AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
2,96

sur 84 notes
Cette BD de Julie Maroh, auteure de le bleu est une couleur chaude qui fut pour moi un coup de coeur, est bien différente de la première et pourtant, on y retrouve la même noirceur. Ma copine Nathalie avait trouvé le bleu est une couleur chaude déprimant mais elle a beaucoup aimé celle-ci. Je dois dire que pour moi, c'est le contraire. le personnage de Tazane, qui en perdant son prénom d'origine, a perdu son âme, m'a paru tellement antipathique qu'il m'était impossible de m'intéresser à ce qui lui arrive. Julie Maroh souhaite dénoncer la vindicte populaire qui défait les mythes pourtant créés par le peuple et si je comprends son propos, je pense que le message aurait eu plus de portée avec un personnage un peu plus sympathique. J'ai moins aimé les dessins que dans la BD précédente mais déjà, ce n'est pas cette aspect de la BD qui m'avait séduite. J'ai par contre beaucoup aimé son jeu des couleurs. Malgré tout, c'est une déception pour moi.

Lien : http://vallit.canalblog.com/..
Commenter  J’apprécie          40
« Tazane est une véritable icône rock. Passionné, arrogant, égoïste, parfois violent, le chanteur accumule les polémiques. Mais le public qui l'adule et les médias qu'il fascine n'attendent en réalité qu'une seule chose : son prochain coup d'éclat… Ce goût du scandale, Tazane l'a cultivé, il en a fait un art. À tel point que, petit à petit, il va aller de plus en plus loin, jusqu'à commettre l'irréparable, et s'engouffrer dans une redoutable spirale autodestructrice » (synopsis éditeur).

-

Après la douce et touchante Clémentine du Bleu est une couleur chaude, Julie Maroh s'attache à présent à l'impétueux Tazane (pseudonyme est une sorte d'anagramme phonétique de Satan). A 27 ans, cet auteur-compositeur fictif bénéficie déjà d'une renommée internationale, une personnalité qui s'est construite en fonction des besoins du scénario. Julie Maroh explique sa démarche dans une interview réalisée à l'occasion de la sortie de l'album.

L'auteur développe un personnage assez abject au demeurant. La notoriété a rendu cet homme égoïste, narcissique, capricieux, imbu de sa personne et imbuvable… en somme, un homme que le succès a changé. le bleu des sentiments de son précédent album laisse donc la place à un rouge qui représente une fureur de vivre ingérable, une réelle pulsion. Cette soif de liberté se retourne contre celui qui la revendique et devient autodestructrice. Et même s'il m'a été difficile d'investir ce personnage – ne parvenant pas à ressentir une quelconque forme d'empathie pour lui – force est de constater que les émotions jaillissent à chaque page de l'album. On perçoit sans difficulté la tension et l'intensité presque électrique qui se dégagent des illustrations, on est surpris par les réactions imprévisibles du personnage.

Car il est bien question d'idéaux dans cet album. Pour commencer, il s'agit de ceux de cet homme (et de son groupe de musiciens et amis de longue date). Ensemble, ils voulaient parler des maux de la jeunesse d'aujourd'hui, revendiquer leurs idéaux et obliger tout un chacun à marquer un temps d'arrêt pour réfléchir au présent comme aux perspectives d'avenir. Mais le succès a brûlé les ailes de la rock-star. Portée au rang d'icône emblématique, et devenu à ce titre personnage public, Tazane semble avoir perdu toutes ses certitudes. Totalement déconnecté de la réalité et enfermé dans son monde artistique, il est comme un électron libre qui percute à toute vitesse les objets qui se trouvent sur sa route.

