L'histoire est éminemment déjantée. Mo et Pa, laissés veuve et veuf par la seconde guerre mondiale avec chacun une fille à charge, unissent leurs destins en ce début des années 50, pour recomposer une famille, dans laquelle les deux gamines, Liv et Em, qui ne peuvent à l'origine pas se blairer, finissent par faire front commun contre la fille commune du couple, Rosie, dont la perversité n'a d'égale que la méchanceté.
Willa Marsh est une virtuose de l'écriture à l'imagination fertile irriguée par son talent. Avec un brio infernal, elle entraîne ses lecteurs dans une histoire de détestation familiale et balaye en à peine 250 pages, la vie de ses personnages. Dans un rythme très soutenu, elle déverse des dialogues ciselés, dont l'humour fait mouche systématiquement. Aucune baisse de forme n'est à déplorer, je suis arrivée au terme du roman essoufflée, tant il faut s'accrocher pour la suivre.
C'est aussi en raison de cette rapidité que j'ai ressenti une infime déception à la fin de cette lecture, comme si l'auteure ne m'avait pas laissé assez de temps pour savourer ses bons mots et ses trouvailles romanesques. J'aurais peut-être aimé connaître mieux le caractère des pestes, approfondir davantage les rebondissements de leurs existences respectives. Mais le parti-pris littéraire de
Willa Marsh n'est pas la saga mais le condensé. Au final, il s'agit d'un exercice de style très brillant à l'humour caustique.