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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Si vous avez dans votre entourage quelques amis très engagés dans la défense de la littérature, la vraie, au point de s'étriper ardemment lors des repas ou autres brunchs que vous partagez pour tenter de définir ce qu'est un "vrai" écrivain, ce qui peut ou ne doit pas être lu... alors vous tenez peut-être là le cadeau idéal à leur déposer sous le sapin. Personnellement, je dois ces quelques heures de plaisir à une amie qui a pensé que cette lecture pourrait me détendre, me divertir... Gagné ! Il m'est rarement arrivé de rigoler toute seule dans mon lit au point de déclencher des miaulements rageurs de mon chat, incommodé par mes tressautements.

Prosper Brouillon est un écrivain à succès, de ceux dont on attend avec impatience la sortie du dernier roman, de ceux qui caracolent en tête des ventes avant même que les libraires aient terminé de mettre en place leur premier tirage. Un succès qui le place directement dans le collimateur du petit milieu germanopratin, toujours prompt à s'ériger en parangon de la vertu littéraire... Face à tant de haines, n'écoutant que son courage, Eric Chevillard, écrivain lui-même et connu également pour le feuilleton qu'il a tenu pendant de nombreuses années dans le Monde des Livres, s'érige immédiatement en défenseur de Prosper Brouillon et de son oeuvre. Et profite de la parution du dernier roman de l'auteur, Les gondoliers pour se livrer à une démonstration par l'exemple du talent du monsieur et de son incomparable apport au paysage littéraire français. Nous voici donc pris à témoins à l'aide de nombreux extraits de ce fameux livre...

Et c'est là que les épaules commencent à tressauter et les rires à se succéder. Car en guise de défense, la démonstration d'Eric Chevillard, habilement menée, offre au lecteur un florilège de phrases plus alambiquées et ineptes les unes que les autres... Ne citons que la première "Il jeta un oeil circulaire dans la pièce" et surtout, l'analyse somptueuse que Chevillard en fait (mais que je vous laisse découvrir, sinon ce n'est pas drôle). Analyse qui se poursuit au fur et à mesure qu'il décortique les meilleurs passages du livre, pour le plus grand plaisir du lecteur qui ne sait plus comment faire pour arrêter de se moquer... et comprend soudain, en arrivant au bout à quel point l'exercice est de haute voltige. Car Eric Chevillard n'a presque rien inventé si ce n'est le nom de l'auteur et le titre de son livre. Les phrases citées, elles, sont bien réelles, extraites d'ouvrages d'écrivains publiés ces dernières années et parfois primés. Il est vrai que Chevillard a beaucoup lu... et il semble qu'il ait conservé un florilège, bien décidé à se venger de ces heures douloureuses passées à ingurgiter toutes ces phrases.

La vengeance est donc un plat qui se mange froid. Mais c'est si savoureux, si piquant et si mordant qu'on en salive de plaisir, un peu honteux mais bon... ça fait tellement de bien. Ah... vous souriez... vous avez déjà une petite idée de la personne à laquelle vous pourriez l'offrir... faites-donc. Il se trouve que l'objet est également très beau, très élégant et superbement illustré.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Un centon nous rappelle Wikipédia, est une oeuvre littéraire et/ou musicale constituée d'éléments repris à une ou plusieurs autres, et réarrangés de manière à former un texte différent.
Ce n'est pas exactement ce à quoi s'emploie ici Eric Chevillard qui, réutilisant les citations d'oeuvres romanesques qu'il avaient critiquées dans ses chroniques du Monde, leur invente un auteur commun: Prosper Brouillon, romancier éreinté par la critique (qu'il tacle aussi au passage), mais adulé par les lecteurs. Il feint donc ici ironiquement de prendre sa (leur) défense, pour mieux l'(les) éreinter avec humour. Usant d 'un langage parfois pompeux, abusant des hyperboles, Chevillard se livre à un réjouissant jeu de massacre, citations à l'appui.
Grâce à l'efficacité d'un moteur de recherche, je me suis amusée à identifier les trois -quarts environ des auteurs des sus-dites "perles". En voici quelques-uns: Eric Neuhoff arrive en tête des citations misogynes rien moins que puantes (au sens propre du terme hélas), talonné de près par Beigbeder (qui semble vouer une rancune tenace à Chevillard). Alexandre Jardin est lui aussi abondamment cité. Deux femmes, dans des genres très différents dans ce palmarès: Eliette Abécassis et Denise Bombardier.