Ses passages à l'acte et ses prises de position choquent et indignent. Il était une voix à laquelle certains se raccrochaient, il n'est plus qu'un cri incontrôlable qui prend à la gorge tant il génère de l'incompréhension. En mettant sur le devant de la scène un personnage qui s'affranchit de toutes les conventions sociales, Julie Maroh interpelle. La question n'est pas de savoir si l'auteur fait l'apologie d'une jeunesse désillusionnée, se raccrochant au plus charismatique d'entre eux pour donner du sens à leur existence et trouver quelque désir de vivre. Non ! le discours est plus symbolique. D'ailleurs, dès le visuel de couverture où l'on voit ce dieu qui dégringole, Julie Maroh nous invite à prendre en compte cette dimension narrative.

En postface comme dans l'interview (voir lien ci-dessus), l'auteur insiste sur le fait qu'elle s'est énormément appuyée sur les travaux de René Girard pour asseoir les fondations du scénario. le parallèle est flagrant entre l'idole et les anciens dieux grecs… et quelle figure plus représentative de nos sociétés actuelles que la star médiatique pour représenter cette figure inaccessible, cet être souvent au-dessus des lois, qui s'affranchit souvent des conventions sociales.

Pour illustrer ses propos, l'auteur a opté pour une ambiance graphique réalisée au crayon gras. le trait est épais, expressif et retranscrit bien la nervosité de cet univers. On oscille dans une atmosphère où le rouge prédomine mais les couleurs semblent elles aussi mener un combat entre elles afin d'avoir l'emprise sur certains passages. Il y a finalement beaucoup de nostalgie dans cet album. Les passages muets sont nombreux et laissent le lecteur face à ses propres représentations et interprétations. J'ai finalement eu l'impression de Tazane avait peur car il semble ne plus maîtriser sa vie, entre le rythme soutenu imposé par les nombreuses dates de représentations, la vision tronquée qu'il a de la réalité du fait de ses consommations de drogues et d'alcool, de son regard complètement faussé sur les gens qui l'entourent. Son train de vie le prive de toute intimité. Épié par les médias et ses fans, il m'a donné l'impression d'être une bête traquée qui n'a plus la possibilité de se retrancher dans son repaire… de quoi rendre fou.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
Commenter  J’apprécie          40
Tazane est LA rock star du moment. Adulé par des fans en furie, il est devenu une icône que les journalistes s'arrachent. Une icône sulfureuse dont on ne parle désormais que pour ses multiples frasques. Les scandales ne font que caresser son égo et peu à peu, le chanteur se perd dans une auto-destruction où les limites sont sans cesse repoussées.

On connaissait Julie Maroh pour son formidable premier album le bleu est une couleur chaude. Elle nous revient enfin avec ce nouvel album qui s'éloigne de la veine intimiste du précédent.
On y suit donc un jeune chanteur au plus haut de sa gloire. Tazane est un personnage charismatique qui fait preuve de narcissisme, d'égoïsme, de violence même. Sûr de lui, du pouvoir qu'il exerce sur les gens, il se croît tout permis et s'offre des libertés qui dépassent la bienséance. Il peut faire attendre 1h le public d'un concert, il peut claquer la porte d'une conférence de presse pour une question déplaisante. Mais pire, il boit, se drogue et utilise son succès pour se faire sucer dans un vestiaire par un assistant un peu naïf. Derrière ses frasques, Tazane cache un mal-être permanent. Il se sent en total décalage avec le monde et n'hésite pas à s'auto-mutiler à l'occasion. Utilisant son image publique pour assouvir le moindre de ses désirs, il cherche en même temps à la dégrader. Jusqu'à la transgression de trop.

