Instantané.
J'ai l'habitude d'illustrer les chroniques des romans que j'ai aimé, mais cette fois, je n'ai rien dessiné pour accompagner cette chronique.
Comment dessiner l'engloutissement. Comment retranscrire l'horreur des camps, les abysses profondes qui hantent les survivants, les noms gravés dans les âmes en cendres.
Je n'ai pas su.
Comment dessiner des promesses portées par le vent. Comment capturer le souffle chaud des chevaux , vous faire entendre les murmures nomades et embrasser la liberté des tziganes.
Je n'ai pas su,
ou peut-être n'ai-je tout simplement pas voulu enfermer l'immensité de ce roman sur une feuille blanche.
Anton est tzigane, il est né fils du vent.
Son histoire, c'est celle de la folie des hommes.
Alain Mascaro raconte les génocides et la fureur des camps de la mort, les tziganes la nomment « dévoration ».
Et pourtant, dans toute la bestialité de la grande histoire , les mots se posent avec une intense beauté et une poésie qui engloutit le monde.
Aventure épique et magique à la fois, et témoignage de l'horreur, ce récit revêt une texture et une tonalité rares qui laissent le coeur béant.
Réalisme magique et charnel, l'auteur en appelle aux sens du lecteur. J'ai été happée par la virtuosité des violons tziganes, bouleversée par le tambour des sabots qui frappent le sol. Quels frémissements !
Si hier ne signifie rien pour le peuple tzigane, si de cette lecture je pose ici un instantané de mes émotions, je peux vous assurer qu'après Anton, vous n'êtes pas prêts d'oublier l'histoire des fils du vent.