Je voulais un livre différent, je n'ai pas été déçue.
Commençons donc par le commencement : Les tantes. Vieilles mégères attentionnées. Peut-être un peu trop. Ce qui les rend subtilement inquiétantes.
Les tantes sont motivées tout le long du livre par leur sens assez singulier de la famille. Par exemple, elles projettent de gentiment mettre hors jeu un de leur dernier descendant – qui n'a rien fait, soit dit en passant – en assurant de sauver la famille. Là, le lecteur averti est en droit de poser quelques questions.
Les adorables tatas viennent en double. Il n'y a jamais l'une sans l'autre, elles possèdent le même caractère et le même physique, se comportent de la même manière. Tout est fait pour qu'on ne puisse les dissocier. Ceux sont les mégères les plus tenaces qu'on ne m'ait jamais décrites. de tous les personnages, elles sont les pires et pourtant on les adore. On veut voir leurs pires machinations réussies.
Autour d'elle, un petit éventail de personnages.
Pour faire simple : trop de personnages, moi être perdue !
Donc là j'étais comblée. Il n'y a que 6-7 personnages qui gravitent autour de nos tantes bien-aimées. Avec des noms –Dieu merci- très différents et aux personnalités aussi distinctes. Déjà pour cet effort de simplicité qui devient rare, je voulais envoyer une lettre de remerciement à l'auteur accompagnée d'une boite de chocolat. Oui, ces élans de gratitude m'arrivent assez souvent. Bon.
Pour continuer sur les personnages, ils ne nous arrivent pas tous aux premières pages, comme des boulets de canons. Non, ils viennent au fur et à mesure. Cependant, la simplicité du corps des personnages est mise à l'épreuve par le complexe de l'intrigue. J'ai lu du Ken Follet où tout le monde fait tout son possible pour tuer tout le monde, en faisant des manipulations dignes de la cour de Versailles au temps de
Louis XIV et qui laissent l'auteur plus que perplexe. Mais là… c'est autre chose. Je n'ai jamais vu un livre avec des personnages si…vgukvgk.
Je ne trouve pas de mots appropriés tellement ils sont détestables. Chacun. On prend le plus grand plaisir à les haïr, à espérer leur souffrance les uns après les autres. On change constamment de camps. On désire la mort de chacun. le manoir (oui parce qu'ils logent dans un manoir Tudor qui donne au livre une approche très Dix petits nègres) pue la manipulation et les embrouillent à des kilomètres à la ronde.
Chaque personnage nouveau apparaît au début comme le seul normal… le préféré. Parce qu'il a l'air innocent. On a envie de le sauver, de le voir s'enfuir. Il ne sait pas encore ce qui va lui tomber dessus. le pauvre. Pour résumer, on passe par trois phases :
- Celle que j'appelle la phase bisounours (oh il a l'air gentil ! C'est mon préféré)
- Puis le cruel moment de la désillusion (oh comment il a pu ! *pour ce, adapter un ton outré et choqué*)
- Et enfin on devient pragmatique (la salaud ! qu'il crève avec les autres)
Voir le bon côté des choses, pour commencer ce livre, une grande capacité émotionnelle n'est pas nécessaire.
Enfin, l'auteur nous fait l'éloge *mouai* des femmes en les faisant passer pour des manipulatrices cruelles et avares. Un grand moment ! Chose à savoir : les deux seuls hommes présent occupent une place de second rôle et passent presque pour les dindons de la farce. de temps en temps, ça ne peut pas faire de mal.
Pour terminer en beauté, le livre est un petit bijou d'humour noir et de sarcasmes.
Je n'en tire qu'une seule moralité : se méfier des vieilles femmes aux visages ridés, au regard doux et au sourire bienveillant ! Faites-moi confiance là-dessus, et ce livre va probablement nous sauver la vie !