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Citations sur Comme les amours (60)

« Le temps qui passe exaspère et condense tout orage (…). On ne sait pas ce que le temps fera de nous en superposant ses fines couches indiscernables, en quoi il peut nous convertir. Il avance à la dérobée, jour après jour, heure après heure, et pas à pas empoisonné, il ne se fait pas remarquer dans son labeur subreptice, si respectueux et attentionné que jamais il ne nous bouscule ni ne nous effarouche. Il apparaît chaque matin avec sa figure invariable et apaisante, nous assurant du contraire de ce qui se passe : que tout va bien et que rien ne change, que tout est comme hier – l'équilibre des forces - que rien ne se crée et que rien ne se perd, que notre visage est le même et aussi nos cheveux et notre contour, que ceux qui nous haissaient, nous haissent toujours, et ceux qui nous aimaient, nous aiment toujours. Et c'est tout le contraire, en effet, à ceci près qu'il ne nous permet pas de le percevoir avec ses minutes traitresses et ses secondes sournoises... »
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(...) chacun se conduit ainsi avec ses morts. On tente d'oublier la manière, on reste avec l'image du vivant, à la rigueur avec celle du mort, mais on évite de penser à la frontière, au passage, à l'agonie, à la cause. Quelqu'un est vivant maintenant, puis il est mort et il n'y a rien entre les deux, comme si l'on passait sans transition ni raison d'un état à un autre.
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(...) nous sommes tous des succédanés de gens que nous n'avons presque jamais connus, des gens qui ne s'approchèrent pas ou qui passèrent sans s'arrêter dans la vie de ceux que nous aimons à présent, ou qui s'y arrêtèrent mais se lassèrent finalement et qui disparurent sans laisser de trace ou seulement la poussière que soulèvent leurs pieds dans la fuite, ou qui moururent causant à ceux que nous aimons une mortelle blessure qui presque toujours finit par se refermer. Nous ne pouvons prétendre être les premiers, les préférés, nous sommes tout simplement ce qui est disponible, les laissés-pour-compte, les survivants, ce qui désormais reste, les soldes, et c'est sur des bases aussi peu solides que s'érigent les amours les plus grandes et que se fondent les meilleures familles, nous provenons tous de là, de ce produit de hasard et du conformisme, des rejets, des timidités et des échecs d'autrui, et même dans ces conditions nous donnerions parfois n'importe quoi pour continuer auprès de celui que nous avons un jour récupéré dans un grenier ou une brocante, que par chance nous avons gagné aux cartes ou qui nous ramassa parmi les déchets ; contre toute vraisemblance nous parvenons à nous convaincre de nos engouements hasardeux, et nombreux sont ceux qui croient voir la main du destin dans ce qui n'est autre qu'une tombola de village quand l'été agonise...
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Quand on est amoureux, ou plus précisément quand une femme l’est, surtout dans ces débuts où l’état amoureux possède encore l’attrait de la révélation, nous sommes généralement disposées à prendre à cœur n’importe quel sujet qui intéresse ou dont nous parle celui que nous aimons. Pas seulement feindre l’intérêt pour lui être agréable, le conquérir ou asseoir notre fragile position, cela va de soi, mais à lui prêter une véritable attention et à nous laisser contaminer réellement par tout ce qu’il ressentira et transmettra, enthousiasme, aversion, sympathie, crainte, préoccupation et même obsession. Sans parler de l’accompagner dans ses réflexions improvisées, qui sont celles qui attachent et entraînent le plus parce que nous assistons à leur naissance, que nous les encourageons, que nous les voyons s’éveiller, vaciller et trébucher. (…)
Avec Leopoldo il n’y eut jamais le moindre effort de ce genre, parce qu’il n’y eut pas non plus cet amour obstiné, inconditionnel et naïf ; en revanche, avec Diaz-Varela je me mis en quatre intimement – avec prudence cependant, sans l’accabler, ni presque le laisser voir – tout en sachant bien pourtant qu’il ne pourrait en faire autant, étant lui-même au service de Luisa et qu’il attendrait forcément sa chance depuis longtemps déjà
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On la sentait fragile, comme un spectre récent qui vacille et ne s'est pas encore convaincu d'en être un.
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les gens ne veulent pas savoir pouquoi les choses se passent, seulement ce qui se passe, et que le monde est plein d'imprudences, de dangers, de menaces et d'infortunes qui nous frôlent, mais en revanche atteignent et tuent nos semblables négligents, ou peut-être non choisis par le sort. Nous vivons ensemble sans problèmes avec mille mystères irrésolus qui nous occupent dix minutes le matin et que nous oublions ensuite sans qu'ils nous laissent d'irritation ni de trace.
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Nos convictions sont éphémères et fragiles, même celles que nous considérons comme les plus fortes. Il en va de même de nos sentiments. Nous ne devrions pas nous y fier.
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Parmi tous ces gens nous sommes quelques-uns — chaque jour moins nombreux — qui ressentons, au contraire, une indicible aversion à assumer ce rôle, le rôle de délateur. Et nous poussons si loin cette antipathie qu’il ne nous est pas très facile de la vaincre quand il le faut, pour notre bien et pour celui des autres. Quelque chose nous répugne à composer un numéro de téléphone et à dire sans donner notre nom : « Excusez-moi, mais j’ai vu un terroriste recherché, sa photo est dans les journaux et il vient de rentrer sous ce porche d’immeuble. » Nous le ferions probablement dans un tel cas, néanmoins en pensant davantage aux crimes que nous pourrions ainsi éviter qu'à la punition de ceux qui ont déjà été commis, parce que ceux-là personne ne peut y remédier et l’impunité du monde est si étendue, si ancienne et si longue et si vaste que, jusqu'à un certain point, qu’on y ajoute un millimètre n'y change rien. C'est bizarre, c'est choquant, mais cela peut arriver : nous qui ressentons cette aversion préférons parfois être injustes et qu'une chose reste impunie plutôt que de nous voir en délateurs, nous ne pouvons le supporter — au bout du compte la justice n’est pas notre affaire, nous n’avons pas à agir d'office.
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Il voulait passer pour anticonventionnel et transcontemporain, mais dans le fond il était comme Zola et quelques autres : il faisait l'impossible pour vivre ce qu'il imaginait, voilà pourquoi tout paraissait artificiel et travaillé dans ses livres.
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Tout peut arriver, tout peut avoir lieu, et chacun de nous en a plus ou moins conscience, c'est pourquoi rares sont ceux qui renoncent à leur grand dessein --- même s'il reste en sommeil, va et vient ---, bien sûr pour ceux qui en ont un et ils ne sont jamais assez nombreux pour saturer le monde de confrontations et de détermination sans faille.
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