L'auteur a choisi ici de suivre un personnage éminemment détestable. Aucune empathie possible pour ce garçon qu'on voit sombrer dans une spirale destructrice qui va bientôt atteindre son entourage. On a beau lui chercher des excuses, un passé peut-être dramatique. Rien pourtant ne sera dit quand à ses motivations, aux raisons intimes de son mal-être.
Il s'agit ici du portrait d'une de ces stars comme il y en a tant qui, enivré par la gloire et le succès, finit par se perdre dans les interdits pour mieux se sentir exister. Élevé au divin, Tazane dont les moindres paroles semblent évangile pour ses fans, ne peut que chuter. Conscient de l'absurdité de cette adulation, il fait tout pour le leur montrer, en dépassant les limites de ce qui est admissible.
L'auteur s'explique dans la postface un peu lourde et quelque peu intellectualisante. Elle a souhaité évoquer la figure mythique du bouc émissaire, de la manière dont le désordre qu'il provoque cristallise la communauté autour d'un ordre revenu, de la manière dont la société se protège en canalisant sa propre violence. « Skandalon » est d'ailleurs un terme grec qui signifie « pierre qui fait trébucher », tout ce qui pousse quelqu'un au péché. Une réflexion plus qu'intéressante certes mais il y a un « mais ». C'est que dans l'album en lui-même, elle n'est pas assez prégnante. Les phylactères sont peu nombreux et le lien avec le mythe antique n'est absolument pas palpable, avant d'en avoir lu l'idée dans la postface. L'histoire se ferme dans le drame, comme on pouvait s'y attendre mais dans la narration, point de réflexion élargissant le propos. Pour moi, un album devrait se suffire à lui-même, sans passer par un texte explicatif de ce qu'a voulu signifier l'auteur. de toute évidence, Julie Maroh a lu René Girard et s'emploie bien à retranscrire sa pensée. Au final, c'est avec un sentiment d'inachevé que l'on referme cet album pourtant de qualité. On garde une impression que l'auteur a voulu dire des choses sans vraiment avoir su les exprimer elle-même, sans être allée au bout de sa thèse et qu'elle laisse les lecteurs se dépatouiller avec la philosophie de ce dernier.

Julie Maroh qui nous avait offert de jolis bleus contrastés dans son premier album a choisit ici de donner beaucoup plus de flamboyance à ses dessins. Les tons sont forts, parfois agressifs et se rapprochent par certains côtés à de la peinture. Je pense au fauvisme notamment. Son trait se fait plus épais, plus grossier. Et par moments, j'ai regretté la finesse des visages à laquelle elle nous avait habituée. Pour autant, il colle bien au personnage fort en gueule de Tazane, tout en excès. Un dessin, réalisé principalement à l'acrylique, qui a évolué donc mais dont on retrouve la patte : certains faciès de personnages, leurs regards.

On peut savoir gré à l'auteur d'avoir voulu faire quelque chose de totalement différent de son premier album au grand succès critique et commercial. Nouveau sujet, nouveau dessin. Skandalon offre un portrait violent de notre monde avec l'histoire d'un homme à la fois humain et inhumain, dans son désir de faire le mal, de se faire mal. Des journalistes hypocrites qui se repaissent des scandales, des fans qui font tout pour approcher leur idole et obtenir un peu de leur lumière en miroir, une star qui perd toute moralité, piétinant tout sur son passage. le monde du star system est noir, très noir et fort bien représenté ici. Pourtant, on reste en retrait de cette histoire, spectateur un peu froid d'une déchéance annoncée, attendant une fin plus marquée encore par la noirceur. C'est un album violent mais qui se ferme sans la claque annoncée. Quelque chose manque. La réflexion semble un peu courte et l'album trop démonstratif pour emporter véritablement son lecteur.
Pour autant, je vous encourage malgré tout à découvrir cet album qui ne manque pas de qualités.
Lien : http://grenieralivres.fr/201..
Commenter  J’apprécie          30
Skandalon de Julie Maroh, ou la déchéance d'un homme dut au Show-business et à la célébrité.

On suit Tazanne, chanteur d'un groupe de Rock, qui rencontre une très grande popularité auprès des gens. Et on suit ce chanteur, qui a force de devenir l'idole, la célébrité, qui de plus est le front-man du groupe, chanteur oblige, va sombrer dans l'alcool, la drogue, la violence et le sexe. Il va finir par se croire intouchable, et indétrônable. Tazanne devient ainsi égocentrique, ce prenant pour plus qu'il n'est.