Un grand plaisir de lecture pour terminer l'année en beauté et ne pas oublier que la gloire est souvent éphémère.
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Je ne lis pas de livre humoristique à proprement parler, j'aime lire un livre où il y a des touches d'humour par-ci, par-là, mais c'est tout. Là, j'ai été gâtée niveau humour et le moins qu'on puisse dire, c'est que j'ai bien ris !
C'est bien évidemment le gros point fort de ce livre, à chaque page, la défense de l'auteur pour le dernier roman de Prosper Brouillon (écrivain tout ce qu'il y a de plus fictif, mais l'auteur lui prête des citations d'auteurs bien réels), Les Gondoliers, nous plie en deux.
Je suis sans doute passée à côté de beaucoup de références, ne connaissant Éric Chevillard que de nom - je n'ai jamais lu aucun de ses livres, ni même lu ses chroniques dans le Monde...
Mais il n'empêche que pour ce que j'ai compris, j'ai adhéré, je me suis marrée, et c'était fou parce que ça ne m'arrive jamais d'autant rigoler devant un livre.


Je vous disais dans mon article sur les 22 lettres imaginaires (toujours dans la collection Notabilia) que c'était un gros plus que le livre soit illustré et c'est véritablement le cas, ça donne une épaisseur en plus aux lettres, ça les insère dans une certaine typographie qui rend le tout bien plus agréable à lire.
Et ben, il en va de même pour les illustrations dans ce livre puisqu'en plus, elles sont du même artiste, j'ai nommé Jean-François Martin.

Si je ne devais en choisir qu'une ce serait bien évidemment celle avec le squelette qui souffle dans la langue de belle-mère - je crois bien que c'est comme ça qu'on appelle ce cotillon, mais j'ai un doute quand même... - ou encore celle avec l'homme qui a une moitié du visage en moins et qui se regarde dans le miroir (voir ci-dessous).

Défense de Prosper Brouillon est un type de lecture auquel je ne suis pas du tout coutumière c'est vrai, mais peut-être que c'est aussi pour ça si je me suis laissée prendre au jeu. Ne connaissant pas l'auteur ni rien, je ne pouvais pas partir avec de grandes attentes ou quoi, je me suis simplement laissée porter et une fois encore j'ai pu voir à quel point la collection Notabilia fait du bon travail.

Pour celles et ceux qui, comme moi, pensent que la littérature d'aujourd'hui n'est plus forcément au niveau de celle d'autrefois, que nous croulons sous la littérature de consommation et qu'il n'y a plus de littérature qui s'élève au rang d'art, je vous conseille mille fois ce petit livre, il devrait vous réconcilier avec notre époque, vous faire rire, et donc vous faire relativiser - en tout cas, ça a fonctionné avec moi.

Mon avis en intégralité :


Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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Essai déguisé ? Faux roman ? Pamphlet satirique ? Défense de Prosper Brouillon est un peu tout cela à la fois. Sous couvert de rendre justice à un auteur populaire injustement snobé par le microcosme, le narrateur se lance dans un réquisitoire tranchant contre les ratés, les aigris, les méprisants qui peuplent le monde de l'édition et jalousent ce romancier de génie. Et de se lancer ensuite dans une exploration fiévreuse de son oeuvre, citations de plus en plus grotesques (et toutes tirées de romans publiés.. à l'appui. On l'a compris, Eric Chevillard, styliste hors pair, pratique ici l'antiphrase pour confondre avec raffinement ces écrivains à la prose boursouflée dont ce Prosper est en quelque sorte le ... brouillon commun. Piquant et savoureux
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