnent corps et âme, un instant, à l'ami. A l'amitié. A l'amour. Aux débordements. « Inexorable attachement. Plus mystérieux à mes yeux que l'amour. Dans ''attachement'', quelque part, invisibles à nos yeux, il y a les noeuds. » Au tsunami qui n'en finit pas de vous emporter. Avec lui, avec eux. On s'était dit au revoir. On s'était écrit 'à dans une semaine'. On s'est pas dit adieu. Dix ans et tu es là, de retour. Avec elle, avec lui, avec tous, avec trop. Moi j'avance. Et puis vous me dépassez. Me submergez. Alors hier je cherchais un « petit livre » et « Natasha fait un come-back sérieux par objet interposé. ». Ce matin je regarde le clip de Bashung avec une Fanny sensuelle, ardente et désirable. J'entends cette voix inimitable, un écho, profond et chaud ...et je rêve.

« Rêves d'archipels
De vagues perpétuelles
Sismiques et sensuelles »

Hier je cherchais un « petit livre » (comme l'écrit Pierre Grillet) pas parce qu'il était petit mais parce que c'était un retour de cadeau, lu et apprécié. Stupidement je pensais avoir une annotation, trouver un papillon vert ou jaune entre deux pages. J'aurais lu et relu ces deux pages, décortiqué toutes les lignes et choisi celle qui me plaisait. Mais ce « petit livre » contenait trop de noeuds, sans doute, pour qu'un papillon puisse s'y poser. J'ai trouvé une sensibilité qui l'entourait et c'est une sacrée chance d'avoir pu poser ces petits « bouts » dans ce train du souvenir.

« Comment font les gens qui ne peuvent rien faire de leur chagrin, qui ne peuvent rien faire de leur vie, aussi belle soit-elle, à part la vivre ? Je les plains, sincèrement. Il ne peuvent que crier quand ils souffrent ou quand ils aiment. ''Toi tu écris, tu t'en tires toujours !'' Quelqu'un m'a dit ça un jour. C'est vrai. »
Commenter  J’apprécie          419
Alain l'a chantée, Pierre l'a aimée… car « Madame rêve, c'est une femme avant d'être une chanson »

Pierre Grillet s'est un jour décidé à la raconter, cette chanson que chacun au moins une fois dans sa vie a écoutée. En raconter l'origine, quand elle n'était encore qu'une poignée de mots qui finalement s'élèveront à la postérité parmi les envolées si singulières de l'éternel Bashung.

« Madame rêve », pour qui en entend les mots justement, est une allégorie à peine subliminale de l'onanisme féminin (toujours bon à savoir, ou à placer dans une conversation mondaine le cas échéant). Pour son auteur en revanche c'est d'abord et avant tout Natasha, son Amour, sa muse atypique, instable et déroutante, qu'il passera des années à aimer, à suivre, à fuir, à retrouver. Leur liaison romanesque et tumultueuse constitue pour partie l'essence de ce petit livre, mêlée en parallèle à la genèse des paroles qu'elle a inspirées et aux petits secrets de leur ascension vers la notoriété.

Pierre Grillet est scénariste et parolier, et l'harmonie dont jaillissent ses phrases est cette fois mise en lumière dans un livre, ironique et tendre à la fois.

Texte intime, sensible et élégant, il se parcourt des yeux avec un régal évident, mais peut presque aussi s'entendre comme une chanson, enivrante et sensuelle.

Ҩ

Grand merci aux Editions Stock et à Babelio de m'avoir sélectionnée pour cette envoûtante lecture.



Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
Commenter  J’apprécie          455

N°991– Novembre 2015

MADAME RÊVE – Pierre Grillet- Stock.