Cette bande dessinée dénonce très clairement les dérive du Show-business, et de ce qu'un Homme peut devenir à cause de sa célébrité démesuré. La déchéance d'un homme, dans un univers bien crasseux. Julie Maroh parle ici d'un sujet très sérieux, et elle le traite de manière intéressante selon moi. Les dessins retranscrive très bien les sentiments du personnage, qui avec un jeu des couleurs, et l'utilisation de différente technique de dessin qui retranscrive bien la grande violence intérieur de Tazanne.

Une belle réussite.
Commenter  J’apprécie          20
Rock star adulée, Tazane, est un narcisse qui cèdent à ses pulsions les plus perverses. Charmant ses fans et s'auréolant d'une aura quasi mystique, il déchaîne les passions, charme les foules par son comportement débridé. Faisant fi de ceux qui l'attendent au tournant, il s'engage dans une spirale de turpitudes et d'excès jusqu'à la note de trop ...

L'auteur qui m'a tant charmé avec : le bleu est une couleur chaude a réussi à me surprendre avec ce nouvel album. Graphiquement c'est très beau. Cette fois, elle utilise des couleurs chaudes pour décrire l'absence de sentiments car c'est bien d'un narcisse dont il s'agit mais aussi la passion, l'hystérie, la fièvre, l'excès, ... Tout à l'opposé de son premier album qui nous contait une magnifique histoire d'amour entre deux femmes. Les traits sont plus gras, plus épais et elle donne un rendu au visage de Tazane très particulier, très animal. Il ressemble à un lion avec ses yeux tirés et son nez aplati. Cela lui confère bien le statut de fauve et de prédateur.

Dès le départ, il est clair que lancé à une telle vitesse, Tazane ne pourra pas survivre longtemps dans un star système qui vous mets sur un piédestal aussi rapidement qu'il vous en fait tomber. Skandalon de plus signifie bien : "Tout obstacle placé sur le chemin et faisant tomber quelqu'un". C'est donc sans surprise aucune qu'on le voit céder à une pulsion de trop et descendre aux enfers.

Une fin donc attendue et un regret concernant le traitement du personnage principal. Tout narcisse qu'il soit, il ne peut être aimé ou adulé en se contentant de mépriser ou d'abuser, il manque de nuances et est pour ma part beaucoup trop stréréotypé ce qui m'a empéché d'éprouver la moindre émotion. Elle reste cependant pour moi une auteure que je continuerai de suivre.
Lien : http://depuislecadredemafene..
Commenter  J’apprécie          20
Ayant eu un immense coup de coeur en 2011 pour « le bleu est une couleur chaude » de Julie Maroh, j'attendais avec beaucoup d'impatience la sortie de « Skandalon », son nouveau roman graphique. C'est avec l'avidité d'un enfant le soir de Noël que je m'en suis emparé, sitôt arrivé dans les cartons. J'avais eu le plaisir de pouvoir lire quelques pages en avant première, et, bien que le thème et le graphisme me tentaient moins que ceux de « le bleu est une couleur chaude », j'étais vraiment curieuse de découvrir cette deuxième oeuvre de la talentueuse Julie Maroh.

Tout d'abord, je signale que sa couverture est très belle et significative : elle donne d'emblée le ton du roman graphique. Il met en scène Tazane, un célèbre chanteur, adulé et aimé par les foules, arrogant, imbu de lui-même, narcissique, antipathique, un homme qui ne se refuse rien et a un goût prononcé pour le scandale et la provocation. Mais ses comportements déplacés et irrespectueux trahissent un profond mal-être, c'est un homme incompris, tourmenté et torturé qui noie ses chagrins dans l'alcool et la drogue. Semant le désordre partout où il passe, nous assistons à sa déchéance progressive et irréversible. Il semble perdre le contrôle et s'enfoncer dans une spirale qui le mènera droit au fond du gouffre. Étrangement, je lui ai trouvé un je-ne-sais quoi attachant, à cet homme imbuvable. Il ose, il fait tout ce dont il a envie, il n'y a jamais rien qui le retient, ni bienséance, ni correction : cela force l'admiration aussi sûrement que ça agace et révolte. Peu à peu, j'ai fini par ressentir une grande pitié pour cet homme paumé dans une société qui n'est pas faite pour lui – ou pour laquelle lui n'est pas fait.

