Le jeu de l'amour et du hasard /
Marivaux (1688-1763)
Académie Française.
Comédie la plus célèbre de
Marivaux, cette pièce en trois actes fut représentée pour la première fois en janvier 1730.
M. Orgon, père de Sylvia, désire que sa fille épouse le fils d'un de ses meilleurs amis. Sylvia n'est pas très encline au mariage et obtient alors de son père qui l'adore, l'autorisation d'observer, sous le déguisement de sa servante Lisette, Dorante le jeune homme à qui sa famille la destine. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que la même idée est venue à Dorante, se déguisant en Arlequin, son valet sous le nom de Bourguignon.
Une suite de situations cocasses animent cette comédie aux dialogues étincelants, dans laquelle
Marivaux questionne l'ordre établi et les préjugés sociaux en inversant les rapports maîtres-valets. Complications et quiproquos se succèdent jusqu'à ce que Lisette se doute de quelque chose mais le tait jusqu'au moment où Arlequin lui avoue qui il est en réalité. Et Sylvia apprenant que Dorante se cache sous la livrée, se refuse à dire qui elle est en vérité. La suite montre une Sylvia femme moderne…et un M. Orgon, un bon père qui veille…
Cette pièce à thèse, écrite dans une langue affectée et un style précieux est en fait un manifeste contre la tradition du mariage de convenance imposé par les parents. Certes Sylvia éprouve une inclination pour Dorante, mais ne veut pas l'avouer, car son amour-propre lutte contre son amour.
Marivaux entremêle délicieusement les arabesques de la feinte instinctive et de la sincérité passionnée. À la fin,
le triomphe de l'amour n'en sera que plus éclatant.
La pièce est jouée régulièrement depuis l'origine (1730), avec depuis quelques années (1973-2018) un peu de mise à jour et d'épuration du style.
Extrait : Lisette : « Un mari porte un masque avec le monde et une grimace avec sa femme. »
: « Peut-être m'aimerez-vous moins quand nous nous connaîtrons mieux ! »
: M. Orgon : « Il faut être un peu trop bon pour l'être assez. »