J'avais refusé de voir ma fille morte.
Mon nez, comme à chaque fois que je m'y réfugiais, parti en quête de l'odeur de Colin. Elle avait fini par disparaître, pourtant je n'avais pas changé les draps.
Depuis un an, les mêmes draps ?
J’étais simplement capable de profiter de petits bonheurs simples. C’était déjà ça, c’était déjà mieux.
Retour à la case départ. Rien n’avait changé ; les citadins pressés, la circulation infernale, l’agitation des commerces. J’avais oublié à quel point les Parisiens faisaient la gueule en permanence. Un stage de chaleur humaine irlandaise devrait être obligatoire au programme scolaire. Je pensais ça, mais je savais pertinemment que, dans moins de deux jours, j’aurais le même visage blafard et peu avenant qu’eux.
Ils étaient partis en chahutant dans l'escalier. […] J'avais appris qu'ils faisaient encore les pitres dans la voiture, au moment où le camion les avait percutés. Je m'étais dit qu'ils étaient morts en riant. Je m'étais dit que j'aurais voulu être avec eux.
Je voulais m’endormir, pour toujours, peu importe où j’étais. Ma place était auprès de Colin et Clara. J’avais trouvé un bel endroit pour les rejoindre. J’étais perdue entre le rêve et la réalité. La conscience m’abandonnait petit à petit, mes membres s’engourdissaient, je m’enfonçais doucement. Il faisait de plus en plus sombre. La tempête m’aidait à partir.
J'entendis le téléphone sonner. Il était temps de travailler. Avant d'entrer, je jetai un regard à l'enseigne.
Les gens heureux...
Je réussirais, je n'avais pas le choix.
J'étais dans tous mes états, telle une adolescente transie d'amour, pour un homme que je haïssais il y avait peu de temps encore.
Je me sens libre, ici. Je n'ai pas envie de rentrer.