Pour illustrer son histoire, Julie Maroh a encore une fois déployé de grands moyens et a accompli un travail de titan. Son talent n'est plus à prouver. Elle a pris le temps de soigneusement tout peindre, elle a rempli consciencieusement chacune de ses cases en apportant un très grand nombre de nuances dans ses couleurs. Ses traits sont épais, nets, noirs et dégagent une brutalité qui trouve sa justification et sa résonance dans les actes du personnage central.

C'est une bande-dessinée qui dénonce la violence et les dangers de l'immunité inhérente au succès, immunité qui pousse les célébrités à s'arroger tous les droits en dépit du reste. C'est avant tout une bande-dessinée qui prône le respect : le respect de soi-même, qui que l'on soit, qui conduit instinctivement au respect d'autrui.

Même si au final j'ai trouvé cette bande-dessinée moins bonne que la précédente, « le bleu est une couleur chaude », elle est indéniablement de qualité et j'ai passé un très bon moment de lecture.
Lien : http://www.livressedesmots.c..
Commenter  J’apprécie          20
Après "Le Bleu est une couleur chaude" que j'ai tout bonnement adoré bien avant tout le matraque dû au succès du film qui en a été tiré, je me suis jetée sur cet ouvrage, Skandalon, nouvelle BD de la très discrète Julie Maroh.

Autant le dire tout de suite, le sujet n'a plus rien à avoir avec l'histoire d'amour passionnée décrit dans "Le Bleu...". Ici, nous suivons Tazane, un chanteur rock ultra borderligne qui use et abuse des excès en tout genre et qui paradoxalement, est quasi-vénéré par ses fans. Et c'est ce paradoxe que nous décrit ici Julie avec une patte bien définie et des couleurs parfaitement maîtrisées. En somme, il y a peu de dialogue, cette BD se lit aussi avec les yeux (normal me direz-vous) mais bien plus que d'habitude car certaines pages sont des panels à elles toutes seules pour nous décrire la chute du personnage.

Je suis sortie choquée par cette lecture et il m'a fallu quelques minutes pour savoir si j'avais aimé ou non, dans le sens où les sentiments contradictoires décriés dans cette histoire le sont tout autant à la fermeture de l'ouvrage.
Certains critiqueront sans doute le manque d'empathie total envers Tazane qui est un véritable monstre de décadence qui entraînera le monde entier avec lui jusqu'à la faute ultime, et il est difficile d'apprécier quelque chose lorsque l'on ne ressent pas un minimum de sentiment pour le protagoniste principal.
C'est là un sujet important en cette époque de sur-médiatisation qui contrôle tout, nos humeurs, notre morale et tout ce que nous devons aimer ou ignorer. L'auteur, qui a été directement touchée suite au succès du film "La vie d'Adèle" fait un joli pied de nez à ce 8e pouvoir.

Je suis fan du travail de Julie Maroh depuis ses débuts, aussi je ne suis pas très objective, mais je conseille cette BD à tous ceux qui sont assez curieux pour parcourir un univers à la particulier et onirique !
Commenter  J’apprécie          20
Après le succès du « Bleu est une couleur chaude », puis celui du film adapté « La Vie d'Adèle », il n'était pas évident pour Julie Maroh, alors jeune auteure, de reprendre le crayon pour un nouvel ouvrage. Elle était évidemment attendu au tournant. N'ayant pas été séduit par son précédent ouvrage, j'y jetais un coup d'oeil curieux, attentif au virage (ou non) que prendrait l'auteure après toute cette exposition médiatique. Comme un volte-face, « Skandalon » propose une couverture entièrement rouge, comme pour mieux tourner la page. le succès et ses conséquences sont au coeur de cet ouvrage de 140 pages paru chez Glénat.