Quand on écoute une chanson, ce qui frappe d'abord, ce qu'on retient en premier, c'est la mélodie, c'est grâce à elle qu'on la reconnaît même si on n'est pas musicien. La mémoire des paroles vient après mais il arrive souvent qu'on ne les retienne pas ou qu'on les attribue au chanteur même s'il n'en est que l'interprète. Ici, le texte est né, s'est enrichi, à gagner en maturité et en sensualité entre Pierre Grillet et Alain Bashung parce que, sans doute, chacun y a pris sa part personnelle. Pour l'auteur de ce livre, les paroles de la chanson comme du roman lui ont été inspirées par une femme, ce qui est plutôt banal au demeurant mais, ce qu'il l'est peut-être moins c'est que cet amour qui en est à l'origine a quelque chose d'impossible, il est fait d'étreintes et de fuites, de retrouvailles et de trahisons, de réconciliations, de passions avortées, d'indifférences et de jalousies...Natasha y accroche sa vie, son sourire, ses absences, « sa part ». Lui apporte son besoin irrépressible de la protéger, ses envies, ses fantasmes, ses lâchetés… Elle lui est indispensable, elle existe dans sa mémoire plus que dans son quotidien, entre la drogue et la liberté, sa vie de papier n'est faite que de ces mots qu'elle lui souffle sans le savoir. Être la muse d'un écrivain a quelque chose de frustrant et de merveilleux à la fois. Lui n'est ici que de passage sans vraiment l'intention de marquer son temps malgré les mots qu'il distribue pour le succès des autres parce que le parolier est souvent oublié ou méconnu. Il écrit non pour gagner de l'argent mais pour se libérer et fixer ses souvenirs mais reste son éternel amant, un homme de passage qu'on prend et qu'on oublie, qui part à l'aube, qu'on cache, qui ne laisse qu'une ombre, qu'un souvenir mais pas de traces dans le quotidien et peu de projets pour l'avenir…

On a beaucoup gloser sur le sens des paroles de cette chanson qui parle de l'onanisme féminin et de la jouissance. Ce thème a été longtemps tabou et ces mots écrits ont suscité de la gêne, entre vulgarité et puritanisme. C'est vrai qu'il est décevant d'avoir écrit quelque chose et de devoir le garder pour soi faute de pouvoir le faire partager parce que les autres ne le comprennent pas ou le refusent. C'est aussi bête que cela mais une chanson doit être chantée et le jour où on trouve l'interprète, une voix la fera exister. Quand elle sera chantée, diffusée, on pourra toujours l'aimer, la détester, s'identifier à elle et se demander si peut-être c'est de soi dont elle parle, cela ne coûte rien mais elle finira assurément dans l'oubli. Heureusement Bashung est là pour « Madame rêve » mais Natacha, elle, n'est qu'une ombre.

Le livre refermé que m'en reste-t-il ? Une impression bizarre, comme quelque chose qui ressemble à l'évocation d'un amour chaotique, épisodique mais bizarrement sincère et profond parce que non pollué par un quotidien matrimonial, une volonté de faire revivre un passé en pointillés. Pourquoi pas ? Nous savons tous que nos proches disparus, ceux que nous ne reverrons plus, ne sont vraiment morts que lorsqu'on ne pense plus à eux. Je sais aussi que la genèse des mots qu'on charge de porter le souvenir d'un être aimé s'inscrit dans l'univers douloureux qu'est un livre. L'accouchement en est difficile et le résultat bien souvent en-deçà de nos propres espérances, avec au bout, la déception de n'avoir pas su ou pas pu dire exactement ce qu'on porte en soi. On connaît, à ce moment-là, la vraie dimension de la solitude, de l'impuissance, de l'inutilité, on se raccroche à ce qu'on peut, on choisit de voir des signes dans le hasard, le destin ou dans un quelconque dieu si on croit à son message, on retient ses larmes ou on se laisse aller, cela dépend de chacun. On aurait souhaité échanger notre vie contre celle qui vient de disparaître mais ce troc n'est pas possible et cela génère une culpabilité ridicule, irrationnelle mais incontournable. On s'accroche au peu de choses qui restent et qui symbolisent et rappellent sa vie, des photos, des objets personnels, cela rassure parce qu'ils entretiennent la mémoire, comme les mots parce que le tri se fait de lui-même et qu'il n'en reste que le meilleur puisque c'est, inconsciemment, ce qu'on veut préserver.