« Skandalon » est autocentré sur le personnage de Tazane, chanteur-guitariste d'un groupe de rock en pleine gloire. Nous suivons au fil des pages sa descente aux Enfers face aux excès : mégalomanie, sexe, alcool, drogue, groupies, etc. Rien de bien révolutionnaire : selon sa génération et ses goûts, le lecteur pensera à beaucoup d'artistes disparus (du club des 27 par exemple ?). du coup, qu'apporte réellement « Skandalon » ?

Dans son scénario, « Skandalon » est cousu de fil blanc. Aucune surprise ne vient secouer le lecteur. le personnage de Tazane étant purement antipathique, on reste émotionnellement spectateur de l'histoire. Il manque clairement d'éléments supplémentaires pour nous permettre de nous attacher au personnage. Bien sûr, on sent de loin les fissures, les ravages du succès, mais Tazane est trop hautain et dégueulasse pour nous émouvoir.

C'est plutôt dans le traitement graphique que l'intérêt réside. Julie Maroh s'oriente vers des influences picturales proches de la peinture. On sent Matisse derrière les dessins. L'utilisation des teintes rouges rappelle l'Enfer bien évidemment. Si son dessin garde un côté maladroit, cela passe beaucoup mieux que dans « le bleu est une couleur chaude ». Il fait ici partie du style et possède un côté expressif et dynamique plutôt plaisant. Quelques passages oniriques (enfin, plutôt des trips de drogués) permettent à l'auteure de se faire plaisir. C'est l'occasion de produire quelques planches intéressantes formellement.

On regrettera que Julie Maroh se sente obligé d'ajouter quatre pages de texte en fin d'ouvrage pour expliquer… Quoi finalement ? le titre de son ouvrage ? Derrière les mythes qu'elle décrit (on parle du Christ, du désir mimétique, de Satan, de Dyonisos…), que cherche l'auteure ? Une justification de son travail ? S'il faut citer Claude Lévi-Strauss pour se donner une contenance, où va la bande-dessinée ?

Si le scénario en lui-même n'a pas un grand intérêt (et la postface cherche à l'intellectualiser, preuve de sa faiblesse ?), « Skandalon » reste un ouvrage intéressant. Julie Maroh évolue, teste une autre voie et produit des pages intéressantes. Elle maîtrise sa narration, sa mise en scène et fait preuve de plus de maturité graphique. Voilà qui suffit pour me donner suffisamment envie pour lire ses prochains ouvrages.

Lien : http://blogbrother.fr/skanda..
Commenter  J’apprécie          10
C'est une réflexion très complexe sur la société traduite par une histoire simple, non sans rappeler certains faits réels (notamment le scandale autour de Bertrand Cantat), un récit qui tiendrait en quelques lignes mais qui est prolongé par un long chemin de sensations, de situations poussées à l'extrême, d'égarements et de poésie ravageuse.

Le dessin de Julie Maroh s'affirme pour de bon, et de la tendresse de sa première bande-dessinée, on passe à une énergie sanglante, une envie de révolte et un besoin urgent de dénoncer les problèmes. le trait et les couleurs sont si fortement liés aux évènements, aux situations, aux ressentis, qu'on pourrait presque se passer du texte pour comprendre l'histoire. C'est très fort, encore une fois.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
Commenter  J’apprécie          10
Scénario d'une rare violence et illustration et mise en couleurs particulièrement réussis.
C'est la première fois que je lis une bd, et sa postface, philosophique .
A lire
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (138) Voir plus



Quiz Voir plus

Le bleu est une couleur chaude (niveau vraiment trop super fastoche..)

Le bleu est une couleur chaude, certes. C'est d'ailleurs celle qu'..... a choisi pour ses cheveux. Mais comment s'appelle-t-elle, déjà ?

Julie
Adèle
Emma
Clémentine

8 questions
153 lecteurs ont répondu
Thème : Le bleu est une couleur chaude de Jul MarohCréer un quiz sur ce livre

{* *}