C'est un texte sur la passion que j'ai pourtant lu sans passion, presque pressé de connaître l'épilogue sans pour autant être capable d'en interrompre définitivement la lecture avant la fin. Une impression bizarre donc.
Commenter  J’apprécie          70
«Madame rêve» est une chanson culte d'Alain Bashung que j'adore et j'ai donc été très intéressée par le thème de ce livre : l'origine de la chanson.
Pierre Grillet en est le parolier et il sait donc prendre la plume. Il raconte Natasha, la femme cachée derrière la chanson. Il évoque sa passion alors qu'on se demande pourquoi il a tant aimé cette femme au portrait peu attirant : folle, perverse narcissique, fuyante, toxicomane. Elle est pourtant restée au fond de sa mémoire et heureusement, l'amour ne s'explique pas toujours ! D'ailleurs il a une très belle phrase à ce sujet : « Aimer sans comprendre, sans comprendre forcément tout de suite, c'est la magie de l'amour et des chansons. »
Pierre Grillet donne très peu de repères de dates, on ne sait ni quand il l'a rencontrée ni où. Lorsqu'il la croisa la première fois, c'est avec la certitude de l'avoir déjà vue, peut-être sur une photo. le mystère de cette chanson née de la jouissance de Natasha aurait donc pu garder son charme si certains passages n'avaient pas cassé le mythe comme sa séance de peep-show de la rue Saint-Denis où la fille choisit cette chanson, ce qui permet à Pierre Grillet de bénéficier d'un deuxième tour. C'est assez affligeant.
Ceci-dit, j'ai beaucoup apprécié les coulisses et le souvenir d'Alain Bashung mais je n'ai pas compris pourquoi il est indiqué en première page qu'il s'agit d'un roman. Cela m'a mis le doute. Est-ce une fiction ? Ce texte ressemble pourtant à un récit.


Commenter  J’apprécie          20
124 pages lues d'une seule traite en un dimanche après-midi lourd comme halluciné et les images de Bashung lors de sa dernière apparition télé en boucle à l'esprit. Deux monuments conjoints ce livre témoignage et ce titre entêtant aux images si fortes et sous-entendus d'une rare poésie.

En fil rouge à ce livre si sensible, les rencontres entre le narrateur, Pierre Grillet et Bashung mais surtout une histoire d'amour aussi passionnée que trouble et destructrice, c'est aussi le portrait d'une femme aimée mais à la fragilité et aux mystères si troublant.... C'est peu de dire que Pierre Grillet se soumet à une évocation si forte que son lecteur ne peut pas y rester insensible. C'est aussi, à travers leur histoire d'amour, le déchiffrage du texte de ce titre phare de Bashung.

Une histoire chaotique, entre rendez-vous manqués, rencontres avortées, chassé croisé amoureux et fusionnel, volonté de sauver l'autre ou de se sauver soi-même. Pierre Grillet réussit l'exploit de tout mener de front et de se mettre à nu. J'aimais déjà la chanson si poétique,, je suis fan absolu à présent tant j'en connais les mécanismes d'écriture.
Lien : http://passiondelecteur.over..
Commenter  J’apprécie          70

Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Madame rêve d'atomiseurs
Et de cylindres si longs
Qu'ils sont les seuls
Qui la remplissent de bonheur

Madame rêve d'artifices
De formes oblongues
Et de totems qui la punissent

Rêve d'archipels
De vagues perpétuelles
Sismiques et sensuelles

D'un amour qui la flingue
D'une fusée qui l'épingle
Au ciel
Au ciel

On est loin des amours de loin
On est loin des amours de loin
On est loin

Madame rêve ad libitum
Comme si c'était tout comme
Dans les prières
Qui emprisonnent et vous libèrent

Madame rêve d'apesanteur
Des heures des heures
De voltige à plusieurs

Rêve de fougères
De foudres et de guerres
À faire et à refaire

D'un amour qui la flingue
D'une fusée qui l'épingle
Au ciel
Au ciel

Commenter  J’apprécie          183
Un jour ma mère m'appelle. Elle vit en province et écoute Europe n°1 fidèlement depuis toujours : "Je viens d'entendre ta chanson à la radio ! dit-elle sans prendre le temps de dire bonjour. J'ai bien aimé." Je suis un peu surpris, la connaissant. Ce qui me pousse à lui demander si elle a bien compris les paroles. "Je vais la réécouter et je te rappelle." Elle ne m'a jamais rappelé. Voilà que ma propre mère, destin cruel, semble donner raison aux marchands lucides : "Les paroles, les gens s'en foutent!" Oui et non. Une chanson c'est un être vivant, une rencontre. Qu'il s'agisse d'un coup de foudre ou d'une liaison, il y a ce qu'elle montre, ce qu'elle cache, et ce qu'elle ignore elle-même. On croyait bien la connaître et puis non, on croyait l'aimer et puis non. Enfin si. Il y a soudain une petite ligne de choeurs, une harmonie subtile, ou un jeu sur les mots qu'un jour, un soir, un peu plus sensible, on entend pour la première fois. Aimer sans comprendre, sans comprendre forcément tout tout de suite, c'est la magie de l'amour et des chansons. Les gens ne se foutent pas des paroles, dans cette rencontre qu'ils font, ils ne déshabillent pas leur partenaire instantanément, c'est tout.
Commenter  J’apprécie          80
J’ai la chance de pouvoir écrire. Nulle autre chance que celle-là. A mes yeux ce n’est pas un don mais une faculté. Une faculté de traducteur. Comment font les gens qui ne peuvent rien faire de leur chagrin, qui ne peuvent rien faire de leur vie, aussi belle soit-elle, à part la vivre ? Je les plains sincèrement. Ils ne peuvent que crier quand ils souffrent ou quand ils aiment. « Toi tu écris, tu t’en tires toujours ! » Quelqu’un m’a dit ça un jour. C’est vrai. Cela m’a sauvé et cela me sauve.
Commenter  J’apprécie          130
Je crois qu’on s’est tout fait Natasha et moi. Je l’ai quittée, je l’ai chassée, je l’ai perdue. On s’est revus et corrigés, on s’est trompés et passés à côté. J’ai compté en jours, en mois, aujourd’hui je ne compte plus.
Commenter  J’apprécie          230
Spinoza a dit : « On ne subit pas ce que l’on comprend ». Il y a des phrases comme ça qui, comme la loupe du couteau suisse, peuvent vous sauver. J’ai renoncé si souvent à me comprendre que cette phrase me parle. Elle s’adapte à tout.
Commenter  J’apprécie          180

Videos de Pierre Grillet (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Grillet
A l'occasion d'une soirée "Livre Unplugged" à la Bellevilloise autour du parolier Pierre Grillet, l'auteur de "Madame rêve" (la chanson d'Alain Bashung et un livre éponyme paru chez Stock où il raconte l'origine de ce texte), de nombreux interprètes se sont succédés sur la scène. Ici, Raby interprète la chanson culte d'Alain Bashung et Pierre Grillet.
Plus d'actualités du groupe Hachette Livre : http://www.myboox.fr
Plus d'infos sur "Madame rêve" : http://http://www.myboox.fr/livre/madame-reve-9782234079953
autres livres classés : alain bashungVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Autres livres de Pierre Grillet (2) Voir plus

Lecteurs (45) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1088 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}